Épinal - Strasbourg (20 novembre 2007)

 

Match comptant pour la douzième journée de la Ligue Magnus.

L'Étoile ne les a pas rendus plus brillants

Trois semaines après le "traumatisme" dijonnais, accroc encore sensible dans certains esprits spinaliens, Poissompré retrouve son autre derby face à Strasbourg. Un grand classique des années division 1...

Si leurs hôtes vosgiens, très irréguliers, semblent en chute libre, les Alsaciens n'ont jusqu'alors pas mis plus de beurre dans leurs épinards (6 points totalisés pour eux aussi). La troupe de Daniel Bourdages reste dans l'ombre et a souffert, ces derniers temps, d'un déficit certain d'efficacité. Une carence qui n'était pourtant pas si flagrante que cela la semaine passée, devant des Spinaliens inconsistants et apparemment pas si motivés que cela par le défi de la Coupe de France (4-7). Ainsi, cet esprit-commando leur ayant déjà valu de s'imposer à Chamonix et à Morzine (alors que le meilleur buteur d'alors Grant Selinger et le défenseur Shaun Arvai venaient de déserter), ne demande qu'à agir dans la Cité des Images...

Avec la dernière désillusion en date pour Épinal, du côté d'Amiens (3-6), ce derby revêt une importance cruciale. Sous peine de s'engluer durablement en fond de grille, un sursaut concret est attendu. Pourtant, il n'en sera rien en ce premiers instants devant une formation strasbourgeoise incisive et entreprenante. L'Étoile Noire, par une abnégation soutenue, contrariera toute la soirée des Spinaliens dans leurs petits souliers, incroyablement désordonnés et gênés en amont par cet effort en forechecking.

L'engagement des Bas-Rhinois, très accrocheurs, coupe ponctuellement leur élan sans toutefois favoriser l'épanouissement d'un jeu de puissance local convalescent. Le box-play alsacien n'a pas grand mal à lire le schéma poussiéreux de la bande à Gervais en y ajoutant, si nécessaire, un soupçon de défi physique...

Mais Strasbourg partage cette coordination relativement brouillonne. Quelques malentendus en sortie de zone sont ainsi relevés, sans que les Vosgiens soient suffisamment inspirés d'en profiter. Une chance pour les hommes de Daniel Bourdages, sanctionnés pour leur rudesse mais sauvés par les toussotements du powerplay bleu. Et ce, malgré l'émergence de l'ex-capitaine Guillaume Chassard, meilleur buteur français du championnat et homme en forme du moment.

Deux "chums" canadiens qui se portent bien, c'est mieux que rien !

Ces derniers temps Luc Mazerolle, fraîchement rentré de blessure, fut l'incarnation même de l'improductivité. Un mauvais rebond de Juraj Nemcak, concédé sur un slap du vétéran Peter Listiak, va pourtant permettre au Québécois de marquer (enfin) son premier but de la saison. Au raccroc certes, mais manière ou pas, Épinal est devant (1-0 à 12'25").

La réaction adverse ne se fait pas attendre. Le transfuge Jonathan Gautier, perdu l'an passé en ligue serbe à sa sortie de la fac montréalaise de Concordia, rate une première montagne sur un rebond lâché plein axe par Franck Constantin (15e). Ce dernier, logiquement préféré ce soir à un Stanislav Petrik disgracié par ses mauvaises performances du moment, sait qu'il a une bonne carte à jouer.

Cette décision devant le filet appartient à autre revenant, Shawn Allard. Déjà en tenue la semaine passée lors de la débâcle à l'Iceberg, l'entraîneur-joueur s'arrache dans l'enclave suite à un bon travail préparatoire de Simo Romo pour glisser le disque entre les bottes de Nemcak (2-0 à 14'25").

La pauvreté technique du match ne favorise pas spécialement les occasions franches. Ce n'est pourtant pas faute d'espaces, mais plutôt de maladresses récurrentes. Ce constat est également valable en supériorité numérique puisque le rendu strasbourgeois en la matière reflète sa partition collective, dépourvue de fluidité. Pourtant, ce jeu statique permet à Peter Himler, positionné en relais au premier poteau, de démarquer à l'opposé un Juho Lehtisalo reprenant victorieusement son centre tendu (2-1 à 19'17").

Une intensité à double tranchant

Là où Épinal cherche à s'appuyer sur ses leaders naturels, Strasbourg, en revanche, joue sur son style très engagé : pressings hauts dans la zone destinés à brider la construction spinalienne. Cela fonctionne encore en entame de deuxième période, sans toutefois empêcher les Plch et autres Petrak de voir croître leur influence.

Au fil des minutes, l'Étoile Noire durcit sensiblement le ton. Le rugueux (et surtout très inconstant) Fredrik Vara ne fait pas dans la dentelle devant le Slovaque (23'25"), alors que Pavol Resetka, lui, n'a d'autres choix que de refroidir un Luc Mazerolle lancé plein champ par Michal Petrak (24'22"). La double punition est toutefois tuée, comme les autres, avec un Nemcak se rachetant de tous ses rebonds.

Cantonnés dans leurs bases par le pressing alsacien, les Spinaliens jouent à l'emporte-pièce et frisent la correctionnelle sur un breakaway de Derick Martin. L'Ontarien étant un défenseur de métier (quoique assez offensif ce soir), il ne parvient pas à percer le cinquième trou, entre les bottes de Constantin (27'59").

Dans ce contexte, les unités spéciales des deux camps sont fréquemment sollicitées. Seul problème, les jeux de puissances des deux bords ne savent pas trop sur quel pied danser. Certes, il ne faut guère en demander à un second bloc spinalien inédit (avec Allard, Mazerolle, Romo, Lefebvre et Listiak en pointe), proie facile pour une boîte toujours aussi agressive. C'est en revanche plus ardu lorsque les "gros bras" sont là. Ainsi Jan Plch, après une récupération, temporise en entrée de zone pour ouvrir la voie du filet à un Stéphane Gervais lancé côté droit et effaçant sans coup férir Juraj Nemcak (3-1 à 31'09").

Strasbourg, malgré son déchet chronique, ne baisse pas les bras et redouble d'efforts, accentuant son travail de sape pour agir en contres. Une couverture suspecte autorise ainsi la fuite du duo Sevcik-Lehtisalo, couronnée de succès puisque le métronome slovaque attend l'instant opportun pour servir l'insaisissable finlandais, qui fixe la lucarne (3-2 à 33'50"). Cela ne cachera pas la misère d'un Étoile Noire au fond de jeu incertain mais aux ressources suffisantes, ce soir, pour tenir tête à une ICE toute aussi poussive.

Rencontre de bas de tableau par excellence, ce derby est donc loin d'atteindre des sommets. Même Jan Plch, en mal de confiance depuis quelques semaines, s'y met en pêchant par excès d'altruisme sur une montée conjointe avec Michal Petrak (43'26")...

Strasbourg, dans cette ultime période, précise sa domination territoriale en occupant durablement la zone d'attaque. Incapables de se dégager, les locaux subissent mais l'engagement (parfois excessif) des visiteurs leur offre parfois quelques sursis, pas vraiment rentabilisés par un jeu de puissance plus stéréotypé que jamais. Sans miser sur sa force collective, aux abonnés absents ce soir, c'est sur ses individualités que l'ICE se tourne une fois encore. Une longue ouverture de Romo ne permet pas à Mazerolle de déjouer Nemcak (46'00"). Le portier slovaque, mis sous pression, finit pas être trahi sur un dégagement raté de Jeremy Downs dans le slot, laissant un puck manié par Michal Petrak filer au second poteau. Là où guette habituellement Ilpo Salmivirta, dans sa position préférentielle (4-2 à 47'00")...

Le danger est encore loin d'être écarté puisque Strasbourg repart de plus belle, finissant même par construire une bonne séquence dans un périmètre restreint, au coin de la cage. La combinaison entre Gautier et Flinck, repoussée dans le slot par Constantin, est finalement reprise par un Milan Dirnbach opportuniste et libre de tout marquage (4-3 à 49'53").

Le spectre dijonnais se profile doucement à l'horizon, encouragé par une occupation désormais soutenue de la zone offensive par des Strasbourgeois travailleurs et opiniâtres. Mais voilà, les coéquipiers de l'énergique Maxime Catelin ne connaîtront jamais pareil dénouement, compliquant d'eux-mêmes leur mission sur fond d'indiscipline récurrente. En bout de course sur une énième échappée, Jan Plch s'effondre, cherchant un tir de pénalité qu'il n'obtiendra pas plus sur l'action suivante, sèchement avortée par Jeremy Downs (55'19"). Le sacrifice de l'Américain n'est toutefois pas vain puisque le Slovaque avait fait le plus dur. Ces répits permettent ainsi aux Dauphins de freiner l'emprise adverse. Cette dernière restera présente jusqu'au bout, tant par la vivacité d'un Juho Lehtisalo que la rudesse d'un Derick Martin omniprésent et "dessoudant" un Guillaume Chassard prêt à pointer dans un cage désertée (59'42')...

Sans maîtrise, la volonté n'est rien

Épinal, par cette victoire étriquée, a stoppé l'hémorragie. Le duo Plch-Petrak a parfois tiré son épingle du jeu malgré un soutien collectif très aléatoire, voire au ras des pâquerettes. Un signe de l'efficacité d'un échec-avant strasbourgeois pour le moins contrariant. L'équilibre fragile de l'engagement physique aura néanmoins desservi les plans de Daniel Bourdages, poussant ses hommes à courber l'échine en infériorité numérique en montrant, au passage, une certaine solidarité. L'impact de ces placements audacieux, en zone neutre et au-delà en pressant le porteur du palet, aura favorisé le gain des duels et des récupérations, finalement gaspillées par manque de rigueur collective. La clé de ce derby peut résulter d'une réussite supérieure des locaux malgré un déchet assez inquiétant.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Dijon 3-4 (2-0, 0-0, 1-4)

Mardi 20 novembre 2007 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 550 spectateurs.

Arbitrage de Damien Velay assisté de Benjamin Gremion et Jérémy Rauline.

Pénalités : Épinal 12' (4', 4', 4'), Strasbourg 32' (8', 4', 10'+10').

Tirs : Épinal 29 (10, 8, 11), Strasbourg 29 (10, 13, 6).

Évolution du score :

1-0 à 12'25" : Mazerolle assisté d'Allard et Listiak (sup. num.)

2-0 à 14'26" : Allard assisté de Romo et Salmivirta

2-1 à 19'17" : Lehtisalo assisté de Himler et Sevcik (double sup. num.)

3-1 à 31'09" : Gervais assisté de Plch et Petrak

3-2 à 33'50" : Lehtisalo assisté de Sevcik et Himler

4-2 à 47'00" : Salmivirta assisté de Petrak et Plch (sup. num.)

4-3 à 49'53" : Dirnbach assisté de Gautier et Flinck

 

Épinal

Gardien : Franck Constantin.

Défenseurs : Peter Slovák - Stéphane Gervais; Marc-André Crête - Peter Listiak ; Lionel Simon [en alternance avec Borislav Ilic] - Radoslav Regenda.

Attaquants : Guillaume Chassard (A) - Michal Petrák - Ján Plch (C) ; Ilpo Salmivirta - Simo Romo - Shawn Allard ; Marc Lefebvre - Luc Mazerolle - Guillaume Papelier ; Daniel Scott - Tarik Chipaux - Sébastien Geoffroy.

Remplaçants : Stanislav Petrik (G), Anthony Pernot. Absent : Ján Simko (hanche).

Strasbourg

Gardien : Juraj Nemcák [sorti de sa cage à 59'11"].

Défenseurs : Pavol Resetka - Fredrik Vara ; Milan Dirnbach - Derrick Martin (A) ; Jeremy Downs - Hugues Cruchandeau.

Attaquants : Stefan Rusnák - Jonathan Gautier - Philippe Lacasse ; Daniel Sevcík - Juho Lehtisalo - Peter Himler (A) ; Tommi Flinck (C) - Maxime Catelin - Pierre-Antoine Devin ; Yannick Maillot.

Remplaçant : Gilles Beck (G).

 

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