Briançon - Grenoble (30 décembre 2008)

 

Finale de la Coupe de la ligue.

Les Briançonnais sont noirs

Les Grenoblois ont eu une reprise dense à gérer puisque c'est le quatrième match en huit jours, même s'ils ont pu faire tourner leur effectif. Les Briançonnais, eux, ont avancé leur match de la dernière journée de championnat pendant la trêve internationale et n'ont dans les pattes que la répétition générale, avant-hier en Ligue Magnus face à ce même adversaire. Une répétition gagnée 6-2 qui fait endosser aux Haut-Alpins le costume de favoris. Tous les voyants semblent au vert pour les rouges. Euh... Les Diables "rouges" sont plutôt en noir ce soir, alors que les Grenoblois sont en rouge. Au point qu'on ne sait plus à qui s'adresse la banderole "Allez les rouges" déployée dans la patinoire de Méribel ! Tous les voyants au vert pour les "rouges", disions-nous ? Non, car leur capitaine Edo Terglav est à l'hôpital avec une infection virale. Sébastien Dermigny le remplace en attaque.

Luciano Basile, qui a fait des remous en annonçant dans une interview télé son intention de partir et une certaine lassitude par rapport aux critiques de l'environnement briançonnais à son encontre, est parvenu à la conclusion que le meilleur moyen de gagner enfin un titre, c'était encore de ne pas y penser. Essayons...

Cette fi..., pardon, ce match-ordinaire-pour-lequel-on-ne-pense-pas-à-l'enjeu part vite. La première pénalité tombe dès la deuxième minute avec une obstruction de Brice Chauvel à la ligne bleue offensive. C'est alors que le "terrain neutre" de Méribel choisit son camp : Tommi Satosaari part au-devant d'un palet envoyé au fond par Alexandre Rouleau, mais un mauvais rebond contre la bande renvoie la rondelle vers l'enclave où Damien Fleury n'a plus qu'à la pousser dans la cage vide (0-1, 02'30"). Le but-gag qui arrive dans les minutes initiales d'une finale !

Briançon est à son tour en supériorité neuf secondes plus tard pour une faute de Rouleau, mais Marton Vas, attrapant la jambe d'un adversaire pour le faire tomber alors qu'il est lui-même au sol, change ensuite l'avantage numérique, sans succès pour aucune des deux équipes. La suite du tiers se fera à cinq contre cinq, avec un très bon rythme. Les Diables rouges finissent toutes leurs charges et mettent une pression physique de tous les instants. Cela peut payer. Baptiste Amar perd ainsi le palet dans sa zone face à Dany Roussin qui fait circuler vers Perez puis Raux pour un tir en angle capté par Ferhi. Les Grenoblois se contentent de contre-attaques, mais elles sont percutantes, avec même un poteau au passage. En fin de tiers-temps, la domination briançonnaise est récompensée : le tir de la bleue de Gary Levêque est dévié devant la cage par Balazs Ladanyi (1-1, 17'07").

Brice Chauvel avait ouvert la première période par une faute, il ouvre la deuxième période par un superbe dribble en zone offensive, obligeant Calle Bergström à l'accrocher après avoir été éliminé. Sur l'engagement, les Grenoblois dégagent le palet. Jan Hammar suit en fond de zone et essaie de passer entre le gardien briançonnais sorti et sa cage, mais il n'y a plus la place. Il heurte donc Satosaari de l'épaule, dans un choc assez rude. Un précédent contact avec le gardien, non sifflé au premier tiers... L'attitude du portier finlandais qui reste couché immobile sur la glace avec un coéquipier à son chevet... Tout cela a peut-être son influence sur M. Bergamelli qui rend un jugement sévère en renvoyant aux vestiaires l'attaquant suédois (21'47"). Grenoble va jouer cinq minutes en infériorité numérique, dont 1'50" à trois contre cinq. Quant à Tommi Satosaari, il se fera siffler toute la soirée par les supporters grenoblois, qui lui reprochent de rechercher le contact et d'en rajouter.

Ce moment est décisif, oui, mais pas dans le sens qui semble se dessiner. Non seulement les Briançonnais ne profitent pas de leurs cinq minutes d'avantage numérique, mais en plus, dès le retour à cinq, ce sont les Brûleurs de Loups qui marquent : engagement gagné par Ludek Broz pour lancer en pleine lucarne de Krayzel (1-2, 26'56"). Christophe Tartari a même l'occasion de tuer le match seul dans le slot face à une cage en partie ouverte, mais il bute dans la jambière tendue de Satosaari.

Johan Larsson commet une obstruction sur Forsander, et la vitesse de circulation de palet grenobloise met en panique la défense, mais Tommi Satosaari dévie du gant le lancer de Broz. Après la fin de la pénalité, Sivic déborde le gardien et remet un palet dangereux dans l'enclave. Grenoble est en train de prendre nettement le dessus. Satosaari est toujours présent sur une action de Damien Fleury, cueillant de la mitaine ce palet chaud. Tartari ne parvient pas à reprendre un palet qui revenu près de la cage après avoir frappé la bande. Cette grosse période prend fin quand Fleury propulse son ex-coéquipier Perez dans la cage grenobloise. Le jeu de puissance briançonnais n'arrive pas à sortir la rondelle de la bande, et quand il se met enfin en place, c'est Roussin qui se fait pénaliser. En sortant de la prison, Fleury reprend une passe de derrière la cage de Krayzel et oblige Satosaari à un dernier arrêt de la mitaine. Le dernier, vraiment ? Il reste une poignée de secondes, Tartari gagne l'engagement et Rouleau envoie un magnifique slap en lucarne (1-3, 39'52").

Prendre deux buts sur engagement, cela fait mal. Au troisième tiers, les Briançonnais essaient de réagir par où ils ont péché : en gagnant les mises au jeu en zone offensive, entre deux dégagements interdits grenoblois. Ils ne forcent pas de gros slaps, mais soignent la précision pour des rebonds ou déviations. Quand les Diables rouges perdent l'engagement, en revanche, la contre-attaque peut être redoutable, mais la passe de Fleury à deux contre un arrive dans le patin d'Arrossamena. La pression soutenue de Briançon aboutit à un dégagement en tribunes de l'ex-Diable Sivic. Une supériorité numérique sans effet, et gâchée par une faute en zone offensive de Brian Lee sur Tartari. Le défenseur américain repousse ensuite le visage de Rouleau du bras après le coup de sifflet et prend une méconduite en supplément.

C'est la ligne Roussin-Raux-Perez qui relance Briançon sur une bonne dynamique. Un processus en trois étapes. Première présence : elle fait tourner le palet dans la zone grenobloise pour une longue séquence installée qui fatigue la défense... mais aussi l'attaque. Raux finit par perdre le palet à la bleue. Deuxième présence : Raux gagne la mise au jeu en zone offensive, mais le palet est finalement perdu à la bande à l'opposé. Cette fois les Grenoblois ont assez de jus pour aller en contre-attaque et non plus au banc, mais Forsander manque son contrôle du patin sur passe de Tartari. Troisième présence : Raux gagne l'engagement face à Tartari, et ce coup-ci François Groleau a le temps d'armer à la cage pour un tir en feuille morte masqué par Raux (2-3, 55'36").

Dix-neuf petites secondes plus tard, Broz est envoyé en prison. Le premier powerplay ne trouve pas la solution, mais les Hongrois entrent en scène. Tir de l'enclave de Marton Vas sur entrée de zone de Balazs Ladanyi. On réengage, Vas passe d'abord à Boldron pour un tir dans le petit filet, puis récupère le palet et sert alors son compatriote Ladanyi qui trouve la lucarne opposée (3-3, 57'19"). Tout est subitement relancé. L'atmosphère est électrique. Krayzel se fait accrocher par Dufour au moment où il arme un tir en entrée de zone : c'est la pénalité, dans la dernière minute de jeu.

Grenoble commence donc la prolongation à 4 contre 3, mais n'arrive pas à conclure malgré des lancers de Wallin avec rebonds. Briançon joue pendant une minute et demie à quatre, avant que Ladanyi n'accroche en zone neutre Rouleau qui se laisse aussitôt tomber. Cela chauffe devant la cage de Satosaari, qui perd sa crosse puis voit Groleau et Nilsson s'agripper dans sa cage. Les deux joueurs sont sanctionnés, on continue à 4 contre 3. Ludek Broz adresse une parfaite passe transversale à Baptiste Amar. La mitaine de l'héroïque Satosaari se lève une fois de plus et... effleure ce palet qui finit dans ses filets (3-4, 64'08").

Un match où Grenoble aura pris l'avantage au deuxième tiers-temps, fort logiquement, où Briançon sera revenu au troisième tiers-temps, fort logiquement, et où la prolongation aura été fatale aux Diables rouges... comme d'habitude.

Encore un trophée pour Grenoble, qui a montré son incapacité à gérer une avance au score, comme très souvent cette saison, mais qui en est quand même ressorti vainqueur, en évitant les petits accrochages coupables à l'approche de la prolongation, accrochages qu'ont commis Dufour et Ladanyi dès qu'ils ont été pris de vitesse.

Cette patinoire de Méribel leur aura tout fait, aux Briançonnais. Un lutin malicieux qui leur en veut s'est niché dans cette patinoire, et ils n'ont jamais réussi à le débusquer. Ces dernières années, ils l'avaient cherché sous un déguisement de zèbre, ils avaient cherché au fond des canettes... En fait, le lutin invisible se cachait dans la balustrade, prêt à changer la trajectoire d'un palet. Il est ensuite apparu devant Timo Seikkula, le distrayant lors de deux mises au jeu perdues dans sa zone, deux mises au jeu payées très cher par deux buts. Enfin, il s'est assis sur la mitaine de Satosaari au moment fatidique, l'alourdissant d'un gramme, d'un souffle, alors que le gardien finlandais s'était montré particulièrement chaud, dans tous les sens du terme.

Quelle déveine pour les Briançonnais ! Quel manque de bol ! Ils ont vraiment la scoumoune. Ils sont malchanceux, guignards, infortunés, poissards, bref, selon tout bon dictionnaire des synonymes, ils sont... noirs. Au moins avaient-ils annoncé la couleur !

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match (sur Sport+)

Luciano Basile (entraîneur de Briançon) : "On a joué avec nos tripes dans le troisième tiers-temps, on est allé chercher l'égalisation. Malheureusement, on a défendu à trois contre quatre en prolongation. C'est la quatrième finale à Méribel, on a perdu trois fois dans le temps supplémentaire, et une fois dans la dernière minute : je ne sais pas quoi dire. Il faut regarder de l'avant car ce match est déjà terminé, ça ne sert à rien."

 

Briançon - Grenoble 3-4 après prolongation (1-1, 0-2, 2-0, 0-1)

Mardi 30 décembre 2008 à 20h30 à la patinoire de Méribel. 2500 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Guillaume Gielly et Alexis Grabit.

Pénalités : Briançon 28' (6', 4', 4'+10', 4'), Grenoble 41' (6', 4'+5'+20', 4', 2').

Évolution du score :

0-1 à 02'30" : Fleury assisté de Rouleau et Amar (sup. num.)

1-1 à 17'07" : Ladanyi assisté de Levêque et Boldron

1-2 à 26'56" : Krayzel assisté de Broz

1-3 à 39'52" : Rouleau assisté de Tartari et Forsander (sup. num.)

2-3 à 55'36" : Groleau assisté de Raux

3-3 à 57'19" : Ladanyi assisté de Groleau et Szélig (sup. num.)

3-4 à 64'08" : Amar assisté de Broz et Wallin (sup. num.)

 

Briançon

Gardien : Tommi Satosaari.

Défenseurs : François Groleau - Brian Lee ; Viktor Szelig - Jakob Milovanovic ; Johan Larsson - Gary Lévêque.

Attaquants : Jean-François Dufour (C) - Greg Owen - Sébastien Dermigny ; Balasz Ladanyi - Marton Vas - Cédric Boldron (A) ; Dany Roussin - Damien Raux - Mickaël Perez ; Brice Chauvel (A) - Timo Seikkula - Sébastien Rohat.

Remplaçants : Andy Foliot (G), Stanislas Cocetta, Jérémy Gonnet. Absent : Edo Terglav (infection virale).

Grenoble

Gardien : Eddy Ferhi.

Défenseurs : Viktor Wallin - Calle Bergström ; Alexandre Rouleau - Baptiste Amar (C) ; Teddy Trabichet - Antonin Manavian ; Jason Crossman.

Attaquants : Jan Hammar puis Nicolas Arrossamena à 21'47" - Mitja Sivic - Damien Fleury ; Ludek Krayzel - Ludek Broz (A) - Martin Masa ; Johan Forsander - Christophe Tartari (A) - Anders Nilsson.

Remplaçants : Lucas Normandon (G), Maxime Moisand, Julien Baylacq, Raphaël Papa.

 

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