Grenoble - Rouen (25 octobre 2008)

 

Ligue Magnus - Neuvième journée.

Match au sommet de la Ligue Magnus entre les deux derniers champions de France. Rouen compte deux points de retard sur Grenoble au coup d'envoi et espère bien les rattraper au cours de ce déplacement en Isère pour lequel les supporters rouennais sont venus en nombre. Les Grenoblois, pour leur part, n'ont concédé qu'une défaite cette saison (face à Briançon) et restent sur une bonne série. Mats Lusth a quasiment récupéré l'ensemble de son effectif pour ce match après les rentrées de Manavian et Masa contre Villard en coupe de France et semble prêt pour la réception des Dragons qui restent sur une difficile victoire à Neuilly en coupe (7-6).

La rencontre démarre sur un rythme très élevé avec beaucoup de patinage de part et d'autre. Les Dragons se créent leur première opportunité du match sur un mauvais placement de la défense grenobloise mais Ferhi ferme la porte. Les Grenoblois travaillent fort à l'image de Broz et Krayzel. Ce dernier gagne un palet le long de la bande, revient vers la cage de Sopko sans opposition. Le gardien rouennais repousse son tir mais Masa, qui avait bien suivi, récupère le rebond et ouvre le score (1-0, 02'06"). L'euphorie gagne Pôle Sud mais la réaction rouennaise est immédiate : Peltola sollicite d'abord Ferhi puis suite à un palet perdu par Sivic en zone offensive, les Rouennais développent une contre-attaque à trois contre deux : Desrosiers efface Trabichet et sert Jérémie Romand qui conclut l'action d'un tir sous la barre (1-1, 03'31"). Les deux équipes sont rentrées à cent à l'heure dans le match avec une équipe grenobloise dominatrice qui prend le jeu à son compte et son adversaire rouennais qui joue à merveille le moindre contre. Peltola se trouve ainsi de nouveau en situation favorable à deux contre un suite à une faute rouennaise non sifflée dans la zone d'attaque grenobloise mais l'attaquant finlandais ne cadre pas son tir.

David écope de la première pénalité du match. Broz, installé derrière la cage, trouve Nilsson mais Sopko dévie la rondelle. Quelques instants plus tard, c'est au tour de Bergström de voir son tir repoussé par le portier slovaque. La pression grenobloise est forte mais la défense rouennaise tient le choc en infériorité. Rouen se montre en revanche moins entreprenant en supériorité pendant une prison de Fleury. Après une mêlée devant la cage de Sopko, Doucet se fait sanctionner à son tour. Le power-play grenoblois fait circuler la rondelle mais reste stérile et peine à se mettre en situation vraiment dangereuse. Bergström concède à son tour une pénalité après s'être fait subtiliser le palet à la ligne bleue. Mais les supériorités numériques qui s'enchaînent ne font pas la différence ce soir. Grenoble finit fort avec un énorme tir de Krayzel dans la tête de Sopko qui reste sonné quelques instants. Le portier rouennais doit pourtant vite reprendre ses esprits pour stopper un slap de Bergström de la zone neutre et effectuer un double arrêt déterminant dans les ultimes instants du tiers.

Les Brûleurs de Loups ont pu regretter un manque d'efficacité lors du premier tiers, un constat qui s'appliquera en fait à l'ensemble de la rencontre. Les joueurs de Mats Lusth multiplient en effet les occasions à la reprise : d'abord sur un 2 contre 1 Krayzel-Broz puis sur une nouvelle action des Tchèques qui voit Virolainen neutraliser Broz in extremis alors que ce dernier se trouvait face à la cage de Sopko. M. Colleoni choisit les deux minutes de pénalité plutôt que le tir de pénalité qui aurait pu s'imposer. Mais comme Thinel commet à son tour une faute sur Krayzel, les Grenoblois se retrouvent rapidement en double avantage numérique. Une aubaine dont ils ne savent pas profiter, en partie à cause d'une circulation du palet bien trop lente. Le seul tir dangereux est celui de Calle Bergström qui heurte la base du poteau gauche de Sopko et cet échec va constituer un des premiers tournants de la rencontre.

Grenoble continue de pousser mais tombe ce soir un Ramon Sopko en état de grâce, repoussant insolemment tous les tirs isérois, à l'image de celui de Fleury, pourtant à bout portant. Les Rouennais se reposent sur leur gardien et sur leur jeu de contre mais ne se montrent pas vraiment convaincants lorsque Hammar part deux minutes en prison. Du côté grenoblois, le duo Broz-Krayzel continue de se signaler devant la cage de Sopko mais se heurte une nouvelle fois au gardien slovaque. Les attaques rouennaises sont plus tranchantes : sur un palet rouennais joué à la limite du hors-jeu, la défense grenobloise marque un temps d'arrêt et oublie Éric Doucet, tout seul devant le slot pour reprendre un centre de Marc-André Thinel comme à la parade (1-2, 28'47"). Les affaires grenobloises se compliquent. Nilsson se montre à son tour dangereux mais Sopko continue de s'illustrer même s'il laisse échapper un rebond sur un tir de Wallin. Martin Masa s'essaie à son tour mais ne connaît pas non plus de réussite. Sur une nouvelle action d'envergure des Tchèques autour de la cage de Sopko, Broz tente de reprendre le rebond dans le slot mais se heurte au poing de Jean-François David qui l'expédie sur la glace. S'ensuit une gigantesque échauffourée avec en point d'orgue une bagarre "dans les règles" entre Glad et Manavian. Les deux protagonistes sont invités à se calmer sur le banc mais ne sont curieusement pas renvoyés au vestiaire.

Le jeu reprend après une longue interruption et c'est Rouen qui semble avoir retrouvé sa concentration le plus rapidement : sur un nouveau palet grenoblois perdu en zone d'attaque, Peltola et Doucet jouent un deux contre un, Bergström empêche la passe mais Peltola choisit le tir qui transperce Ferhi mal positionné (1-3, 35'05"). Les Brûleurs de Loups accusent le coup et ne parviennent pas à se remobiliser jusqu'à la fin du tiers : Nilsson annule une pénalité de Romand quelques secondes après, puis le jeu de puissance grenoblois laisse encore passer une autre occasion.

Avec deux buts à remonter en une période, la tâche grenobloise s'annonçait déjà terriblement compliquée. Mais elle allait sembler insurmontable lorsque Carl Mallette récupérait à sa ligne bleue un palet perdu par Trabichet pour finalement servir au bout de l'action Julien Desrosiers lequel contournait facilement Ferhi en l'absence de tout marquage défensif (1-4, 41'43"). Les Grenoblois ne renoncent pourtant pas et reprennent leur domination stérile dans le sillage de Baptiste Amar qui montre l'exemple d'un tir du revers en bon capitaine. Sur un palet échappé par la défense rouennaise, Nilsson trouve le poteau. Les Grenoblois semblent décidément être poursuivis par la malchance alors que Sopko continue son festival face à Jan Hammar. Mais à force d'attaquer, les Isérois s'exposent et offrent des contres aux Normands : Bourgaut parvient à s'échapper le long de la bande mais perd son duel avec Ferhi. Puis sur une mauvaise relance de Fleury, le duo Doucet-Thinel est tout près de marquer un nouveau but mais Ferhi s'interpose in extremis.

Les minutes passent et le sort du match semble scellé. Une pénalité est appelée contre Romand, l'action se poursuit, une deuxième faute est commise mais M.Colleoni choisit de ne pas la siffler. Ludek Broz conteste et reçoit dix minutes de méconduite en guise de réponse malgré sa qualité d'assistant-capitaine. Un nouveau coup dur pour Grenoble qui ne baisse pourtant pas les bras. Virolainen rejoint Romand en prison quelques secondes plus tard : Grenoble peut évoluer près de deux minutes à cinq contre trois, et même à six contre trois puisque Lusth tente le tout pour le tout en faisant sortir son gardien prématurément. Les Brûleurs de Loups monopolisent la rondelle mais n'y arrivent pas. La défense rouennaise est héroïque jusqu'au retour des deux punis mais elle craque au dernier moment : un centre de Krayzel devant le but est repris victorieusement par Nilsson dans la cage grande ouverte (2-4, 54'22"). Ce but de l'espoir change complètement la dynamique.

Pôle Sud se remet à y croire et pousse son équipe qui continue de presser, toujours à six joueurs de champ. Les Dragons, acculés dans leur zone défensive, subissent, concédant des tirs de Manavian puis Nilsson, bien servi en retrait par Forsander. Et ils finissent par craquer une nouvelle fois lorsque Forsander surgit pour reprendre de manière acrobatique un palet repoussé par Sopko suite à un tir de Bergström (3-4, 56'34"). Cette fois, l'exploit parait possible et Nilsson, déchaîné ce soir, semble tout près d'égaliser sur une action dangereuse aux abords de la cage de Sopko. Une grosse mêlée devant la cage rouennaise l'enverra en prison en compagnie de Marc-André Thinel. Les secondes passent, Grenoble continue d'y croire. Desrosiers manque incroyablement la cage vide à quelques mètres seulement, contré in extremis par Amar revenu de l'arrière. Sur le contre, Krayzel est tout près d'égaliser mais Sopko est encore là. Le suspense est à son comble en cette fin de match mais M. Colleoni décide d'y mettre un terme à trente secondes de la fin en sifflant une crosse haute contre Masa alors que Virolainen avait été coupé par la crosse de son propre gardien. Fureur de Masa et de Pôle Sud, Mallette vient conclure en cage vide (3-5, 59'32") tandis que Forsander exprime sa façon de pensée à M. Colleoni au coup de sifflet final ce qui lui vaut une pénalité de match.

Si l'on excepte la fin de match, gâchée par l'arbitrage, on retiendra que Dragons et Brûleurs de Loups se sont livrés un très beau duel pendant soixante minutes. De l'ambiance dans les deux camps de supporters, des buts, de l'intensité et du suspense (que l'on croyait pourtant évaporé au fil de la rencontre), tout était réuni pour un grand match de hockey ce soir à Pôle Sud.

Les Dragons auront réalisé le match presque parfait pour s'imposer même s'ils ont souffert pendant les dernières minutes. Ils auront pu compter sur un Sopko impérial ce soir et un art consommé de la contre-attaque avec notamment Doucet, Thinel, Peltola et Desrosiers dont la vitesse d'exécution a posé d'énormes problèmes à la défense grenobloise ce soir. Les attaquants tirent peu mais juste et la force de frappe rouennaise reste sans aucun doute la meilleure de France. Une fois encore les Dragons ont répondu présents pour un grand rendez-vous et ont pris date pour les play-offs.

Du côté grenoblois, on regrettera le manque d'efficacité offensive qui a empêché les Brûleurs de Loups de faire la course en tête, s'exposant ainsi sans cesse aux contres rouennais. L'attaque a manqué de réalisme devant le but ce soir et la défense a commis d'énormes bourdes, soit en perdant des palets à la ligne bleue adverse, soit en appliquant un marquage plutôt laxiste sur les attaquants rouennais, bien libres de leurs mouvements dans la zone grenobloise. Peut-être aurait-il fallu adopter une tactique plus défensive ce soir, afin de resserrer le bloc défensif pour s'exposer le moins possible aux contres. On regrettera également les deux situations de double avantage numérique mal négociées. Toutefois, le réveil grenoblois dans les dernières minutes aurait pu avoir une fin heureuse et a permis malgré tout de ramener le score à de plus justes proportions. Krayzel, dans la lignée de ses récentes prestations, a une nouvelle fois joué un rôle majeur sur le front de l'attaque grenobloise avec son compère Ludek Broz. Anders Nilsson, formidable d'intensité et de volonté, a également marqué les esprits ce soir alors que Forsander a de nouveau montré sa pugnacité en allant chercher le troisième but. Les Brûleurs de Loups ont perdu ce soir mais n'ont pas démérité. Avec un peu moins de générosité et plus de prudence, ils auraient pu s'imposer... Ce n'est que partie remise.

Désignés meilleurs joueurs du match : Ludek Krayzel (Grenoble) et Julien Desrosiers (Rouen).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après Le Dauphiné Libéré) :

Alexandre Rouleau (défenseur de Grenoble) : "Il y a eu un manque de communication qui fait mal. Mais je ne suis pas inquiet, on n'a pas à douter de notre équipe."

Eddy Ferhi (gardien de Grenoble) : "On a sûrement eu envie de trop bien faire. Rouen sait attendre et on a été pris au piège. On a été un petit peu bête en manquant de maturité."

 

Grenoble - Rouen 3-5 (1-1, 0-2, 2-2)

Samedi 25 octobre à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs

Arbitrage de Bruno Colleoni assisté de Guillaume Gielly et David Courgeon

Pénalités : Grenoble 63' (4', 8'+10', 6'+10'+25'), Rouen 32' (4', 12'+10', 6')

Tirs cadrés : Grenoble 52 (23, 14, 15), Rouen 24 (11, 7, 6).

Engagements gagnés : Grenoble 43, Rouen 34.

Évolution du score :

1-0 à 02'06" : Masa assisté de Krayzel et Broz

1-1 à 03'31" : Romand assisté de Desrosiers et Mallette

1-2 à 28'47" : Doucet assisté de Thinel

1-3 à 35'05" : Peltola assisté de Doucet et Niskavaara

1-4 à 41'43" : Desrosiers assisté de Mallette

2-4 à 54'22" : Nilsson assisté de Krayzel et Sivic

3-4 à 56'34" : Forsander assisté de Bergström et Nilsson

3-5 à 59'32" : Mallette (sup. num., cage vide)

 

Grenoble

Gardien : Eddy Ferhi [sorti de 56'32" à 57'04", de 57'38" à 58'12", de 58'31" à 59'32"].

Défenseurs : Calle Bergström - Alexandre Rouleau ; Baptiste Amar (C) - Teddy Trabichet ; Viktor Wallin - Antonin Manavian.

Attaquants : Jan Hammar [puis Forsander à 40'00"] - Christophe Tartari (A) - Anders Nilsson ; Johan Forsander [puis Hammar à 40'00"] - Mitja Sivic - Damien Fleury ; Ludek Krayzel - Ludek Broz (A) - Martin Masa.

Remplaçants : Lucas Normandon (G), Nicolas Arrossamena, Jason Crossman, Raphaël Papa, Maxime Moisand. Absents : Martin Jansson (genou, saison terminée), Julien Baylacq (épaule), Mathieu Frecon (cheville).

Rouen

Gardien : Ramon Sopko.

Défenseurs : Daniel Carlsson (A) - Jarkko Glad ; Petri Virolainen - Jean-François David ; Jaako Niskavaara.

Attaquants : Éric Doucet [puis Peltola à 20'00"] - Mikko Peltola [puis Doucet à 20'00"] - Marc-André Thinel (A) ; Julien Desrosiers - Carl Mallette (C) - Jérémie Romand ; Sebastian Strozynski - Loïc Lamperier - Lionel Tarantino ; Peter Bourgault [à 20'00"] ; Cédric Custosse [à 40'00"].

Remplaçant : Ronan Quemener (G).

 

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