Dijon - Épinal (26 janvier 2008)

 

Match comptant pour la vingt-deuxième journée de la ligue Magnus.

Le bon bond de Dijon

D'un mois à l'autre tout a changé pour les Dauphins. Passé décembre et ses récoltes, place présentement aux gelées de janvier, accentuées il est vrai par l'absence prolongée de Jan Plch. Sans leur maestro, les Lorrains ont paru cruellement démunis samedi dernier. Au point de mettre en péril une huitième place certes toujours d'actualité (et actuellement tenue par le Mont-Blanc), mais de plus en plus contestée par une meute de poursuivants directs désormais revenus sur leurs talons.

Et parmi eux les Dijonnais, qui ont mis à profit leurs récents matchs en retard à la maison pour revenir dans le coup. Défensivement instables, offensivement inconstants, les Ducs ont néanmoins quelques sursauts, comme en témoignent ces succès acquis à la force du poignet devant d'autres adversaires directs (Strasbourg et Chamonix). Revenus à un point d'Épinal, ils ont ainsi l'occasion, ce soir, de se relancer. Et, pourquoi pas, de laisser leurs visiteurs dans l'ornière. Eux qui, en novembre dernier, avaient connu leur pire désillusion de la saison à Poissompré. Match décisif non. Pas encore du moins. Mais match important... si !

Souviens-toi, novembre dernier...

Comme d'habitude, Dijon se retrouve rapidement mené. Une tendance récurrente ici même. Non sans avoir préalablement tenté d'exorciser ses vieux démons en appliquant un jeu ouvert vers l'avant, le CPHD doit concéder l'ouverture du score. Ainsi une première supériorité numérique sera exploitée par les Dauphins, certes incapables de s'installer mais eux aussi aptes à prendre les espaces. Une passe en profondeur de Stéphane Gervais met ainsi Ilpo Salmivirta, parti dans le dos d'une défense endormie, sur orbite pour s'en aller ajuster Radovan Hurajt (0-1 à 02'37"). Un second avantage numérique, où ce diable de Salmivirta se jette au rebond d'un lancer à bout portant de Petrak (0-2 à 06'49"), conforte même l'avantage de visiteurs réalistes à défauts d'être audacieux.

Privés, eux, de deux atouts de leur brigade offensive (dont le buteur Miroslav Kristin), les Ducs se voient de nouveaux contraints de courir après le score. Coutumiers du fait, ils ne paniquent pas et s'organisent en conséquence, compensant les suspensions et appliquant strictement les consignes de Daniel Maric. Ce dernier, revenu très déçu de Briançon, davantage par la manière présentée que par la défaite en elle-même, voit ainsi ses hommes travailler d'arrache-pied pour tourmenter un Stanislav Petrik forcé, déjà, de combler les errances de sa garde rapprochée. Toutefois, cette domination s'avère stérile et les Bourguignons, s'échinant à développer du jeu, ne font que tambouriner à la porte d'un cerbère slovaque plus fiable que lors du récent couac morzinois.

Les vétérans, Stephen Dugas en tête, fustigeaient tout récemment l'implication et la pertinence des jeunes, coupables, selon lui, de ne pas suffisamment s'impliquer. Ni de mettre suffisamment de rythme. Le coup de gueule du Francilien (l'autre suspendu de la soirée) a visiblement été entendu par les concernés, lesquels répondent donc par une vraie envie de secouer le cocotier. Anthony Guttig, inlassable et percutant sur son aile, mais aussi Alexandre Lefebvre et Yannick Offret prennent donc cette fois-ci leurs responsabilités. Et agissent en relais d'un premier trio slave apparaissant très rapidement intenable.

Mais en ces premiers instants perdure encore l'illusion vosgienne. Celle d'une équipe certes ballottée, mais résistante et jonglant entre les ouvertures pour se procurer quelques contre-attaques. Ainsi Michal Petrak, encore tranchant pour le moment, remonte le flanc gauche pour servir au second poteau un Shawn Allard frustré par le retour d'un Radovan Hurajt parfait dans tout ses fondamentaux (07'53").

Une péripétie pour un ensemble dijonnais de plus en plus entreprenant mais pour l'heure incapable de concrétiser ses premiers jeux de puissance. La faute, notamment, à un box-play encore solidaire à cet instant du match devant un Petrik enclin à lui faire barrage. Ces velléités restent donc longtemps frustrées avant que Guttig, encore lui, ne fasse des siennes et n'efface la défense d'une passe aux petits oignons vers Lefebvre. En deux temps trois mouvements, l'ex-Rouennais n'a plus qu'à se jouer du le gardien pour mieux réduire la marque (1-2 à 16'13").

À cœur perdu

Intensité, maître-mot de ce retour dijonnais cousu de fil blanc. Tout autant par le zèle des locaux que l'apathie progressive et inexorable de Spinaliens par ailleurs poussifs durant leurs avantages numériques. À tout miser sur la force de frappe de Stéphane Gervais, le powerplay est relativement bien maîtrisé par des Ducs tenaces et consciencieux. Et transcendés par dessus le marché. De nouveau acculés devant leur cage, les joueurs de la Cité des Images essuient la fougue d'un CPHD déployant lentement tout son arsenal offensif. Si le remuant Michal Dian et le joker automnal Miroslav Fiser font la paire (et accessoirement bien des misères à une défense dépassée par les événements), c'est Aymeric Gillet, d'un slap légèrement excentré, qui ramènera la parité. Véritable patron de l'arrière-garde ce dernier, plus incisif que jamais, glisse son lancer entre les bottes de Stanislav Petrik (2-2 à 22'02").

Dès lors, l'ascension des Ducs sera irrésistible et seul Petrik, encore lui, retardera l'échéance. La mitaine du Slovaque reste ferme, et sûre sur un breakaway de David Dauphin (23e), puis devant son compatriote Pavol Milec (23'24") alors que son sens de l'anticipation barre la route à ce même Dauphin (24'31").

L'indiscipline croissante des Lorrains durant l'acte médian est pour eux l'occasion de poursuivre sur leur lancée. Après moult essais, un schéma initié par Pavol Milec se voit relayé par Miro Fiser en direction d'un Juraj Sadlon plongeant dans le slot (3-2 à 29'50"). Mine de rien, c'est tout bonnement le scénario de novembre dernier qui se rejoue boulevard Trimolet !

Rien ne semble entraver, côté spinalien, la décomposition avancé e d'une équipe déjà résignée. Malgré deux opportunités en supériorité numérique, autant gaspillées par manque de conviction que de cohésion, les Dauphins se laissent submerger par la vitesse de leurs hôtes. Sans suite dans les idées, la mayonnaise vosgienne, faute d'un agent stabilisant (puisque l'absence de Jan Plch est plus rédhibitoire que jamais), a tourné depuis longtemps !

De quoi faire passer les absences de Dugas et Kristin pour des caprices de nouveaux riches tant les Ducs, totalement libérés, déroulent sur ce "derby". Sereins à l'arrière, à l'instar d'un Radovan Hurajt intraitable devant le filet ou encore d'un Peter Strapaty étonnant de propreté et d'efficacité dans ses interventions, ils restent sans cesse menaçants aux avant-postes, tenant les fantômes spinaliens à leur merci. Les blocs se relayent donc, appuyant là où ça fait mal pour finalement enfoncer le clou, sur une séquence entre Dian et Milec que le dernier nommé conclut imparablement au second poteau (4-2 à 39'27").

Nullement rassasiés, les hommes de Daniel Maric s'appliqueront néanmoins à restreindre, sans mal d'ailleurs, les soubresauts désordonnés d'une bête blessée. Avec une volonté farouche, une vraie dynamique de groupe et une fluidité collective apparue sans égal, ils scellent leur leçon d'un soir d'un dernier filet en cage vide, symbole d'un improbable sursaut tenté par Shawn Allard (5-2 à 58'56").

La moutarde ne leur est même pas monté au nez !

Ce nouveau non-match a de quoi remettre en question aussi l'état d'esprit de Spinaliens apparus dangereusement désinvoltes. Et, plus grave encore, sans aucun orgueil notable, ce qui tranche avec la volonté de revanche préalablement affichée par Allard. Visiblement son discours aura sonné dans le vide ; ses boys se montrant incapables d'orchestrer la moindre riposte hormis l'activité louable, mais vaine, d'un Ilpo Salmivirta délaissé sur le front de l'offensive. Tout comme Stanislav Petrik, seul frein défensif à une emprise ducale totale. Là encore, l'ombre de Plch aura planée sur les débats. Mais suffit-elle pour autant à expliquer une telle déroute ?

Comme au match aller, le gain des deux points est revenu au plus méritant, au plus obstiné. Au plus enthousiaste aussi, ce qui fait repasser Dijon devant Épinal au classement. Pour longtemps ? C'est en tout cas tout le mal qu'on souhaite aux coéquipiers d'un Rado Hurajt inaugurant, sitôt le gong final une belle soirée de célébrations avec les plus fervents partisans. Oui, le travail aura payé. Une fois encore. Et leur aura même assuré une place en séries ! Certains devraient en prendre de la graine...

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Commentaires d’après-match (d'après le Bien Public) :

Daniel Maric (entraîneur de Dijon) : "J'ai joué avec trois lignes et ça a fait la différence. Durant le deuxième tiers, nous les avons forcés, ils ont craqué. Nous avons eu plus la pêche que nos adversaires. Tout le monde s'est mis au diapason. Les jeunes ont fait un gros match au bon moment."

Yvan Fontana (attaquant de Dijon) : "Nous avions besoin de points. Nous avons travaillé énormément durant la semaine, avec beaucoup de patinage en point d'orgue. Je pense que ça nous a été bénéfique parce que ça nous a remis en cause. Nous formons un groupe. Que nous soyons Français ou Slovaques, nous avons su relever la tête ensemble. D'ailleurs, nous avons commencé la partie de manière volontariste. Ça n'avait rien à voir avec les récentes rencontres."

 

Dijon - Épinal 5-2 (1-2, 3-0, 1-0)

Samedi 26 janvier à 20h15 à la patinoire Trimolet. 824 spectateurs.

Arbitrage de Marc Mendlowictz assisté de Nicolas Dessaint et Jérémy Rauline.

Pénalités : Dijon 16' (8', 4', 4'), Épinal 12' (4', 6', 2').

Tirs : Dijon 34, Épinal 20.

Évolution du score :

0-1 à 02'37" : Salmivirta assisté de Gervais (sup. num.)

0-2 à 06'49" : Salmivirta assisté de Petrak et Simko (sup. num.)

1-2 à 16'13" : A. Lefebvre assisté de Guttig et Dauphin

2-2 à 22'02" : Gillet assisté de Sadlon

3-2 à 29'50" : Sadlon assisté de Milec et Fiser (sup. num.)

4-2 à 39'27" : Milec assisté de Dian et Fiser

5-2 à 58'56" : Guttig assisté de K. Dugas (cage vide)

 

Dijon

Gardien : Radovan Hurajt.

Défenseurs : Andrej Mrena (C) - Peter Strapatý ; Aymeric Gillet (A) - Juraj Sadlon ; Peter Lalka

Attaquants : Pavol Milec - Miroslav Fiser - Michal Dian ; Anthony Guttig - Alexandre Lefebvre - Yvan Fontana ; Kévin Dugas - Yassine Fahas - Yannick Offret.

Remplaçant : Julien Roullier (G). Absents : Stephen Dugas et Miroslav Kristin (suspendus).

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik [sorti de sa cage de 58'31" à 58'56"].

Défenseurs : Marc-André Crête - Peter Listiak ; Peter Slovák - Stéphane Gervais (A) ; Lionel Simon - Borislav Ilic.

Attaquants : Ilpo Salmivirta - Simo Romo - Guillaume Chassard (C) ; Ján Simko - Michal Petrák - Shawn Allard ; Luc Mazerolle (A) - Marc Lefebvre - Tarik Chipaux ; Daniel Scott - Anthony Pernot.

Remplaçants : Franck Constantin (G), Guillaume Papelier. Absents : Ján Plch (fracture au niveau carpe-métacarpe pour l'annulaire et l'auriculaire), Radoslav Regenda (côtes).

 

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