Suisse - France (10 février 2008)

 

Skoda Cup, troisième et dernière journée.

La Suisse est assurée de finir première de cette compétition et la France, quant à elle, restera dernière. L'enjeu est pourtant intéressant puisque les deux protagonistes vont prochainement se rencontrer en lever de rideau des prochains championnats du monde. L'enjeu y sera bien plus important. Pour les Français, c'est aussi l'occasion de tester leur endurance en enchaînant trois matches consécutifs au niveau supérieur, les deux premiers s'étant d'ailleurs relativement bien passés puisque soldés sur une défaite d'un but d'écart.

La Nati évoluait sans les Adrian Wichser, Goran Bezina, Duri Camichel et Steve Hirschi, tous les quatre physiquement éprouvés par la compétition. Les Français évoluaient sans Julien Desrosiers ni Vincent Bachet, pour les mêmes raisons.

Les premières vingt minutes sont très éprouvantes pour le clan français. Fabrice Lhenry est déjà bien sollicité dès la vingt-neuvième seconde sur un tir de Julien Vauclair et sur son rebond, très adroitement repoussé d'un jeté de "gant" face à Björn Christen. Pourtant, dans les deux minutes qui suivent, c'est la France qui pousse dans le camp suisse, sans toutefois arriver à inquiéter Ronnie Rüeger. Le reste du tiers est alors dominé par les helvètes, que ce soit lors d'un tir à bout portant de Thierry Paterlini (3'30") ou un essai en pivot de Roman Wick (5'12"). Les Français ne comptent pas se laisser faire mais pour le moment, ils ne peuvent que tenter de contrer physiquement toute avancée suisse. Le travail est colossal et les lignes commencent progressivement à laisser de la fraîcheur à vouloir finir les mises en échec. Les hommes de "Coach Krüeger" ouvrent alors le score, à quatre contre quatre, lors d'un engagement en zone française : Christen démarque son serveur, Sandy Jeannin, un poil en avance sur son défenseur attitré (1-0 à 12'03").

Dans la foulée, Julien Sprunger menace de remettre le couvert en contournant la cage de Lhenry (12'52"). Ce n'est que partie remise sur une pénalité concédée contre Nicolas Besch, dont la charge dans le dos face à la bande est limite. L'engagement vient d'être sifflé que Félicien Du Bois envoie de la bleue et voit son tir dévié de l'épaule par l'infortuné Simon Lacroix qui trompe son gardien, masqué pour l'occasion (2-0 à 14'32"). Les Bleus n'abdiquent pas mais continuent de subir, comme sur ce lancer de Sprunger repoussé par Lhenry. Ivo Rüthemann tente de récupérer le rebond en jouant de sa crosse à une hauteur peu réglementaire et s'attire les foudres de Mathieu Mille, à défaut de celles des arbitres (16'58"). Ce n'est que partie remise quand Sprunger, bénéficiant de l'indiscipline grenobloise (Damien Fleury puis Baptiste Amar) dévie, de façon opportuniste, de près devant le gardien français à l'abandon (3-0 à 17'56").

Les Français paient très cher leur débauche d'engagement physique face à des Helvètes qui retrouvent ainsi une efficacité offensive, notamment en supériorité numérique, qu'on ne leur connaissait plus depuis longtemps.

Les Bleus ne se découragent pas pour autant et entament la deuxième période sur les chapeaux de roues, tout d'abord par l'intermédiaire de Fleury oublié par la patrouille mais son break avorte sur la mitaine de Rüeger (21'59"). C'est ensuite Laurent Gras qui se voit décentré face au portier suisse de nouveau bien concentré (23'42"). Pourtant, les bonnes dispositions des hommes de Dave Henderson ne suffisent pas, il faudrait un peu plus d'ordre dans leurs assauts ou leur repli défensif.

Ils vont de nouveau le constater lorsque la paire Sprunger-Monnet se joue d'eux. Le jeune Zurichois manœuvre derrière la cage de Lhenry avant de servir Marc Reichert installé à l'affût, et à bout portant, devant la cage adverse (4-0 à 30'54"). Ce nouveau coup de massue n'empêche pas Thomas Bäumle, fraîchement rentré, de tester ses réflexes face à Maurice Rozenthal (32'20"), mais le coup de grâce est porté de l'autre côté de la patinoire par Raffaele Sannitz. La Suisse joue pourtant à ce moment de la partie en infériorité mais les Français négocient mal leurs entrées en zone adverse. Dans ce cas précis, Paterlini en profite pour partir, assisté par Severin Blindenbacher. Le tir mou de ce dernier est dévié par un patin français, Sannitz est alors tout heureux d'hériter de l'aubaine pour allumer Lhenry (5-0 à 34'00"). La France sauve ce qu'il peut rester d'honneur dans une période où le réalisme suisse commence à devenir écœurant. C'est ainsi que François Rozenthal, bien alerté par Laurent Meunier, grille de vitesse tout son petit monde et trompe Bäumle d'un tir à ras la glace (5-1 à 35'59"). Le même Meunier hérite d'une excellente occasion en infériorité mais bute sur Bäumle bien inspiré (39'02").

Le dernier tiers voit des Suisses bien plus entreprenants que précédemment, profitant de nouveau de pénalités sanctionnant l'indiscipline française. Fabrice Lhenry veille encore et toujours sur sa cage malgré des assauts répétés (40'40"). Les Bleus essaient pourtant de "piquer" leurs adversaires, par Antonin Manavian (42'01") ou François Rozenthal (25'40"). Il reste environ douze minutes à jouer lorsque Meunier se voit exclu suite à une charge douteuse dans un dos suisse. Dès lors, la France subit et doit se recroqueviller devant son gardien (49'10") qui sort deux belles parades successives (50'40") puis lors d'un face à face à bout portant contre Rüthemann (55'00"). La nouvelle réduction du score, cette fois du "frangin Maurice", permet d'avaler un tout petit peu mieux cette partie peu attrayante (5-2 à 58'15").

Gageons que les joueurs de Dave Henderson auront retenu cette leçon pour aborder de façon plus concentrée le lever de rideau au Canada en mai prochain contre les mêmes Suisses. Le défaut le plus important de leur jeu est une naïveté récurrente. Les Bleus regardent trop leurs adversaires jouer, en oubliant de faire le ménage devant leur slot. Sans doute aussi la débauche d'énergie possède ses défauts à savoir finir par se cramer et être en retard sur les actions, au point de devoir "compenser" par une faute. Bonne mention toutefois pour Meunier et Lhenry.

À ce jeu d'indiscipline, les suisses ont pu s'entraîner à jouer en supériorité et faire enfin croître leur efficacité, bloquée au niveau des pâquerettes jusque là. Pour le reste, c'est du jeu bien krüegerien auquel on a pu assister ce soir : de bonnes dispositions derrière, mais devant, ça tournicote un peu trop pour pas grand-chose... Enfin, cinq buts ce soir quand même !

Récompensés à la fin du match : Laurent Meunier pour la France et Julien Sprunger pour la Suisse

Compte-rendu signé Stéphane Rault

 

Commentaires d'après-match

Romano Lemm (attaquant de la Suisse) : "Nous sommes contents du résultat et de ce que nous avons montré sur la glace, même s'il reste des choses à améliorer. Encore une fois nous nous sommes créé beaucoup d'occasions en n'en concrétisant qu'une petite partie. Il faudra encore beaucoup travailler en vue des Mondiaux, mais on peut être satisfait : le système défensif et le box-play ont fonctionné presque à la perfection, et nous avons concédé très peu d'opportunités à nos adversaires. Et puis, gagner est toujours bon pour le moral."

 

Suisse - France 5-2 (3-0, 2-1, 0-1)

Dimanche 10 février 2008 à 20h10 à la patinoire de Malley, Lausanne. 3152 spectateurs.

Arbitrage de Daniel Piechaczek (ALL) et Daniel Stricker (SUI) assistés de Julien Dumoulin et Nicolas Fluri (SUI).

Pénalités : Suisse 14' (2', 8', 4'), France 30' (10', 4', 6'+10').

Tirs : Suisse 30 (15, 4, 11), France 21 (3, 11, 7).

Évolution du score :

1-0 à 12'03" : Jeannin assisté de Christen

2-0 à 14'32" : Dubois (sup. num.)

3-0 à 17'56" : Sprunger assisté d'Ambühl et Blindenbacher (double sup. num.)

4-0 à 30'54" : Reichert assisté de Monnet et Sprunger

5-0 à 34'00" : Sannitz assisté de Blindenbacher et Paterlini (inf. num.)

5-1 à 35'59" : F. Rozenthal assisté de Meunier

5-2 à 58'15" : M. Rozenthal assisté de Besch

 

Suisse

Gardien : Ronnie Rüeger puis Thomas Bäumle à 30'43".

Défenseurs : Patrick Fischer - Severin Blindenbacher ; Beat Forster - David Jobin ; Félicien Du Bois - Julien Vauclair ; Michael Ngoy.

Attaquants : Thomas Deruns - Sandy Jeannin - Björn Christen ; Thierry Paterlini - Rafaële Sannitz - Ivo Rüthemann (C) ; Marc Reichert - Thibaut Monnet - Julien Sprünger ; Roman Wick - Andres Ambühl - Romano Lemm.

Absents : Adrian Wichser, Duri Camichel (commotionné), Goran Bezina (bout du nez arraché puis recousu), Steve Hirschi (épaule).

France

Gardien : Fabrice Lhenry (2').

Défenseurs : Martin Lacroix - Nicolas Besch (2') ; Mathieu Mille - Benoît Quessandier ; Baptiste Amar (A, 4') - Antonin Manavian..

Attaquants : Antoine Lussier - Laurent Meunier (C, 6'+10') - François Rozenthal ; Olivier Coqueux - Laurent Gras - Maurice Rozenthal ; Damien Fleury (2') - Pierre Edouard Bellemare (A) - Kevin Hecquefeuille (2') ; Luc Tardif jr - Jonathan Zwikel (2') - Sacha Treille.

Remplaçant : Eddy Fehri (G) Absents : Julien Desrosiers, Vincent Bachet.

 

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