Match décalé de la neuvième journée de ligue Magnus.

Entre Rouen et Angers, qui de la forme du moment, de la qualité des effectifs, ou de la confiance affichée, départagera ces deux formations par ailleurs sur le papier assez proches finalement l'une de l'autre. À Rouen, la trouille en cas de défaite d'être relégués à sept points (un match en moins) de leurs convives en tête du championnat fera-t-elle chuter les Dragons ? À Angers, le calendrier favorable en septembre-octobre des Ducs, sans match référence (Angers a battu un Briançon encore en rodage lors de la deuxième journée), sera-t-il préjudiciable ?

En l'absence annoncée de Marc-André Thinel (blessé à l'épaule droite), malgré une présence surprenante à l'échauffement, Alain Vogin a radicalement modifié ses trios offensifs, les permutant aussi à ses deux premières paires d'arrières. Ainsi, le coach rouennais dispose d'un premier gros alignement (Glad-Virolainen-Houde-Mallette-Desrosiers) pour contrer le plus pointeau des tridents de la ligue Magnus (Tessier-Fortier-Baluch) qui cartonne sur toutes les glaces de France depuis le début de saison.

C'est justement le premier bloc des visiteurs, avec Éric Lavigne après une passe de Fortier, qui ouvre les hostilités (0'50). Il n'y a pas de round d'observation, ni pour les joueurs ni pour les arbitres. Benoît Quessandier, déjà en difficulté en début de match, est sanctionné pour une faute commise sur Metsäranta (2'32). Paradoxalement, ce sont les Normands qui s'en sortent le mieux dans ce jeu spécifique avec un contre de Carl Mallette qui offre une chance à Julien Desrosiers, défendu illégalement par Mihalik aussitôt envoyé en prison (3'17). C'est un jeu à quatre contre quatre qui concerne les deux équipes. Ô surprise ! Marc-André Thinel monte sur le glaçon. Très combatif, au charbon, il lutte pour offrir le puck à Éric Doucet. Dans l'enclave, le capitaine rouennais voit son premier lancer contrer par son défenseur, le retour lui revient dans la crosse, l'emblématique québécois renvoie sur la cage. Ville Koivula, le gardien angevin, n'est plus sur ses appuis et ne peux que constater l'ouverture du score (1-0 à 3'28). Le coup de bluff de Marc-André Thinel a parfaitement fonctionné. Désormais, il évoluera environ un tour sur deux présences de la deuxième ligne normande. Avec ce stratagème, les Dragons sont parvenus à prendre très rapidement les devants et ne les abandonneront plus.

Certes, Rouen va mener de 3'28 à 60'00, mais jamais de plus de deux buts avant la dernière minute, et les joueurs de François Dusseau auront leur chance dans cette rencontre avec Éric Fortier en détonateur. Angers, n'égalise pas lors de ses jeux de puissance du premier tiers (4'27 & 6'56) à cause, entre autres, de Benysek (6'04) et de Glad (6'27). Les Rouennais ne profitent pas non plus de leurs trois avantages numériques, dont 46 secondes à cinq contre trois (Lavigne, M. Lacroix et Mihalik étaient les Angevins alignés dans cette phase délicate). La première période, assez équilibrée, engagée et intéressante, se termine avec cette avance d'un but pour les "noirs et jaunes".

Une avance qui va vite doubler dans un coup du sort. Marc-André Thinel reprend à mi-distance une mise en jeu gagnée par Doucet dans le cercle gauche de la zone d'attaque (2-0 à 24'45). La réaction angevine ne se fait pas tarder mais Ramon Sopko veille au gros grain devant Baluch (25'06) et Tessier (26'54) pendant que son alter ego angevin, Ville Koivula, frustre Thinel en face-à-face lors d'une échappée de l'ailier droit (26'00). La rencontre a repris sur les bonnes bases du premier vingt lorsque Jodoin charge contre la bande Tristan Lemoine (28'45). Pour les joueurs d'Alain Vogin c'est l'occasion de tuer le match... Mais comme souvent le RHE s'est offert un trou noir rempli de suffisance en conquête défensive (Salmivirta avec Épinal, Flinck et Lacasse avec Strasbourg en ont déjà profité), d'où sont sortis Tessier et Fortier. Ce dernier enfile après une série de retours (2-1 à 30'14).

Cette phase d'absence aurait pu coûter bien cher aux Dragons si aussitôt les Ducs avaient fait preuve, d'abord d'un peu plus de discipline, puis de moins de naïveté, et si le duo Virolainen-Bouchard avait eu un peu moins de pugnacité. Vingt-cinq secondes après leur réduction du score, les coéquipiers de Martin Lacroix sont sanctionnés pour un retard de jeu. En supériorité, Olivier Bouchard trouve la jambière d'un excellent Koivula (31'20). Le tir de loin de Petri Virolainen rencontre le plastron du gardien (31'28). Les deux partenaires allient ensuite leurs forces pour enfiler : Bouchard dévie sans trop de gêne un lancer raté de l'arrière finlandais (3-1 à 32'07). Le RHE est de nouveau à l'abri mais craint toujours la force de frappe des Ducs, avant tout lorsqu'une pénalité est infligée à Dufournet (32'50). Mais Baluch ne frappe pas bien fort (32'57) et surtout Mihalik de loin ne trouve pas le cadre (34'49). Les deux équipes vont alors se neutraliser jusqu'à la seconde pause.

Le dernier retour sur la glace est tonitruant. Éric Fortier est détourné par la jambière de Sopko bien réveillé (40'10). Marc-André Thinel ne met pas à profit une superbe interception (41'45). Julien Desrosiers manque son tête-à-tête face à Koivula encore excellent dans cet exercice (42'50). Finalement, le tournant du match, c'est Fortier qui sort de nouveau de sa boîte pour remettre les Dragons à une portée de fusil des Ducs (3-2 à 43'43). Ce second but rend aphones autant les Dragons que leurs partisans. Angers joue maintenant en power-play. Une grosse trouille envahit l'île Lacroix. Les joueurs de François Dusseau mettent tout leur cœur à l'ouvrage à l'image de Juho Jokinen. Le Finlandais tente un lancer de loin bien stoppé par un Sopko plein de sang-froid (46'48). Malgré la résistance normande sur ce jeu de puissance, les joueurs du Maine-et-Loire continuent leurs pressions offensives à parité de joueurs. Tomas Baluch (47'37) et Julien Albert (48'37) trouvent Ramon Sopko sur les trajectoires de leurs lancers. Ce sont quasiment les dernières cartouches angevines.

Les offensives des Ducs offrent autant de situations de contres aux Rouennais, qu'ils n'ont pas tout de suite fait fructifier. Carl Mallette servi par Houde (49'32), Édouard Dufournet (50'44) ou Daniel Carlsson dans un jeu à trois (51'24) sont ainsi déroutés par Ville Koivula. Le gardien finlandais est aussi bien aidé par Éric Lavigne contrant Doucet (52'28), alors que Bouchard est imprécis après un appui de Thinel (52'40). Une nouvelle futilité angevine (surnombre) coûte une infériorité aux visiteurs (52'47). Manquant leurs précédentes occasions, les Dragons sont sans doute pris par le doute et échouent de nouveau dans ce power-play. Carl Mallette encore trouvé par Houde (53'32), Olivier Bouchard au tir non cadré (54'02) et Éric Doucet (54'14) manquent le coche. La peur au ventre dans l'antre des Dragons, le jeu reprend à parité de joueurs. Mais la délivrance seino-marine ne tarde plus. Sur un contre rondement mené, Éric Houde, après un relais de Mallette, exécute une passe devant le but pour Julien Desrosiers au second poteau qui parvient sans contrôle à magnifiquement lever la rondelle au-dessus de Koivula. Les gradins explosent de joie et de soulagement sur ce superbe filet de Desrosiers (4-2 à 55'56). Après une grosse débauche, les Ducs semblent dépités. Une erreur incroyable de Simon Lacroix semble faire trouver un poteau (?) à Carl Mallette (59'11). À coté de leurs patins, les Angevins commettent une nouvelle bévue. C'est leur meilleur joueur, Éric Fortier, qui est à l'origine du revirement de Desrosiers, permettant à Carl Mallette de facilement glisser le caoutchouc dans les rets du leader pour le cinquième et dernier but des Dragons (5-2 à 59'29).

Compte-rendu signé Thierry Frechon

Rouen - Angers 5-2 (1-0, 2-1, 2-1)

Mardi 30 octobre 2007 à 19h30 au centre sportif du Docteur Duchêne. 2663 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Hauchart assisté de Mathieu Loos et Jérémy Rauline.

Pénalités : Rouen 14' (10', 2', 2'), Angers 18' (12', 4', 2').

Évolution du score :

1-0 à 03'28" : Doucet assisté de Thinel et Benysek

2-0 à 24'45" : Thinel assisté de Doucet

2-1 à 30'14" : Fortier assisté de Tessier et Lavigne (inf. num.)

3-1 à 32'07" : Bouchard assisté de Virolainen et Liwing (sup. num.)

3-2 à 43'43" : Fortier assisté de Lavigne et Baluch

4-2 à 55'56" : Desrosiers assisté de Houde et Mallette

5-2 à 59'29" : Mallette assisté de Desrosiers

Gardien : Ramon Sopko

Défenseurs : Petri Virolainen - Jarkko Glad ; Ladislav Benysek - Jonas Liwing ; Daniel Carlsson - Benoît Quessandier.

Attaquants : Julien Desrosiers - Carl Mallette - Éric Houde ; Olivier Bouchard - Éric Doucet (c) - Édouard Dufournet ; Jérémie Romand - Lionel Tarantino - Tristan Lemoine ; Marc-André Thinel.

Remplaçants : Ronan Quemener (G), Cédric Custosse, Lucas Bini et Loïc Lampérier. 

Gardien : Ville Koivula.

Défenseurs : Éric Lavigne - Lauri Lahesalu ; Pavol Mihalik - Simon Lacroix ; Jean-François Jodoin - Kevin Igier.

Attaquants : Tomas Baluch - Éric Fortier - Mickaël Tessier ; Hermanni Vidman - Martin Lacroix (c) - Sami Salonen ; Juho Jokinen - Matias Metsäranta - Julien Albert.

Remplaçants : Florian Hardy (G), Nicolas Deshaies et Yven Sadoun.

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