Grenoble - Tours (19 décembre 2007)

 

Match en retard de la onzième journée de Ligue Magnus.

Les Diables noirs de Tours ont dû attendre pour faire leur retour à Pôle Sud puisque cette rencontre était initialement prévue lors du week-end où Grenoble disputait la Coupe continentale. L'arène grenobloise devait rappeler de très bons souvenirs à la troupe de Robert Millette puisque lors de leur dernière visite, ils remportaient un improbable succès lors du quatrième match des demi-finales avant de s'imposer lors du cinquième et d'accéder à la finale face aux Scorpions de Mulhouse, barrant ainsi la route du titre à Grenoble.

Depuis cette rencontre mémorable, les choses ont bien changé : Tours a connu deux années au purgatoire dans les divisions inférieures avant de réussir un retour probant dans l'élite cette année, toujours avec Robert Millette à la barre, tandis que Grenoble a enfin conquis son cinquième titre de champion de France l'an passé et que Mats Lusth a succédé à Gérald Guennelon. Pour cette rencontre, les internationaux tricolores sont de retour côté grenoblois tandis que deux éléments majeurs, Eddy Ferhi et Mikael Pettersson, effectuent leur retour de blessure, tout comme Mickaël Perez et Damien Fleury qui s'était blessé aux côtes pendant la préparation de l'équipe de France.

La pause internationale a visiblement laissé des traces dans les organismes car la rencontre est très lente à démarrer. Un jeu plutôt prudent de part et d'autre, très peu d'occasions et même de tirs. Ferhi n'a pas trop de quoi se tester en ce début de match. Les Brûleurs de Loups, échaudés par des performances en dents de scie depuis quelques semaines, semblent hésitants tandis que Tours hésite à s'engager. Chaque équipe semblait attendre la première erreur de l'autre et celle-ci survient d'abord dans le camp grenoblois : une passe approximative de Brad Woods atterrit dans la crosse de Guillaume Rodrigue, qui transmet rapidement à ses deux compatriotes Dominic Perna puis Dominic Noël qui parviennent à conclure l'affaire d'un joli mouvement en toute simplicité (0-1, 08'17").

Pas de quoi rassurer des Brûleurs de Loups fébriles qui doivent désormais se lancer à l'assaut des cages de Hiadlovsky avec plus de conviction. C'est chose faite sous l'impulsion du poumon de l'attaque grenobloise, Mikael Pettersson, et du trio tchèque, très actif en supériorité numérique. Malgré une accélération significative dans leur jeu, les Brûleurs de Loups ne parviennent pas à faire la différence, manquant de réussite sur les tirs des artificiers Masa et Lindström notamment. La tension monte entre Valcak et Stepan, ce dernier se faisant sanctionner pour une faute sur Broz. Mais encore une fois le jeu de puissance isérois manque de vitesse pour mettre en difficulté une défense tourangelle bien positionnée autour de Hiadlovsky. Les Diables Noirs laissaient passer l'orage pour mieux réagir à cinq contre cinq : Ferhi doit s'employer sérieusement devant les attaquants tourangeaux mais il ne peut rien sur une action en solo de Miroslav Pazak qui longe la bande puis la ligne bleue avec le palet, repique au centre pour finalement fusiller Ferhi à bout portant sans rencontrer le moindre défenseur grenoblois sur sa route, Woods étant resté collé à son poteau (0-2, 18'20"). Tours semble en position idéale pour réaliser le hold-up parfait et enfoncer un peu plus des Brûleurs de Loups bien pâles, mais sur le coup d'envoi, Masa décale immédiatement Valcak qui surprend Hiadlovsky d'un tir croisé ras de glace (1-2, 18'36"). Le pire a été évité pour Grenoble à la pause.

La réduction du score a visiblement fait un bien fou aux Grenoblois qui débutent la deuxième période avec bien plus de conviction que la première. Après avoir fini de tuer une pénalité de Masa, ils se lancent à l'assaut des cages de Hiadlovsky. La ligne Pettersson-Fleury-Hecquefeuille se met le plus en évidence par sa vitesse et ne tarde pas à être récompensée : Fleury tire sur Hiadlovsky qui repousse mais Pettersson a bien suivi, récupère le palet et marque dans le but quasi vide, le gardien tourangeau n'ayant pas eu le temps de se replacer (2-2, 22'35"). Les Isérois semblent retrouver le sourire mais Johan Forsander se blesse dans un choc contre la bande avec Stepan, alors qu'une pénalité a été appelée contre Sabol. L'attaquant suédois quitte la glace précipitamment en se tenant l'épaule, il ne reviendra pas de la soirée. S'ensuit une période très difficile pour Tours qui enchaîne trois pénalités d'affilée. Regonflés par leur égalisation, les locaux essaient de profiter de leur dynamique pour faire la différence en double supériorité numérique. Lusth demande même un temps mort pour mettre sa stratégie en place. Un puissant tir de Lindström heurte la barre transversale des buts de Tours tandis que Valcak croit tenir son doublé mais son but est refusé à cause de la présence d'un joueur dans le slot. Ce n'est que partie remise puisque, après plusieurs tentatives infructueuses, la défense tourangelle finit par plier sur un centre de Valcak pour Masa qui convertit l'offrande en but d'un rapide tir du poignet (3-2, 25'28"). Les champions de France sont parvenus à rétablir une situation bien délicate et la confiance semblait de retour dans leurs rangs. Tours manque l'occasion d'égaliser sur une supériorité numérique sans que Ferhi ne soit grandement inquiété. Le jeu est interrompu suite à un choc entre Valcak et Hiadlovsky parti chercher le palet le long de la bande, le temps que le gardien tourangeau reprenne ses esprits. À la fin de la période intermédiaire, les Grenoblois semblent avoir fait le plus dur.

Malgré les trois buts encaissés consécutivement, les Diables Noirs ne renoncent pas pour autant. Ils entament la dernière période avec beaucoup d'entrain, à l'image d'un tir sur la barre, même s'ils se mettent en difficulté par deux pénalités concédées par Radek Stepan et Lukas Filip. Mais à chaque fois Christophe Tartari abrège l'infériorité numérique tourangelle en commettant un cinglage pas vraiment nécessaire. Les Diables Noirs font alors preuve d'une réussite maximale en avantage numérique : alors qu'il ne reste que trois secondes de pénalité à Tartari, Perna adrese un centre au cordeau à Miroslav Pazak devant le slot, le petit attaquant slovaque grillant la politesse aux défenseurs grenoblois pour égaliser (3-3, 47'27"). Les compteurs sont donc remis à zéro à un peu plus de dix minutes du terme, laissant envisager tous les scénarios pour cette fin de rencontre.

La prolongation commence déjà à se profiler à l'horizon alors que Rodrigue écope bêtement d'une pénalité de méconduite pour avoir asticoté le banc grenoblois avec sa crosse. Mais finalement le match bascule sur une contre-attaque grenobloise rapidement menée par Scott qui trouve Pettersson en relais pour servir sur un plateau Hecquefeuille arrivé lancé à pleine vitesse. L'international tricolore reprend instantanément et redonne l'avantage à son équipe (4-3, 53'08"). Cette fois, Tours ne s'en relèvera pas. Mikael Pettersson, sans aucun doute l'homme du match, en profite même pour parachever le succès grenoblois en reprenant victorieusement le palet aux abords de la cage suite à un tir d'Amar repoussé par Hiadlovsky (5-3, 55'01"). Une pénalité de Hecquefeuille donne une dernière occasion à Tours de revenir dans la partie mais Millette renonce étonnamment à sortir son gardien pendant la supériorité, laissant ainsi Grenoble s'envoler vers un succès à l'arraché.

Malgré un départ probant, les Diables Noirs n'ont pas pu revenir de Grenoble avec les deux points de la victoire, perdant ainsi une grande partie des espoirs qui leur restent de terminer dans les quatre premiers. Pourtant le hold-up parfait semblait se dessiner pour la bande à Millette, très bien organisée défensivement autour de son gardien et à l'affût du moindre contre à l'image d'un Miroslav Pazak des grands soirs ou d'une ligne canadienne Rodrigue-Noël-Perna qui se trouve les yeux fermés. Le coach tourangeau a su utiliser ses quatre lignes tout au long de la partie mais c'est pourtant dans le "money time" de la rencontre que ses joueurs ont lâché prise, piégés par un contre adverse. Un manque de concentration mais aussi de discipline a aussi coûté cher dans certains instants cruciaux, redonnant ainsi confiance à une équipe grenobloise pourtant fragile.

Les Brûleurs de Loups se sont ainsi sortis du piège tendu, récupérant par la même occasion deux points qui seront très utiles dans la course aux premières places. À défaut de se rassurer sur les bases de leur jeu, les hommes de Mats Lusth ont prouvé leur force de caractère en surmontant leur handicap initial de deux buts puis en réagissant après l'égalisation tourangelle au troisième tiers. Une victoire gagnée avec les tripes qui fera donc beaucoup de bien au moral après la passe difficile qui a précédé la pause internationale et qui permet de débuter positivement la série de matchs qui s'annonce. Le retour des blessés a eu son effet, mais si l'on attendait Eddy Ferhi, c'est surtout Mikael Pettersson qui apporté le plus, réalisant une performance de haut vol pour son retour. Impliqué sur trois buts, il a tiré vers le haut sa ligne tout en montrant une belle complémentarité avec Fleury et Hecquefeuille. Les Tchèques ont assuré le reste du travail avec deux buts importants, compensant ainsi les errements défensifs du premier tiers qui auraient pu coûter cher. En revanche, principale mauvaise nouvelle de la soirée côté grenoblois : la blessure à l'épaule de Johan Forsander qui pourrait être éloigné de la glace pour trois semaines.

Désignés meilleurs joueurs du match : Mikael Pettersson (Grenoble) et Miroslav Pazak (Tours).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (dans la Nouvelle République)

Bob Millette (entraîneur de Tours) : "Maintenant qu'on a vu tout le monde, on sait à quoi s'en tenir. Grenoble possède une belle équipe mais elle ne nous a pas impressionnés. On saura prendre notre revanche en février. Le problème est qu'on sort d'une grosse période sans jeu, notre rythme est cassé. Mais vu le calendrier qui nous attend et le travail que nous avons effectué durant cette période, on va vite le retrouver."

 

Grenoble - Tours 5-3 (1-2, 2-0, 2-1)

Mercredi 19 décembre à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3200 spectateurs.

Arbitrage de Damien Velay assisté d'Anne-Sophie Boniface et Gildas Fontaine.

Pénalités : Grenoble 10' (2', 2', 6'), Tours 24' (4', 6', 4'+10').

Évolution du score :

0-1 à 08'17" : Noël assisté de Perna et Rodrigue

0-2 à 18'20" : Pazak assisté de M. Filip

1-2 à 18'36" : Valcak assisté de Masa et Broz

2-2 à 22'35" : Pettersson assisté de Fleury et Hecquefeuille

3-2 à 25'28" : Masa assisté de Valcak et Lindström (double sup. num.)

3-3 à 47'27" : Pazak assisté de Perna et Noël (sup. num.)

4-3 à 53'08" : Hecquefeuille assisté de Pettersson et Scott

5-3 à 55'01" : Pettersson assisté de Amar

 

Grenoble

Gardien : Eddy Ferhi.

Défenseurs : Jean-François Bonnard - Antonin Manavian ; Baptiste Amar (C) - Tyler Scott ; Viktor Wallin - Brad Woods.

Attaquants : Patrik Valcak - Ludek Broz (A) - Martin Masa ; Mikael Pettersson - Damien Fleury - Kévin Hecquefeuille ; Christophe Tartari [puis Mickaël Perez à 23'24"] - Johan Forsander (A) [puis Tartari à 23'24"] - Jimmy Lindström.

Remplaçants : Frédéric Dorthe (G), Joan Montesinos. Absents : Sacha Treille, Teddy Trabichet (blessés).

Tours

Gardien : Vladimir Hiadlovsky.

Défenseurs : Michal Divisek - Jozef Drzik ; Marcel Simak - Vladimir Sabol ; Lukas Filip - Radek Stepan (A).

Attaquants : Guillaume Rodrigue - Dominic Noël - Dominic Perna (C) ; Miroslav Pazak - Martin Filip - Jan Sebo ; Zdenek Novosad - Franco Subrani - Scott Rozendal ; Andy Corran - Claude Devèze (A) - Antoine Amsellem.

Remplaçants : Pierre-Olivier Girouard (G), Bastien Quinsac.

 

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