Coupe de la ligue, poule A, troisième journée.

Qui aura le dernier mot dans ce match de coupe de la ligue, que les équipes n'abordent pas toujours avec la même et la meilleure des motivations ? Des Rouennais au complet, sans doute remontés par Alain Vogin après la défaite à domicile en championnat face à Villard, ou des Angevins, privés de Jokinen ce soir, invaincus dans le temps réglementaire en ligue Magnus et qui viennent d'atomiser, à la rouennaise, Chamonix au "Haras" ?

C'est en deux temps que les Dragons ce sont finalement imposés dans un match d'une rare intensité et d'un rare spectacle en Coupe de la Ligue. Accroché jusqu'à dix minutes de la fin, l'excellent coaching d'Alain Vogin dans le troisième tiers (la permutation Peltola - Strozynski) a permis aux Dragons de l'emporter en se réconciliant avec son public de l'île Lacroix, dans un des chocs de la journée.

Angers a été un long moment en mesure de se montrer le plus fort. Plus conquérant en début de rencontre, l'ASGA n'a pas été récompensée de ses efforts. Avant l'ouverture du score contre le cours du jeu, le RHE, dominé, a fait le dos rond. Pendant les sept offensives notables des visiteurs - dont deux occasions franches pour Tomas Baluch (4'25) et Simon Lacroix (7'35) qui en définitive manquaient la cible - les locaux n'ont répliqué qu'à deux reprises sans compter de chances.

C'est sur un coup du sort que Lionel Tarantino va sortir la tête des Normands hors de l'eau. Le rebond d'un dégagement derrière le but de Koivula se montra si capricieux qu'il revenait dans la crosse de Sébastien Strozynski, pendant que le gardien finlandais désertait sa cage avec l'intention de bloquer la rondelle au dos de son filet. Le Canado-Polonais, pas en confiance ces dernier temps, manquait la cage ouverte. Heureusement, Lionel Tarantino surgissait pour enfiler dans le but vide (1-0 à 08'07). Le but du junior servi de préchauffage au diesel normand. Quelque peu découragés par ce manque de chance, les coéquipiers de Jean-François Jodoin lâchaient du lest. Petri Virolainen, lui, ne se relâchait pas. En défense face à Jonathan Bellemare (8'36) et en attaque après un slalom de Jérémie Romand relayé par Carl Mallette (9'01). C'est le joueur de centre qui trouvera Jaako Niskavaara démarqué au second poteau. L'arrière finlandais déviait victorieusement la passe-tir millimétrée de son co-capitaine (2-0 à 09'35).

Les champions de France étaient désormais sur des bons rails, mais ils ne profitaient pas de l'apathie de leurs adversaires, malgré quelques exploits techniques. Une magnifique passe aveugle de Thinel pour Niskavaara (10'28) ou un show de Desrosiers (11'41). Finalement, les Ducs reprirent du poil de la bête. Après un arrêt de la mitaine de Ramon Sopko sur une tentative de son ex-partenaire, Eric Fortier, ce dernier, lors de la première supériorité de la partie, réduisait la marque (2-1 à 14'28). Carl Mallette, souvent dans les bons coups ce soir, a bien failli redonner de l'air aux Dragons mais a manqué le cadre (14'47). Par contre, ses coéquipiers et lui n'ont toujours pas recouvré un jeu de puissance performant. En fin de tiers, ils n'ont su percer le mur angevin dressé à la ligne bleue qu'à une seule reprise lors de la pénalité de Jonathan Bellemare, pour une seule timide installation dans le camp adverse, facilement déblayée par la bonne défensive des blancs (18'34).

À la reprise, les Dragons ont manqué de réalisme en dépit de bons jeux. Jean-François David, bien aidé par Jérémie Romand, a fait briller Ville Koivula (23'27) et Éric Doucet a vu son lancer heurter le poteau du gardien finlandais (25'37). Les deux équipes se sont affrontées chacune leur tour dans des jeux spéciaux, et si Angers y a plié, c'est Rouen qui a cédé. Sébastien Strozynski n'a pas dégagé le palet qu'il avait pourtant récupéré, Éric Fortier a hérité la rondelle de Tomas Baluch et a surpris Ramon Sopko pour la seconde fois de la partie (2-2 à 32'45). L'auteur du doublé angevin aura l'occasion de faire le coup du chapeau. Trouvé par Laprise, bien placé dans le haut du slot, l'ex-Rouennais a eu tout le temps d'armer son tir. Seulement son lancer n'était pas cadré (35'33). Plus près de la pause, Ville Koivula a sorti deux parades exemplaires. D'abord devant Jérémie Romand qui n'a pas pu conclure un bon enchaînement de Carl Mallette et de Jean-François David (38'15). Ensuite, face à Carl Mallette - encore lui - à bout portant (38'29). Le calme reviendra autour de la cage du Finlandais lorsque ses coéquipiers joueront un power-play à cheval sur les deux derniers tiers.

Après avoir tué la pénalité de Niskavaara, les joueurs du RHE et Marc-André Thinel (sans Peltola échangé à Strozynski sur la troisième ligne) ont obligé Koivula a deux nouveaux arrêts difficiles (41'57 & 44'21). Cependant, après un sérieux réflexe de Sopko face à Yven Sadoun (45'58), le gardien rouennais s'est incliné sur un tir à mi-distance, à ras la banquise, de Jonathan Bellemare, après un magnifique jeu long, en triangle, sur un peu plus d'une demi-largeur de glace, entre les trois membres du premier trio angevin (2-3 à 46'33).

Après l'écart de conduite face à Villard, les Normands ne pouvaient se permettre une seconde défaite d'affilée qui aurait passer le mot au sein de la Magnus que la forteresse des Dragons n'était plus inviolable. Les champions de France se ruèrent à l'assaut des Ducs. S'ils manquaient deux retours de tirs (Doucet à 47'19 et Lampérier à 47'48), il fallu toute la science défensive de Pierre-Antoine Simonneau pour frustrer Desrosiers d'une chance (48'20) et toute la maladresse de Tomas Baluch qui n'a pu exploiter une erreur de transmission de David (48'54) pour préserver les cages inviolées.

Néanmoins, le coaching d'Alain Vogin allait finalement payer. Mikko Peltola, aligné au centre des juniors, trouvait la solution en adressant la rondelle à Lionel Tarantino. Le joueur du CHAR, plein d'enthousiasme et de fraîcheur, égalisait du revers, la rondelle ricochant au-dessus de la mitaine mal ajustée de Koivula (3-3 à 50'19). Après ce but, les Noirs-et-Jaunes persévérèrent. Mais Ville Koivula se reprenait. D'un poke-check, le portier finlandais écartait Mallette (51'10). Pour tenir un peu plus longtemps, le dernier rempart a été aidé par Lauri Lahesalu, qui, seul face au duo Doucet - Strozynski, a formidablement gêné la paire de Québécois (52'09).

Finalement, le salut rouennais viendra de nouveau de Mikko Peltola associé aux jeunes espoirs rouennais. Après un gros travail de Tarantino le long de la bande, le joueur de centre, après tout un jeu dernière la cage ira provoquer Koivula, Loïc Lampérier, en soutien, glissera le rebond laissé libre dans les filets (4-3 à 53'23). Alain Vogin a réussi un coup de maître en plaçant le vétéran finlandais au centre de la troisième ligne. Il a, sur ce coup et dans la confiance accordée à ces deux novices, remporté ou, du moins, sauvé, presque à lui seul, la rencontre, même si la fin du match, où nous l'avons vu plus de coutume vociférer ses conseils aux Dragons - notamment pour sortir plus rapidement la rondelle de leur zone - fut difficile pour ses joueurs, avec un tir de Metsaranta sur le poteau de Ramon Sopko (57'08). Malgré un temps mort pour la dernière chance angevine et la sortie de Koivula au profit d'un sixième attaquant, le gain du match n'a pas échappé aux Dragons à l'honneur recouvré.

Angers a été vraiment à deux doigts de prendre un gros bout de quelque chose à Rouen en privant les Dragons de jeux de puissance (comme Villard finalement). Mais grâce à l'enthousiasme et la disponibilité d'un Lionel Tarantino, imité par Loïc Lampérier, le soutien d'un Petri Virolainen, les coups de boutoir de Carl Mallette et enfin les arrêts de Ramon Sopko, les champions de France ont su trouver les ressources pour renverser dans les derniers instants la tournure des choses.

Le RHE 76 va pouvoir préparer sa rentrée en ligue Magnus face aux Avalanches du Mont-Blanc, mais il sait maintenant que dans le sillage de l'ASGA, qui devrait en faire souffrir beaucoup cette saison surtout si Ville Koivula se montre plus régulier et si les Ducs se montrent plus précis dans leurs tirs d'opportunités, la révolte peut s'organiser dans l'Hexagone. Et ça, c'est la bonne nouvelle du jour pour la coupe de la ligue. Grâce soit rendue à Heikki Leime et à tous ses hommes, parce que des matches de ce type-là, on en redemande à foison en championnat et en coupes, et pour en faire, il faut être deux. On savait qu'un Rouen motivé pouvait être spectaculaire en coupe, on sait maintenant qu'il n'est plus le seul (motivé en coupe de la ligue) !

Compte-rendu signé Thierry Frechon

Rouen - Angers 4-3 (2-1, 0-1, 2-1)

Mardi 30 septembre 2008 à 20h00 au centre sportif Guy Boissière. 2345 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Hauchart assisté d'Éric Bouguin et Nicolas Cregut.

Pénalités : Rouen 8' (2', 6', 0') ; Angers 4' (2', 2', 0')

Évolution du score :

1-0 à 08'07" : Tarantino assisté de Strozynski

2-0 à 09'35" : Niskavaara assisté de Mallette et Desrosiers

2-1 à 14'28" : Fortier assisté de Laprise et S. Lacroix (sup. num.)

2-2 à 32'45" : Fortier assisté de Baluch (sup. num.)

2-3 à 46'33" : Bellemare assisté de Laprise et Fortier

3-3 à 50'19" : Tarantino assisté de Peltola et Lampérier

4-3 à 53'23" : Lampérier assisté de Peltola et Tarantino

Gardien : Ramon Sopko

Défenseurs : Jaako Niskavaara - Jarkko Glad ; Petri Virolainen - Jean-François David ; Daniel Carlsson (A) - Cédric Custosse [jusqu'à 37'10].

Attaquants : Mikko Peltola [puis Strozynski à 40'] - Éric Doucet (C) - Marc-André Thinel (A) ; Julien Desrosiers - Carl Mallette - Jérémie Romand ; Sébastien Strozynski [puis Lampérier à 40'] - Loïc Lampérier [Mikko Peltola à 40'] - Lionel Tarantino .

Remplaçants : Ronan Quemener (G), Thomas Baubriau, Édouard Dufournet, Peter Bourgaut.

Gardien : Ville Koivula [sorti à 59'12].

Défenseurs : Pierre-Antoine Simonneau - Pavol Mihalik ; Jean-François Jodoin (C) - Lauri Lahesalu ; Kévin Igier [puis avec parcimonie Nicolas Deshaies à 5'04"] - Simon Lacroix.

Attaquants : Pierre-Luc Laprise - Jonathan Bellemare - Éric Fortier ; Tomas Baluch (A) - Matias Metsaranta - Hermanni Vidman ; Yven Sadoun - Martin Lacroix (A) - Julien Albert.

Remplaçants : Frédérick Gilbert (G), Rodolphe Bretault. Absent : Juho Jokinen (?).

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