Dijon - Rouen (11 mars 2008)

 

Quart de finale de Ligue Magnus, match 3.

Net et (presque) sans bavures

Envoyés au casse-pipe en Haute-Normandie, les Ducs de Dijon sont rentrés en Bourgogne les filets bien garnis à l'issue des deux premières manches rouennaises de ces quarts de finale. Dispersés, là-bas, façon puzzle, les hommes de Daniel Maric aspirent ouvertement à défier Rouen ce soir sur leur petite glace. Enfin, dira-t-on, vu l'écart constaté à l'île Lacroix, mais mieux vaut tard que jamais. En effet, pour cette possible dernière sortie de la saison à domicile, les Ducs souhaitent réveiller un esprit commando garant de leurs meilleurs résultats cette saison.

Fini le laisser-aller, place à l'action, comme le prônait après coup Daniel Maric. Mais voilà, même avec la meilleure volonté du monde, Rouen reste Rouen. Un dragon sûr de sa force et de ses qualités, capable d'un ou deux coups de griffe biens sentis de rapidement assoire son succès. Une médecine bien connue, mais qui fera encore effet ce soir à Trimolet.

Pourtant, si le Dragon crache rapidement ses premières flammes au bouclier d'Hurajt, les Normands constatent que leur hôte a cette fois-ci davantage de répondant. Une situation qui ne les inquiète toutefois guère, l'insaisissable Éric Doucet reprenant un palet furetant dangereusement dans le slot pour ouvrir la marque (0-1 à 03'33").

La machine est lancée. Les dévoreurs d'espaces aussi. Retranchés dans leur camp pour traquer chaque opportunité, les hommes d'Alain Vogin n'attendent pas bien longtemps qu'un puck égaré en zone neutre sur une énième approximation offensive ne leur tombe tout cuit dans le bec. Enfin, ça, c'est plutôt l'affaire du finisseur Carl Mallette, lancé dans le sens du but par Tristan Lemoine et jouant du poignet, à l'entrée de la zone, pour embrasser le montant droit de Radovan Hurajt (0-2 à 04'02").

Ménagé ce soir en raison de quelques douleurs aux adducteurs, le Franco-Canadien Julien Desrosiers ne rate pas grand chose de la fête, hormis peut-être quelques points supplémentaires à son compteur. Car la messe est déjà dite. Malgré les sursauts de ses attaquants slaves, au demeurant volontaires mais bien trop brouillons dans la construction offensive, Dijon est débordé à chaque accélération adverse. Et comme Ramon Sopko, parfois titillé, reste intransigeant, on se dit que la défense bourguignonne serait bien inspirée d'un faire autant pour soulager le feu nourri subi depuis de longues, très longues minutes, par Hurajt, promu pompier de service.

Le danger reste donc à porté de fusil mais, le Dragon aidant, la symbolique résistance dijonnaise deviendra plus concrète au fil des minutes. Appliqués en désavantage numérique, les Ducs s'enhardissent et s'offrent même les occasions les plus pertinentes jusqu'au premier entracte. Enfin, lorsque leurs passes franchissent cette fameuse zone neutre... ou que Petri Virolainen n'y aille d'un tricotage inutile derrière son filet pour perdre une rondelle aussitôt distribuée par Miroslav Fiser vers Michal Dian au second poteau. La cage était vide (Sopko étant pris de vitesse) mais le Slovaque rate l'immanquable (17'30").

Ces bonnes intentions locales se confirment au retour des vestiaires où une pression assez soutenue met en péril la virginité d'un Ramon Sopko très concentré. Pas de doutes, un soupçon de réalisme les aiderait bien dans leur (insurmontable) quête. Et justement question réussite, Mallette en connaît un rayon ! Le rapatrié d'Innsbruck, idéalement servi après une temporisation de Lemoine (sur un puck de relance perdu... en zone neutre !), se retrouve seul pour fixer le gardien et ajuster la lunette opposée (0-3 à 24'14").

La valise (Mallette ?) est bel et bien au rendez-vous ce soir malgré un engagement persistant des Dijonnais. Mais s'ils s'échinent à toujours aller de l'avant, trop d'imprécisions nuisent à leurs desseins. Un constat implacable puisque Rouen, tranquille comme Baptiste, n'a qu'à attendre le moment opportun pour en remettre une couche sur des contres savamment orchestrés par ses plus fines lames. Mais pas seulement. En effet Lionel Tarantino, débordant côté gauche David Dauphin (remplaçant un Pavol Milec préalablement sorti sur blessure), démontre que les jeunes Normands ont de la ressource et quadruple la mise, avec l'appui du vétéran de SM-liiga Jarkko Glad (0-4 à 32'53").

L'indiscipline croissante des Dragons ne change rien à l'affaire. La bête, apaisée, garde toutefois un œil ouvert pour contrarier les hardis Bourguignons, sur qui plane toujours une éternelle épée de Damoclès. Ce diable de Tarantino, lancé à l'assaut de la cage par Houde, voit toutefois l'aluminium lui refuser ce but tant espéré (38'17").

Pas de doutes, déjouer le blanchissage de Ramon Sopko sera bien le seul objectif envisageable d'une soirée jouée depuis belle lurette. Et en ce sens les Ducs, motivés par une cause qu'ils croyaient longtemps perdus, ne baisseront jamais les bras. À l'image de leur campagne 2007/08, marquée par un certain orgueil et d'inépuisables ressources.

Pour autant Rouen, s'il a relâché son étreinte, n'entend pas en rester là. Oo du moins quitter la Côte d'Or sans avoir démontré tout son éventail offensif. C'est que les Normands sont aussi bons sur jeu placé qu'en contres, et Éric Doucet, servi dans l'enclave par Marc-André Thinel, griffe à bout portant les cordages de Radovan Hurajt (0-5 à 47'03"). Dans un registre plus rugueux, les gants sont ensuite jetés entre Éric Houde, le routinier québécois, et l'ex-espoir du RHE 76 Yvan Fontana, donnant une note épicée à une soirée manquant cruellement de relief (51'22").

L'addition est lourde. Beaucoup trop au vu de l'énergie jusqu'alors déployée par les hommes de Daniel Maric. Par chance, celle-ci ne restera pas vaine ; le mousquetaire Aymeric Gillet reprenant au second poteau une passe tendue de Michal Dian (1-5 à 53'16"). De quoi finir la saison sur une bonne note malgré une élimination inéluctable. Le banc normand, ouvert depuis des lustres, laisse galoper ses espoirs sur fond de suspens mort-né. Car le courage, ce soir, n'aura pas suffit aux Ducs de Dijon. Il y avait une classe d'écart. Tout simplement. Un "monde", comme le disait après-coup le président du CPHD avant la grande photo de famille de toutes les classes du hockey dijonnais.

Et malgré ce verdict incontestable, Yannick Offret, en sautant sur un ultime rebond d'Aymeric Gillet, rendra l'addition moins salée au rythme endiablé des dernières notes festives descendant des gradins de Trimolet (2-5 à 59'50").

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Commentaires d'après-match (dans le Bien Public)

Daniel Maric (entraîneur de Dijon) : "Il est clair que le plaisir était contre Épinal, au tour précédent. Là-bas, nous avions d'ailleurs réalisé une super partie dans des conditions pas évidentes. Face à Rouen, on a pris trois ratatouilles, c'était forcément moins agréable. Même si ce soir on ne s'est pas fait marcher sur la tête, nous ne pouvions rien faire. En plus, on prend des buts bêtes comme le troisième et le quatrième. Sur ce dernier, Miroslav Fiser fait une faute de carre en raison de problème d'affûtage de ses patins. Au final, ces trois gros revers m'ennuient. C'est comme ça. Tout le monde voulait éviter Rouen, nous aussi !"

 

Dijon - Rouen 2-5 (0-2, 0-2, 2-1)

Mardi 11 mars 2008 à 20h15 à la patinoire Trimolet. 956 spectateurs.

Arbitrage de Damien Velay assisté de David Courgeon et Adrien Ernecq.

Pénalités : Dijon 50' (6', 0', 4'+10'+10'+20'), Rouen 58' (12', 6', 10'+10'+20').

Évolution du score :

0-1 à 03'33" : Doucet assisté de Bouchard

0-2 à 04'02" : Mallette assisté de Lemoine et Virolainen

0-3 à 24'14" : Mallette assisté de Lemoine

0-4 à 32'53" : Glad assisté de Tarantino et Houde

0-5 à 47'03" : Doucet assisté de Thinel et Bouchard

1-5 à 53'16" : Gillet assisté de Fiser et Offret

2-5 à 59'50" : Offret assisté de Gillet et Fiser (sup.num.)

 

Dijon

Gardien : Radovan Hurajt.

Défenseurs : Andrej Mrena (C) - Peter Lalka ; Aymeric Gillet (A) ; Juraj Sadlon ; Peter Strapaty.

Attaquants : Pavol Milec [puis David Dauphin] - Stephen Dugas (A) - Miroslav Kristin ; Anthony Guttig - Miroslav Fiser - Michal Dian ; Yvan Fontana - Kévin Dugas - Yannick Offret ; Thomas Lecoanet ; Yassine Fahas.

Remplaçant : Julien Roullier (G). Absent : Alexandre Lefebvre (mononucléose).

Rouen

Gardien : Ramon Sopko.

Défenseurs : Ladislav Benysek - Jonas Liwing ; Petri Virolainen - Jarkko Glad ; Daniel Carlsson (A) ; puis Cédric Custosse.

Attaquants : Olivier Bouchard - Éric Doucet - Marc-André Thinel (A) ; Tristan Lemoine - Carl Mallette - Jérémie Romand ; Lionel Tarantino - Éric Houde -  Loïc Lampérier ; puis Peter Bourgaut, Lucas Bini, Thomas Baubriau.

Remplaçant : Ronan Quemener (G). Absents : Édouard Dufournet (ligaments croisés du genou), Benoît Quessandier (déchirure musculaire au niveau de la cage thoracique), Julien Desrosiers (adducteurs).

 

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