Grenoble - Tours (6 décembre 2008)

 

Ligue Magnus - Quatorzième journée.

Les Brûleurs de Loups ont bien commencé leur semaine avec une victoire convaincante à Angers (5-2) pour le compte des demi-finales aller de la coupe de la ligue. Il leur reste à bien la finir avec la réception des Diables Noirs de Tours, en pleine crise après la défaite à domicile face à Morzine et les déclarations de Robert Millette sur les difficultés financières du club. Adrien Saul a d'ailleurs quitté la Touraine pendant la semaine pour raisons personnelles et Tours se présente donc amoindri sur la glace de Pôle Sud face à une équipe grenobloise toujours privée de Nilsson.

La rencontre débute sur un rythme très élevé avec deux équipes décidées à faire le spectacle. Tours est bien dans le match avec une défense relativement mobile qui n'hésite pas à créer le surnombre en attaque. Bob Millette a d'ailleurs choisi de titulariser deux défenseurs en attaque pour pallier le départ d'Adrian Saul. Eddy Ferhi, pas encore entré dans la rencontre, s'emmêle les patins et le tir relativement faible de Michael Clarke glisse tout doucement au fond de ses filets (0-1, 02'09"). Ce but gag met en confiance les Diables Noirs qui en avaient bien besoin, mais la réaction grenobloise est rapide. Après un pression plus forte sur les cage de Russo, Mitja Sivic parvient à trouver la faille dans la défense tourangelle et marque d'un tir croisé imparable (1-1, 05'20"). On pense les Grenoblois mis sur de bons rails car Masa est tout près de donner l'avantage aux locaux dans la foulée. Mais les hommes de Mats Lusth tombent dans l'euphorie et oublient de couvrir leurs arrières : Nicholas Romano derrière les cages trouve Nolan Boike tout seul devant le slot qui fusille Ferhi à bout portant (1-2, 06'34").

Tout est à refaire pour Grenoble qui manque décidément de concentration en ce début de rencontre. Les affaires grenobloises se compliquent nettement lorsque Amar puis Manavian sont envoyés coup sur coup en prison à seulement seize secondes d'intervalle. Une occasion en or de faire le break, occasion que la troupe de Bob Millette va laisser passer à cause d'une excellente défense à trois des Grenoblois et d'un manque de vitesse pour faire circuler le palet côté tourangeau. Peut-être le tournant du match, qui aurait pu prendre une autre tournure si les Diables Noirs avaient pris deux longueurs d'avance à cet instant. Bien en place défensivement, présents physiquement et capables de porter rapidement le palet en zone offensive, les Tourangeaux font forte impression au point que les Brûleurs de Loups peuvent s'attendre à une soirée difficile au moment de rentrer au vestiaire avec un but de retard sans qu'il n'y ait à crier au scandale.

Il reste à savoir si Tours va pouvoir continuer à évoluer sur ce tempo jusqu'à la fin de la rencontre. Les premières minutes semblent amener une réponse positive car les Diables Noirs tiennent bien le choc malgré une grosse occasion de Masa dont le tir passe tout près du poteau. L'affaire semble compliquée pour Grenoble mais la délivrance vient finalement assez rapidement sur un puissant tir plein axe de Johan Forsander sur lequel Adam Russo, pas vraiment masqué, n'est pas très chanceux car il ne fait que freiner la rondelle avec sa jambière (2-2, 24'56"). Grenoble semble avoir fait le plus dur en égalisant, impression confirmée lorsque Tours écope de sa première pénalité par l'intermédiaire de Jozef Drzik. La sanction est immédiate, treize secondes suffisent à Martin Masa pour reprendre victorieusement un rebond consécutif à un tir de Baptiste Amar (3-2, 26'47"). Grenoble passe en tête pour la première fois de la rencontre. Forcément les visiteurs accusent le coup mais ils semblent encore en mesure d'avoir leur mot à dire.

Les débats sont âpres mais corrects, le jeu, tout en mouvement, va d'une cage à l'autre sans véritable temps mort. M.Colleoni laisse les joueurs s'exprimer et n'abuse pas du sifflet. La rencontre est plaisante et équilibrée même si les Brûleurs de Loups prennent progressivement l'ascendant. Le match bascule sur deux pénalités concédées par Kaye et Drzik à sept secondes d'intervalle. Cette fois c'est Grenoble qui évolue en double supériorité numérique. Et là où Tours avait échoué en première période, les Brûleurs de Loups réussissent à trouver la faille sur un puissant lancer de la bleue de Calle Bergström (4-2, 33'58"). Euphoriques, les Isérois se promènent désormais au milieu d'une défense tourangelle aux abois. Damien Fleury passe en retrait pour Jan Hammar au moment de passer derrière la cage, le Suédois ne se fait pas prier pour marquer à bout portant (5-2, 34'54"). Les buts pleuvent sur Adam Russo qui n'a pas fini son calvaire pour autant : il tente de sortir au devant de Krayzel mais le Tchèque est plus malin et parvient à pousser in extremis le palet au fond des buts vides (6-2, 35'52"). Tours est à la dérive mais Millette reste impassible et ne demande pas de temps mort ni ne prend la décision de sortir son gardien.

Dès lors, on ne peut attendre grand chose des vingt dernières minutes si ce n'est de confirmer le succès grenoblois et la bonne impression générale sur l'ensemble du match. Les accrochages se font un peu plus nombreux mais la partie ne dégénère pas comme l'ampleur du score pouvait le laisser craindre. Une grosse charge de Rouleau aurait pu pourtant mettre le feu aux poudres mais M.Colleoni sanctionne le fautif et la partie reprend son cours sans que Tours ne puisse profiter de l'avantage numérique. Les Diables Noirs n'y sont plus vraiment, visiblement émoussés physiquement en comparaison avec leurs hôtes. La pénalité de Pat Gannon ne prête pas à conséquence. En fait ce sont surtout les deux gardiens qui font le spectacle lors des dix premières minutes du troisième tiers. Russo, abandonné par sa défense, a semble-t-il réussi à surmonter le naufrage subi lors des vingt minutes précédentes et effectue quelques arrêts de grande classe. Eddy Ferhi n'est pas en reste en s'imposant avec autorité sur deux échappées des attaquants tourangeaux.

La rencontre ne perd pas en intensité et après avoir tué une pénalité de Johan Forsander, les Brûleurs de Loups vont profiter des deux dernières pénalités des visiteurs pour aggraver la marque. Suite à une pénalité de Kaye obtenue intelligemment par Manavian le long des bandes (comme ce fut le cas à trois reprises ce soir), Grenoble installe le jeu de puissance et Mitja Sivic s'offre un doublé grâce à un petit solo en zone offensive dont il a le secret : débordement sur l'aile, retour au centre et tir imparable pour le gardien (7-2, 56'07"). Le buteur Sivic se muera en passeur sur la supériorité numérique suivante, ce dont bénéficie Jan Hammar qui signe lui aussi un doublé en levant le palet hors de portée de la mitaine de Russo (8-2, 58'41"). La coupe est pleine pour les Tourangeaux qui terminent la rencontre dépités.

Tours y a cru pendant un tiers-temps et même un peu plus. Pendant vingt-cinq minutes, les Diables Noirs ont en effet tenu la dragée haute aux Grenoblois en proposant un hockey rigoureux et discipliné (première pénalité au bout de vingt-six minutes de jeu). Russo tenait sa place dans ses buts et le collectif tourangeau paraissait soudé. Mais le bel ensemble s'est progressivement fissuré avant de s'effondrer complètement. Le système à cinq défenseurs instauré par Bob Millette a vite trouvé ses limites avec des arrières qui manquaient de rythme et n'ont pas tenu la distance. Offensivement, les Diables Noirs ont manqué de percussion. Le jeu de puissance s'est montré approximatif et lent. Même si Kaye, Corran, Gannon et Boike par exemple n'ont pas démérité ce soir, ils ont montré leurs limites. Après les pertes de Noël et Filion en début de saison, celle de Saul pourrait porter un coup fatal à l'offensive tourangelle car les attaquants restants, Tessier mis à part, sont plus travailleurs et besogneux que capables d'éclairs techniques. Sans doute un problème sérieux à régler pour Bob Millette dans les semaines à venir.

Du côté grenoblois, c'est une victoire éclatante que l'entame pourtant difficile ne laissait pas présager. Mais comme souvent cette saison, les Brûleurs de Loups n'ont pas paniqué, profitant juste d'une petite mise au point de Mats Lusth dans les vestiaires pour se remettre dans le bon sens. Et le deuxième tiers des Grenoblois fut magnifique avec une attaque flamboyante et une défense offensive mais responsable. Le jeu de puissance a connu une réussite insolente avec quatre buts sur six opportunités ! Bref tout a fonctionné ce soir pour Grenoble lors des quarante dernières minutes avec une attaque variée (six buteurs différents) même si la ligne Hammar-Sivic-Fleury (4 buts ce soir) ressort du lot depuis quelques matchs. Les Brûleurs de Loups semblent irrésistibles en ce moment, il leur reste à passer sans encombre leur double affrontement face à Angers la semaine prochaine, ce qui pourrait leur permettre de décrocher leur billet pour la finale de la coupe de la ligue et asseoir définitivement leur place sur le podium de la Ligue Magnus.

Désignés meilleurs joueurs du match : Mitja Sivic (Grenoble) et Adam Russo (Tours).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après Le Dauphiné Libéré) :

Mats Lusth (entraîneur de Grenoble) : "Je n'étais pas vraiment inquiet lorsqu'on perdait 2-1 car on a de bons joueurs sur les power-plays. Et je savais qu'ils ne tiendraient pas soixante minutes comme ça. Maintenant c'est Angers. On ne doit pas penser à la victoire 5-2 à l'aller. On est à 0-0."

 

Grenoble - Tours 8-2 (1-2, 5-0, 2-0)

Samedi 6 décembre à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs.

Arbitrage de Bruno Colleoni assisté de Gwilherm Margry et Anne-Sophie Boniface.

Pénalités : Grenoble 8' (4', 0', 4'), Tours 22' (0', 6', 6'+'10').

Tirs cadrés : Grenoble 53, Tours 25.

Engagements gagnés : Grenoble 37, Tours 23.

Évolution du score :

0-1 à 02'09" : Clarke

1-1 à 05'20" : Sivic assisté de Amar

1-2 à 06'34" : Boike assisté de Romano et Gannon

2-2 à 24'56" : Forsander assisté de Tartari

3-2 à 26'47" : Masa assisté d'Amar et Broz (sup. num.)

4-2 à 33'58" : Bergström assisté de Krayzel et Broz (double sup. num.)

5-2 à 34'54" : Hammar assisté de Fleury

6-2 à 35'52" : Krayzel assisté de Wallin et Bergström

7-2 à 56'07" : Sivic assisté de Fleury (sup. num.)

8-2 à 58'41" : Hammar assisté de Sivic et Fleury (sup. num.)

 

Grenoble

Gardien : Eddy Ferhi.

Défenseurs : Alexandre Rouleau - Baptiste Amar (C) ; Viktor Wallin - Antonin Manavian ; Teddy Trabichet - Calle Bergström.

Attaquants : Jan Hammar - Mitja Sivic - Damien Fleury ; Ludek Krayzel - Ludek Broz (A) - Martin Masa ; Johan Forsander - Christophe Tartari (A) - Nicolas Arrossamena.

Remplaçants : Sébastien Raibon (G), Jason Crossman, Maxime Moisand, Julien Baylacq, Raphaël Papa. Absents : Martin Jansson (genou, saison terminée), Anders Nilsson (épaule).

Tours

Gardien : Adam Russo.

Défenseurs : Dominic Périard - Jozef Drzik (A) ; Radek Stepan (C) - Michael Clarke ; Mathieu Wathier.

Attaquants : Michael Novosad - Steven Kaye (A) - Michael Tessier ; Nicholas Romano - Olivier Proulx - Andy Corran ; Omar Ennaffati - Patrick Gannon - Nolan Boike.

Remplaçants : Pierre Pochon (G), Alexis Ouellette, Vincent Ouellette. Absents : Dominic Noël (épaule, saison terminée), Adrian Saul (parti).

 

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