Metallurg Magnitogorsk - Lokomotiv Yaroslavl (25 mars 2008)

 

Demi-finale de Superliga russe, match 2.

Comment va réagir Magnitka ? Piégé par le jeu défensif du Loko lors de la première manche, où la machine dirigée par le Finlandais Kari Heikkilä a été hyper rigide en défense, le Metallurg n'a guère le choix s'il veut conserver son titre, il lui faut "rentrer dans le lard" du Loko et, enfin, retrouver son allant de l'an passé. Une équipe de l'Oural qui retrouve l'un de ses blessés en défense, Alexandre Sélouianov. Mais pour secouer le cocotier de Iaroslav, il faudra que Magnitka trouve la solution au problème posé il y a deux jours par le jeune et talentueux gardien russe du Loko, Sémione Varlamov, infranchissable lors de la première manche.

Le Metallurg semble débuter la partie avec les meilleures intentions du monde. D'entrée de jeu, Magnitogorsk s'installe dans sa zone d'attaque. Mais ce n'est pas pour cela que le club à la mascotte en forme de renard orange est dangereux.

Tiens au fait, un truc que j'avais déjà remarqué lors du match au KSM, c'est le côté lèche-botte des DJ ! Désormais, pendant les arrêts de jeu, ils passent "Smoke on the water" ! Euh bon ? Quel est le rapport avec le "lèche bottisme ?". Comment, vous ne savez pas quel est le groupe préféré de Dimitri Medvedev, le nouveau tsar ? Mais Deep Purple bien sûr ! Cela a été assez dit sur tous les tons dans les médias russes afin de prouver que le nouveau président est "moderne". Donc désormais, dans les patinoires, c'est "tan, tan, tan, tantan tan tan, Smooooke on the waaateeer !" pour tout le monde !

Comme la situation est bel et bien bloquée sur la glace, à part un tir de près de Nikolaï Koulémine bien renvoyé par Varlamov, ce sont donc les pénalités qui vont faire la différence. La première est pour Ilia Gorokhov à la 7e, mais le Metallurg n'en profite pas. Non seulement, Magnitka n'installe pas son jeu de puissance, mais, c'est même Ivan Tkatchenko qui est le plus dangereux en contre. La seconde est pour Igor Korolev à la 10e et le Lokomotiv en profite ! Et cela ne traîne pas. Premier engagement, gagné pas le Loko, passe en retrait, tir de la bleue, renvoi de Scott et hop, le meilleur buteur des play-offs qui marque dans la cage ouverte. Mais qui marque ? Mais LA "star" du championnat russe (c'est Morozov qui va être content !) Alexeï Iachine qui justifie ainsi son statut. La différence c'est faite une fois de plus sur l'efficacité.

Ceci dit, Magnitka ne va pas non plus tarder avant de réagir. Un premier tir de Evgueni Fédorov et une égalisation de Evgueni Gladskikh la minute suivante. Le Tchèque Jan Marek récupère un palet envoyé le long de la balustrade par un défenseur de Magnitka et tir sur Sémione Varlamov. Ce dernier laisse un rebond, parfaitement reprit par Gladskikh pour l'égalisation (1-1, 11'54").

On craint le pire pour Magnitka à la 14e lorsque sur un contre du Loko, le défenseur ouralien Vladislav Bouline écope de deux minutes. Vu l'efficacité terrifiante de la locomotive de Iaroslavl. Mais en fait, le Finlandais du Loko Ari Vallin est à son tour sanctionné, on joue donc rapidement à quatre contre quatre. Dans ces conditions, c'est Iaroslavl qui est dominant, sans réel danger pour Travis Scott.

On pense donc en rester là pour ce premier tiers, lorsque le Loko prouve à nouveau sa redoutable efficacité. Un palet dégagé par Sémione Varlamov, une relance classique, des attaquants du Loko qui travaille fort dans les bandes, parviennent à dégager la rondelle pour Ivan Tkatchenko qui de loin trompe d'un tir puissant Travis Scott, pas exempt de tout reproche puisqu'il tombe en arrière accompagnant un peu la rondelle dans sa cage (1-2, 18'32"). Quoi qu'il en soit, à la première pause, le Loko a un but d'avance. Cela complique les affaires du champion de Russie et d'Europe...

Le deuxième tiers est un pilonnage en règle de la cage de Varlamov. Comme lors de la première demi-finale, le Loko se transforme en équipe hyper-défensive dès qu'elle a un but d'avance au tableau d'affichage. Le capitaine Ravil Gousmanov pense avoir la solution lorsqu'à la 24e, il se présente en bonne position face à Sémione Varlamov, mais le jeune "goalie" repousse la tentative sans trembler. S'ensuit une large domination locale... mais totalement infructueuse.

Pourtant, la solution, Magnitka va finir par la trouver en supériorité numérique. Le Loko est doublement sanctionné : le Finlandais Tony Salmelainen à 30'36 et l'ancien Spartakiste Dimitri Semine à 30'58 pour avoir bêtement laissé traîner sa crosse. Si ce n'est pas une occasion en or pour Magnitka, l'expression ne veut rien dire... Magnitogorsk parvient à marquer de la plus belle des manières, par son buteur et sauveur de la saison dernière, le Tchèque Jan Marek. Un tir rageur en coin qui se loge sous la barre de Varlamov. Une action très intelligente de l'ancien joueur du Sparta Prague et du Zelezarny (Club des chemins de fer, équivalent tchèque du Lokomotiv russe !) Trinec, qui, en coin, attend patiemment que Varlamov soit un peu déséquilibré pour le crucifier (2-2, 31'35").

Nous en sommes à la mi-match et le champion en titre, qui ne veut pas mourir, vient enfin d'égaliser... Mais que c'est dur, et si Magnitka doit attendre les doubles supériorités pour transpercer la muraille de Iaroslavl., on n'est pas prêt de voir d'autres buts de la part des locaux... Et d'ailleurs, une fois passé cet évènement d'une double pénalité, le scenario redevient habituel, avec un Metallurg qui ne parvient pas à percer le coffre-fort de Iaroslavl.

Comment faire pour déjouer l'hyper défense de Iaroslav ? C'est la question vitale pour Magnitogorsk à l'aube de ce dernier tiers. Franchir la ligne bleue devient presque un martyr pour les Ouraliens... La situation est incroyablement tendue. Tout va se jouer sur un coup de dès. C'est Iouri Babenko qui a le premier le palet du match dans sa crosse. L'ancien "Krylien" a même la cage grande ouverte devant lui... Il n'a plus qu'à pousser la rondelle dans le but... Mais il "foire" son revers et manque la cible ! Arg !

Le Lokomotiv, lui, ne va pas rater le coche ! À six minutes de la fin, dans la continuité d'une supériorité numérique suite à une faute de Birioukov et après, une fois de plus, un gros travail dans la zone d'attaque, Alexandre Vassiounov se retrouve face à Travis Scott. Le junior n'hésite pas et mets une "praline" sous la barre du gardien canadien de l'Oural. 2-3 ! C'est fait, le Loko à la sauce finlandaise de Kari Heïkkilä ferme toutes portes, les écoutilles, les trous de souris et les autres. Jamais Magnitka ne sera en position d'égaliser, même en faisant sortir Travis Scott à un peu plus d'une minute de la fin.

Et voilà donc le Lokomotiv à une manche de la victoire avant de recevoir dans son antre de Iaroslavl et devant le public le plus nombreux de toute la Sainte Russie !

Autant dire que cela sent le roussi pour le champion en titre. Ce n'est pas l'année des tenants en Rouges et Bleus. 2007 était plus sympa !

Étoiles du match Sport-Express : *** Ivan Tkachenko (Lokomotiv), ** Jan Marek (Magnitka), * Aleksandr Vasyunov (Lokomotiv).

Étoiles du match Soviet Sport : *** Aleksandr Vasyunov (Lokomotiv), ** Jan Marek (Magnitka), * Ari Vallin (Lokomotiv).

Compte-rendu signé Bruno Cadene

 

Commentaires d'après-match

Valeri Postnikov (entraîneur de Magnitogorsk) : "Après un début difficile, nous avons su revenir dans le match. En troisième période, il y a eu un moment où Seluyanov aurait pu marquer lui-même, mais il a décidé de faire la passe. Au lieu de ça, c'est nous qui avons encaissé le troisième but. Et l'arbitre n'a pas réagi lorsqu'ils ont fait perdre sa crosse à Scott... Ce n'est pas le dernier match. Ils nous ont battus deux fois chez nous, pourquoi ne ferions-nous pas pareil ? Notre seul recours, c'est jouer de façon plus organisée."

Kari Heikkilä (entraîneur de Yaroslavl) : "Nous avons bien commencé le match. Mais après leur deuxième but, nous avons commencé à jouer un peu passivement. Deux séries de pénalités nous ont compliqué la vie. En troisième période, nous avions une énorme envie de victoire, et le troisième but a reflété cette attitude caractéristique de notre équipe. Tout le monde a contribué, en jouant à quatre lignes presque jusqu'à la fin. Je suis content moi-même que le jeune Vasyunov ait marqué le but gagnant à chaque match. C'est notre cinquième victoire de suite à l'extérieur, il est possible que nous y jouions différemment, avec prudence par rapport à l'adversaire. Mais même en montrant un hockey défensif, nous ne disons pas aux joueurs de rester à l'arrière, nous leur demandons d'être plus actifs."

 

Metallurg Magnitogorsk - Lokomotiv Yaroslavl 2-3 (1-2, 1-0, 0-1)

Mardi 25 mars 2008 à 17h00 à l'Arena Metallurg. 7172 spectateurs.

Arbitrage de Sergei Karabanov (Moscou) assisté de Viktor Birin et Alekseï Medvedev (Moscou).

Pénalités : Magnitogorsk 8' (4', 0', 4'), Yaroslavl 10' (4', 4', 2').

Tirs : Magnitogorsk 36 (9, 18, 9), Yaroslavl 25 (12, 7, 6).

Évolution du score :

0-1 à 09'50" : Yashin assisté de Nepraiev (sup. num.)

1-1 à 11'54" : Gladskikh assisté de Marek

1-2 à 18'32" : Tkachenko assisté de Vallin

2-2 à 31'35" : Marek assisté de Varlamov (double sup. num.)

2-3 à 53'57" : Vasyunov assisté de Tkachenko

 

Metallurg Magnitogorsk

Gardien : Travis Scott (CAN) [sorti de sa cage à 58'49"].

Défenseurs : Evgeni Biryukov - Martin Strbak (SVK) ; Evgeni Varlamov - Vladislav Bulin ; Ivan Savin - Vladimir Malenkikh ; Aleksandr Seluyanov.

Attaquants : Denis Platonov - Igor Korolev - Ravil Gusmanov (c) ; Jan Marek (TCH) - Aleksei Kaïgorodov - Evgeni Gladskikh ; Nikolai Kulemin - Evgeni Fedorov - Igor Mirnov ; Anton Glovatsky - Sergei Sevostyanov - Yuri Babenko.

Remplaçants : Ilya Proskuryakov (G), Maksim Mamin. Absents : Andrei Mezin (gardien étranger surnuméraire), Jaroslav Kudrna (fracture du radius en rémission), Vitali Atyushov, Rinat Ibrahimov (blessés).

Lokomotiv Yaroslavl

Gardien : Semion Varlamov.

Défenseurs : Ari Vallin (FIN) - Sergei Zhukov ; Aleksei Vasiliev - Vitali Anikeïenko ; Daniel Tjärnqvist (SUE) - Ilya Gorokhov ; Denis Sokolov.

Attaquants : Aleksei Yashin - Ivan Nepraiev - Zbynek Irgl (TCH) ; Aleksandr Vasyunov - Dmitri Semin - Ivan Tkachenko ; Sergei Konkov - Aleksei Kudashov (c) - Alekseï Mikhnov ; Aleksandr Galimov - Gennadi Churilov - Tony Salmelaïnen (FIN).

Remplaçants : Sergei Gayduchenko (G), Aleksandr Ryabev. Absents : Juuso Riksman (G, étranger surnuméraire), Konstantin Rudenko (mâchoire brisée par une charge de Kasparaitis en quart de finale), Aleksandr Guskov.

 

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