Dijon - Épinal (4 mars 2008)

 

Premier tour des play-offs de Ligue Magnus, deuxième match.

Et Gillet retourna la veste !

C'est donc Épinal qui fera face à l'élimination ce soir dans la capitale des Ducs de Bourgogne. Perturbés par la blessure d'un Stanislav Petrik fauché en plein vol et crucifiés par le jeu de contre-attaques adverse, les boys de Shawn Allard n'ont pu remonter un déficit creusé avant la mi-match. La faute, notamment, à un jeu de puissance déficient et incapable de déjouer la solidarité défensive des Bourguignons. Un CPHD certes numériquement diminué mais proprement héroïque devant une pression devenue croissante au fil des minutes. Un succès plein de courage et d'abnégation que Daniel Maric ne pouvait qu'apprécier à sa juste valeur.

Daniel Maric, dans un court entretien accordé à la presse écrite locale, en avait même profité pour s'exprimer - à sa façon - sur le destin de cette série. C'est de bonne guerre, un peu d'intox ne nuit jamais mais Allard n'y accorda sûrement que très peu d'importance. Le mal est fait et il ne pouvait, de son côté, que regretter cet acharnement de facteurs défavorables évoqués plus haut. Il faudra vaincre ce soir... ou mourir. Le verdict implacable des examens subis la veille par Stanislav Petrik le force encore une fois à confier les cages vosgiennes à un Franck Constantin apparu peu fiable (peu concerné ?) samedi devant d'opportunistes attaquants dijonnais. Bis repetita ce soir ?

Jan Simko, missile, mi-buteur

Intenable, et même injouable lors de sa pige aux côtés de Plch et Petrak, Salmivirta reste pourtant préposé, ce soir, au deuxième bloc. C'est dire si Shawn Allard, en préservant sa ligne de parade "historique" avec Jan Simko, espère un déclic de son attaquant slovaque, réputé pour sa rapidité et... son déchet chronique dans la finition. Simko déçoit et son compteur, lors de son séjour dans la Cité des Images, devra beaucoup à la seule présence de Plch à ses côtés. Et une fois encore, elle lui sera profitable sur une entrée de zone du capitaine spinalien, parfaitement relayée par Michal Petrak au second poteau. Le troisième larron, imparablement décalé dans le slot, trouve pour une fois la faille d'un petit revers entre les bottes de Hurajt (0-1 à 03'10").

Cette entame de match volontaire des Dauphins, rigoureux et assurément mieux organisés, leur donne de solides arguments à rétorquer à un CPHD encore en phase de rodage. Il faut dire, à la défense des Ducs, que les débuts de match n'ont jamais vraiment été leur point fort cette saison. Et davantage ce soir donc où les locaux peinent à se faire respecter devant un contradicteur bien décidé à vendre chèrement sa peau.

Un manque de pot... eaux !

Le message de Shawn Allard est donc entendu, par ses troupes et son gardien d'ailleurs, puisque Franck Constantin répond parfaitement aux attentes de son entraîneur. Et il vaut mieux pour lui vu les déferlantes bourguignonnes succédant à ces minutes initiales de flottement. Sur toutes les trajectoires, Constantin concède toutefois beaucoup trop de rebonds mais Dian, lancé sur un retour de Strapaty, ne peut redresser sa course (07'02"). Et s'il doit s'avouer battu, le cerbère spinalien peut compter sur sa transversale pour repousser un obus aussitôt décoché par Kristin sur une relance bien mal assurée de Petrak (07'39").

Ces nombreuses occasions sont toutefois loin de masquer les carences d'un jeu offensif dijonnais brouillon et manquant cruellement de spontanéité. Même si la vivacité de Michal Dian, de retour de suspension, apporte de surcroît une corde supplémentaire à l'arc ducal, les mésententes persistent. Une aubaine pour Franck Constantin, mis en lumière par une défensive incapable de restreindre ce surcroît d'activité. L'habituel back-up de l'ICE doit ainsi rester vigilant sur une ouverture de Gillet (en sursis ce soir après son expulsion de samedi) vers Dian (11e) et l'être tout autant devant Fontana. Sans parler d'une reprise à bout portant de Mrena (13'07"). Eh oui, toutes ces occasions sont bien mal négociées devant un gardien, rappelons-le, nullement avare de rebonds !

Péchant tantôt par excès d'altruisme, tantôt par manque d'inspiration (comme ce deux contre un gaspillé par Fontana), les Ducs voient leurs difficultés perdurer en supériorité numérique. À l'image d'un Aymeric Gillet alors fébrile (avant de retrouver tout son aplomb pour de meilleurs placements et un solide appui offensif), le CPHD ne sait plus sur quel pied danser pour arriver à ses fins. Mais voilà, s'il en est un qui joue juste, c'est bien Andy Mrena. L'ex-Clermontois, en interceptant une relance en zone neutre, peut ainsi réorienter côté droit sur Michal Dian, lequel bascule sur un Stephen Dugas butant sur Franck Constantin. Miroslav Fiser se jette au rebond et arrache ainsi l'égalisation (1-1 à 18'35").

Les Ducs ont fini la première période en trombe et amorcent l'acte médian sur un rythme similaire. Prenant garde de ne pas trop se découvrir, les Vosgiens se sont eux repliés sur un jeu d'attente destiné avant tout à contrer. Une stratégie dictée par la prudence, vertu oubliée des partenaires du combatif Anthony Guttig sur un quatre contre quatre. Le jeu s'emballe un peu trop et le duo Petrak-Simko se fait oublier à la ligne bleue. Ce dernier, lancé par le Tchèque, s'échappe mais s'encastre, fidèle à lui-même, dans les bottes de Radovan Hurajt (23'09"). Le spécialiste des breaks ratés a encore frappé ! Jan Plch, lui, est bien plus dangereux, et un coast-to-coast en désavantage numérique, mal suivi par Michal Petrak, démontre une fois encore sa capacité à frapper à tout moment (24'16").

La colère légitime de Hurajt sur ces deux actions sonne le rappel des troupes. De retour aux affaires, les Ducs font croître une pression soutenue dans le slot de Constantin mais payent un lourd tribut à leur inefficacité. Et au verdict des arbitres, estimant que le plomb décoché de la pointe par Aymeric Gillet avait rebondi sous la barre sans franchir la ligne (25'17"). Et comme le box-play a trouvé la parade au jeu de puissance vosgien, par une couverture rigoureuse, un pressing acharné et un mouvement suffisant pour empêcher toute tentative de colonisation, Dijon peut dormir sur ses deux oreilles. D'autant plus que Pavol Milec, impliqué dans les deux sens, multiplie les récupérations par un travail de sape plus précieux que jamais. Miroslav Kristin devrait s'inspirer d'autant de lucidité et arrêter de se compliquer la vie...

Solides en infériorité numérique, les hommes de Daniel Maric restent toutefois incapables de doubler la mise devant un Constantin certes présent, mais nullement imbattable. Entre mauvais choix et tirs plus ou moins précipités, le réalisme fuit les Ducs. Tout comme il échappe à des Lorrains tributaires de cette domination et par conséquent peu présents devant Hurajt. Mais à trop chercher les lucarnes sur leurs rares occasions, les lancers s'envolent...

Suffocant...

Épinal, sous l'éteignoir en deuxième période, change son fusil d'épaule à l'aube des vingt dernières minutes en prônant un jeu plus ouvert et nettement plus audacieux. Les Dauphins se découvrent donc et s'exposent fatalement aux contre-attaques. Il n'y avait a priori pas grand danger sur cette montée côté gauche de Yannick Offret. Et pourtant l'ex-junior amiénois, ignorant un Yvan Fontana trop brouillon au second poteau, parviendra à percer un angle droit que Constantin pensait convenablement fermer (2-1 à 43'38"). Voilà encore un "mauvais but" qui pourrait peser très lourd dans la balance !

Heureusement pour lui subsiste les individualités majeures de son escouade. Si Salmivirta, constamment menaçant, semble isolé sur le deuxième trio, les gros bras du premier bloc sont eux réunis pour le pire (on parle-là de l'unique Jan Simko). Ou le meilleur... Entre l'impitoyable marquage de Peter Slovak, l'énergie de Michal Petrak et la technique de Jan Plch, l'ICE tient-là un solide brelan. Reste à trouver la carte qui le transformera en carré. Lancé en profondeur par Jan Plch, l'offensif Stéphane Gervais se propose tout naturellement en se payant deux adversaires pour mieux égaliser d'un tir croisé (2-2 à 46'33"). Une fois encore, tout se jouera à pile ou face.

À ce stade de la partie, le hockey redevient ce jeu d'erreurs. Une sorte de touché-coulé sur glace, où chacun, dicté par l'enjeu des playoffs, abat un à un ses meilleurs coups. Peter Lalka, en laissant filer ce diable d'Ilpo Salmivirta, contraint son gardien à brandir sa plus belle mitaine (50'12"). Un énième larcin de Pavol Milec en zone neutre le conduit, après un relais de Michal Dian, aux portes d'un Constantin étonnement solide (51'27"). Pour preuve l'ancien Chamoniard se dresse une fois encore sur une infiltration de Dian poursuivie par Milec (55'14"). Cette multitude de récupérations dijonnaises n'aident pas les locaux à prendre un avantage qui serait à coup sûr définitif...

Mais n'allez pas croire qu'Épinal ait jeté l'éponge. Bien au contraire. Les boys de Shawn Allard leur rendent coup pour coup. Guillaume Chassard dévie au dessus un centre d'Ilpo Salmivirta (57'09"). Stéphane Gervais, quant à lui, expédie un scud sur le montant droit d'un Radovan Hurajt battu à plates coutures (57'30"). La mort-subite se fait sentir. Toute proche, elle rôde, inquiétante. Inéluctable...

Malheureux dans la finition, les Dijonnais ne sont toutefois pas du genre à succomber à pareil fatalisme.

Eux aussi décidés à empocher les gains, ils persistent... et signent. Et si Stephen Dugas et Miro Kristin trébuchent par deux fois dans le slot (59e), Aymeric Gillet, lui, tranchera d'un slap croisé en lucarne. Un tir pris à mi-distance et consécutif à un lancer de Juraj Sadlon, repoussé par Franck Constantin (3-2 à 59'42"). Bien décalé et libre de toute pression défensive, Gillet pouvait alors libérer les siens. Andy Mrena, en interceptant le disque dans sa zone, pouvait pour sa part tester sa précision dans une cage vide (4-2 à 59'57"). Cruelle sentence pour Épinal mais belle délivrance pour les Ducs.

Au terme d'une bataille épique, où la persévérance fut prépondérante, le CPHD a donc acquis son billet pour Rouen en sortant son rival historique. En misant sur une grosse intensité défensive, une bonne discipline et une implication générale, Dijon a su relativement bien contenir la brigade offensive vosgienne, apparue sur cette série trop dépendante des coups de patte Jan Plch. Cette mise en échec des atouts spinaliens (notamment du redoutable jeu de puissance) eût pour conséquence d'asseoir la domination territoriale des Bourguignons dans ce match et de faire ressurgir une inefficacité offensive trop souvent aperçue par le passé. Coordination, lucidité devant le gardien, prise de responsabilités, autant de défauts qui faillirent perdre les hommes de Daniel Maric. Mais la pièce, finalement, est retombée de leur côté...

Shawn Allard, enfin, pourra amèrement regretter l'épilogue de ce match couperet. Lui qui ne cachait pas sa confiance avant le début des hostilités doit désormais se rendre à l‘évidence. Ses boys, s'ils ont répondu présent ce soir (et particulièrement dans les situations spéciales, qui faillirent au match aller), n'ont pu franchir l'écueil dijonnais. Un obstacle pas si imprenable que cela vu le potentiel des Dauphins, mais rendu plus ardu encore par la blessure au genou contractée par Stanislav Petrik. Qu'en serait-il advenu sans cela ? Une question qui restera à jamais sans réponse, mais qui laissera un profond goût d'inachevé dans les palets vosgiens...

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Commentaires d'après-match (dans le Bien Public)

Daniel Maric (entraîneur de Dijon) : "Nous n'avions pas la pression puisque si nous avions disputé un troisième match, nous aurions eu une deuxième bonne recette. Sur le plan tactique, Allard a simplement remis Chassard à sa place. Je m'attendais à autre chose."

Aymeric Gillet (défenseur de Dijon) : "J'ai travaillé fort durant l'intersaison pour arriver à ce résultat. Grâce à la musculation notamment j'ai pris confiance. Puis, quand ça ne va pas, tu te remets en question. D'ailleurs, je ne suis pas satisfait de mon match de ce soir. Je n'ai pas été bon contrairement à la ligne des jeunes (Fontana-Dugas-Offret). J'ai un coup de chance. Le palet me revient directement et je shoote sans réfléchir. Au pire dans ce genre de situation, tu as un rebond. J'étais persuadé qu'il n'y aurait pas de 3e manche. Je pensais cependant que ça allait être plus facile."

 

Dijon - Épinal 4-2 (1-1, 0-0, 3-1)

Mardi 4 mars 2008 à 20h15 à la patinoire Trimolet. 754 spectateurs.

Arbitrage de Didier Bocquet assisté de Benjamin Gremion et Cyril Carlin.

Pénalités : Dijon 8' (0', 6', 2'), Épinal 20' (12', 6', 2').

Tirs : Dijon 45 (19, 11, 15), Épinal 24 (7, 8, 9).

Évolution du score :

0-1 à 03'10" : Simko assisté de Plch et Petrak

1-1 à 18'35" : Fiser assisté de S. Dugas et Mrena

2-1 à 43'38" : Offret assisté de Fontana

2-2 à 46'33" : Gervais assisté de Plch et Petrak

3-2 à 59'42" : Gillet assisté de Sadlon

4-2 à 59'57" : Mrena (cage vide)

 

Dijon

Gardien : Radovan Hurajt.

Défenseurs : Andrej Mrena (C) ; Peter Lalka ; Juraj Sadlon ; Aymeric Gillet (A) ; Peter Strapaty.

Attaquants : Anthony Guttig - Stephen Dugas (A) - Miroslav Kristin ; Pavol Milec - Miroslav Fiser - Michal Dian ; Kévin Dugas - Yvan Fontana - Yannick Offret.

Remplaçants : Julien Roullier (G), Thomas Lecoanet, David Dauphin. Absent : Alexandre Lefebvre (mononucléose).

Épinal

Gardien : Franck Constantin [sorti de 59'45" à 59'57"].

Défenseurs : Peter Slovák - Stéphane Gervais ; Marc-André Crête - Peter Listiak ; Borislav Ilic [ou Lionel Simon] - Radoslav Regenda.

Attaquants : Ján Simko - Michal Petrák - Ján Plch (C) ; Ilpo Salmivirta - Simo Romo - Guillaume Chassard (A) ; Shawn Allard - Marc Lefebvre - Guillaume Papelier ; Luc Mazerolle (A).

Remplaçants : Mathieu Perrin (G), Anthony Pernot, , Daniel Scott, Tarik Chipaux. Absents : Stanislav Petrik (entorse du genou), Sébastien Geoffroy (blessé).

 

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