Épinal - Rouen (5 janvier 2008)

 

Match comptant pour la dix-neuvième journée de la Ligue Magnus.

Dans de sales draps... gons

Drôles d'étrennes au pays du Chat botté ! À quelques pas de là, les footeux du coin retrouvent un peu de leur lustre d'antan (façon de parler de ces années D2 désormais révolues) avec la ronflante réception d'un cador parisien déchu. D'où l'horaire avancé pour la circonstance. Mais les péripéties du ballon rond sur la "pataugeoire" de la Colombière importeront toutefois peu aux vrais glaceux...

Au sortir d'un mois de décembre faste (neuf points engrangés sur dix possibles), les Dauphins attaquent eux aussi la nouvelle année civile par un grand nom, Rouen en l'occurrence. Et malgré leur renouveau hivernal, une montagne se dresse devant eux. Un petit ogre, vainqueur dans la semaine de la "bande à Basile" pour le gain du premier trophée mis en jeu cette année, la Coupe de la Ligue. Autant dire que les boys de Shawn Allard, en pleine confiance ces temps-ci, devront avoir l'étoffe des héros pour arracher leur exploit. Et s'ils ont de fortes chances d'être mangés, reste à savoir à quelle sauce tant ces Dragons-là auront livré toute une impression du côté de Méribel !

Mais de là à péter le feu dans les Vosges, après avoir livré deux gros matches devant Briançon en quelques jours... Oui, les Dauphins seront bien mangés dans ce match, mais à une sauce bien amère, voire indigeste. En s'inclinant devant un adversaire visiblement émoussé et sans grand panache, limite attentiste, en plus de perdre Jan Plch (doigt meurtri par un cinglage) et Stéphane Gervais (après avoir reçu un palet au visage) en cours de partie, l'ICE peut nourrir une légitime frustration. Sur la qualité de son match tout d'abord, plein et intense à l'image d'un Shawn Allard de plus en plus étonnant dans son rôle d'infatigable gratteur-râtisseur aux-côtés du robuste Marc Lefebvre. Ce dernier est même déterminant sur l'égalisation en avantage numérique, où le Finlandais Simo Romo coupe sa passe dans l'enclave (1-1 à 10'01").

Le long ronron des Dragons

Auparavant les Dragons, aux jambes lourdes et à la tête sans doutes ailleurs (avec deux surnombres comptabilisés ce soir...), s'étaient heurtés à des Spinaliens très disciplinés et généreux dans l'effort collectif, patinant sans relâche dans les deux sens. Cela suffit donc à freiner le déploiement des fortes individualités canado-normandes, incapables de réellement se montrer disponibles. Pourtant, une mise au jeu suffit à ce diable de Marc-André Thinel, sur l'engagement goupillé par Éric Doucet, pour scorer à mi-hauteur d'entre les deux cercles (0-1 à 04'34").

Offensivement poussifs, les hommes d'Alain Vogin sont également suspects à l'arrière, où les vétérans sont régulièrement mis à mal par l'audace de Lorrains bien décidés à jouer le coup à fond. Les trios se relayent ainsi, trouvant des solutions pour presser et même pousser leurs visiteurs à la faute. Et si le jeu de puissance normand est réputé dans tout l'Hexagone, celui des Vosgiens, version Plch-Gervais et compagnie, n'a rien à leur envier. La relève est certes moins aiguisée, mais les efforts notables en ce sens de Peter Listiak et Simo Romo auront tout de même permis l'instauration de quelques bons schémas.

Rouen n'est certes pas toujours capable de sortir proprement les disques de sa zone mais compte, en ses rangs, de fameux "tontons flingueurs". Plus pépères que flingueurs d'ailleurs ce soir, à l'image d'un Thinel relativement inconstant, d'un Houde transparent, d'un Mallette parfois dispersé et même d'un Desrosiers certes vif mais un poil désordonné. Voire soliste. Reste le trio des jeunes, le seul à véritablement secouer le cocotier par sa gnac, une denrée rare chez les septuples champions de France ce soir. Les héros d'hier étaient fatigués...

Côté spinalien en revanche, Stéphane Gervais et Peter Slovak émergent clairement d'un ensemble défensif rigoureux. La couverture toujours parfaite du Slovaque est pour beaucoup dans le long mutisme des fines lames rouennaises, avec des interventions sûres et sans accrocs. L'impact du Franco-Ontarien, lui, fut total des deux côtés du glaçon pour des actions d'éclat en défensive, comme ce puck écarté sous le nez d'un Bouchard esseulé au second poteau (14e) en plus de ces autres placements judicieux. Sans oublier, évidemment, un Stanislav Petrik rassurant et revenant doucement à son meilleur niveau.

Rouen a donc joué avec le feu ce soir...mais sans trop se brûler les ailes. Car au final, la victoire normande est là. Dessinée au brouillon, elle a pris vraiment corps en deuxième période, après une flammèche d'un Julien Desrosiers lancé dans l'intervalle par Carl Mallette pour placer son revers sur la barre transversale (20'10"). Alors décidés à se retrousser les manches, ils retrouvent une partie de leurs vertus et de leur réalisme. Certes, il faut une glissade de Gervais à hauteur de la ligne bleue, et en supériorité numérique de surcroît, pour que Glad s'empare de la rondelle et la refile à Desrosiers. Le Franco-Canadien, habile, se joue de l'opposition d'un Jan Plch bien replié pour servir le caviar à un Carl Mallette fixant ensuite la lucarne (1-2 à 24'16"). Dès lors, les Dragons se contenteront de gérer et d'attendre les contres, instaurant un faux-rythme tenace pour doucement bercer les dernières velléités vosgiennes. Poison d'un Ladislav Benysek emprunté, Michal Petrak se démène, en vain. Comme Guillaume Chassard ou le duo Romo-Salmivirta, devenu très complémentaire au fil des semaines.

Des pertes conséquentes

Car les Rouennais, quoique suffisants par instants, ne donnent donc pas l'impression de courir un grand danger. Bien rattrapé au besoin par la fiabilité d'un bon Ramon Sopko, ils attendent que leurs hôtes se résignent. Et puisque ces derniers perdent deux cordes à leur arc avec la sortie d'un Jan Plch touché en début de partie sur un slashing d'Olivier Bouchard, puis celle d'un Stéphane Gervais également sorti peu de temps après sous escorte (une fracture de la mâchoire était crainte), la menace baisse d'un ton. Amputée de deux pièces-maîtresses, l'ICE voyait alors le fil du match définitivement s'effilocher. Sans démériter, eût-il été nécessaire de le préciser...

Après un acte médian très plate comme diraient nos cousins de la Belle Province, l'ultime période s'amorce sur une sollicitation nouvelle du jeu de puissance rouennais, jusqu'ici inutilisé. Un slap de Marc-André Thinel dévié par le talon du massif Borislav Ilic, pas mobile pour deux sous et planté dans le slot, augure lui une fin de match ennuyeuse (1-3 à 44'02").

Et elle le sera, parsemée de divers actes d'anti-jeu des deux côtés. Sans parler de défi physique, domaine où Marc Lefebvre excelle côté local, ils contribuent à l'instabilité croissante de ces derniers instants. Frustrés par un filet de Carl Mallette, déviant un centre-tir d'un Daniel Carlsson étonnement monté aux avant-postes (1-4 à 48'26"), les Spinaliens perdent dès lors toute lucidité. Aussi bien offensive avec des essais à bout portant avortés par un très bon Ramon Sopko. Mais aussi nerveusement, avec une charge d'Ilic sur Doucet, laissant le feu-follet québécois gésir contre la bande (51'49"). À faire du petit bois, le Franco-Serbe est expulsé manu militari, récoltant une pénalité majeure et laissant ses partenaires affronter cinq minutes de désavantage numérique. Stanislav Petrik, décisif par deux fois devant Doucet puis Desrosiers, fait mieux que retarder l'échéance. Or, lorsqu' Éric Doucet rôde, l'esprit vengeur, toute résistance est vaine... surtout quand il renvoie un retour de Jonas Liwing dans le haut du filet (1-5 à 52'39"). Alea jacta est. Oui, pas de doute, les "héros" étaient fatigués ce soir...

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Rouen 1-5 (1-1, 0-1, 0-3)

Samedi 5 janvier à 17h30 à la patinoire de Poissompré. 1451 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Hauchart assisté de Laurent Rouèche et Yann Furet.

Pénalités : Épinal 35' (2', 0', 8'+5'+20'), Rouen 20' (6', 6', 8').

Évolution du score :

0-1 à 04'34" : Thinel assisté de Doucet

1-1 à 10'01" : Romo assisté de Lefebvre et Simko

1-2 à 24'16" : Mallette assisté de Desrosiers et Glad (inf. num.)

1-3 à 44'02" : Thinel assisté de Liwing (sup. num.)

1-4 à 48'26" : Mallette assisté de Carlsson et Desrosiers

1-5 à 52'39" : Doucet assisté de Liwing et Mallette (double sup. num.)

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Marc-André Crête - Peter Listiak ; Peter Slovák - Stéphane Gervais ; Lionel Simon - Borislav Ilic.

Attaquants : Ilpo Salmivirta - Simo Romo - Guillaume Chassard (A) ; Ján Simko - Michal Petrák - Ján Plch (C) ; Shawn Allard - Marc Lefebvre - Luc Mazerolle (A) ; Tarik Chipaux.

Remplaçants : Franck Constantin (G), Sébastien Geoffroy, Daniel Scott. Absents : Radoslav Regenda (côtes), Guillaume Papelier (cheville).

Rouen

Gardien : Ramón Sopko.

Défenseurs : Petri Virolainen - Jarkko Glad ; Ladislav Benýsek - Jonas Liwing ; Daniel Carlsson (A) - Benoît Quessandier.

Attaquants : Julien Desrosiers - Carl Mallette - Éric Houde ; Olivier Bouchard - Éric Doucet (C) - Marc-André Thinel (A) ; Lionel Tarantino - Édouard Dufournet - Tristan Lemoine ; Jérémie Romand [en alternance avec Tarantino et Lemoine].

Remplaçants : Ronan Quemener (G), Cédric Custosse, Loïc Lampérier.

 

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