Huitième de finale de Superliga russe, match 5.

C'est la grosse surprise de ces huitièmes de finale de la Superliga. Le Metallurg Magnitogorsk, champion en titre, champion d'Europe, deuxième de la phase régulière, en est réduit à disputer la cinquième manche de ces huitièmes face au petit poucet, le Neftekhimik de Nijnekamsk, 15e de la saison et sorti sèchement l'an passé de ces mêmes huitièmes par le "redoutable" Sibir Novossibirsk...

La série avait pourtant bien commencé pour Magnitka avec une victoire 4-1 à la maison. Sauf que le lendemain, les Tatars égalisait dans la série grâce à un succès 4-3, avec un mauvais but encaissé de la zone neutre par le gardien canadien Travis Scott. Le Metallurg se déplaçait alors au Tatarstan dans l'idée d'en finir. Début de mission accomplie avec une victoire 4-2. Mais, une fois de plus, les "Pétrochimiques" égalisaient à deux manches partout, suite à une victoire 3-2 et un ultime but signé des frères Makarov (Konstantin sur une passe de Dimitri)... formés à Magnitogorsk !

Et voilà donc les boyards du championnat russe forcés à jouer les "prolongations" face aux moujiks tatars dans une cinquième manche couperet... Un des deux attaquants tchèques revient cependant de blessure à ce moment important, le buteur Jan Marek, absent depuis début février.

Pour expliquer ce renouveau de Nijnekamsk, on peut signaler le retour au "bercail" de leur entraîneur fétiche, Vladimir Krikounov, qui avait mené le Neftekhimik en quart de finale 2004 (contre le Metallurg qui ne s'en était sorti qu'en cinq manches !) avant de partir au Dynamo où il a connu des hauts (champion de Russie, champion d‘Europe, entraîneur national) puis des bas, jusqu'à se faire virer cette saison et donc à revenir à la "maison".

Et puis, le club tatar a également déniché une perle dans les cages, le Canadien Mike Garnett, en provenance de l'AHL (Chicago Wolves) avec un passage par la LNH (Atlanta). Vous ajoutez des jeunes qui n'en veulent et qui patinent, la volonté de revanche insufflée par Krikounov, et vous avez l'explication...

Le premier tiers part sur un faux rythme. Le Metallurg se doit de prendre des initiatives mais il ne peut non plus se permettre de trop se découvrir face aux rapides patineurs tatars. L'attaquant Andreï Galouchkine fait même passer deux frissons : un de ses tirs rentre en passant sous la cage de Magnitogorsk, involontairement levée par le gardien Scott qui a perdu l'équilibre comme le montre la vidéo, et un autre tir rase le poteau. C'est donc un début de match assez tendu. Pour preuve, ces échauffourées qui surviennent à la onzième minute, après un poteau d'Atiouchov, entre Evgueni Varlamov, le défenseur international de Magnitogorsk, et l'attaquant de Nijnekamsk, Maxime Pestouchko (qui a chargé Korolev contre la bande). Le premier prend 2'+2'+2'+10' et le second 2'+2'+10'.

Cette décision courageuse de Monsieur Kadyrov a au moins le mérite de calmer tout le monde, et la fin du tiers se déroule sans anicroche, mais aussi sans but. Pourtant, les Ouraliens dominent largement, ils pressent les Tatars dans leur camp, mais en vain et surtout, ils se heurtent à un Garnett imperturbable.

Le champion en titre se dit alors qu'il faut en finir. Il maintient sa pression d'entrée de deuxième tiers. Et cela paie rapidement. Dès la deuxième minute, l'ancien Dynamiste Igor Mirnov ouvre la marque après un premier tir sur le poteau de Koulémine (1-0, 22'24"). Magnitka ne veut pas en rester là et poursuit sa large domination. Il ne s'agit pas de laisser respirer les Tatars et de leur faire croire qu'ils ont encore des chances...

Pourtant, sur l'une de leurs très rares expéditions dans la zone de défense ouralienne, les joueurs de Nijnekamsk parviennent à égaliser par le Bélarussien Ougarov, présent depuis des années grâce à la filière entre Minsk et Nijnekamsk mise en place par Krikounov (lui-même ancien entraineur du Bélarus). 1-1, tout est à refaire pour le Metallurg, pas des plus chanceux sur ce coup-là, en prenant un but sur la seule occasion franche des visiteurs.

Mais Magnitka ne va pas douter bien longtemps. Exactement trois minutes et deux secondes. Le tir lointain de l'international formé au club Nikolaï Koulémine (qui avait été suspendu pour les deux matches à Nijnekamsk après une charge contre la bande sur Grot) rebondit sur Garnett et rentre dans la cage. C'est au tour du Neftekhimik de ne pas être chanceux sur ce but de "billard" (2-1, 36'38").

Et le Metallurg va clouer le cercueil de la plus cruelle des manières. En infériorité numérique. Le défenseur slovaque Martin Strbak écope de deux minutes. Le Nijnekamsk met en place son jeu de puissance... et se fait contrer. Ravil Gousmanov file sur l'aile gauche, il entre dans la zone d'attaque, il a la possibilité de jouer le deux contre un, mais son camarade sur l'aile droite... trébuche ! Gousmanov n'a plus le choix, il actionne son tir et boum ! Le palet va se loger le long du poteau de Garnett (3-1, 38'44").

Deux buts d'avance pour les vingt dernières minutes, à domicile, avec l'expérience du très haut niveau, cela semble bien parti pour le champion en titre. Surtout que Magnitka tue définitivement tout suspense après trois minutes dans l'ultime période. Un tir lointain de Evgueni Gladskikh qui va se loger dans la cage de Michael Garnett qui n'a pas eu le temps de broncher (4-1, 43'10"). Il ne reste plus grand-chose à faire pour Nijnekamsk. Dans le doute, Krikounov change de gardien et remplace son titulaire canadien par Sergueï Khorochoun, un gardien habitué à la Vyschaïa Liga (Ekaterinbourg et Nijni-Novgorod).

Mais c'est en vain. À partir du moment où les joueurs de Valéri Postinkov considèrent que trois buts d'avance leur suffisent pour voir venir, c'en est terminé du match. Magnitka tire le rideau. Mais pas à la manière brutale d'un Vorobiev de l'Oural qui se contenterait de tout bloquer en zone neutre. Non, "à la moderne", en privant tout simplement les adversaires de palet, presque aussi bien que la démonstration impressionnante du Dynamo face à Omsk.

De nos jours, un jeu défensif, ce n'est plus attendre l'adversaire tous regroupés à la bleue, c'est le faire courir... Et les Pétrochimiques auraient pu courir comme ça encore longtemps...

4-1, le Metallurg s'est sorti enfin de cette pénible série des huitièmes et peut penser à la suite : les quarts contre le Dynamo. Et au vu de la série face à Omsk... Hmm ! Cela promet un sacré spectacle !

Étoiles du match Sport Express : *** Nikolaï Koulémine (Magnitka), ** Ravil Gousmanov (Magnitka), * Igor Mirnov (Magnitka).

Étoiles du match Soviet Sport : *** Nikolaï Koulémine (Magnitka), ** Igor Mirnov (Magnitka), * Vitali Atiouchov (Magnitka).

Compte-rendu signé Bruno Cadene

Commentaires d'après-match

Valeri Postnikov (entraîneur de Magnitogorsk) : "Je voudrais féliciter mon collègue pour avoir formé une équipe très solide pour les play-offs. L'organisation de Nijnekamsk, à la fois en défense en attaque, inspire le respect, de même que sa forme physique. Mais aujourd'hui, nous étions meilleurs : nous avions plus de caractère, de détermination vers la cage adverse, d'envie... J'ai eu de la réussite dans mon choix de lignes : le trio Kulemin-Fedorov-Mirnov a marqué deux buts importants. Je n'ai pas voulu aligner Kudrna pour qu'il joue avec une main et demie. Quand il sera complètement guéri, il jouera."

Vladimir Krikunov (entraîneur de Nijnekamsk) : "Nous avons fait tout ce que nous avons pu. Dans les quatre premières rencontres, les arbitres ont bien travaillé, je n'ai pas eu un seul reproche à leur faire. Mais aujourd'hui, je ne peux pas en dire autant. Sur le premier but, l'arbitre m'explique que Scott a bougé la cage, mais étrangement il ne lui donne pas de pénalité. Kadyrov [l'arbitre], c'est Kadyrov, ça ne sert à rien de parler de lui. Il n'y a que la tombe qui le corrigera. Le précédent match nous a pris trop de forces, et nous étions moins bons que chez nous aujourd'hui. Mais même ainsi, le match aurait pu avoir un autre scénario sans les erreurs arbitrales."

Metallurg Magnitogorsk - Neftekhimik Nijnekamsk 4-1 (0-0, 3-1, 1-0)

Lundi 10 mars 2008 à 15h00 à l'Arena Metallurg. 6950 spectateurs.

Arbitrage de Rafael Kadyrov (Ufa) assisté de Konstantin Gordenko et Viktor Tomilov.

Pénalités : Magnitogorsk 24', Nijnekamsk 24'

Tirs cadrés : Magnitogorsk 37 (12, 17, 8), Nijnekamsk 24 (5, 9, 10).

Évolution du score :

1-0 à 22'24" : Mirnov assisté de Kulemin

1-1 à 33'36" : Ugarov assisté de Shchitov

2-1 à 36'38" : Kulemin assisté de Varlamov et Atyushov (sup. num.)

3-1 à 38'44" : Gusmanov (inf. num.)

4-1 à 43'10" : Gladskikh assisté d'Atyushov et Marek (sup. num.)

Gardien : Travis Scott (CAN).

Défenseurs : Evgeni Biryukov - Vladislav Bulin ; Evgeni Varlamov - Vitali Atyushov ; Martin Strbak (SVK) - Vladimir Malenkikh ; Rinat Ibrahimov.

Attaquants : Jan Marek (TCH) - Aleksei Kaïgorodov - Evgeni Gladskikh ; Igor Mirnov - Evgeni Fedorov - Nikolai Kulemin ; Ravil Gusmanov (c) - Igor Korolev - Denis Platonov ; Yuri Babenko - Maksim Mamin - Vadim Ermolaiev ; Sergei Sevostyanov.

Remplaçant : Ilya Proskuryakov (G). Absents : Andrei Mezin (gardien étranger surnuméraire), Jaroslav Kudrna (fracture du radius depuis un cinglage de Ross Lupaschuk fin janvier).

Gardien : Michael Garnett (CAN) puis à 43'10" Sergei Khoroshun.

Défenseurs : Evgeni Nurislamov - Nikita Shchitov ; Sergei Bernatski - Denis Grot ; Tomas Starosta (SVK) - Dmitri Balmin (c) ; Igor Zubov - Ilshat Bilalov.

Attaquants : Konstantin Makarov - Maksim Pestushko - Dmitri Makarov ; Andrei Ivanov - Denis Khlistov - Ruslan Bernikov ; Roman Kukumberg (SVK) - Vasili Smirnov - Aliaksei Ugarov (BLR) ; Andrei Galushkin - Konstantin Kulikov - Aleksandr Islamov.

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