Metallurg Magnitogorsk - Dynamo Moscou (14 mars 2008)

 

Quart de finale de Superliga russe, match 2.

En voilà un quart de finale alléchant ! Il y a quelques mois, on aurait dit "mouais, boaaf, le Metallurg va manger le Dynamo, qui est fini..."

Et c'est vrai que le club de Magnitogorsk, champion en titre, était le seul à suivre le rythme endiablé imposé par le leader, Oufa, alors que le Dynamo se traînait en milieu de tableau.

Et puis, pour une fois, le déclic psychologique suite à un changement d'entraîneur à fonctionné. Depuis que le Tchèque Vladimir Vujtek a pris en main le club moscovite, le Dynamo va mieux, beaucoup mieux. En huitième de finale, les bleu et blanc ont sorti l'Avangard Omsk en quatre manches.

Parallèlement à cette embellie dynamiste, le métallurgiste de l'Oural a soudainement le blues. Une qualification plus que douloureuse en huitième face au modeste Nijnekamsk et une première manche des quarts la veille également tirée par les cheveux face au Dynamo, puisqu'obtenue aux tirs au but.

On est donc impatient de voir si ces tendances inverses (le Dynamo vers le haut, le Metallurg vers le bas) se confirment pour cette deuxième manche. Notons que les deux équipes ont changé de gardien par rapport à hier : le Canadien Travis Scott a été remplacé par Andrei Mezin dans les cages de Magnitogorsk, et le gardien du Kazakhstan, Vitali Eremeïev, a cédé son poste au Finlandais Sinuhe Wallinheimo dans celles du Dynamo.

En attendant, ce que l'on voit en ce début de match, ce sont deux équipes des plus prudentes. Pour le Dynamo, cela peut se comprendre, ils jouent sur la glace du champion en titre et ils ont toujours eu (du moins ces dernières années) une réputation d'équipe défensive adorant les contres. Pour le Metallurg, chantre traditionnel du hockey offensif, c'est plutôt surprenant, signe que l'équipe doute quand même plus qu'elle ne veut l'avouer.

Et à ce jeu-là, ce sont les visiteurs qui dégainent les premiers. Un but superbe, sur un exploit personnel d'Éric Landry. Le Canadien en provenance de Berne propose un "one man show". Il commence derrière la cage d'Andreï Mézine, par écarter d'un bras son défenseur, tout en repiquant vers la cage, puis toujours en maintenant son défenseur à distance, il tire du revers de sa main libre pour tromper le gardien international du Bélarus. Un vrai but de Canadien ! Et 0-1, sur la première vraie occasion du match.

Le Metallurg n'a plus le choix. Il faut prendre le match en main. Le problème pour les Ouraliens... c'est qu'ils n'y parviennent pas ! Même en double supériorité à la 16e, ils bafouillent leur hockey et jamais ne sont en mesure de mettre vraiment en danger la défense dynamiste. Le score en reste donc à 0-1 à la première pause, et le moins que l'on puisse écrire, c'est que nous sommes loin des paillettes du superbe spectacle du CSKA-Kazan de la veille...

La période suivante se déroule exactement selon le même scénario. Très rapidement, Éric Landry met un but et le Metallurg patine de travers. Le Québécois place encore une superbe banderille. Il part seul en contre et trompe de près Andreï Mézine (0-2, 23'59"). Après l'exploit individuel, le contre meurtrier, toute la panoplie traditionnelle de l'attaquant nord-américain y passe !

Comment va réagir le Metallurg ? Comme un moteur diesel, progressivement. Il rentre petit à petit dans le match grâce à trois pénalités consécutives du Dynamo. Mais sans être véritablement dangereux. En fait il faut attendre l'ultime minute du tiers pour assister au fameux déclic. La pression ouralienne est un peu plus forte et pousse Sinuhe Wallinheimo à la faute. Sur un tir de face, le gardien finlandais s'emmêle les pinceaux, tombe à la renverse, laisse échapper la rondelle derrière lui, avant de la bloquer in-extremis. Mais de la bloquer où ? Le juge placé derrière la cage allume sa lumière verte pour indiquer le but. L'arbitre a des doutes et préfère consulter la vidéo. Après avoir longuement hésité, il refuse le but, à mon avis dans le doute. Quoi qu'il en soit, il semble que cette action ait réveillé la métallurgie de l'Oural.

En effet, c'est un Magnitka transfiguré qui revient sur la glace pour le troisième tiers-temps. C'est tout d'abord, le Tchèque Jan Marek qui échoue de peu, rappelant ainsi pendant quelques secondes l'extraordinaire joueur qu'il était l'an passé. Sauf que l'an passé, il l'aurait certainement mis au fond. Malgré tout, Marek a signalé ainsi le retour de Magnitogorsk. Le club dont la mascotte est un renard orange (eh oui...) revient ensuite au score suite à un superbe but. Autant les deux buts du Dynamo étaient typiquement Made in Canada, autant la réponse venue de l'Oural est parfaitement russe. Un vrai jeu en triangle comme du temps, pas si lointain, où mon voisin Viktor Tikhonov était le maître du monde ! C'est Igor Korolev qui est à la conclusion de cette belle phase de jeu collective.

Magnitka est relancé. La machine est en marche et elle finie par tout bousculer sur son passage. Trois minutes plus tard, le même Igor Korolev, qui jouait au Dynamo avant de partir en Amérique du Nord, trouve une fois de plus la faille. Il tire sur la cage dynamiste, Sinuhe Wallinheimo renvoie, il récupère et loge la rondelle sous les jambières du gardien finlandais. Finalement, l'arbitre estime que l'international Denis Platonov a touché la rondelle en dernier et lui accorde le but... mais c'est quand même Korolev qui a répondu victorieusement au défi d'Éric Landry (2-2, 47'32").

Estimant que son gardien n'est peut-être pas en super forme, Vujtek suite à ce but, fait sortir Sinuhe Wallinheimo pour le remplacer par le junior Vadim Jélobniouk (Eremeïev est en tribune car on n'a le droit d'aligner qu'un gardien étranger). Ceci dit, à la décharge du Finlandais, on le voyait les minutes précédentes constamment à genoux, comme s'il ressentait une gêne, ou une blessure...

Le Metallurg respire ! Il pense avoir fait le plus difficile. Le problème, c'est qu'au lieu de poursuivre sur sa lancée, il préfère, même inconsciemment, se contenter de ce retour au score. Le jeu retombe donc dans sa torpeur. Et malheureusement pour les locaux, ce sont les visiteurs qui vont sonner le réveil. Un réveil douloureux pour Magnitka.

Alors que tout le monde se prépare à jouer des prolongations, Igor Emeleïev - échangé de Magnitogorsk au Dynamo en cours de saison contre Mirnov - assomme l'Arena-Metallurg. Un dépoussiérage de lucarne des plus impressionnants, sur pratiquement la seule occasion du Dynamo ! Boum ! Réussite parfaite ! Le Dynamo reprend l'avantage et il ne reste que cinq minutes à jouer.

Autant vous le dire tout de suite, Magnitka ne s'en remettra jamais. Pour l'honneur, l'entraîneur ouralien Valeri Postnikov demande un temps mort, sort Mézine. En vain. À une minute de la sirène, devant sa cage, Daniil Markov dégage du revers. Le palet file alors à travers toute la patinoire pour terminer sa course dans la cage vide. Même sur ce dernier but, le Dynamo aura connu la réussite maximale.

Le Metallurg n'est pas guéri. Il n'est pas éliminé non plus. Mais il lui faudra impérativement remporter une manche lors de son voyage à Loujniki.

Quant au Dynamo, c'est le printemps ! Le club moscovite est en plein renouveau, en pleine confiance. Le site internet du club a une explication. Il titre "c'est la magie Vujtek" ! C'est Krikounov qui doit être content, tout là bas au Tatarstan...

Désignés joueurs du match : Igor Korolev (Magnitogorsk) et Éric Landry (Dynamo).

Étoiles du match Sport Express : *** Éric Landry (Dynamo), ** Igor Emeleïev (Dynamo), * Sinuhe Wallinheimo (Dynamo).

Étoiles du match Soviet Sport : *** Éric Landry (Dynamo), ** Daniil Markov (Dynamo), * Igor Korolev (Magnitogorsk).

Compte-rendu signé Bruno Cadene

 

Commentaires d'après-match

Valeri Postnikov (entraîneur de Magnitogorsk) : "Au début, les deux équipes se sont créé très peu d'occasions. Il y en a eu une, l'adversaire a marqué, puis une autre, et encore un but. À partir de la deuxième période, nous avons élevé le rythme, mais nous avons été inefficaces en supériorité numérique. [...] J'ai laissé Scott se reposer, il est trop tard pour le regretter... Il fallait se créer plus d'occasions au début du match. Mais quel état d'esprit l'équipe a montré en troisième période ! Le Dynamo a simplement eu de la réussite..."

Vladimir Vujtek (entraîneur du Dynamo) : "Avec une bonne avance, nous aurions dû passer la troisième période , mais à un moment notre quatrième ligne s'est retrouvée face à la ligne la plus expérimentée de Magnitogorsk, qui a marqué et est passée à l'attaque. Après le changement de gardien, l'équipe a compris qu'il fallait soutenir Vadim [Zhelobnyuk] et ne pas laisser les attaquants s'approcher de lui. Lui-même s'est très bien occupé des lancers lointaints. Ce qui m'inquiète le plus, c'est la blessure de Vitali Yachmenev, il était assis dans le vestiaire avec la main bandée et maintenue contre le corps. Fedor Fedorov a pris un palet dans le visage et a une inévitable commotion cérébrale. Pour Wallinheimo, tout va bien [NDLR : il serait sorti à cause de spasmes musculaires aux jambes]."

Éric Landry (attaquant du Dynamo) : "Les équipes russes jouent à leurs limites en saison régulière, avec un maximum d'intensité, mais quand les play-offs commencent, le prix de la victoire monte et il y a encore plus de contacts. C'est une vraie guerre ! Magnitogorsk a des attaquants très talentueux et des défenseurs puissants. Contre cette équipe, il ne faut pas jouer contre les bandes. La victoire reviendra à celui qui prendra le contrôle du centre de la glace. Nous somme des professionnels, nous sommes habitués au régime des play-offs, surtout que nous aurons maintenant une journée de repos. Le principal, c'est d'amener avec nous à Moscou l'énergie de cette victoire."

 

Metallurg Magnitogorsk - Dynamo Moscou 2-4 (0-1, 0-1, 2-2)

Vendredi 14 mars 2008 à 19h00 à l'Arena Metallurg. 7101 spectateurs.

Arbitrage de Rafael Kadyrov (Ufa) assisté de Viktor Tomilov et Konstantin Gordenko.

Pénalités : Magnitogorsk 6', Dynamo 20'

Tirs cadrés : Magnitogorsk 43 (11, 18, 14), Dynamo 21 (8, 7, 6).

Évolution du score :

0-1 à 08'09" : Landry assisté de Giordano

0-2 à 23'59" : Landry assisté de Budkin

1-2 à 43'06" : Korolev assisté de Strbak et Gusmanov

2-2 à 47'32" : Platonov assisté de Korolev

2-3 à 55'19" : Emeleïev assisté d'Afanasenkov et Markov

2-4 à 58'59" : Markov (cage vide)

 

Metallurg Magnitogorsk

Gardien : Andrei Mezin (BLR) [sorti de 58'39" à 58'59"].

Défenseurs : Evgeni Varlamov - Vitali Atyushov ; Martin Strbak (SVK) - Evgeni Biryukov ; Rinat Ibrahimov - Vladislav Bulin ; Ivan Savin.

Attaquants : Evgeni Gladskikh - Aleksei Kaïgorodov - Jan Marek (TCH) ; Anton Glovatsky - Igor Korolev - Denis Platonov ; Igor Mirnov - Evgeni Fedorov - Nikolai Kulemin ; Ravil Gusmanov (c) - Sergei Sevostyanov - Yuri Babenko.

Remplaçant : Ilya Proskuryakov (G). Absents : Travis Scott (gardien étranger surnuméraire), Jaroslav Kudrna (fracture du radius depuis un cinglage de Ross Lupaschuk fin janvier), Vadim Ermolaiev (a pris un palet dans le visage hier), Vladimir Malenkikh.

Dynamo Moscou

Gardien : Sinuhe Wallinheimo (FIN) puis à 47'32" Vadim Zhelobnyuk.

Défenseurs : Aleksandr Budkin - Mark Giordano (CAN) ; Yakov Rylov - Sergei Vyshedkevich ; Alekseï Troshchinski (c, KAZ) - Daniil Markov ; Oleg Orekhovsky.

Attaquants : Éric Landry (CAN) - Aleksei Badyukov - Vitali Yachmenev ; Fedor Fedorov - Alekseï Chupin - Aleksandr Kharitonov ; Dmitri Shitikov - Igor Emeleev - Dmitri Afanasenkov ; Gennadi Stoliarov - Aleksandr Goroshansky - Aleksandr Polukhin.

Absents : Vitali Eremeiev, Gennadi Razin (étrangers surnuméraires).

 

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