Chamonix - Grenoble (1er décembre 2007)

 

Ligue Magnus - Quatorzième journée.

Battus sévèrement au Mont-Blanc (4-0) après leur élimination en Coupe Continentale, les Brûleurs de Loups ont su redresser la tête face à deux adversaires de faible calibre, Caen, dernier de la Ligue Magnus (9-2), puis Nice, formation de Division 2, pour le compte de la Coupe de France (7-0). L'absence d'Eddy Ferhi, blessé face à Aalborg, ne semble pas avoir prêté à conséquence et Frédéric Dorthe a assuré l'essentiel devant le filet depuis lors. Les champions de France se déplacent donc confiants, d'autant plus que les Chamois restent sur une très lourde défaite à Rouen (1-11) qui faisait suite à une difficile confrontation face à Briançon (1-4). Les hommes de Peter Hrehorcak vont donc affronter avec appréhension leur troisième ténor en trois matchs, pas de quoi inciter à l'optimisme, surtout avec le souvenir du match aller (10-0 pour Grenoble).

Pourtant les Chamois ne s'en laissent pas compter et mettent d'entrée la pression sur la cage de Dorthe. Les Grenoblois semblent avoir encore la tête dans les vestiaires et après une minute de pressing offensif, Yannick Riendeau convertit logiquement les efforts chamoniards en but (1-0, 00'59"). Une ouverture du score surprenante mais méritée qui prend à froid les Brûleurs de Loups, surpris par la vivacité du jeu chamoniard. Ils se montrent très fébriles dans leur zone défensive, incapables d'effectuer la moindre sortie de zone digne de ce nom, et la sanction ne tarde pas à venir sous la forme d'un deuxième but, signé Mathieu Séguy (2-0, 04'13"). Mats Lusth essaie d'arrêter l'hémorragie et recadre ses troupes lors d'un temps mort. Mais le message ne passe pas et Jean-François Bonnard écope de la première pénalité du match. Une faute bien malvenue qui permet aux Chamois de rester sur leur dynamique, Audibert crucifiant le malheureux Dorthe, abandonné par sa défense (3-0, 07'51").

En l'espace de huit minutes, Chamonix a déjà créé un avantage décisif au score et les Brûleurs de Loups se décident enfin à réagir. Mais c'était au tour d'Andy Foliot de se rappeler au souvenir de ses anciens coéquipiers en s'illustrant avec brio devant ses cages. Finalement, Ludek Broz parvient enfin à déjouer Foliot, ravivant ainsi les espoirs grenoblois pour la suite de la rencontre (3-1, 15'28"). Pavol Zavacky se retrouvant en prison dans la minute suivante, Grenoble avait une belle occasion de revenir à une longueur. Mais le power-play isérois manque de tranchant et Chamonix maintient son avance de deux buts à la pause.

Comme lors de la première période, Chamonix débute sur les chapeaux de roues. La leçon du premier tiers n'ayant visiblement pas été retenue du côté des hommes de Mats Lusth, Mathieu Séguy s'offre un boulevard dans la défense grenobloise pour contourner la cage de Dorthe et glisser le palet hors de portée de l'infortuné gardien isérois (4-1, 20'57"). Le remplaçant d'Eddy Ferhi n'est pas au bout de ses peines dans cette soirée cauchemardesque pour lui et ses coéquipiers. Il doit s'incliner à nouveau sur un puissant slap de Tobias Granath (5-1, 25'22"). Cette fois, Mats Lusth sent venir le naufrage et n'a plus d'autre alternative que de sortir Dorthe pour lancer dans le grain bain le jeune Lucas Normandon, auteur de ses débuts pros dans un contexte très difficile.

La réaction grenobloise est pourtant très confuse malgré l'opportunité de se relancer en power-play suite à une pénalité de Vincent Kara. Mais à peine le jeune Chamoniard de retour sur la glace, Richard Aimonetto se fait sanctionner à son tour. Une pénalité pas du goût du capitaine chamoniard qui le fait savoir ouvertement à l'arbitre Frédéric Bachelet. Ce dernier lui signifie un retour immédiat aux vestiaires en guise de réponse. Chamonix se retrouve de nouveau en infériorité numérique et cède finalement sur une nouvelle inspiration de Ludek Broz, le seul Grenoblois à surnager ce soir (5-2, 28'50"). De nouveau, Grenoble se met à espérer un retour impossible, mais une nouvelle fois les coéquipiers de Baptiste Amar perdent leurs illusions, la faute à de trop grandes approximations. Sur une infériorité numérique concédée par Nicolas Motreff, Tobias Granath récupère le palet au nez et à la barbe de la défense grenobloise et s'en va battre Normandon en échappée (6-2, 33'47"). Une pénalité de Fleury n'arrange pas les affaires grenobloises en fin de tiers, compromettant ainsi tout espoir de victoire au terme de deux tiers-temps euphoriques côté chamoniard.

Et si les Brûleurs de Loups espèrent redresser la barre au troisième tiers, ils vont tomber de haut. Point de réaction espérée côté grenoblois, juste une équipe de Chamonix euphorique qui joue sans complexe et savoure cette victoire probante qui se profile à l'horizon. Encore une fois le début du tiers est favorable aux locaux qui profitent de la nonchalance adverse pour inscrire un nouveau but, cette fois par l'intermédiaire d'Erwan Pain (7-2, 42'42"). Mais ce dernier se fait sanctionner quelques minutes plus tard et comme avec un sentiment de déjà vu, Broz réduit une nouvelle fois l'écart en supériorité numérique, tentant de maintenir désespérément son équipe à la surface de la glace (7-3, 47'07").

Grenoble joue le tout pour le tout dans un désordre étonnant pour un champion de France dont la défense est réputée pour être une des plus hermétiques de la Ligue Magnus. Vincent Kara profite à son tour de l'opération "portes-ouvertes" pour inscrire le huitième but (8-3, 51'23"). Cette fois les carottes sont cuites pour Grenoble qui profite tout de même de deux pénalités consécutives pour revenir symboliquement au score par Lindström, le tout après avoir sorti Normandon pour créer un surnombre plus important (8-4, 54'04"). La prise de risque paye mais finit par se retourner contre les visiteurs puisque Lusth continue à jouer avec une cage déserte. Cette fois, Torgersson ne laisse pas passer l'occasion et inscrit un neuvième but en cage vide (9-4, 55'48"). Normandon fait son retour dans les cages pour une fin de match anecdotique, ponctuée par une bagarre générale à quelques secondes du terme, illustrant la frustration des Grenoblois, ridiculisés sur la glace par une vaillante équipe chamoniarde qu'ils ont pris sans doute d'un peu trop haut.

Chamonix remporte un succès inespéré par son ampleur, quelques jours seulement après avoir pris une correction à Rouen. La preuve que cette équipe est capable cette saison du meilleur comme du pire, mais lorsque l'envie est là, elle peut renverser des montagnes à force d'enthousiasme et de générosité. Granath et Seguy, auteurs chacun d'un doublé, auront été les Chamois les plus en vue ce soir mais Foliot a également tenu son rang dans le premier tiers lorsque Grenoble tentait de revenir dans le match. Reste maintenant à Chamonix à gagner en régularité et à reproduire ce match référence plus tard dans la saison face à des concurrents directs pour le maintien. Voilà en tout cas une victoire qui va faire du bien au moral sur les bords de l'Arve.

Du côté de Grenoble, on sait désormais que la défaite à Mont-Blanc n'était pas un accident. Le champion de France a connu ce soir une sérieuse rechute, preuve que quelque chose s'est déréglé dans le vestiaire grenoblois depuis la désillusion de la Coupe Continentale. Les absences d'Eddy Ferhi et du "poumon" Mikael Pettersson n'expliquent pas tout. Dorthe a été abandonné par une défense transparente, laquelle vient d'encaisser treize buts lors de ses deux derniers déplacements en Ligue Magnus. Des statistiques indignes d'un champion de France qui prétend défendre son titre. Le début de saison, tant porteur d'espoirs au soir d'une victoire 10-0 face à cette même équipe de Chamonix, paraît bien loin. Une sérieuse remise en question s'impose du côté de Pôle Sud, car la méforme passagère pourrait très vite se transformer en crise ouverte en cas de nouvelle contre-performance de cet ordre. À Broz, auteur d'un triplé ce soir, de ramener ses coéquipiers sur le droit chemin...

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Chamonix - Grenoble 9-4 (3-1, 3-1, 3-2)

Samedi 1er décembre à 20h30 à la patinoire Richard Bozon de Chamonix. 1000 spectateurs

Arbitrage de Frédéric Bachelet assisté de Cyril Carlin et Gwilherm Margry

Pénalités : Chamonix 94' (2', 6'+10'+20', 6'+5'+20'+ 5'+20'), Grenoble 90' (2', 2', 6'+5'+25'+5'+20'+5'+20').

Évolution du score :

1-0 à 00'59" : Riendeau assisté de Kara et Kevorkian

2-0 à 04'13" : Seguy assisté de Zavacky et Granath

3-0 à 07'51" : Audibert assisté de Pain et Torgersson (sup. num.)

3-1 à 15'28" : Broz assisté de Valcak et Hecquefeuille

4-1 à 20'57" : Seguy assisté de Zavacky

5-1 à 25'22" : Granath assisté d'Audibert

5-2 à 28'50" : Broz assisté de Forsander et Hecquefeuille (sup. num.)

6-2 à 33'47" : Granath assisté de Böhme (inf. num.)

7-2 à 42'42" : Pain assisté d'Audibert

7-3 à 47'07" : Broz assisté d'Amar et Hecquefeuille (sup. num.)

8-3 à 51'23" : Kara assisté de Léoty

8-4 à 54'04" : Lindström assisté d'Amar et Forsander (sup. num.)

9-4 à 55'48" : Torgersson (cage vide)

 

Chamonix

Gardien : Andy Foliot.

Défenseurs : Rastislav Böhme - Peter Hrehorcak ; Damien Torfou - Tibor Schneider ; Anders Torgersson - Vincent Léoty.

Attaquants : Erwan Pain (A) - Richard Aimonetto (C) - Alexandre Audibert ; Tobias Granath - Pavol Zavacky - Mathieu Seguy ; Aram Kévorkian (A) - Yannick Riendeau - Vincent Kara ; Nicolas Primout - Kevin Maresca - Nicolas Motreff.

Remplaçant : Johan Scanff (G). Absents : Emil Tobiasson-Harris (adducteurs), Fabien Veydarier (cheville), Maxime Claret-Tournier (pour la saison).

Grenoble

Gardien : Frédéric Dorthe puis à 25'22" Lucas Normandon [sorti de 52'47" à 55'48"].

Défenseurs : Jean-François Bonnard - Antonin Manavian ; Baptiste Amar (C)- Teddy Trabichet ; Tyler Scott - Brad Woods ; Viktor Wallin.

Attaquants : Patrik Valcak - Ludek Broz (A) - Martin Masa ; Mickaël Perez - Damien Fleury - Kévin Hecquefeuille ; Sacha Treille - Johan Forsander (A) - Jimmy Lindström ; Christophe Tartari.

Remplaçants : Julien Baylacq, Joan Montesinos. Absents : Mikael Pettersson (épaule), Eddy Ferhi (cheville).

 

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