Tours - Grenoble (2 février 2008)

 

Ligue Magnus - Vingt-troisième journée.

Sur leur nuage après leur qualification pour la finale de la coupe de France lors d'un match homérique mardi face à Angers (8-5), les Brûleurs de Loups s'apprêtent à livrer une rencontre délicate en Touraine, cette fois pour le compte de la Ligue Magnus. La défaite surprise de Briançon à Amiens samedi dernier a changé la donne puisque Grenoble est repassé devant au bénéfice des rencontres particulières avec Rouen et Briançon. Cela signifie que les Dauphinois ont leur destin en main pour terminer en tête de la saison régulière. La victoire est donc impérative ce soir mais une réaction est attendue du côté de Tours après la cinglante défaite subie à Rouen samedi dernier (1-8). Les Diables Noirs évoluent ce soir dans une patinoire pleine comme un œuf mais sans Guillaume Rodrigue qui a subitement décidé de quitter l'équipe pour rentrer au Québec.

Les Diables Noirs débutent la rencontre avec entrain face à des Grenoblois visiblement encore émoussés par leur demi-finale de coupe et toujours privés de leur maître à jouer Ludek Broz ainsi que de Damien Fleury, forfait à la dernière minute. Les Tourangeaux imposent leur physique en défense et en attaque en gagnant les duels dans les balustrades. Ce n'est donc pas une surprise de voir Tours ouvrir le score par Antoine Amsellem, sauf que le palet n'est pas rentré selon les Grenoblois qui contestent longuement le but, finalement validé par M. Bachelet (1-0, 06'16").

Brad Woods écope de la première pénalité du match pour avoir dégagé le palet dans les tribunes. L'occasion pour Tours d'installer son jeu de puissance mais Simak se fait chiper le palet à la ligne bleue, ce dont profite Sacha Treille pour s'offrir un face-à-face avec Hiadlovsky remporté par le portier slovaque. Grenoble se procure donc sa meilleure occasion en infériorité et poursuit sur sa lancée de retour à égalité numérique. Hecquefeuille sollicite Hiadlovsky à deux reprises, à l'image de Grenoblois plus offensifs qu'en début de rencontre. Ferhi doit sortir une belle mitaine devant Martin Filip pour préserver les siens. À deux minutes du terme de la période, sur une action très confuse devant la cage tourangelle, les Brûleurs de Loups lèvent les bras et réclament un but. Mais M. Bachelet n'a visiblement pas vu le palet rentrer et n'accorde pas le but, au grand dam des Grenbolois déjà frustrés par la décision arbitrale sur le but tourangeau. Finalement ce n'est que partie remise puisque Kévin Hecquefeuille arrache l'égalisation à une minute de la sirène (1-1, 19'02").

Les hommes de Bob Millette reprennent le deuxième tiers sur un tempo élevé. Drzik puis Simak s'offrent quelques tentatives de loin tandis que Tours campe en zone offensive. La pression tourangelle finit par être récompensée sur un gros travail en attaque de Jan Sebo. Ce dernier sert Miroslav Pazak qui, en fin buteur qu'il est, ne rate pas l'occasion et lance victorieusement entre les jambes d'Eddy Ferhi (2-1, 26'06"). Ce but galvanise un peu plus les Tourangeaux qui sont gagnés par l'euphorie lorsque Dominic Perna, en bon capitaine, montre l'exemple en expédiant la rondelle directement dans la lucarne d'Eddy Ferhi (3-1, 26'39"). Deux buts en trente secondes, Tours semble avoir définitivement fait basculer le sort de la rencontre. Mats Lusth veut arrêter l'hémorragie et demande immédiatement un temps mort pour recadrer ses troupes.

Les Brûleurs de Loups repartent dans le bon sens mais cette fois c'est Vladimir Hiadlovsky qui se distingue pour contrer les desseins grenoblois. Un nouvel arrêt en un contre un, puis une résistance héroïque à quatre puis trois contre cinq lorsque Stepan puis Simak sont envoyés en prison à une minute d'intervalle. Malgré ses efforts et le courage des deux derniers défenseurs tourangeaux restant sur la glace (Divisek et Drzik), la pression grenobloise est trop forte et la digue tourangelle finit par céder sur un tir de Jimmy Lindström (3-2, 34'05"). Simak ayant écopé de dix minutes de méconduite, Tours finit le tiers à trois défenseurs. L'égalisation grenobloise semble proche lorsque Novosad part à son tour en prison. Mais malgré une fin de tiers tonitruante, les partenaires de Baptiste Amar ne parviennent pas à faire sauter une nouvelle fois le verrou tourangeau et doivent se contenter d'un but de retard à la pause.

La dernière période semble indécise. Bob Millette aligne Jan Sebo en défense pour avoir quatre "arrières" en début de tiers jusqu'au retour de Simak. Les cinq premières minutes du tiers sont d'une grosse intensité, le prochain but devant avoir une importance capitale. Et une nouvelle fois, c'est le buteur maison, Miroslav Pazak, qui va faire la différence en récupérant un palet perdu en zone neutre. Il fonce vers la cage grenobloise et envoie un puissant lancer de la ligne bleue qui laisse Eddy Ferhi sans réaction (4-2, 45'25"). La patinoire tourangelle peut exulter, ses protégés semblent avoir fait le plus dur.

Mais les Grenoblois n'ont pas dit leur dernier mot et jettent toutes leurs forces dans la bataille. Les contacts sont de plus en plus fréquents mais M. Bachelet choisit de laisser les deux équipes s'exprimer sans coup de sifflet intempestif. Grenoble revient une nouvelle fois à un but sur une passe retrait de Johan Forsander pour le capitaine Baptiste Amar qui ajuste Hiadlovsky (4-3, 49'40"). La rencontre semble sur le point de basculer d'autant plus qu'Andy Corran écope de la seule pénalité du tiers quelques instants plus tard. Le ciel s'obscurcit au dessus des têtes tourangelles, les Brûleurs de Loups installent leur jeu de puissance et cherchent l'égalisation. Mais rien à faire ce soir, Hiadlovsky et sa défense sont héroïques. Corran revient sur la glace et se rachète de son indiscipline en remportant son duel avec Eddy Ferhi, peu en réussite ce soir (5-3, 55'22"). Cette fois le sort de la rencontre est scellé, Tours peut savourer sa victoire. Mats Lusth tente un dernier coup de poker en faisant sortir Ferhi à trois minutes de la fin. Le pari est perdu puisque Perna marque en cage vide une minute plus tard, parachevant ainsi le succès tourangeau (6-3, 58'05").

Tours a assuré au moins la septième place avec cette victoire, gardant l'espoir d'aller plus haut, avec en ligne de mire un dernier match à Amiens. Mais les Diables Noirs ont surtout marqué les esprits ce soir en proposant une sortie pleine de volonté et d'abnégation à l'image de ce que préconise Robert Millette. Il y avait un petit air des demi-finales 2005 ce soir dans la patinoire tourangelle, derrière une équipe qui a retrouvé une âme et qui peut profiter de ce match référence pour préparer ses play-offs. Avec Hiadlovsky, rempart très solide ce soir, Pazak, buteur maison, auteur d'un doublé et Perna, capitaine exemplaire qui a lui aussi montré l'exemple avec deux réalisations à son actif, Millette possède un trio majeur sur lequel il peut s'appuyer. Mais la défense a aussi tenu bon, en évoluant parfois à trois unités seulement, signe d'une certaine solidarité et de beaucoup d'envie. Les hommes de l'ombre (Amsellem, Corran) ont eux aussi apporté leur pierre à l'édifice, symbole d'une équipe qui ce soir tirait toute dans le même sens. À reproduire dans deux semaines à Morzine dans un match important pour le classement de fin de saison.

Du côté grenoblois, on peut nourrir beaucoup de regrets d'abandonner la première place suite à cette défaite. Il faudrait désormais des circonstances très favorables pour que les Brûleurs de Loups, troisièmes ce soir, finissent en tête de la saison régulière. La fatigue du match face à Angers a sans doute pesé dans une rencontre où Grenoble a constamment couru après le score. Malgré les deux buts encaissés en début de deuxième tiers, les Grenoblois étaient encore en mesure de jouer la victoire à cinq minutes de la fin. Le signe d'un match pas forcément raté mais où les largesses défensives ajoutées à une sortie moyenne d'Eddy Ferhi ont pesé trop lourd au décompte final. L'absence de Broz s'est cette fois fait ressentir dans l'organisation du jeu et l'efficacité offensive n'a pas toujours été au rendez-vous. Les Brûleurs de Loups doivent maintenant oublier cette rencontre pour se recentrer vers un objectif majeur : la finale de la coupe de France à Bercy, le 17 février face aux Dragons de Rouen. En guise de préparation, les internationaux disputeront un tournoi de haut niveau, la Skoda Cup à Lausanne. Voilà qui promet !

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaire d'après-match (d'après Le Dauphiné Libéré) :

Patrick Rolland (entraîneur-adjoint de Grenoble) : "On ne réalise pas un mauvais match mais on a un peu le sentiment de se faire avoir par les circonstances... Le premier tiers se termine à 1-1 alors que leur but n'est jamais rentré, et de très loin. Ensuite, on nous en refuse un qui était nettement dedans mais que l'arbitre de voit pas ressortir. À 2-0 en notre faveur, c'était un autre match qu'on aurait eu évidemment plus de chances de remporter. Nos joueurs triment à l'entraînement et font leur boulot. Mais ils ont sans doute définitivement perdu cette première place sans en être totalement responsables. Il y a trois arbitres sur la glace, l'un d'eux doit voir si le palet rentre ou pas. Un palet qui rentre, c'est un fait. Ça n'empêche qu'on commet des erreurs défensives qui nous pénalisent et qu'Eddy Ferhi n'a pas fait un grand match dans sa cage. Au final, tout était vraiment réuni pour que Tours gagne."

Robert Millette (entraîneur de Tours) : "Le plus important est de croire que tout peut arriver, car en jouant avec quatre défenseurs, personne ne nous voyait gagnant. Cette semaine on a rappelé le contexte aux joueurs du orange, la première fois que tout le staff a porté cette chemise c'était à Grenoble lors des séries 2004-2005. Les gars méritent leur victoire, on a joué à trois défenseurs pendant douze minutes. On bat le champion de France, ce soir on a franchi une grosse étape. Mettre six buts à Grenoble et Eddy Fehri c'est fort, chapeau aux joueurs. En sortant devant au second tiers, je savais qu'au troisième tiers on trouverait l'énergie nécessaire."

 

Tours - Grenoble 6-3 (1-1, 2-1, 3-1)

Samedi 2 février à 20h à la patinoire municipale de Tours. 2000 spectateurs

Arbitrage de Frédéric Bachelet assisté de Adrien Ernecq et Mathieu Loos

Pénalités : Tours 20' (2', 6'+10', 2'), Grenoble 4' (4', 0', 0').

Tirs : Tours 16, Grenoble 38.

Évolution du score :

1-0 à 06'16" : Amsellem assisté de Corran et Subrani

1-1 à 19'02" : Hecquefeuille assisté de Masa et Woods

2-1 à 26'06" : Pazak assisté de Sebo

3-1 à 26'39" : Perna assisté de Rozendal et M.Filip

3-2 à 34'05" : Lindström assisté de Valcak et Wallin (double sup. num.)

4-2 à 45'25" : Pazak assisté de M.Filip

4-3 à 49'40" : Amar assisté de Forsander et Masa

5-3 à 55'22" : Corran

6-3 à 58'05" : Perna assisté de Rozendal (cage vide)

 

Tours

Gardien : Vladimir Hiadlovsky.

Défenseurs : Michal Divisek - Josef Drzik ; Radek Stepan (A) - Marcel Simak.

Attaquants : Scott Rozendal - Martin Filip - Dominic Perna (C) ; Miroslav Pazak - Dominic Noël - Jan Sebo ; Andy Corran - Franco Subrani - Antoine Amsellem ; Bastien Quinsac - Claude Deveze (A) - Zdenek Novosad.

Remplaçants : Pierre-Olivier Girouard (G), Lukas Filip. Absents : Vladimir Sabol (genou), Guillaume Rodrigue (en partance au Québec).

Grenoble

Gardien : Eddy Ferhi (sorti de 57'00" à 58'05").

Défenseurs : Viktor Wallin - Brad Woods ; Baptiste Amar (C) - Tyler Scott ; Jean-François Bonnard - Antonin Manavian.

Attaquants : Kévin Hecquefeuille - Patrik Valcak - Martin Masa ; Mikael Pettersson (A) - Joan Montesinos - Johan Forsander (A) ; Sacha Treille - Christophe Tartari - Jimmy Lindström.

Remplaçants : Frédéric Dorthe (G), Julien Baylacq. Absents : Ludek Broz (raisons familiales), Teddy Trabichet (bassin), Mickaël Perez (lombalgie), Damien Fleury.

 

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