Briançon - Rouen (2 janvier 2008)

 

Finale de la Coupe de la Ligue.

Les canettes ont depuis longtemps été balayées de la glace de Méribel, mais personne n'a oublié le match de 2005 ici même entre les deux protagonistes que ce soir. Cette finale d'une coupe moins prestigieuse ne peut pas avoir la même saveur pour les deux clubs. Pour une équipe de Rouen vaccinée à la victoire, la Coupe de la ligue est une compétition forcément accessoire. Mais pour Briançon, ça peut être l'occasion de remporter enfin ce premier titre majeur tant attendu. Encore faut-il s'entendre sur ce qualificatif : tant qu'à parler de trophée à la valeur discutée, les Diables rouges avaient bien enlevé la Coupe des As en 1992. Mais il s'agissait d'une compétition déchue, et dévaluée parce que Rouen, justement, n'avait pas envoyé sa meilleure équipe. Rien à voir aujourd'hui : ce sont des Dragons au complet qui arrivent, et forcément revanchards après avoir perdu chez eux contre Briançon il y a quatre jours.

Ce qui donne de la valeur au match, c'est ce que les équipes vont montrer sur la glace. On est vite rassuré : l'intensité du match est celle d'une finale, pas celle d'une kermesse de seconde zone. Le rythme est absolument incomparable avec le Morzine-Amiens de championnat également diffusé sur Sport+ la semaine dernière.

Les Briançonnais ont faim et ils mettent la pression sur les défenseurs briançonnais. Après un travail de Ruid et Dufour derrière la cage, Alexandre Rouleau monte dans le slot et peut tenter un dangereux revers bien arrêté par Sopko (3'30"). Il a profité sur ce coup-là de la faible implication défensive des attaquants rouennais, une leçon qui sera retenue par la suite. Les Dragons mènent la contre-offensive et envoient Dermigny en prison. Carl Mallette remporte la mise au jeu - domaine où il sera royal ce soir - et le lancer de la bleue de Petri Virolainen est dévié par Éric Houde (0-1, 04'06").

Ce n'est pas l'énergie qui fait défaut aux Diables rouges ce soir. Cédric Boldron déborde sur son aile mais manque de vitesse de décision pour délivrer la passe qui conclurait l'action. C'est encore plus flagrant pour Sébastien Rohat, vraiment fulgurant sur les patins mais cantonné le long des bandes où il est dominé physiquement. Les attaques rouennaises sont moins débordantes d'enthousiasme, mais témoignent d'une maîtrise collective plus aboutie. Les efforts briançonnais restent donc vains... à égalité numérique. En effet, les Diables rouges vont imiter leurs adversaires et transformer leur première supériorité numérique, consécutive à une pénalité de Mallette. Le "joker" slovène Mitja Sivic, qui s'insère sur toutes les lignes et remplace souvent Ruid sur le premier bloc, tire à distance, et son compatriote Edo Terglav glisse le rebond du revers (1-1, 17'57"). On s'achemine vers un résultat nul équitable, mais une passe contre la bande de Jarkko Glad est réceptionnée par Éric Houde tout seul à la bleue, dans le dos de Rouleau et Tekel. Il remporte son face-à-face avec Christian Bronsard en plaçant le palet entre ses jambières (1-2, 19'14").

En début de deuxième période, l'ex-Rouennais Damien Raux fait trébucher Glad. Le jeu de puissance rouennais, moins bien organisé, met une heure et demie à s'installer, mais trente secondes suffisent à faire souffrir Briançon avec un Bouchard qui en impose dans le slot. Les pénalités se renversent à la mi-match quand Thinel donne un coup de crosse inutile en allant presser en zone offensive et rejoint Mallette en prison. Rouen joue à trois pendant 1'10", évidemment un tournant du match. Un lancer de Rouleau frappe l'extérieur du poteau, mais Briançon n'arrive pas ensuite à faire la différence et la longue séquence installée s'achève par une mauvaise passe de Ruid. Les Diables rouges ont-ils laissé passer leur chance ? Non, car ils marquent encore en fin de tiers, et égalisent pour de bon cette fois. Le tir du poignet de Marton Vas est repoussé par le poteau, et si Benysek manque le palet sur le rebond, ce n'est pas le cas de Balazs Ladanyi (2-2, 37'56").

Briançon est plus incisif au début du troisième tiers-temps, mais commence à montrer quelques failles défensives. Une parfaite intervention de Viktor Szélig rattrape un palet perdu de son collègue Jakob Milovanovic. Un peu plus tard, Christian Bronsard sort derrière sa cage mais c'est Rouen qui ressort le palet avec des filets totalement déserts. Pendant plusieurs secondes folles, le gardien et ses défenseurs se jettent dans tous les sens, alors que les Dragons tirent et tirent sans rémission... jusqu'à ce que Houde conclue cette partie de billard via un ultime ricochet sur le patin de Rouleau (2-3, 46'59").

Quand John Christian Ruid prend une pénalité idiote deux minutes plus tard, on se dit qu'il a peut-être signé l'arrêt de mort de son équipe. C'est tout le contraire. Ses coéquipiers lui évitent ce destin, et c'est un autre cinglage, celui de Dufournet, qui permet même à l'Américain de s'illustrer dans ce qu'il fait de mieux, camper ses cent kilos dans le slot. Jonas Liwing semble réduit à polir gentiment la statue qui prend le rebond d'un tir de Sivic (3-3, 53'31"). Briançon n'est pas encore au bout de ses peines car la meilleure défense du championnat multiplie les erreurs en cette fin de match. Bronsard sauve la mise deux fois à ses défenseurs, de la crosse face à Mallette sur une grossière faute de marquage, puis de la mitaine devant Dufournet, parti au but après une glissade de Levêque en zone neutre.

Briançon entre mieux dans la prolongation, mais se fait surprendre dans sa zone défensive. Carl Mallette surgit devant Marton Vas à la bande et va droit au but où il trompe Bronsard sous sa jambière gauche (3-4, 62'28"). Le gardien briançonnais a été beaucoup moins à son avantage sur cette ultime action. Un but un peu frustrant pour couronner un beau match équilibré, un coup de poignard que les Diables rouges ne méritaient pas sous cette forme.

Le jeu des deux clubs a été à l'image de leur palmarès. La fraîcheur enthousiaste des Briançonnais assoiffés de victoire se sera heurtée au métier et à l'assurance des Rouennais, qui maîtrisent les fondamentaux du jeu. Les solistes normands de l'an passé ont appris à réfréner leurs ardeurs pour une meilleure qualité collective, seule clé vers la victoire. La Coupe de la ligue n'est qu'un apéritif dans les ambitions normandes. L'estomac de Briançonnais gargouille quant à lui toujours, mais l'heure du festin semble chaque fois plus proche...

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match (au micro de Sport+ et de France 3)

Luciano Basile (entraîneur de Briançon) : "Il n'y a pas de regret. C'était un superbe match. On est revenu de l'arrière tout le temps et on n'a rien lâché. On peut être déçu du résultat mais pas de l'effort ni du match. Rendu en temps supplémentaire, c'est la loterie, c'est une monnaie qu'on lance dans les airs. C'est le hockey. Samedi en championnat, on a joué beaucoup moins bien et on a gagné en encaissant 53 tirs cadrés. Ce soir, on joue beaucoup mieux mais on perd."

 

Briançon - Rouen 3-4 après prolongation 3-4 (1-2, 1-0, 1-1, 0-1)

Mercredi 2 janvier 2008 à 19h00 à la patinoire de Méribel. 2512 spectateurs.

Arbitrage de Bruno Colleoni assisté de Savice Fabre et Guillaume Gielly.

Pénalités : Briançon 8' (4', 2', 2', 0'), Rouen 8' (2', 4', 2', 0').

Évolution du score :

0-1 à 04'06" : Houde assisté de Virolainen et Mallette (sup. num.)

1-1 à 17'57" : Terglav assisté de Sivic et Dufour (sup. num.)

1-2 à 19'14" : Houde assisté de Glad

2-2 à 37'56" : Ladanyi assisté de Boldron et Vas

2-3 à 46'59" : Houde

3-3 à 53'31" : Ruid assisté de Sivic et Rouleau (sup. num.)

3-4 à 62'28" : Mallette

 

Briançon

Gardien : Christian Bronsard.

Défenseurs : Alexandre Rouleau - Milan Tekel (A) ; Viktor Szélig - Jakob Milovanovic ; Gary Levêque (A) - Sébastien Dermigny ; Luciano Lommano.

Attaquants : Jean-François Dufour - John Christian Ruid - Edo Terglav (C) ; Balázs Ladányi - Márton Vas - Cédric Boldron ; Benjamin Arnaud - Damien Raux - Sébastien Rohat ; Mitja Sivic ; Simo Vidgren.

Remplaçants : Damien Angella (G), Cyril Arnaud, Dimitri Faure-Brac.

Rouen

Gardien : Ramon Sopko.

Défenseurs : Petri Virolainen - Jarkko Glad ; Ladislav Benysek - Jonas Liwing ; Daniel Carlsson (A) - Benoît Quessandier.

Attaquants : Julien Desrosiers - Carl Mallette - Éric Houde ; Olivier Bouchard - Éric Doucet (C) - Marc-André Thinel (A) ; Lionel Tarantino - Édouard Dufournet - Tristan Lemoine.

Remplaçants : Ronan Quemener (G), Cédric Custosse, Lucas Bini, Jérémie Romand, Loïc Lampérier.

 

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