Tours - Grenoble (20 septembre 2008)

 

Ligue Magnus, deuxième journée.

Ambiance des grands soirs à la patinoire de Tours : un public nombreux et bruyant, une tribune de presse bien garnie avec commentaire du match en direct à la radio... Tout est réuni pour l'un des premiers gros tests de la saison pour les deux équipes.

Tours entame mal, Adrian Saul encaissant une pénalité après trente secondes de jeu. Adam Russo sort un premier palet chaud de la plaque, alors que Grenoble s'installe sans grand danger : les équipes spéciales de Tours s'en sortent. À la sortie de Saul, Martin Jansson effectue un gros lancer, bien bloqué par Russo ; la contre-attaque signée Olivier Filion n'est en revanche pas cadrée. Les Diables Noirs reprennent peu à peu le fil du jeu, se créant quelques bonnes situations devant le but d'Eddy Ferhi. Le portier sort son premier arrêt devant Noël. Le contre est terrible : Mijta Sivic se retrouve tout seul devant le but d'Adam Russo et ne laisse pas échapper sa chance (0-1 à 05'24").

La réaction de Patrick Gannon pousse Teddy Trabichet à la faute et le jeu de puissance des Diables se voit offrir l'occasion de revenir immédiatement. Il y a de bons décalages et Martin Masa sort à son tour : 33 secondes de double avantage. Après un premier essai mal géré, la remontée de palet de Dominic Noël fait exploser la défense. Grand pont et centre au deuxième poteau imparable pour Michaël Tessier (1-1 à 07'50"). La vitesse des Diables fait merveille : Romano manque ainsi le cadre sur un 3 contre 2 initié par Kaye et Saul. La ligne Gannon-Filion-Tessier n'est pas en reste, avec une longue présence qui voit Ferhi sauver les meubles de justesse.

Le match devient de plus en plus physique, Tours tentant d'intimider son adversaire ; Stepan en fait trop et sort deux minutes (10'57"). Mais le point fort de Tours, c'est la vitesse : un bon travail de Tessier au bloc le libère sur l'aile gauche. Il est servi par Drzik, et trois Tourangeaux partent au but face à une défense en retard. La passe en retrait vers Mike Novosad est fatale aux Grenoblois (2-1 à 11'47"). Pour la deuxième fois du soir, la table de marque annonce les mauvais joueurs et officiellement, Tessier n'a toujours pas de point ! Mais la pénalité n'est pas finie et Johan Forsander se charge de le rappeler, s'infilitrant plein axe avant de trouver Russo, intraitable Sur le contre, Ferhi sauve de justese un tir dévié, sur lequel une nouvelle pénalité est appelée : supériorité tourangelle. Les Brûleurs de Loups sont bien en place et Ferhi n'a qu'une grosse occasion d'Olivier Proulx, qui repique dans l'axe, à sortir.

Les esprits s'échauffent dans le public lorsque Mathieu Wathier est sanctionné derrière son but, mais Grenoble bénéficie bel et bien d'un avantage. Saul et Broz sortent peu à peu pour un 4 contre 3, après un échange de coups. Un gros tir de la bleue signé Bergström allume Russo et lance la machine grenobloise, qui met la pression. Une pression de courte durée puisque le buteur Sivic commet un cinglage, qui remet l'équipe locale à un de plus. Cela ne donne rien, puis Jansson fait un festival, se heurtant à la botte de Russo, lequel sort peu après un tir de Masa. Dans la continuité de l'action, le portier italo-canadien est percuté de plein fouet par l'attaquant grenoblois, mais rien n'est sifflé. Tours vire en tête, après avoir montré plus d'énergie et de vitesse aux moments clés, face à une équipe de Grenoble très difficile à manoeuvrer.

La deuxième période débute de la même manière : un jeu musclé, un peu trop puisque Tessier remet Grenoble en supériorité. Pire pour les hommes de Millette, Olivier Proulx, trop généreux à l'échec-avant, sort lui aussi, pour un faire trébucher : 1'30" en double avantage pour les visiteurs. La défense tourangelle, très bien en place, contient le jeu sur l'extérieur et se montre redoutable pour se sacrifier au contre des tirs adverses. Mais Grenoble reste patient, fait bien circuler le palet ; finalement, dans les toutes dernières secondes de la pénalité, un beau jeu en triangle met Russo complètement hors de position pour une cage ouverte (23'50").

Pas le temps d'annoncer le but que Tours repasse devant grâce à un lancer de la bleue imparable, à travers une forêt de joueurs. Saul est crédité du but, après avoir dévié le tir de Clarke en lucarne (3-2, 24'12").

Grenoble accuse le coup et un retard de jeu de Manavian ne les aide pas. Tours met une pression d'enfer et les Isérois souffrent, concédant une nouvelle pénalité, contre Forsander, pour une minute de 5 contre 3. Cela ne donne rien et c'est même Tartari qui s'échappe, ne parvenant pas à centrer à cause du bon retour de Stepan. Le match s'emballe, et Gannon rate une superbe chance au second poteau en manquant le cadre. Ferhi est sous pression et doit geler le palet. Puis, Ludek Broz se voit à son tour puni, remettant Grenoble en situation délicate. La défense tient bon, avec la manière, s'offrant même un contre par Nilsson.

Le jeu s'échauffe et les contacts se durcissent à la mi-période. C'est fort logiquement qu'Alexandre Rouleau, auteur d'un mauvais geste, prend une nouvelle pénalité, après une petite discussion arbitrale ; le défenseur s'étant rendu coupable d'un mauvais coup dans le dos de l'arbitre. Le jeu de puissance peine à se développer, n'obtenant qu'un tir de Saul avec un rebond hors cadre. Grenoble, recroquevillé en défense, finit par craquer sur une erreur de relance. Corran intercepte le long de la bande et Proulx et Kaye se retrouvent seuls devant Ferhi, feintant le gardien à bout portant (4-2 à 34'20").

Sur l'engagement, les Brûleurs de Loups obtiennent un jeu de puissance et tentent de revenir. C'est sans compter sur Adam Russo, intraitable dans sa zone comme sur les tirs lointains de Bergström et Wallin. La partie s'est équilibrée après cette succession de pénalités, Grenoble ayant repris des couleurs. Il y a du beau jeu chez les Isérois ; une bonne séquence de Jansson contraint la défense à désocler la cage : tir de pénalité (37'29"). Le Suédois s'élance... et Adam Russo gagne son duel côté crosse ! Le gardien italo-canadien est indiscutablement l'homme du match avec déjà une bonne quinzaine d'arrêts dans cette période, et en sort un nouveau dans les dernières secondes face à Ludek Krayzel, revenu dans l'axe. La période se termine ce net 4-2 : Tours a su se montrer plus réaliste et bien plus solide en défense, grâce à beaucoup d'abnégation au contre et, surtout, à Russo.

On prend les mêmes et on recommence : Russo et Ferhi s'offrent un arrêt chacun avant de voir un cinglage tourangeau remettre les Dauphinois dans le coup. Le jeu de puissance est bien en place mais ne parvient pas à secouer la défense des Diables, ni un Russo impressionnant. Finalement, dans les dernières secondes, Damien Fleury travaille fort derrière le but et parvient à remettre en retrait pour Viktor Wallin : réduction du score en lucarne (42'54"). La menace se précise, Nilsson s'échappant sur la droite sans piéger le gardien. Tours réplique physiquement : une série de charge appuyées, puis Noël qui allume un défenseur d'un très beau coup d'épaule... plexiglas explosé ! Une longue interruption en vue... Les deux formations rentrent au vestiaire pendant que l'on change la vitre (44'45"). Au final, une quinzaine de minutes d'interruption et les joueurs reviennent sur la glace.

On joue beaucoup sur la vitesse ce soir, et à ce petit jeu, Krayzel piège Filion et obtient un avantage numérique. Le travail de Nicholas Romano est excellent et il parvient à conserver le palet de longues secondes derrière Ferhi. Les attaquants grenoblois déploient un jeu vif et précis, qui ne surprend pas un Russo concentré. La partie s'emballe et les deux formations sont coupées en deux. Les Isérois manquent un contre et se font piéger par un 3 contre 2 mal exploité par les Diables Noirs. Puis, c'est la ligne Gannon qui manque une occasion, suivi de Filion avec un centre superbe pour un arrêt exceptionnel de Ferhi, ultra rapide sur son déplacement latéral. Les duels sont accrochés, dans un match de très, très haut niveau disputé sur un rythme infernal. Finalement, dans ce véritable bras de fer, Grenoble gagne un duel dans la bande et centre fort sur Russo. Le palet revient au deuxième poteau sur Jansson, tout seul : il transforme le rebond (4-4, 51'20").

À 52'07", le match peut basculer : Tours prend deux pénalités simultanées, par Drzik et Noël. Les Brûleurs peuvent passer devant... devant un public survolté. Les visiteurs s'installent et alignent les tirs de la bleue, contrôlés par Russo. Après une minute, ce qui devait arriva : un slap terrible d'Alexandre Rouleau en lucarne (4-5, 53'10").

La confiance a changé de camp et quelques oublis des arbitres mettent le public sur les nerfs. À 55'48", l'arbitre convoque les deux capitaines pour calmer les esprits, après une série de charges assez appuyées. Grenoble a la main sur le match et Tours, plus fébrile, se montre moins précis, à l'exception de Dominic Noël, impérial. À l'image de Damien Fleury, les visiteurs savent garder le palet mais pêchent un peu dans la finition. Chaque palet est âprement disputé mais le temps défile, en faveur des Isérois. Les Diables Noirs sont trop brouillons sur la fin de match, et Steven Kaye prend même une méconduite pour avoir contesté une décision d'arbitrage ; c'est d'ailleurs la faiblesse tourangelle de ce 3e tiers, se concentrant trop sur les erreurs du trio d'officiels plutôt que sur le jeu. Russo sort finalement et Grenoble touche le poteau sur la cage vide, par Nilsson. Cela ne suffit pas pour Tours, battu à domicile 5-4 par Grenoble, à l'issue d'un match exceptionnel...

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

 

Commentaires d'après-match :

Robert Millette (entraîneur de Tours) : "Il y a eu du spectacle, mais on donne le match à trois contre cinq. C'est décevant pour les joueurs, qui ont travaillé Grenoble au corps. C'est une équipe solide, qui joue le titre... On méritait mieux mais on ne peut pas tout mettre sur le dos des arbitres. On a vu ce soir un esprit d'équipe, ils se sont bagarrés jusqu'au bout. C'est le deuxième match seulement, il faut garder le positif, les joueurs jouent bien ensemble. Le tournant, c'est aussi le bris de glace, quand on contrôlait bien le match ; ça a remis Grenoble en place. Et bien sûr, le point tournant, ce sont surtout ces deux pénalités simultanées, quelque chose qui ne se fait jamais en fin de match... Dommage que l'arbitre ne l'ait pas vu comme ça. À 4-2, on se crée des occasions, dans un match de gardiens car Russo et Ferhi ont bien goalé. Mais on peu s'attendre à de belles choses ici."

Adam Russo (gardien de Tours) : "C'est frustrant, je ne sais pas ce qu'il s'est passé sur le 4e but. Tout allait bien jusque là, 4-2 avant le 3e tiers, c'est une confiance que l'équipe devrait avoir. Nos gars ont bien performé, c'est pas une question de physique. Grenoble est une très bonne équipe qu'il ne faut pas prendre à la légère, ils travaillent pendant 60 minutes. On a travaillé aussi mais il reste quelques petites choses ici ou là qui ont fait que ce n'est pas nous qui avons les deux points ce soir. C'est un duel qui fait hausser le niveau. Mon équipe m'a beaucoup aidé, et c'était difficile car ils lançaient de partout, dès l'entrée en zone, pas d'extra-jeu, on lance et on va vers le net, il y avait toujours quelqu'un dans ma face, d'ailleurs la cage s'est dessoclée 4 ou 5 fois. C'est comme ça qu'il faut jouer, bloquer les lancers et attaquer le but. La défensive a été au top, ils ont fait l'ouvrage et m'ont bien aidé."

 

Tours - Grenoble 4-5 (2-1, 2-1, 0-3)

Samedi 20 septembre 2008 à 20h00 à la patinoire municipale de Tours, "Elyséum".

Arbitrage de Nicolas Barbez assisté de Sébastien Juret et Éric Bouguin.

Pénalités : Tours 32' (8', 6', 8'+10') Grenoble 18' (10', 8', 0').

Tirs : Tours 28 (11, 7, 10), Grenoble 42 (10, 17, 15).

Évolution du score :

0-1 à 05'24" : Sivic assisté de Nilsson

1-1 à 07'50" : Tessier assisté de Noël (double sup. num.)

2-1 à 11'47" : Novosad assisté de Tessier (inf. num.)

2-2 à 23'50" : Nilsson assisté de Sivic et Jansson (sup. num.)

3-2 à 24'12" : Saul assisté de Clarke et Romano

4-2 à 34'20" : Proulx assisté de Kaye

4-3 à 42'54" : Wallin assisté de Fleury et Forsander (sup. num.)

4-4 à 51'20" : Jansson assisté de Nilsson et Manavian

4-5 à 53'10" : Rouleau assisté de Bergström (double sup. num.)

 

Tours

Gardien : Adam Russo.

Défenseurs : Michael Novosad - Michael Clarke ; Jozef Drzik - Radek Stepan ; Mathieu Wathier - Omar Ennaffati.

Attaquants : Olivier Proulx - Dominic Noël - Olivier Filion ; Patrick Gannon - Michaël Tessier - Andy Corran ; Steven Kaye - Adrian Saul - Nicholas Romano ; Alexis Ouellette, Vincent Ouellette.

Remplaçant : Pierre Pochon (G). Absent : Nolan Boike.

Grenoble

Gardien : Eddy Ferhi.

Défenseurs : Baptiste Amar - Teddy Trabichet ; Viktor Wallin - Antonin Manavian ; Calle Bergström - Alexandre Rouleau ; Maxime Moisand - Jason Crossman.

Attaquants : Ludek Kraysel - Ludek Broz - Martin Masa ; Damien Fleury - Christophe Tartari - Johan Forsander ; Mijta Sivic - Anders Nilsson - Martin Jansson ; Julien Baylacq.

Remplaçant : Sébastien Raibon (G).

 

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