Caen - Dijon (1er décembre 2007)

 

Match comptant pour la quatorzième journée de la Ligue Magnus.

Ce sont deux stratégies de club qui s'affrontent ce soir. D'un côté Dijon, axé sur de gros renforts étrangers, semble s'envoler grâce à ses récents succès (3 victoires en 5 matchs). Le pari de Pascal Lemasson, président du HCC, est basé sur la formation locale. Il connaît moins de réussite puisque les Drakkars n'ont engrangé aucune victoire depuis le début de la saison. Il appelle d'ailleurs les joueurs à se remettre en cause.

Conjurer le mauvais sort

Comme à leur habitude, les Caennais réalisent une bonne entrée en matière. Ils se saisissent du palet et portent le danger à l'avant. La présence de Brice Chauvel, incertain à cause de ses adducteurs, est un plus pour l'équipe. Mais très vite, on ressent quelque chose de différent à travers ce groupe. Ce n'est pas tant le résultat : le tableau de score reste vierge. Ce n'est pas non plus une explosion du niveau de l'équipe : les supériorités numériques sont toujours laborieuses. C'est l'engagement combiné au sang-froid. Tous les joueurs y croient et se donnent sur la glace.

Dans ces conditions, les Drakkars submergent leurs adversaires qui concèdent 36 tirs lors des deux premiers tiers et presque autant d'occasions échouant d'une passe d'un centimètre trop courte. Toutefois, Radovan Hurajt s'avère magistral en stoppant tous les lancers caennais bien que la pression lui revienne quasiment aussi vite. Les Drakkars ne rechignent pas à l'engagement physique tout en faisant preuve d'une discipline qu'on ne leur connaissait pas. Ainsi, ils évitent de payer au prix fort la performance du portier dijonnais. Les rares occasions des Bourguignons font pourtant chauffer les poteaux, et ils manquent de peu d'ouvrir le score sur plusieurs des dix maigres tirs qu'ils prennent dans les quarante premières minutes.

Logiquement, l'acharnement du sort sur les buteurs du HCC crée le doute dans les esprits. On lit la frustration dans les expressions et le jeu des Bas-Normands. Jonathan Janil en est l'exemple. En supériorité, il écrase un shoot qui atterrit dans une crosse adverse. Il ne tire l'équipe de ce mauvais pas qu'en héritant d'un cinglage sur un contre qui permet à Tucek de s'illustrer. Côté visiteurs, Hurajt est toujours impassable. Parfois, lui-même paraît surpris d'avoir sauvé ses filets. Alors, pour tromper ce providentiel portier bourguignon, les locaux s'essaient à quelques tirs fantaisistes qui terminent leur course dans les gradins : on sent que la confiance s'émousse. Heureusement le public est là et donne de la voix. Mais Dijon profite de ce flottement pour redynamiser son jeu sans pour autant réussir reprendre le contrôle du match : les Dijonnais montrent des signes de fatigue et restent plus longtemps au sol.

Le retour au vestiaire et le coaching associé sont un point crucial pour les deux équipes. Le score encore vierge peut basculer d'un côté comme de l'autre. Côté caennais les efforts infructueux laissent des traces et Dijon reprend ses marques dès le début du troisième tiers. C'est au prix de gros sacrifices individuels qu'ils repartent à l'attaque mais sans construire aussi bien que précédemment. M. Bocquet transforme cet effort en supériorité en sifflant deux minutes pour charge avec la crosse à Aymeric Gillet. C'était l'action de trop pour Hurajt qui laisse passer entre ses jambières le tir précis de Michal Cesnek (1-0 à 45'48").

L'ouverture du score fait exploser de joie la patinoire. Mais le CPHD n'a pas dit son dernier mot et compte utiliser à bon escient le quart d'heure qui lui reste. Les Bourguignons passent à l'attaque et accélèrent. La défense a du mal suivre ce rythme et Tucek est mis à contribution à tout instant, y compris dès le passage de la bleue par Dijon.

Arnaud Hascoët, d'une vive accélération, réussit à écarter le danger avant que Jonathan Avenel fasse un tour en prison pour obstruction. Cinq minutes plus tard, c'est son jeune frère Graham Avenel qui s'élance seul devant. Il maîtrise le palet à bout de crosse et trouve le fond des filets (2-0 à 55'54"). Il confirme ainsi son instinct de finisseur en marquant son premier but en Magnus.

Intelligemment, Daniel Maric déstructure le jeu pour jouer sur la vivacité de ses éléments. Mais malgré la sortie du gardien et l'entrée d'un joueur de champ supplémentaire, il ne parvient pas à trouver la faille de Tucek en grande forme.

En conclusion, c'est une équipe de Caen métamorphosée qui remporte sa première victoire. La remise en cause prônée par les dirigeants semble avoir porté ses fruits. Toute l'équipe a suivi cet effort aussi bien individuel que collectif, y compris Rodolphe Garnier qui semble avoir trouvé l'équilibre des lignes et les mots pour susciter la motivation. Les Ducs ont essentiellement subi le match et auraient fait beaucoup de dégâts s'ils s'étaient repris. Ils peuvent tout de même remercier leur gardien sans qui l'écart au score aurait été considérable. Peut être leur calendrier chargé pèse-t-il sur les physiques ? En tout cas, on espère que cette victoire va créer le déclic pour exploser le compteur du HCC et pourquoi pas sauver l'équipe des barrages.

Compte-rendu signé Benoît Gy

 

Commentaires d'après-match (dans Ouest France et dans le Bien Public)

Rodolphe Garnier (entraîneur de Caen) : "C'est super pour tous les joueurs qui ont vraiment bien bossé ce soir. On a connu d'autres matches comme ça, mais ça ne voulait jamais tourner dans notre sens. Ne pas avoir pris de but, c'est une belle récompense pour Tucek, mais aussi pour Arnaud Goetz. Il y a un état d'esprit remarquable entre nos deux gardiens. On a su être patient. Il y a eu quelques instants, jusqu'à ce que Graham Avenel nous libère. Je ne sais pas ce que vont en penser ceux qui me reprochent de ne pas faire jouer les jeunes."

Daniel Maric (entraîneur de Dijon) : "Il faut déjà être fair-play et rendre hommage à Caen qui a très bien joué et mérite amplement sa victoire. S'ils avaient évolué de cette manière depuis le début du championnat, nul doute qu'ils ne seraient pas quatorzièmes. Nous avons été catastrophiques. Offensivement, il n'y a rien eu ou quasiment. Quelquefois, on peut-être chanceux et s'en sortir, mais, en l'espèce, même si on a essayé de faire des choses, on n'avait pas la pèche nécessaire. Les joueurs étaient gazés ! Nous avons sauvé les meubles en fin de deuxième tiers avant de craquer logiquement. Ils ont raté un paquet de buts auparavant."

Yannick Offret (attaquant de Dijon) : "L'envie était là. On savait que c'était un match piège, on ne l'a pas pris à la légère mais personne n'avait de jambes. Nous étions dépassés par la vitesse caennaise. D'ordinaire, il y a toujours un ou deux joueurs qui tirent la charrette mais là, tout le monde était amorphe. Les passes n'arrivaient pas."

 

Caen - Dijon 2-0 (0-0, 0-0, 2-0)

Samedi 1er décembre 2007 à 20h00 à la patinoire de Caen la mer. 950 spectateurs

Arbitrage de Didier Bocquet assisté de Yann Furet et Matthieu Loos.

Pénalités : Caen 10' (6', 2', 2'), Dijon 20' (12', 6', 2').

Tirs : Caen 47 (18, 18, 11), Dijon 20 (4, 6, 10).

Évolution du score :

1-0 à 45'48" : Cesnek assisté de Decock et Nemcicky

2-0 à 55'54" : G. Avenel assisté de Brodin

 

Caen

Gardien : Petr Tucek.

Défenseurs : Stefan Rusnak - Michal Cesnek ; Frédérick Brodin (A) - Olivier Vandecandelaere ; Luc Chauvel (C) - Jonathan Janil.

Attaquants : Josef Liska - Tomas Nemcicky - Thomas Decock ; Graham Avenel - Jaroslav Prosvic - Jonathan Avenel ; Arnaud Hascoët - Thibault Geffroy (A) - Brice Chauvel.

Remplaçants : Arnaud Goëtz (G), Charles Geslain. Absent : Alexis Gomane (clavicule).

Dijon

Gardien : Radovan Hurajt.

Défenseurs : Yvan Fontana - Andrej Mrena (C) ; Aymeric Gillet (A) - Peter Lalka ; Peter Strapaty - Juraj Sadlon.

Attaquants : Michal Dian - Alexandre Lefebvre - Miroslav Kristin ; Yannick Offret - David Dauphin - Stephen Dugas (A) ; Miroslav Fiser - Pavol Milec - Kevin Dugas.

Remplaçant : Julien Roullier (G). Absent : Anthony Guttig (sciatique).

 

Retour à la Ligue Magnus