Épinal - Rouen (11 novembre 2008)

 

Quart de finale de la Coupe de la ligue, match aller.

SOS Fantômes

Considérés comme des proies faciles, les Dauphins sont désormais perçus tout autrement depuis le camouflet infligé à l'île Lacroix quelques semaines auparavant (7-4). C'est donc peu dire que les Dragons l'ont en travers de la gorge, surpris qu'ils furent par la ténacité des boys de Shawn Allard. Pour les Normands, outre l'option à lever sur les demi-finales, il convient donc de laver l'affront. Et de rendre la monnaie de leur pièce à des Spinaliens privés de John Paulson et d'un Benoît Quessandier toujours convalescent. De quoi dégarnir un peu plus des lignes arrières qui seront à coup sûr submergées de travail face à la force de frappe rouennaise.

Du moins, c'est ce qui était à craindre, puisque la vérité sera toute autre ce soir. Déjà privés de leur joker Olivier Bouchard, de retour d'une parenthèse suédoise après avoir tourné le dos à une offre briançonnaise, les Dragons déploraient les forfaits de "l'apprenti" Jérémie Romand et du vétéran Mikko Peltola. Mais, plus que tout, pouvaient regretter l'absence totale d'entrain, de dynamisme et d'engagement, ce qui aura totalement plombé ce match aller. Sont-ils venus dans les Vosges la fleur au fusil ? Faut-il plutôt chercher du côté d'une épidémie virale ? Dans tous les cas, les raisons de ce non-match n'enlèvent rien au mérite de Spinaliens plus consistants et tirant logiquement les marrons du feu.

Requinqués par la trêve internationale, les boys de... Marciano (suspension pour quatre matchs d'Allard oblige) ont vu leur appétit aiguisé par un étonnant mois d'octobre. Aussi ont-ils su punir les nombreux espaces et autres négligences d'un adversaire méconnaissable. Une mise en route poussive des visiteurs, couplée à quelques contrôles hasardeux, confirment rapidement que ces Dragons-là n'étaient pas dans leur assiette. Une incroyable hésitation de Petri Virolainen manque ainsi de profiter à Alexander Sundqvist (0'11") avant que le Suédois, opportuniste, n'y aille de son revers gagnant (1-0 à 01'56"). Ce viking très longiligne posait alors la première pierre à l'édifice.

Une inactivité paranormale

Il suffira pourtant d'une action aux "pousse-puck" normands pour égaliser. Impliqué dans sa conception, Julien Desrosiers sera également à la finition, bien aidé en cela par deux erreurs individuelles. Peter Slovak était pourtant sur la trajectoire d'une transversale adressée par le Franco-Canadien vers Carl Mallette. Mais le Slovaque, d'habitude intransigeant, s'embrouille au point d'ouvrir la porte au Canadien. Là où l'attendait Eero Väre, lequel repousse l'essai de Mallette avant que Desrosiers ne vienne finir le travail (1-1 à 04'43"). Il ne fait pas bon laisser des rebonds devant pareils clients, même s'ils ne sont que l'ombre d'eux-mêmes !

Voilà la machine lancée... sauf que Rouen persiste dans son laxisme devant des Dauphins autrement plus appliqués. Et assurément moins attentistes. Aussi le box-play se veut-il permissif devant un Sopko cachant la misère comme il peut devant Plch et consorts. Si l'intensité fait défaut à un fond de jeu rouennais inexistant ce soir, elle manque également à ses individualités fortes. Ou connues comme telles, leurs fantômes ayant visiblement remplacé les originaux. Parmi eux, Marc-André Thinel et Carl Mallette, visiblement pas concernés par l'enjeu. Ces gaillards-là, qui n'ont d'habitude pas leur pareil pour se rendre disponibles, errent comme des âmes en peine aux quatre coins du glaçon...

Dans ce concert de fausses notes, Ramon Sopko est évidemment à plaindre. Livré à lui-même sur un contre de Plch (2-1 à 14'19"), le Slovaque ne peut même pas compter sur un repli décent. Les Glad, Virolainen, Carlsson et autres Niskavaara enchaînent des approximations dignes de débutants. C'est d'ailleurs le monde à l'envers puisqu'Ilic, de son côté, affiche une assurance qu'on le lui soupçonnait pas en livrant peut-être là son meilleur match sous l'uniforme bleu !

Sans jus, sans rythme, les Rouennais paraissent presque inoffensifs. Même si certains, comme Julien Desrosiers ou Éric Doucet, ont parfois fait illusion. Un poil plus éveillés que leurs coéquipiers, ils ont même frisé l'égalisation, Desrosiers mettant Doucet sur orbite pour un but a priori tout cuit. Consolé de son échec par un tir de pénalité, le dernier nommé s'élancera sans afficher une grande conviction dans son duel, finalement enrayé par Väre (31'12").

La "minute Doucet" n'est pas terminée pour autant, le petit Canadien venant ensuite "secouer les puces" d'Ilpo Salmivirta contre la bande (31'20"). De quoi doubler la sentence des siens, déjà en désavantage numérique, et tripler l'avance spinalienne avec une déviation de ce même Salmivirta sur un slap de l'artilleur Gervais (3-1 à 31'52").

Surréaliste !

Les "Quatre fantastiques" à côté de leurs patins, c'est le moins coté des attaquants étrangers qui va ramener les siens à portée de fusil. Un slap contré de Jarkko Glad à la bleue est repris en pivot par un Sébastien Strozynski balayant le petit filet (3-2 à 36'26"). Cette péripétie n'altérera toutefois pas les bonnes dispositions locales. Jan Plch, au four et au moulin, "annule" le but du Canado-Polonais d'un poteau rentrant à mi-distance (4-2 à 37'40").

C'est que l'ICE joue "à la rouennaise", y allant de sa "frappe chirurgicale" après chaque but encaissé. Aussi quelques résidus de lucidité suffisent à Carl Mallette pour s'inscrire au pointage, profitant d'un statisme coupable d'Eero Väre sur sa ligne (4-3 à 45'18"). Pas de quoi s'affoler puisqu'en guise de représailles, Jan Plch gère un trois contre un en décalant idéalement un Peter Slovak allumant aussitôt la cible. La lucarne en l'occurrence d'un Ramon Sopko encore une fois abandonné par son repli défensif (5-3 à 46'25").

Déjà pas arrangé par la sortie prématurée d'Éric Doucet (47'11"), le jeu de puissance rouennais fut réduit ce soir à l'état de figurant. Personne ne daignant prendre ses responsabilités, aggravant un cas déjà hanté par les inattentions récurrentes, les pressings inexistants et autres passes bâclées. Sans parler de la lucidité, aux abonnés absents sur un caviar signé Desrosiers pour un Jean-François David isolé au second poteau. Sur ce coup, on se demande encore où est passé l'instinct offensif du Québécois, hésitant avant de stupidement basculer vers un Strozynski butant finalement sur Väre (49e). Critiqué pour ses rebonds récurrents, le Finlandais fut ainsi "Eeroïque" par instants, bien appuyé par une défensive solidaire. Même devant les louveteaux rouennais, les seuls à avoir encore un peu de gnac en ces derniers instants. Lionel Tarantino, lancé par Loïc Lampérier, sera pourtant gêné par la sortie de Väre (50e).

Retrouvant un peu d'aplomb en fin de partie, les Dragons restent à la merci de contres rendus saignants par l'activité constante des deux premiers trios vosgiens. Dans le coup, on retrouve forcément Jan Plch, pour un tir sec de Stéphane Gervais à bout portant (56'11") ou un breakaway de Jan Simko (57'56"), tous deux enrayés par Ramon Sopko.

Les champions de France en titre pouvaient alors quitter la glace sans gloire et même, pour certains, sans passer par la douche vu le peu d'efforts consentis. À ce titre, deux buts d'écart semblent être le minimum syndical pour une ICE en pleine confiance. Et levant du coup une petite option pour la qualification, y ajoutant l'ivresse d'avoir épinglé le "grand" Rouen à Poissompré...

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Rouen 5-3 (2-1, 2-1, 1-1)

Mardi 11 novembre 2008 à 17h00 à la patinoire de Poissompré. 996 spectateurs.

Arbitrage de Marc Mendlowictz assisté de Benjamin Gremion et Yann Furet.

Pénalités : Épinal 22' (6'+10', 4', 2') ; Rouen 38' (8'+10', 10'+10', 0').

Tirs : Épinal 34 (13, 9, 12) ; Rouen 27 (4, 7, 16).

Évolution du score :

1-0 à 01'56" : Sundqvist assisté de Salmivirta et Chassard

1-1 à 04'43" : Desrosiers assisté de Mallette (inf. num.)

2-1 à 14'20" : Plch assisté de Simko et Slovak (inf. num.)

3-1 à 31'52" : Salmivirta assisté de Gervais et Chassard (sup. num.)

3-2 à 36'27" : Strozynski assisté de Desrosiers et Mallette

4-2 à 37'40" : Plch assisté de Sundqvist et Simko

4-3 à 45'18" : Mallette

5-3 à 46'46" : Slovak assisté de Plch

 

Épinal

Gardien : Eero Väre.

Défenseurs : Peter Slovak - Stéphane Gervais (A) ; Lionel Simon - Fabien Leroy ; Borislav Ilic.

Attaquants : Jan Simko - Michal Petrak - Jan Plch (C) ; Ilpo Salmivirta - Alexander Sundqvist - Guillaume Chassard (A) ; Guillaume Papelier - Tarik Chipaux - Erwan Agostini ; Anthony Pernot.

Remplaçant : Stanislav Petrik (G). Absents : Benoît Quessandier (entorse du genou), John Paulson (suspendu), Shawn Allard (suspendu), Ryan Caicco (hanche).

Rouen

Gardien : Ramon Sopko.

Défenseurs : Petri Virolainen ; Jean-François David ; Daniel Carlsson (A) ; Jarkko Glad ; Jaako Niskavaara ; Cédric Custosse [de 10'06" à 34'14"].

Attaquants : Julien Desrosiers - Carl Mallette (C) - Sébastien Strozynski ; Loïc Lampérier - Éric Doucet - Marc-André Thinel (A) ; Lionel Tarantino - Édouard Dufournet - Peter Bourgaut.

Remplaçants : Ronan Quemener (G), Thomas Baubriau et Quentin Berthon. Absents : Olivier Bouchard (pas encore qualifié), Jérémie Romand (entorse du genou), Mikko Peltola.

 

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