Épinal - Dijon (3 novembre 2007)

 

Match comptant pour la dixième journée de la Ligue Magnus.

Le travail c'est la santé !

Parmi toutes les nombreuses rivalités de l'Est, celle avec les Ducs de Dijon est actuellement la plus incertaine. La plus ancestrale aussi avec des matchs disputés et parfois même heurtés. Quelques jours après s'être fait la main face à Mulhouse (parenthèse empreinte d'une certaine nostalgie pour beaucoup), Shawn Allard et sa troupe retrouvent les plaidoiries du championnat et des Dijonnais en mal de confiance.

Les Bourguignons espèrent avoir tiré un trait sur un destin capricieux ne leur ayant rien épargné ces derniers mois. Ceux-ci ont toujours eu le mérite de rebondir. Entre péripéties et rebondissements extra-sportifs qui leur auront empoisonné la vie, les Ducs viennent tout juste de reprendre leurs quartiers. Et en attendant de jouer ses matchs en retard, Dijon doit absolument vaincre dans la Cité des Images. Pour se relancer...

Mais pour cela, il faudra marquer et les Ducs ne savent plus trop à quel saint se vouer. Le retour de blessure du technicien Michal Dian va pourtant dans le bon sens mais l'absence prolongée du buteur Miroslav Kristin et celle du joker tchèque Miroslav Fiser n'optimisent pas un rendement offensif pour l'heure insuffisant.

Un avantage conséquent

Simplicité, efficacité, le nouveau credo de Daniel Maric envers ses attaquants est clair. Ce discours, martelé dans la presse locale par le tacticien dijonnais, est semble-t-il bien rentré puisque ses troupes développent un pressing agressif, à l'image des audacieux Anthony Guttig, Yannick Offret et Alexandre Lefebvre. Les Spinaliens retrouvent sans tarder leur aplomb dans le sillage de leur ligne de parade, la seule à véritablement secouer le cocotier dans ces premiers instants. Remplaçant un Simo Romo suspendu, le Canadien Marc Lefebvre confirme lui sa montée en puissance par un travail de sape précieux et des forechecks gênant inlassablement la relance adverse.

Pour preuve, c'est l'ancien de Coventry qui provoque la première sanction du match (01'37") mais le penalty-killing ducal limite un temps les dégâts en couvrant sa zone et fermant l'accès à Radovan Hurajt. Quitte à dégarnir ses positions pour bloquer l'ICE en amont. Une stratégie risquée connaissant la rapidité d'exécution de certains autochtones. Ainsi, en deux temps trois mouvements, Jan Plch remonte côté droit et ouvre dans l'intervalle vers un Guillaume Chassard libre de s'en aller mystifier le petit filet (1-0 à 03'21").

Une seule seconde d'inattention aura permis aux locaux d'affirmer, lentement mais sûrement, leur emprise sur le jeu. Consciencieux derrière, vifs en contres, les Dauphins jouent avant tout sur leur mobilité pour harceler un Hurajt des grands soirs. En témoigne la multitude d'arrêts à bout portant réalisés par le cerbère slovaque, tous ou presque devant les cadors du premier trio. Même devant un Jan Simko pas réputé pour sa lucidité, mais auteur d'un joli tour de passe-passe en pivot, Radovan Hurajt reste de marbre (10'13").

Et les Ducs dans tout ça ? Fidèles à leurs principes, ceux-ci s'échinent en vain mais se voient contraints de tout miser sur les exploits individuels pour entrer en zone. C'est trop peu pour tourmenter un Franck Constantin bien protégé et digne de la confiance accordée ce soir par Shawn Allard. Même si un café servi par Alexandre Lefebvre sur le vétéran Peter Listiak lui fait passer quelques frissons (12'03")...

Après le réalisme, la discipline est l'autre clé de ce derby. Si les unités spéciales n'auront guère brillé jusqu'alors, le jeu de puissance vosgien, appelé sur une crosse haute de Stephen Dugas (13'51"), va faire coup double en usant la boîte pendant deux minutes, obtenant finalement une rallonge sur une pénalité différée. Et là, Jan Plch décale en pointe son compatriote Peter Listiak, dont le slap se voit redirigé en lucarne par Guillaume Papelier (2-0 à 15'22").

L'estocade, toute proche sur des enchaînements rapides impulsés par Plch, Petrak et Salmivirta, ne sera pas réalisée par des locaux s'emmurant lentement mais sûrement dans un certain attentisme. Peut-être trop sûrs d'eux (voire blasés par instants), les Dauphins vont progressivement rétrograder pour engendrer de rares séquences offensives dijonnaises. Rares puisque le naturel est vite revenu au galop, un malaise planant inéluctablement à l'approche de l'enclave. Un problème que n'ont pas les coéquipiers de Stéphane Gervais. Comme sur cette relance précise de la tour de contrôle canadienne, finement relayée à la bleue par Petrak vers un Salmivirta échouant, encore une fois, sur ce diable d'Hurajt (19'12").

Un trop long ronron

Pourtant mal embarqués, les jeunes Dijonnais auront toutefois eu le mérite de ne jamais baisser les bras. Revenus en jeu avec une motivation préservée, ils prennent à leur tour le contrôle des opérations. En profitant des imprécisions de Spinaliens nettement moins velléitaires, les Côte d'Oriens vont même maîtriser la zone neutre. Sans pour autant faire fructifier cette domination. Car, même en disposant d'un double avantage numérique, les hommes de Daniel Maric manquent clairement de repères, voire de clairvoyance face à un bloc regroupé. Le slot de Constantin, barricadé, ne leur permet que de tirer de loin. Dans des shoots trop ouverts pour être réellement dangereux.

Outre le dynamisme du CPHD, l'autre constante de ce match sera la forme tenue par Radovan Hurajt devant son filet. Ses coéquipiers lui doivent une fière chandelle de ne pas s'être laissé prendre par un break-away de Jan Simko (26'38") et remercier sa bonne étoile d'avoir freiné là, à quelques millimètres de la ligne fatidique, un "tic-tac-toe" du trio Plch-Crête-Petrak (32'28"). Les supériorités numériques défilent en cette fin de période sans que le natif des Tatras ne soit pris à défaut. Et si la chance changeait doucement de camp ?

Mettant les bouchées doubles en forechecking et récupérant les rondelles offertes par des Spinaliens ne cherchant même plus à franchir le premier rideau, les Ducs repartent de l'avant à l'entame des vingt dernières minutes. Sans que ce travail incessant n'obtienne son salaire... Frustrant, vraiment. Et à plus forte raison lorsqu'un (rare) contre permet à Guillaume Chassard de conclure au second poteau une transversale d'Ilpo Salmivirta (3-0 à 46'30"). On pourrait appeler ça le réalisme à la spinalienne....

D'incroyables rebondissements

Sans s'affranchir de ce mutisme offensif, mais en s'évertuant à créer du jeu, les Ducs sont assurément bien mal récompensés de leurs efforts ! Mais il est dit quelque part que tout labeur obtient forcément, tôt ou tard, son dû. Pour les Bourguignons, c'est plutôt tard que tôt, enfin juste le temps pour Michal Dian de réveiller le powerplay. L'ex-Sanglier arverne fait parler sa vivacité en débordant la boîte, couchant ensuite Franck Constantin pour mieux loger le disque en hauteur (3-1 à 52'07"). Une délivrance !

Cette volonté dès lors décuplée leur permettra d'accentuer la fébrilité de leurs hôtes. Luc Mazerolle et Stéphane Gervais se rejoignent ainsi au cachot pour faciliter une opération remontée symbolisée par un ex-Spinalien. Non, il ne s'agit pas d'un Peter Strapaty pourtant très méritant ce soir aux côtés du métronome Andy Mrena, mais plutôt d'Aymeric Gillet. Sitôt la mise au jeu remportée par Stephen Dugas, cet ex-Spinalien (du temps du Pôle France voilà une dizaine d'années) se voit décalé et trouve la mire d'un lancer balayé (3-2 à 53'52"). En attendant la récidive du numéro sept, les Ducs jettent toutes leurs forces dans la bataille... Michal Dian, en l'absence de Miroslav Kristin, se mue en organisateur et distribue un palet d'égalisation dans le slot, sans que Kévin Dugas n'exploite l'offrande (55'10"). Ce n'est que partie remise pour l'ancien Castelvirois...

Sentant le moment opportun, Daniel Maric demande un temps-mort et affine son coup de poker. Son as (le gardien Hurajt) sitôt retiré du tapis, son valet (Pavol Milec) s'arrache derrière la cage pour trouver un Kévin Dugas ne tremblant cette fois-ci pas pour remettre les pendules à l'heure (3-3 à 58'31"). Juste avant qu'Aymeric Gillet, d'un slap à ras de glace dévié par Kévin Dugas au ras du montant gauche, ne scelle le destin de ce match (3-4 à 58'54"). Échec et mat !

Punis pour leur négligence, les Dauphins se retrouvent contraints de disputer une course contre la montre. Réduits à cinq contre trois dans les derniers instants, les Ducs font pourtant corps, croient repousser le danger mais voient Jan Plch débouler, se recentrer puis armer un obus filant tout droit... sur la barre (58'58") ! Oui, pas de doute, la chance aura définitivement souri aux plus audacieux. Le petit monde de Poissompré, lui, est déconfit...

Devant un adversaire très irrégulier dans son effort, le CPHD a toujours eu le mérite d'y croire. Il faut d'ailleurs souligner cette volonté sans faille qui lui aura permis, ce soir, de surmonter l'adversité. Sécurisée par un solide Radovan Hurajt, l'organisation défensive de Daniel Maric fut solidaire, n'hésitant pas à jouer de prises à deux pour enrayer l'impact d'un Plch ou d'un Petrak. L'attaque, elle, aura redoublé d'efforts pour masquer ses carences, même si elle se limita longtemps à des tirs éloignés. Ce match ne réglera donc pas tous les soucis actuels mais aura reflété, si ce n'était déjà fait, les ressources morales de Ducs désormais placés sur de meilleurs rails.

Pour n'avoir pas su tuer la partie au moment opportun, pour n'avoir pas su maintenir son niveau de jeu, Épinal a proprement laisser le filet la victoire. Cette nouvelle défaite, la quatrième de rang, est assurément la plus rageante... mais aussi la plus instructive ! Marc-André Crête a souffert pour son baptême du feu en Magnus alors que toute l'assise défensive, comme l'initiative offensive d'ailleurs, se sera effritée après une entame prometteuse. Le potentiel ne suffit pas toujours et tout relâchement finit forcément par se payer. En hockey comme ailleurs, la pièce retombe bien souvent chez le plus affamé... Une belle leçon de morale (et d'humilité) avant des échéances désormais devenues décisives. Mais en attendant, une prochaine virée est prévue pour meubler la trêve internationale du côté d'Olten, club du ventre-mou d'une LNB suisse à deux vitesses.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Commentaires d'après-match (dans la Liberté de l'Est et le Bien Public) :

Guillaume Chassard (attaquant d'Épinal) : "Dans les vestiaires, on était tous abasourdis. Personne ne parlait, on était chacun dans notre coin en train de se demander comment on avait pu en arriver là. Le pire, c'est qu'on n'a rien vu arriver, tellement c'est arrivé vite. Il est hors de question de rejeter la faute sur qui que ce soit, et en particulier le gardien ou les défenseurs. C'est un problème, c'est une faute d'équipe. De l'ensemble de l'équipe [...] Le fait est que quand on gagne 3-0 en championnat à domicile, on n'a pas le droit de perdre en encaissant quatre buts en moins de dix minutes."

Michal Dian (attaquant de Dijon) : "On a de la chance de marquer deux buts successifs. Je vois les défenseurs un peu statiques et je feinte, puis je vais à gauche et je marque. Ça n'a pas été facile. On s'est entraîné à Besançon, puis je me suis blessé. C'est une bonne victoire pour le groupe et la confiance."

 

Épinal - Dijon 3-4 (2-0, 0-0, 1-4)

Samedi 3 novembre 2007 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 900 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Hauchart assisté de Damien Bliek et Adrien Ernecq.

Pénalités : Épinal 14' (2', 6', 6'), Dijon 24' (8', 10', 6').

Tirs : Épinal 35 (16, 12, 7), Dijon 37 (9, 15, 13).

Évolution du score :

1-0 à 03'21" : Chassard assisté de Petrak et Plch (sup. num.)

2-0 à 15'22" : Papelier assisté de Listiak et Plch (sup. num.)

3-0 à 46'30" : Chassard assisté de M. Lefebvre et Salmivirta

3-1 à 52'07" : Dian assisté d'A. Lefebvre et Guttig

3-2 à 53'52" : Gillet assisté de Sadlon et S. Dugas

3-3 à 58'31" : K. Dugas assisté de Milec et S. Dugas

3-4 à 58'54" : K. Dugas assisté de Gillet

 

Épinal

Gardien : Franck Constantin.

Défenseurs : Stéphane Gervais - Borislav Ilic ; Marc-André Crête - Peter Listiak ; Radoslav Regenda - Lionel Simon.

Attaquants : Ilpo Salmivirta - Michal Petrak - Jan Plch (C) ; Jan Simko - Marc Lefebvre - Guillaume Chassard (A) ; Tarik Chipaux - Luc Mazerolle (A) - Guillaume Papelier ; Daniel Scott.

Remplaçants : Stanislav Petrik (G), Anthony Pernot. Absents : Peter Slovak (cheville), Simo Romo (suspendu), Shawn Allard (uniquement sur le banc).

Dijon

Gardien : Radovan Hurajt [sorti de sa cage de 58'21" à 58'31"].

Défenseurs : Andrej Mrena (C) - Peter Strapaty ; Peter Lalka - Aymeric Gillet (A) ; Juraj Sadlon.

Attaquants : Yannick Offret - Stephen Dugas (A) - Yvan Fontana ; Kévin Dugas - Pavol Milec - Michal Dian ; Anthony Guttig - Alexandre Lefebvre - David Dauphin.

Remplaçants : Julien Roullier (G), Thomas Lecoanet. Absents : Miroslav Kristin (entorse du genou), Miroslav Fiser (pas qualifié), Yassine Fahas.

 

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