Grenoble - Caen (24 novembre 2007)

 

Ligue Magnus - Treizième journée.

Retour des Brûleurs de Loups sur leur glace de Pôle Sud, une semaine après l'épopée européenne qui les a vus passer si près de la qualification pour la finale de la Coupe Continentale. Un échec bien mal vécu par l'ensemble du club tant la qualification semblait accessible. Les joueurs grenoblois n'ont pas eu le temps de récupérer tant physiquement que psychologiquement au vu de leur défaite mardi à Mont-Blanc 4-0. Une défaite, la quatrième sur les cinq derniers matchs disputés, qui place le groupe grenoblois au pied du mur ce soir : la victoire, et avec la manière, est impérative face au dernier de la Ligue Magnus, Caen qui n'a pas encore remporté la moindre rencontre à ce jour en championnat.

Ferhi toujours blessé, c'est à Frédéric Dorthe que revient l'honneur de garder la cage grenobloise pour la deuxième fois d'affilée. Face à lui, Arnaud Goëtz, bien connu à Grenoble où il a longtemps été gardien remplaçant. Un problème d'équipement des gardiens côté visiteurs retarde d'ailleurs le coup d'envoi de plusieurs minutes. Les Grenoblois tentent logiquement d'imposer leur rythme dès les premiers instants du jeu alors que Caen se tient sur sa réserve. Une pénalité simultanée pour Scott et Vandecandelaere amène les deux équipes à évoluer à quatre contre quatre. Grenoble en profite, Bonnard met le palet sur la cage de Goëtz qui croit avoir bloqué la rondelle mais la laisse libre à côté. Pettersson n'a plus qu'à la pousser au fond (1-0, 02'59"). Début de rencontre parfait pour la confiance des locaux, moins pour celle de Goëtz, pas à son avantage sur ce premier but. Les Brûleurs de Loups tuent sans difficulté une première prison de Lindström avant de se retrouver à leur tour en supériorité suite à une pénalité de Liska. La sanction est quasi immédiate puisqu'après vingt-quatre secondes de jeu, Johan Forsander bien placé derrière les buts adresse un centre parfait à Jimmy Lindström qui met le palet dans la lucarne (2-0, 08'02"). Grenoble déroule sans forcer son talent ni son jeu face à une équipe de Caen qui semble déjà résignée. Lusth met ses quatre lignes d'attaque sur la glace pour la première fois de la saison, tandis que les Drakkars souffrent toujours de l'absence de Brice Chauvel devant. Sur leur deuxième infériorité numérique du tiers, les Caennais se font de nouveau sanctionner : tir de Pettersson, rebond laissé par Goëtz et Martin Masa reprend victorieusement le palet (3-0, 15'56"). Un but qui fera du bien au buteur tchèque, si malheureux durant la Coupe Continentale.

Avec trois buts d'avance dès le premier tiers-temps, les Brûleurs de Loups ont fait ce qu'il fallait pour éviter de voir le doute s'installer. D'autant plus que les affaires caennaises ne s'arrangent pas au début de la deuxième période. Toujours aussi fébriles, les Drakkars se font sanctionner à deux reprises, d'abord par Rusnak puis par Hascoët. Deux pénalités qui vont provoquer la perte des hommes de Rodolphe Garnier. Tout d'abord, sur une feinte de tir de Jimmy Lindström, Goëtz se couche trop tôt et laisse une cage grande ouverte à Baptiste Amar qui expédie le palet dans les buts vides (4-0, 25'11"). Puis c'est autour de Valcak de faire le travail sur un service de Broz en passant devant la cage puis en glissant le palet dans les buts gardés par l'infortuné Goëtz, pas à la fête ce soir (5-0, 27'00"). Cette fois c'est la fin du calvaire pour l'ex-portier grenoblois qui laisse sa place à Petr Tucek. En quatre occasions de supériorité numérique, Grenoble présente la fiche parfaite de quatre buts ! De quoi faire remonter les stats du power-play, largement entamées au cours des dernières rencontres.

Le changement de gardien, combiné à deux pénalités pour Treille et Tartari, permettent aux Drakkars de sortir enfin la tête de l'eau. S'ensuit une bonne période normande autour de la cage de Frédéric Dorthe, conclue par un but du méritant Arnaud Hascoët, présent au rebond suite à un tir de Liska et laissé libre par la défense grenobloise (5-1, 32'16"). Ce but des visiteurs va piquer au vif l'orgueil des champions de France qui vont réagir malgré une succession de pénalités infligées à Sacha Treille (trois consécutives !). Damien Fleury se rappelle tout d'abord au bon souvenir de ses anciens coéquipiers en inscrivant un but plein axe avec la complicité de ses coéquipiers de ligne Pettersson et Hecquefeuille, auteurs d'un bon travail préparatoire (6-1, 37'48"). Puis c'est au tour de Johan Forsander de réaliser un petit exploit personnel sur une échappée en infériorité numérique : il déborde deux défenseurs et remporte son duel avec Tucek en levant le palet dans la lucarne opposée (7-1, 38'28").

Avec un tel score acquis en quarante minutes, le troisième tiers-temps ne présente guère plus d'intérêt. D'ailleurs les Brûleurs de Loups, après avoir laissé filer une supériorité numérique sans beaucoup de conviction, subissent pendant les minutes suivantes, laissant la glace à des Caennais requinqués et montrant enfin un peu d'envie et de combativité. Visiblement les Drakkars sont décidés à éviter une trop lourde correction et finissent par être récompensés de leurs efforts par un tir sous la barre de Tomas Nemcicky suite à un centre de Thomas Decock (7-2, 45'05"). Une nouvelle fois, ce but encaissé fait réagir les locaux, qui se montrent plus incisifs, à l'image de Treille et Valcak, très présents dans les bandes.

Caen parvient à tenir le score grâce en partie à un Tucek plus inspiré que Goëtz dans les cages. Pourtant c'est à nouveau en supériorité numérique que les Caennais vont se faire surprendre : sur un palet renvoyé par Dorthe, Manavian renvoie sur Tartari qui transmet rapidement à Treille malgré un cinglage reçu quelques instants auparavant. Treille s'échappe en break avec le palet et ne laisse aucune chance à Tucek (8-2, 51'02"). Lusth en profite alors pour lancer dans le grand bain le jeune défenseur international des moins de 18 ans, Jason Crossman, qui constitue l'attraction de cette fin de rencontre. Une grande première pour lui ! La fin de rencontre se déroule tranquillement, les Grenoblois ne cherchant pas particulièrement à assommer leurs adversaires. Ils mettront tout de même un point d'honneur à remporter le tiers grâce à Martin Masa qui place le palet sous la barre à la conclusion d'une action 100% tchèque (9-2, 58'06"). Dans les dernières secondes, Jimmy Lindström aurait pu ajouter un dixième but mais le buzzer met un terme à la rencontre.

Victoire grenobloise sans grosse difficulté face à une équipe de Caen bien faible qui poursuit son chemin de croix cette saison. Les Drakkars ont vite montré leurs limites techniques et collectives et à l'exception des cinq premières minutes de la troisième période, n'ont jamais vraiment manifesté beaucoup d'envie. L'absence de Brice Chauvel prive l'attaque d'une bonne parte de sa force de frappe tandis que la défense s'est montrée très naïve, notamment dans les situations d'infériorité numérique. Si l'on rajoute à cela deux buts encaissés en supériorité numérique et un Goëtz qui a raté son retour à Grenoble, on ne pourra pas tirer beaucoup d'enseignements positifs du déplacement des Normands en Isère. Seule satisfaction de la soirée : la fougue d'Arnaud Hascoët, véritable poison pour la défense grenobloise ce soir.

Du côté grenoblois, cette victoire dans un fauteuil permet de redonner confiance à un groupe qui en avait énormément besoin. Malgré beaucoup d'approximations, les Brûleurs de Loups n'ont pas eu à forcer leur talent pour venir à bout de leurs adversaires, inscrivant neuf buts par l'intermédiaire de huit buteurs différents. Chacun a donc pu se remettre de l'épisode Continental Cup et du blanchissage face à Mont-Blanc et retrouver la confiance devant les buts. À commencer par Martin Masa, le buteur maison, auteur d'un doublé. Les Tchèques ont d'ailleurs retrouvé la réussite puisque Valcak et Broz se sont aussi illustrés tandis que Jimmy Lindström, très décrié pour ses performances largement en deçà des attentes, a pu lui aussi retrouver le chemin des filets. Les nouvelles lignes offensives, plus équilibrées, semblent bien fonctionner. Dorthe, enfin, a passé une soirée rassurante devant les cages grenobloises, se remettant ainsi de son douloureux départ mardi à Mont-Blanc. Pour éviter tout nouvelle rechute, les Brûleurs devront continuer sur leur lancée dès mardi à Nice pour le compte des huitièmes de finale de la coupe de France.

Désignés meilleurs joueurs du match : Mikael Pettersson (Grenoble) et Arnaud Hascoët (Caen).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (dans Ouest France)

Pascal Lemasson (président de Caen) : "On pensait pouvoir jouer le haut du bas du tableau, mais aujourd'hui on voit mal contre qui on va pouvoir prendre des points. Maintenant, il faut arrêter de psychoter, que les joueurs se bougent le c... et montrent du courage. Leur niveau technique est ce qu'il est, mais au moins qu'ils se sacrifient pour le club. Ce sont les joueurs qui sont sur la glace, mais il ne faut pas non plus fuir ses responsabilités. On s'est trompé, moi le premier, parce que je suis le président et que c'est moi qui suis le garant des choix effectués. On se rend compte que pour avoir un vrai renfort étranger, il faut mettre beaucoup de sous. Peut-être aurions-nous dû baisser la quantité au profit de la qualité, voire davantage miser sur des jeunes Français... Ce sont des pistes de réflexion. [...] Un électrochoc en sport, ça ne marche qu'une fois sur dix, et de façon ponctuelle. C'est le niveau des joueurs qui compte d'abord. Et puis il ne faut pas se cacher, on n'a pas non plus les moyens de remplacer Rodolphe [Garnier]. On a réfléchi à un moment à une solution au sein de l'équipe, mais on n'a pas trouvé."

Frédéric Brodin (attaquant de Caen) : "Je n'ai pas le sentiment que ce soit un problème physique. C'est davantage dans la tête. Il faut que nous arrivions à gérer tous ensemble les situations où l'on est moins bien, comme la saison dernière. La situation est pesante, surtout pour les jeunes. À titre personnel, j'ai déjà connu ça, avec Viry-Châtillon et surtout avec les Français Volants, en D1 il y a dix ans environ. On n'avait pas gagné un match de la saison : dans ces cas-là, tu prends conscience qu'il faut d'abord penser à toi, à ton investissement personnel sans trop compter sur les autres, et que c'est comme ça que tu aideras le mieux l'équipe. Il faut accepter le fait que l'on ne soit pas bon, et jouer en conséquence, c'est-à-dire de façon plus défensive, en n'hésitant pas à faire des dégagements interdits ou à balancer des palets. Si on gagne en confiance défensive, on pourra jouer plus libéré devant."

 

Grenoble - Caen 9-2 (3-0, 4-1, 2-1)

Samedi 24 novembre à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs.

Arbitrage de Damien Velay assisté de Anne-Sophie Boniface et Guillaume Gielly.

Pénalités : Grenoble 14' (4', 8', 2'), Caen 16' (6', 6', 4').

Tirs cadrés : Grenoble 43 (17, 14, 12), Caen 25 (4, 11, 10).

Évolution du score :

1-0 à 02'59" : Pettersson assisté de Bonnard

2-0 à 08'02" : Lindström assisté de Forsander et Hecquefeuille (sup. num.)

3-0 à 15'56" : Masa assisté de Pettersson et Broz (sup. num.)

4-0 à 25'11" : Amar assisté de Lindström et Valcak (double sup. num.)

5-0 à 27'00" : Valcak assisté de Broz et Masa (sup. num.)

5-1 à 32'16" : Hascoët assisté de Liska et Nemcicky (sup. num.)

6-1 à 37'48" : Fleury assisté de Pettersson et Hecquefeuille

7-1 à 38'28" : Forsander (inf. num.)

7-2 à 45'05" : Nemcicky assisté de Decock

8-2 à 51'02" : Treille assisté de Tartari et Manavian (inf. num.)

9-2 à 58'06" : Masa assisté de Broz et Valcak

 

Grenoble

Gardien : Frédéric Dorthe.

Défenseurs : Jean-François Bonnard - Antonin Manavian ; Baptiste Amar (C) - Teddy Trabichet ; Tyler Scott - Brad Woods ; Jason Crossman (au 3e tiers).

Attaquants : Patrik Valcak - Ludek Broz (A) - Martin Masa ; Mikael Pettersson - Damien Fleury - Kévin Hecquefeuille ; Sacha Treille - Johan Forsander (A) - Jimmy Lindström ; Mickaël Perez - Christophe Tartari - Joan Montesinos.

Remplaçant : Lucas Normandon (G). Absents : Eddy Ferhi (cheville), Viktor Wallin (épaule).

Caen

Gardien : Arnaud Goetz puis Petr Tucek à 27'00".

Défenseurs : Michal Cesnek - Stefan Rusnak ; Frédéric Brodin (A) - Olivier Vandecandelaere ; Luc Chauvel (C) - Jonathan Janil.

Attaquants : Jozef Liska - Tomas Nemcicky - Thomas Decock ; Jonathan Avenel - Jaroslav Prosvic - Graham Avenel ; Arnaud Hascoët - Thibault Geffroy (A) - Charles Geslin.

Absents : Alexis Gomane (clavicule), Brice Chauvel (adducteurs).

 

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