Grenoble - Mont-Blanc (7 mars 2008)

 

Ligue Magnus - Quart de finale, première manche.

Invité surprise de ces quarts de finale, le Mont-Blanc a sans aucun doute réalisé LA performance des barrages en éliminant les Gothiques d'Amiens à la surprise générale. De quoi faire oublier une fin de saison régulière plutôt décevante qui a vu l'Avalanche glisser à la onzième place après avoir occupé pendant longtemps une place parmi les huit premiers. Les hockeyeurs du Mont-Blanc s'apprêtent donc à jouer un quart de finale sans pression face aux champions de France en titre, même s'ils doivent se passer pour l'occasion de deux éléments majeurs, Sébatien Subit et Markus Laine, blessés face à Amiens. Pour Grenoble, si la tâche semble plus aisée sur le papier, il faudra prendre garde à l'excès de confiance qui pourrait gagner le groupe isérois, privé du seul Antonin Manavian, convalescent.

On pouvait suspecter une certaine fatigue du côté du Mont-Blanc qui dispute son troisième match en quatre jours. Mais les Haut-Savoyards sont bien présents au coup d'envoi. Étienne Croz se fait pourtant sanctionner après seulement deux minutes de jeu. Un premier power-play très bien négocié par Grenoble qui s'installe immédiatement dans la zone défensive du Mont-Blanc et fait circuler le palet. Valcak sur le côté gauche de la cage sert en retrait Kévin Hecquefeuille au point d'engagement dont la reprise instantanée ne laisse aucune chance à Lukes (1-0, 03'00"). Les Brûleurs de Loups semblent placés sur orbite mais connaissent un coup de froid quelques secondes plus tard. Un lancer de Kaj Ohberg est dévié par Mathias Arnaud devant la cage avant que le palet ne retombe en cloche au fond des filets grenoblois (1-1, 03'23"). Cette égalisation inattendue ne semble pas perturber outre mesure les hockeyeurs grenoblois qui remettent le couvert quelques instants plus tard sur une nouvelle pénalité de Croz. Le power-play fonctionne aussi bien que le premier mais cette fois la réussite n'est pas au bout malgré les efforts de Pettersson et Amar. Les hommes de Mats Lusth continuent sur leur lancée et sollicitent régulièrement Lukes qui doit sortir le grand jeu à plusieurs reprises devant Wallin, Pettersson et Masa notamment.

Grenoble pousse, le Mont-Blanc joue le contre, scénario prévisible qui conduit à quelques occasions haut-savoyardes, notamment par l'intermédiaire du toujours jeune Christian Pouget. Forsander se retrouve avec le palet tout seul devant Lukes mais ce dernier ferme bien son angle et ne donne pas de solutions à l'attaquant suédois. Ce n'est que partie remise, sur l'engagement suivant gagné par Tartari, Sacha Treille tire sur Lukes qui concède un rebond récupéré par Lindström lequel pousse le palet dans la cage vide (2-1, 14'35"). Grenoble semble reprendre la main mais la fin de tiers sera difficile pour les Brûleurs de Loups, sanctionnés à deux reprises par l'intermédiaire de Woods et Pettersson. Les hommes d'Ari Salo en double supériorité numérique ne laissent pas passer l'occasion : Auvitu sort le palet de la balustrade pour Christian Pouget qui prend son temps pour nettoyer la lucarne d'Eddy Ferhi (2-2, 19'29").

Les Brûleurs de Loups ne s'attendaient sans doute pas à être mis en échec de la sorte après vingt minutes de jeu, mais il faut bien reconnaître que la fatigue n'a que peu de prise sur les joueurs du Mont-Blanc alors que les Dauphinois peinent à trouver le bon rythme. Une nouvelle pénalité de Pettersson - dans le collimateur de l'arbitre ce soir tout comme Croz - donne une nouvelle supériorité numérique aux visiteurs mais cette fois Pouget ne parvient pas à faire la différence. Les champions de France ne parviennent pas à accélérer le jeu et se trouvent confrontés à une équipe bien en place défensivement et très agressive sur le porteur du palet. La fougue haut-savoyarde gêne considérablement les Isérois et le jeu se déplace en zone neutre avec très peu d'occasions de part et d'autre. Au bout d'une dizaine de minutes et sur une supériorité numérique, Lindström s'en procure enfin une. Mais c'est à peu près tout dans une période intermédiaire au cours de laquelle les Grenoblois déjouent complètement. Le jeu de puissance, convaincant au premier tiers, se délite, en partie à cause d'une circulation du palet particulièrement lente. Du coup, les Isérois se contentent des tirs de loin de Hecquefeuille, Amar et Lindström. Un terrible aveu d'impuissance qui génère une certaine frustration à l'image de l'accrochage entre Pettersson et Morant. Pettersson s'ouvre ensuite le chemin des buts sans pouvoir conclure tandis que les cadres grenoblois que sont Wallin, Scott et Valcak font preuve d'une fébrilité inhabituelle. La seule consolation pour Grenoble en fin de tiers est finalement de ne pas avoir encaissé de but.

Lusth tente de faire bouger les choses en mettant Kevin Hecquefeuille sur la première ligne à la place de Martin Masa qui doit se contenter des supériorités numériques. Et la troisième période ne peut pas être pire, se dit-on côté grenoblois. Et pourtant... Battus dans l'engagement et en vitesse, les Brûleurs de Loups subissent le jeu face à une équipe du Mont-Blanc survoltée et pleine d'enthousiasme. Ferhi est plus sollicité que lors des périodes précédentes et les réactions locales sont sporadiques à l'image de rushs de Treille, Hecquefeuille ou Amar, les rares Grenoblois à surnager ce soir. Étienne Croz et Mikael Pettersson récoltent leur troisième pénalité du match mais aucune équipe n'en profite. Au fil des minutes, l'initiative est de plus en plus du côté haut-savoyard. Dans le sillage de Christian Pouget, auteur d'une performance majuscule ce soir, les jeunes du Mont-Blanc s'en donnent à coeur joie : Auvitu, Masson, Orset virevoltent et ne montrent pas le moindre signe de fatigue. Ils bousculent des Grenoblois de plus en plus fébriles et incapables d'imposer leur jeu. Eddy Ferhi doit sauver Grenoble en s'interposant devant Pouget, encore, puis face au duo Auvitu-Arnaud. Le match semble pouvoir basculer en faveur du Mont-Blanc dans les dix dernières minutes. Du côté grenoblois, il n'y a guère que Pettersson à inquiéter Lukes, désormais plutôt tranquille. Mais le Mont-Blanc commet des fautes au mauvais moment : une première fois par Auvitu puis surtout pour un retard de jeu à quatre minutes du terme qui provoque la fureur du banc haut-savoyard et l'ironie des joueurs présents sur la glace. Grenoble a donc l'occasion de l'emporter mais les Brûleurs de Loups tergiversent trop et ne trouvent pas la solution. Ari Salo demande un temps mort mais le score n'évoluera pas malgré une dernière tentative d'Hecquefeuille non cadrée : après un premier tiers-temps prolifique, les deux équipes se séparent à nouveau sans qu'aucun but ne soit marqué.

Place donc à la prolongation, avec les joueurs du Mont-Blanc qui poursuivent sur la lancée du troisième tiers. Grenoble manque de percussion et ne porte que rarement le danger en zone d'attaque. Il faut une conduite de palet autoritaire de Kevin Hecquefeuille pour réveiller l'attaque grenobloise. Amar lui emboîte le pas pour poursuivre l'action puis sert Broz qui lance à la cage : Hecquefeuille, présent sur la trajectoire, dévie le palet et inscrit le but de la délivrance pour Pôle Sud (3-2, 63'26").

Les Brûleurs de Loups arrachent donc au bout du suspense un succès pas forcément mérité mais ô combien important pour la suite de la série. Pas dans le rythme, lents et en difficulté dans les bandes et dans tous les duels, les Grenoblois n'étaient assurément pas prêts à disputer un match de play-offs ce soir. Les dix jours de coupure ont sans doute coupé les jambes des champions de France qui se sont fait malmener pendant toute la deuxième partie du match sans pouvoir réagir. Gênés par le positionnement des joueurs d'Ari Salo, les coéquipiers de Baptiste Amar n'ont pas su trouver les solutions collectives pour prendre les devants au score. Ils s'en sont donc remis à quelques tentatives individuelles à l'image de Valcak, auteur de nombreuses percées stériles, suivies de pertes de palet. Seule la victoire est à retenir côté grenoblois, mais les Brûleurs de Loups devront montrer plus de conviction pour espérer aller plus loin dans ces play-offs.

Sur sa lancée de sa victoire à Amiens, le Mont-Blanc est passé tout près de l'exploit ce soir. Emmenés par un Christian Pouget ultra présent du début à la fin de la rencontre, les jeunes du Mont-Blanc n'ont pas souffert de l'absence de Subit et Laine ni de la fatigue physique qu'on leur promettait après des barrages intenses face à Amiens. Ils ont au contraire pris à la gorge les Grenoblois dans leur zone tout en les contenant parfaitement à la ligne bleue. Les Masson, Auvitu, Arnaud, Orset et consorts auraient mérité de remporter la victoire tout comme Ari Salo pour sa grande maîtrise tactique. La défaite est encore plus difficile à avaler et le Mont-Blanc peut légitimement s'en vouloir d'avoir laissé passer une occasion qui ne se reproduira peut-être pas dans cette série.

Désignés meilleurs joueurs du match : Kévin Hecquefeuille (Grenoble) et Christian Pouget (Mont-Blanc).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après Le Dauphiné Libéré) :

Patrick Rolland (entraîneur-adjoint de Grenoble) : "On n'a pas affiché d'entrée de jeu le visage qu'on attendait. Mont-Blanc était sur l'euphorie de la victoire à Amiens et on n'a pas su répondre présent. Quand ça ne va pas fort, il n'y a pas trente-six choses à faire : on doit se regarder dans la glace. Si l'équipe qui a plus de talent fait aussi le travail, il n'y a pas de souci. Mais si elle fait le travail..."

Baptiste Amar (capitaine de Grenoble) : "On a réalisé un bon départ même si on prend deux buts dont un un peu chanceux pour eux. Notre deuxième et encore plus notre troisième tiers ont été très moyens d'autant qu'on a été incapables de concrétiser nos supériorités numériques. On a joué avec le feu, mais au final ça leur fait plus de mal que ça nous fait du bien. Mais bien sûr, on voulait faire mieux..."

Christian Pouget (défenseur de Mont-Blanc) : "Notre gardien a effectué les bons arrêts pour nous laisser une chance et en troisième période, c'est vrai qu'on aurait pu l'emporter. Je suis fier de l'équipe, on a disputé un bon match. On a pris conscience qu'on pouvait réussir quelque chose si on respecte le système, on tâchera de réitérer tout ça demain soir. Cette performance est déjà pas mal mais l'occasion était rêvée pour nous car Grenoble n'avait pas de rythme."

 

Grenoble - Mont-Blanc 3-2 après prolongation (2-2, 0-0, 0-0, 1-0)

Vendredi 7 mars à 20h à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3300 spectateurs.

Arbitrage de Damien Velay assisté de Cyril Carlin et David Courgeon.

Pénalités : Grenoble 10' (4', 2', 4', 0'), Mont-Blanc 16' (4', 6', 6', 0').

Tirs cadrés : Grenoble 27, Mont-Blanc 25.

Évolution du score :

1-0 à 03'00" : Hecquefeuille assisté de Valcak et Broz (sup. num.)

1-1 à 03'23" : Arnaud assisté de Ohberg et Auvitu

2-1 à 14'35" : Lindström assisté de Treille et Tartari

2-2 à 19'29" : Pouget assisté de Auvitu et T.Nicoud (double sup. num.)

3-2 à 63'26" : Hecquefeuille assisté de Broz et Amar

 

Grenoble

Gardien : Eddy Ferhi.

Défenseurs : Viktor Wallin - Brad Woods ; Baptiste Amar (C) - Teddy Trabichet ; Jean-François Bonnard - Tyler Scott.

Attaquants : Patrik Valcak - Ludek Broz (A) - Martin Masa ; Mikael Pettersson - Damien Fleury - Johan Forsander (A) ; Sacha Treille - Christophe Tartari - Jimmy Lindström ; Kévin Hecquefeuille.

Remplaçants : Frédéric Dorthe (G), Mickaël Perez, Joan Montesinos, Julien Baylacq. Absent : Antonin Manavian (épaule).

Mont-Blanc

Gardien : Radek Lukes.

Défenseurs : Christian Pouget (A) - Pierre-Antoine Simonneau ; Kai Ohberg - Numa Besson ; Johan Morant.

Attaquants : Sylvain Nicoud - Étienne Croz - Nicolas Antonoff ; Yohan Auvitu - Clément Masson - Mathias Arnaud ; Fabrice Leglaive - Thierry Nicoud (C) - Romain Orset.

Remplaçants : Guillaume Richard (G), Thomas Czubernat. Absents : Sébastien Subit, Markus Laine, Jordan Revel (blessés).

 

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