Russie - République Tchèque (16 décembre 2007)

 

Match comptant pour le tournoi de Pervy Kanal, deuxième manche de l'Euro Hockey Tour.

Victorieuse de ses deux premières rencontres, la troupe de Bykov a l'occasion de réaliser le carton plein et conforter sa première place dans l'Euro Hockey Tour. Méfiance tout de même car la République Tchèque se présente face à elle pour effacer la défaite subie le mois dernier et dispose du meilleur effectif de tous les adversaires. Elle a même à disposition un champion de Russie, Jan Marek, qui a demandé à être sélectionné pour ne pas risquer de perdre sa place, tandis que ses coéquipiers de Magnitogorsk ont été laissés au repos ce week-end dans le camp russe à la demande de leur club qui jouera la Coupe des champions en janvier. Revenus dans un match bien mal engagé la veille face à la Finlande pour ne s'incliner qu'aux tirs au but, les Tchèques ont démontré leurs capacités en contre-attaque et s'annoncent plus dangereux pour un Eremenko qui n'a encaissé qu'un but en deux rencontres.

Du déjà vu pour les Tchèques

Toutefois, une entame ratée pourrait être bien plus difficile à rattraper face aux Russes, d'autant que Fedor Fedorov ouvre la marque rapidement, comme le mois dernier, en redirigeant du revers son propre rebond vers Mensátor, après avoir transité par l'arrière de la cage (1-0, 1'57). La défense montre des signes de fébrilité, que Zaripov passe encore près d'exploiter, avant que Sushinsky et Saprykin ne forcent à nouveau Mensátor à s'interposer. Histoire de démontrer l'efficacité du jeu de puissance, Morozov est le plus prompt à reprendre le tir de Zaripov, repoussée par le gardien et que Melichar ne peut dégager (2-0 à 8'26"). Face à ce nouveau scénario catastrophe Alois Hadamczyk est contraint à demander un temps mort, ne sachant comme la veille que faire suite à cette entame chaotique.

Le feu revient toutefois rapidement, allumé par Maxim Sushinsky. L'équation es difficile pour les joueurs d'Europe centrale, pris en contre par le capitaine russe, qui rate de peu le cadre, et qui patinent souvent derrière la rondelle dans leur zone. La deuxième faute de Kuteïkin leur permet enfin de pointer leurs crosses aux abords du but de Eremenko, mais Melichar ne peut ajuster son lancer, d'autant que le portier sort efficacement aux devants de Petr Tenkrat. Il doit toutefois s'avouer vaincu sur la pression provoquée par Kutlak et Kumstat, qu'il repousse, mais Skuhravý profite de la situation (2-1, 16'25"). La République Tchèque ne peut toutefois profiter d'un autre avantage, et frise même la correctionnelle sur le tir croisé de Perezhogin, repoussé par le poteau droit.

D'un lancer tendu de la droite, Zdenek Kutlák tente de montrer aux siens la voie à suivre. Mais les Tchèques, suite à une action bien menée depuis l'arrière, se découvrent et laissent Fedorov seul devant Lukás Mensátor, qui s'illustre de la botte. Alexandre Eremenko n'est pas en reste devant Petr Kumstát, lui aussi étrangement seul dans le dos de Peretyagin. Échaudée, la Sbornaya semble sur le point de céder quand, sur ce qui devait être un dégagement, Perezhogin arrive à point nommé pour reprendre le débordement de Tereschenko (3-1, 23'14"). Bouffée d'oxygène pour la Khodynka Arena, qui redouble d'encouragements à mesure que ses protégés s'approchent du trophée.

Pris dans les griffes de l'ours, les visiteurs subissent de nouveau les événements, et les vagues se succèdent par Morozov - suite à un sauvetage opportun de Proshkin devant la contre-attaque de Jan Bulis - et Kuteykin. Ce ne sont pas les deux pénalités concédées à la mi-match par Josef Melichar et Vladimír Sicák qui vont refroidir l'ambiance. Toutefois, les joueurs de Slava Bykov tardent à porter le coup de grâce. Après que Vitaly Proshkin a sauvé une seconde fois les siens devant l'ex-Montréalais, Danis Zaripov voit sa reprise en force repoussée par le gant de Mensátor, puis Saprykin rate la rondelle sur une passe de Sushinsky devant la cage, en profitant pour pester contre la palette de sa crosse... Les deux derniers protagonistes sont ensuite incapables de tromper le gardien tchèque, encore capable dans une position inconfortable de retarder l'échéance.

Incapable de profiter des dernières situations d'avantage numérique, la Russie va tuer tout suspense dès le début de la dernière période, grâce à Maxim Sushinsky. Étendu sur la glace suite à une collision avec Angel Krstev, l'attaquant de Saint-Pétersbourg, un temps soigné sur le banc, revient sur la glace pour reprendre dans la cage vide un palet repoussé par Mensátor suite à un déboulé de Saprykin (4-1, 47'06"). Auparavant, une montée de Nikulin, relayée par Zaripov et reprise par Zinoviev, s'était terminée sur le poteau gauche... Le délire, synonyme de libération, est total dans les travées. Fedor Fedorov s'applique pour conclure la marque et sceller le sort des Blancs, sur une passe de Nepryaev qu'il expédie en force sous la barre (5-1, 51'33").

Sous les yeux des anciennes gloires, dont un Viacheslav Fetisov radieux, la prolifique Russie remporte facilement cette deuxième manche de l'Euro Hockey Tour, avec un bilan de 11 buts marqués pour seulement deux concédés.

Du côté de la République tchèque, le bilan du tournoi est nettement moins positif. Le duo entre le revenant Petr Ton et l'habituel leader Jan Marek n'a pas fonctionné offensivement. Qui plus est, les deux hommes ont donné trop de palets à leurs adversaires ce week-end. La quatrième ligne, avec le rapide Stepan Hrebejk et les grands Václav Skuhravý et Petr Kumstát, a été la meilleure. Un sondage effectué sur un site tchèque a désigné le physique Skuhravý comme meilleur joueur tchèque du tournoi. C'est surtout la défense tchèque qui a déçu avec 14 buts encaissés, à l'instar d'un Zdenek Kutlák (Ambrì) qui a commis beaucoup d'erreurs. Il y a tout de même un arrière "gagnant", Vladimír Sicák, qui a profité des piètres performances de ses camarades pour obtenir un temps de glace conséquent dans toutes les situations de jeu.

Compte-rendu signé Mathieu Hernaz

 

Commentaires d'après-match

Vyacheslav Bykov (entraîneur de la Russie) : "L'équipe a appliqué les consignes et présenté un beau spectacle aux supporters. En dépit du score, les deux premières périodes étaient stressantes. Nous avons essayé de jouer de façon très disciplinée, connaissant la force tchèque en contre-attaque. [...] La ligne de Kazan n'a recommencé que récemment à jouer ensemble après diverses blessures : il est possible qu'elle ne soit pas au meilleur de sa forme, mais le sens du but et le placement de tous les joueurs de cette ligne est unique. Il n'y en a pas beaucoup comme ça dans le monde, s'il y en a. Nous avions l'intention d'essayer Medvedev [NB : défenseur de Kazan] derrière le trio de Zinoviev, comme leur entraîneur de club nous avait convaincus de le faire. Mais il s'est blessé en fin de deuxième tiers et on n'a pas risqué de le faire rentrer au troisième. [...] C'est bien qu'Eremenko ait eu la charge de jouer les trois matches par un coup du sort. Nous nous sommes enfin assurés que nous avons un vrai gardien. [...] Nous attendions plus de Mozyakin. C'est un buteur reconnu, j'aimerais qu'il puisse l'être aussi en sélection. Je l'ai essayé dans diverses combinaisons, mais c'est à lui de se créer des occasions et de trouver des positions de tir."

Aleksei Morozov (capitaine de la Russie) : "L'équipe tchèque a un très bon gardien, il a bien joué en deuxième période. Quand nous avons marqué le troisième but en contre, le match a été plus facile. Les Tchèques avaient arrêté de croire la victoire possible. Dommage que les journaux écrivent seulement que nos adversaires sont faibles. Ils ont montré que c'était de bonnes équipes."

Daniil Markov (défenseur de la Russie) : "Pour revivre les traditions victorieuses qui existaient dans notre hockey à l'époque soviétique, notre équipe doit gagner chaque match, chaque tournoi. Bykov conduit un entraînement intéressant, et surtout, il ne nous torture pas en nous faisant vivre dans une base. Tout m'a plu, et j'arriverai en sélection à la première invitation. Je n'en ai jamais refusé une, et je ne comprends pas les joueurs qui refusent de protéger l'honneur de leur pays sur la scène internationale. La Sbornaïa, pour moi, est une chose sainte. Ce tournoi est un pas en avant dans ma carrière professionnelle."

Alois Hadamczik (entraîneur de la République tchèque) : "Il n'y a que de la dixième à la quarantième minute que nous avons pu rivaliser avec les Russes. Nous n'avons pas eu le temps de sortir du rythme du championnat tchèque et du match amical contre la Slovaquie."

 

Russie - République Tchèque 5-1 (2-1, 1-0, 2-0)

Dimanche 16 décembre 2007 à 14h00 à la Khodynka Arena de Moscou.

Arbitrage de Soren Persson (SUE) assisté de Viktor Birin et Aleksei Medvedev (RUS).

Pénalités : Russie 12' (4', 0', 8'), République Tchèque 18' (6', 6', 6').

Tirs : Russie 37 (12, 12, 13), République Tchèque 29 (12, 9, 8).

Évolution du score :

1-0 à 01'57" : Fedorov

2-0 à 08'26" : Morozov assisté de Zaripov et Proshkin (sup. num.)

2-1 à 16'25" : Skuhravý

3-1 à 23'14" : Perezhoghin assisté de Mozyakin et Tereschenko

4-1 à 47'06" : Suschinsky (sup. num.)

5-1 à 51'33" : Fedorov assisté de Nepryaev et Afanasenkov (sup. num.)

 

Russie

Gardien : Aleksandr Eremenko.

Défenseurs : Vitaly Proshkin (A) - Ilya Nikulin ; Igor Shchadilov - Andrei Kuteykin (4') ; Sergei Peretyagin - Daniil Markov ; Evgeni Medvedev (2') - Konstantin Korneev.

Attaquants : Danis Zaripov - Sergei Zinoviev - Aleksei Morozov (C) ; Oleg Saprykin - Anton Kuryanov - Maksim Sushinsky (A) ; Dmitri Afanasenkov (2') - Ivan Nepryaev - Fedor Fedorov (2') ; Sergei Mozyakin - Aleksei Tereshchenko (2') - Aleksandr Perezhogin.

Remplaçant : Dmitri Yachanov (G).

République Tchèque

Gardien : Lukás Mensátor.

Défenseurs : Josef Melichar (A, 6') - Vladimír Sicák (2') ; Zdenek Kutlák - Angel Krstev (A, 2') ; Petr Caslava - Michal Gulasi ; Filip Novák.

Attaquants : Zbynek Irgl - Jan Marek - Petr Ton ; Jan Bulis (C) - Roman Cervenka - Jakub Klepis (2') ; Petr Hubácek - Ivan Huml - Petr Tenkrát (4') ; Stepán Hrebejk - Václav Skuhravý (2') - Petr Kumstát.

Remplaçant : Milan Hnilicka (G).

 

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