Grèce - Turquie (5 avril 2008)

 

Championnats du monde de division III, quatrième journée.

Ambiance passionnelle

Si le premier match de la journée a réussi à faire taire les supporters allemands, navrés de la faible prestation sud-africaine, les Grecs et les Turcs ont au moins une chose en commun : savoir faire du bruit. Dans la tribune de gauche, le comité de soutien hellène, qui a la supériorité du nombre. Dans la tribune de droite, les supporters turcs, qui ont la supériorité du taux d'alcoolémie grâce à quelques renforts germaniques. Entre les deux, le couloir des vestiaires, que l'on nommera "Chypre" pour la bonne compréhension.

Il va sans dire qu'on attend les deux équipes très motivées pour cette première confrontation internationale. Les Grecs attaquent les premiers, mais dès la première offensive turque, c'est la panique complète pour Fiotakis et sa défense. Cette confusion prolongée aboutit logiquement au premier but de Gurkan Centikaya (0-1, 01'33"). Les Grecs jouent deux minutes pleines à cinq contre trois, mais ils sont brouillons, à part sur une action personnelle de Georgios Kalyvas. C'est aussi lui qui prend la première pénalité des blancs. Oktay Yavuzarslan va se positionner dans le slot. Sa déviation sur le centre d'Akildiz passe à côté de la cage, mais il reste campé dans l'enclave et prend un autre tir, suivi au rebond par Deniz Ince (0-2, 10'17"). Aussitôt après, Erdogan Coskun part en contre-attaque et sert en Mustafa Yapicilar. Le gardien touche le palet, sans l'arrêter (0-3, 10'43").

Les supporters turcs chambrent et interpellent (en allemand) la tribune hellène soudain silencieuse. On s'attendait à un match équilibré au vu du tournoi réalisé par les deux équipes, mais on retrouve la hiérarchie logique : d'un côté, un pays relégué de division II, de l'autre, un néophyte dans cette division III mondiale. Onur Eroglu s'infiltre comme dans du beurre au milieu de la paire Iatridis-Papadopoulos en zone neutre et part en breakaway, mais son revers passe au-dessus.. Ufuk Guclu prend le palet comme il vient pour un gros lancer de la bleue, solidement repoussé par la jambière de Fiotakis. L'entraîneur turc sermonne Tasboga pour avoir provoqué un surnombre, mais même en infériorité, les rouges monopolisent le palet. La Grèce est bien contente que la pause arrive. Après avoir reçu un coup de crosse sur sa mitaine, Fiotakis harangue le toujours nerveux Yapicilar, qui finit par prendre une pénalité pour une charge incorrecte et inutile à sept secondes de la sirène.

Capitaine courage

La Grèce reprend donc le jeu en supériorité numérique, bientôt doublée quand Baykan retient une crosse. Athanasios Kesidis convertit un rebond (1-3, 21'16"). Les blancs sont relancés et enchaînent avec deux bons tirs de Koufis et Papadopoulos. Il y a grand danger sur les rebonds du revers de Koufis puis de Lambridis. Une bonne période qui s'arrête quand le capitaine et l'âme de l'équipe grecque, Dimitrios Kalyvas, est blessé à la cuisse gauche par une charge avec le genou de Yavuz Karakoc.

Une obstruction d'Eroglu laisse la Turquie à trois pour une minute et demie supplémentaire, mais Nikolaos Papadopoulos, deux fois en bonne position, manque de technique de crosse pour conclure. On revoit le capitaine grec sur la glace, mais il ne pèsera plus du tout sur le jeu comme avant. Le défenseur turc Centikaya s'échappe même à quatre contre cinq, mais bute sur Fiotakis. Eroglu n'est pas loin d'en faire autant à égalité numérique, mais Ziakas allonge bien sa crosse sur la glace pour lui barrer le chemin du but.

À la mi-match, Citak sur la droite envoie le palet devant la cage, Fiotakis ne le contrôle pas et le perd de vue, ce dont profite Oren Eroglu pour glisser le palet entre ses jambières (1-4, 29'50"). Après cette erreur personnelle, le gardien n'est pas aidé par ses coéquipiers. Sur l'engagement, les Turcs partent en effet droit sur le gardien, qui s'interpose une fois, deux fois, avant qu'Ozmen n'ait la cage ouverte sur la troisième tentative (1-5, 29'59). Il n'y a évidemment plus de match après cela. Eroglu réalise un festival en infériorité en dribblant Tilios puis Papadopoulos pour entrer dans l'enclave. Son tir est repoussé mais Ozmen a suivi au rebond (1-6, 34'27"). Cela pourrait être pire avec une passe de derrière la cage de Coskun pour Citak qui semble avoir passé le palet sous Fiotakis, mais le gardien grec l'a repoussé sur sa ligne dans un mouvement peu académique.

Son collègue Ntalimpor Ploutsis fait son entrée dans les cages pour la dernière période. Il est sauvé par sa barre transversale sur un lancer de Cetinkaya, puis prend trois buts en trois minutes. Les deux premiers lui sont mis au même endroit, entre les bottes, et par le même homme, Erdogan Coskun. Il ne peut pas grand-chose sur le troisième, une reprise de Tasboga après une passe en retrait de Guclu qui a débordé la défense. Mais s'il faut rechercher une faute à ces buts, c'est plutôt celle d'Orestis Tilios : sa passe le long de la bleue a été facilement interceptée par Coskun échappé en infériorité sur le 1-7, et son obstruction superflue pour faciliter la relance lui a fait assister au 1-9 de la prison. Replacé en défense en cours de partie après un match et demi au centre, Tilios a connu une mauvaise soirée.

La Grèce n'a cessé de modifier ses alignements, sans jamais trouver l'antidote. Le doyen Kesidis, revenu au centre quant à lui, poursuit ses efforts jusqu'au bout. Il décale Georgios Kalyvas pour deux bons tirs rasants, puis il prend sa chance lui-même mais le gardien turc couché lève bien la jambière.

À quatre minutes de la fin, Nikolaos Papadoupolos donne un coup hors du jeu, provoque plusieurs adversaires puis invite Eroglu à se battre. Il n'est pas suivi dans cette initiative isolée et est envoyé aux vestiaires avec 2'+10'. Si les hockeyeurs turcs se mettent même à être disciplinés et à garder leur sang-froid, c'est que décidément ils étaient dans un grand jour.

Il suffit par contre de voir Dimitrios Kalyvas sortir de la glace grimaçant et au bord des larmes, soutenu par un coéquipier pour marcher, pour comprendre combien ce match dont la Grèce se faisait une fête a été douloureux dans tous les sens du terme.

Désignés meilleurs joueurs (par les entraîneurs) : Georgios Fiotakis pour la Grèce et Mustafa Yapicilar pour la Turquie.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Dimitrios Kalyvas (capitaine de la Grèce) : "C'était un très mauvais match. Aucun système ne fonctionnait, aucune passe n'arrivait... On aurait dit que notre système s'est cassé aujourd'hui. En même temps, la Turquie a des patinoires et des championnats, c'est normal qu'ils gagnent. Nous sommes vingt joueurs qui essaient de faire vivre le hockey, pour que chez nous le gouvernement veuille bien enfin construire une patinoire. Nous avons fait de bons scores contre l'Afrique du sud et la Corée du nord, j'espère quand même que demain ça se passera mieux contre le Luxembourg."

James McEachern (entraîneur de la Turquie) : "Nous avons beaucoup, beaucoup mieux joué aujourd'hui. Nous avons cependant encore pris trop de pénalités. Si nous en pronons autant demain, nous sommes morts. Le joueur grec voulait se battre, c'est clair, mais nous avons su nous retenir, nous avons un match demain. Bien sûr, les joueurs étaient bien plus motivés aujourd'hui par l'histoire entre les deux pays. Si nous avions joué ainsi les deux premiers matches, nous aurions quatre victoires aujourd'hui. On sait sur quoi on pourra construire l'an prochain."

 

Grèce - Turquie 1-9 (0-3, 1-3, 0-3)

Samedi 5 avril 2008 à 16h30 à la patinoire de Kockelscheuer. 492 spectateurs.

Arbitrage de Peter Ronald Haxell (NZ) assisté de Marc Boguna Vallet (ESP) et Nicolas Fluri (SUI).

Pénalités : Grèce 24' (2', 4', 8'+10'), Turquie 38' (10', 16', 12').

Tirs : Grèce 44 (12, 22, 10), Turquie 62 (25, 18, 19).

Évolution du score :

0-1 à 01'33" : Ozmen assisté de Citak

0-2 à 10'17" : Ince assisté de Yavuzarslan et Akyildiz

0-3 à 10'43" : Yapicilar assisté de Coskun et Baykan

1-3 à 21'16" : Kesidis assisté de Papadopulous et Lambridis (double sup. num.)

1-4 à 29'50" : Eroglu assisté de Citak et Ince

1-5 à 29'59" : Ozmen assisté d'Eroglu et Citak

1-6 à 34'27" : Ozmen assisté d'Eroglu et Ince (inf. num.)

1-7 à 45'52" : Coskun assisté de Baykan et Yapicilar (inf. num.)

1-8 à 47'49" : Coskun assisté de Yapicilar et Karakoc

1-9 à 48'57" : Tasboga assisté de Guclu et Yavuzarslan (sup. num.)

 

Grèce

Gardien : Georgios Fiotakis puis Ntalimpor Ploutsis à 40'00".

Défenseurs : Panagiotis Iatridis - Nikolaos Papadopoulos ; Ioannis Ziakas - Athanasios Kesidis [puis Tilios à 20'00"] ; Konstantinos Lempesis.

Attaquants : Georgios Kalyvas - Dimitrios Kalyvas (C) - Lazaros Efkarpidis [puis Koufis à 20'00"] ; Ioannis Koufis [puis Efkarpidis à 20'00"] - Orestis Tilios (A) [puis Kesidis à 20'00"] - Iason Pachos puis Themistoklis Lambridis à 20'00" ; Alexandros Valsamas-Rallis.

Remplaçants : Nikolaos Chatzigiannis, Foivos Kaminis (A), Ioannis Giatagantzidis, Diogenis Souras. Absent : Igor Apostolidis (blessé au visage).

Turquie

Gardien : Levent Ozbaydogan.

Défenseurs : Gurkan Cetinkaya - Caner Baykan ; Deniz Ince (C) - Cengiz Akyldiz ; Ufuk Guclu - Melik Ozturk.

Attaquants : Yavuz Karakoc - Mustafa Yapicilar (A) - Erdogan Coskun ; Onur Eroglu (A) - Emrah Ozmen - Yucel Citak ; Alper Solak - Oktay Yavuzarslan puis Gagri Karabulut à 40'00" - Egemen Tasboga.

Remplaçant : Cihan Kahraman (G). Absents : Galip Hamarat (palet dans le visage), Baris Ucele (gardien blessé).

 

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