Match comptant pour la dix-huitième journée de la ligue Magnus.

Amiens, cinquième, rend visite à Morzine-Avoriaz, septième, qui ne compte que deux points de retard et un match en moins. Tout autant que sa retransmission télévisuelle, c'est donc la proximité au classement entre les deux équipes qui rend ce match capital.

Laurent Gras est vite pénalisé pour avoir accroché Ågren en zone neutre, sans conséquence face à un jeu de puissance morzinois imprécis. Le centre de l'équipe de France se rattrape de cette prison par une très grosse présence en zone offensive de sa ligne, qui aboutit à une sentence identique contre Mille, coupable d'avoir chargé Sadoun contre la bande. En supériorité, les Gothiques sont plus convaincants et plus incisifs autour de la cage. Ils semblent en train de prendre le contrôle de la partie.

C'est alors que leur gardien Landry Macrez sort derrière sa cage à la rencontre d'un palet. Il se retourne mais son dégagement a été bien anticipé par Chris Neiszner qui n'a plus qu'à donner le palet en retrait à Jonny Ågren devant la cage vide (1-0, 10'42"). Cette erreur du portier gothique est suivie d'une autre, quand un tir du poignet en angle fermé de Luc Tardif se loge à son poteau opposé côté mitaine (2-0, 13'30"). Denis Perez demande aussitôt à Henri-Corentin Buysse de s'échauffer.

Le gardien international junior rentre au moment où Brodin vient d'être pénalisé. Son premier travail consiste donc à aller chercher des palets dégagés en fond de zone, ce qui avait coûté cher à son prédécesseur. Et en regagnant sa cage, il est sanctionné pour une obstruction sur Trabichet. Sur le court passage en infériorité, Buysse s'en sort face à Tardif qui a totalement débordé Kowalczyk et a repiqué seul sur la cage. En fin de premier tiers, une obstruction de Zwikel sur un joueur qui avait dégagé donne une nouvelle supériorité numérique amiénoise. Anthony Mortas est l'organisateur attitré du jeu de puissance et amène le danger près de la cage, où ses coéquipiers ne déstabilisent pas un Frederik Jensen serein.

C'est surtout au retour sur la glace que le gardien suédois démontre toute son assurance. Il repousse de nombreux tirs d'entrée et remporte un face-à-face déterminant face à Rod Stevens échappé après cinq minutes de jeu. Jensen, dont le défaut de rebonds est très peu perceptible ce soir, a toutes les raisons d'être sûr de lui : au fil du temps, les tirs amiénois sont de plus en plus lointains, de moins en moins masqués. Une confiance réciproque s'est installée entre le gardien morzinois et sa défense. Chacun a fait sa part de travail pour résister à ces dix minutes de forte domination amiénoise.

Le rythme du match décroît ensuite après quelques longs arrêts de jeu : Ågren discutaille avec l'arbitre et prend une méconduite ; Sadoun prend une crosse dans le visage, qui n'a pas échappé aux caméras, et reste au sol. Et quand on s'y attend le moins, Jensen est battu côté bouclier par un tir en angle qui ne semblait pas imparable. Le buteur ? Simon Petit, dont les statistiques étaient encore vierges jusqu'ici et qui a fait des présences sur chacune des trois lignes ce soir (2-1, 34'18"). Amiens a réduit le score mais gâche tout par deux pénalités, un faire trébucher de Dieude-Fauvel dans le coin et un geste de nervosité de Buysse titillé devant son but. Morzine-Avoriaz fait circuler le palet à cinq contre trois, et au moment où la première pénalité se termine, la passe transversale de Maurice Rozenthal devant la cage décale parfaitement Jonathan Zwikel (3-1, 36'32").

Amiens obtient à son tour 1'35" de double supériorité numérique pour des fautes de Trabichet et de Rozenthal, mais elles sont entrecoupées par la pause. De plus, juste avant la sirène, Julian Marcos, accroché dans le coin par Mickaël Brodin, chute en avant tandis que son patin monte très haut... jusqu'au visage de son adversaire. Brodin n'est heureusement pas blessé, mais on est pris d'un certain malaise en se disant que cet accident potentiel aurait pu être fait exprès. La trajectoire du patin de Marcos ne paraissait pas très naturelle... M. Mendlowictz n'apportera rien au débat, ni pour inculper l'Amiénois ni pour le disculper : n'ayant pas vu l'action, il lui infligera deux minutes pour... crosse haute. C'est sans doute la sanction par défaut quand on n'a que deux yeux et qu'on constate qu'un joueur semble touché au visage pour quelque raison. Ceci dit, cela n'avait pas été le cas pour Sadoun, faute d'avoir identifié le coupable peut-être.

Le 4 contre 3 amiénois ne donne plus rien, et c'est au contraire Morzine-Avoriaz qui effectue un superbe mouvement collectif à 5 contre 4. Les Pingouins enchaînent par une nouvelle infériorité quand Miner accroche Henderson, mais elle est sans conséquence. Ce début de troisième tiers-temps est très haché, avec nombre de dégagements interdits et de hors-jeu. Zwikel tire sur le poteau, le défenseur Thomas Roussel rate le palet au rebond et Mickaël Brodin donne le coup de grâce (4-1, 47'49"). Dans le patinage, dans les duels, le HCMA a pris le contrôle définitif du match.

Les Amiénois y sont résignés, surtout qu'ils ont vu Mathieu Jestin rentrer au vestiaire, blessé à la cheville. Grégory Beron, défenseur en équipe de France junior, retrouve du coup cette place après avoir surtout joué à l'attaque avec les Gothiques. Ceux-ci attendent le but pour l'honneur, qui récompense le travail de Laurent Gras. Il gagne l'engagement et va se placer devant le cage où il récupère le palet après un tir de la bleue de Kowalczyk dans les jambières du gardien (4-2, 59'17"). Denis Perez s'accroche à ce mince espoir, et à une obstruction d'Ågren qui laisse son équipe à 4 contre 3, pour sortir son gardien et envoyer un cinquième joueur de champ pendant que le palet en zone offensive. Malheureusement pour l'entraîneur amiénois, son ancien joueur Mathieu Mille gagne le concours de précision en cage vide en marquant de derrière sa ligne de but (5-2, 59'42").

Le pari amiénois d'alterner entre deux gardiens peu expérimentés avait jusqu'ici rapporté plus de points aux Gothiques qu'il n'en avait coûté. Il fallait bien que jeunesse se fasse un jour ou l'autre. Mais le prix de l'inexpérience s'est surtout payé dans ces deux pénalités qui ont suivi la réduction du score chèrement acquise par l'attaque picarde, moins convaincante après une bonne première moitié de match.

Compte-rendu signé Marc Branchu

Commentaires d'après-match (au micro de Sport+)

Stéphane Gros (entraîneur de Morzine-Avoriaz) : "On a su bien jouer notre système : les attendre en zone neutre et ne pas les forcer même quand ils gagnent l'engagement dans leur zone. Cette victoire nous permet de recoller dans le haut du classement. Elle était vraiment importante, celle-là. Il faut être lucide, le retard est trop important sur les quatre premiers. L'objectif était d'être entre 5 et 8, le plus haut possible, maintenant on a la cinquième place et on va essayer de la garder."

Morzine-Avoriaz - Amiens 3-1 (2-0, 1-1, 3-2)

Vendredi 28 décembre 2007 à 20h30 au Parc des sports de Morzine. 1285 spectateurs.

Arbitrage de Marc Mendlowictz assisté d'Anne-Sophie Boniface et Guillaume Gielly.

Pénalités : Morzine-Avoriaz 22' (6', 6'+10', 8'), Amiens 12' (4', 8', 6'+10').

Tirs : Morzine-Avoriaz 33 (7+4, 11, 11), Amiens 40 (16, 14, 10).

Évolution du score :

1-0 à 10'42" : Ågren assisté de Neiszner

2-0 à 13'30" : Tardif assisté de Neiszner

2-1 à 34'18" : Petit assisté de Henderson

3-1 à 36'32" : Zwikel assisté de M. Rozenthal et Miner (sup. num.)

4-1 à 47'49" : Brodin assisté de Zwikel

4-2 à 59'17" : Gras assisté de Kowalczyk

5-2 à 59'42" : Mille assisté de Pousset (inf. num., cage vide)

Gardien : Frederik Jensen.

Défenseurs : Santeri Immonen - John Miner ; Mathieu Mille (A) - Nicolas Pousset ; Guillaume Drozdz - Christian Elian.

Attaquants : Maurice Rozenthal (A) - Jonathan Zwikel (C) - Mickaël Brodin ; Luc Tardif - Chris Neiszner - Jonny Ågren ; Julien Lebey - Marc Billieras - Cyril Trabichet.

Remplaçants : Johan Bäckö (G), Loïc Gaydon. Absents : François Rozenthal (épaule), Pierre-Yves Albert (adducteurs).

Gardien : Landry Macrez puis à 13'53" Henri-Corentin Buysse [sorti de 59'36" à 59'42"].

Défenseurs : Vincent Bachet (C) - Thomas Roussel ; Julian Marcos - Pavel Kowalczyk ; Mathieu Jestin [puis Béron à 50'] - Benjamin Dieude-Fauvel.

Attaquants : Rod Stevens - Anthony Mortas - Grégory Béron [puis Pierre-Charles Hordelalay à 50'] ; Loïc Sadoun (A) - Laurent Gras - Mickaël Bardet [puis Petit à 40'] ; Élie Marcos - Brian Henderson - Simon Petit [puis Bardet à 40'] ; Lionel Wiotte.

Remplaçants : Alexis Birolini, Mans Papaux. Absent : Fabien Leroy.

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