Rouen - Grenoble (11 septembre 2007)

 

Match comptant pour la première journée de la ligue Magnus.

Une rentrée ratée

Difficile de faire plus chaud comme choc en guise de première journée. Le RHE qui nourrit encore, à juste titre, de sérieuses ambitions cette année s'attaque au champion de France en titre qui, sur le papier, s'annonce comme le favori à sa succession. C'est sans deux stars de ces équipes que la rencontre prend place à l'île Lacroix. Les Dragons évoluent à cinq défenseurs : Jarkko Glad est toujours souffrant mais Ladislav Benýsek, longtemps incertain, a finalement obtenu sa licence trois heures avant le match. Johan Forsander, à Grenoble, n'est pas présent. Sur la liste iséroise, il faut ajouter, toujours avec regret pour le spectacle, l'absence de Jean-François Bonnard, et de l'espoir Sacha Treille également blessés.

Sans ce petit monde, on assiste à un début de match rapide et nerveux plutôt en faveur des Normands. Plus défensif, les Brûleurs de loups plient sous les premières banderilles locales (deux déviations non cadrées de Doucet à 0'24 et Mallette à 1'04) et concèdent la première pénalité de la rencontre (3'09). Néanmoins, bien organisés, les coéquipiers de Baptiste Amar résistent puis parviennent un peu plus tard en jeu de puissance à inquiéter Ramon Sopko sur un lancer d'Hecquefeuille (7'15). Les Grenoblois semblent raccrocher les wagons, quand ils déplorent une nouvelle prison sur laquelle les Dragons ouvrent le score par leur capitaine, Éric Doucet, admirablement servi au second poteau par Marc-André Thinel. Un classique de Dou-dou (1-0, 8'16). Rouen continue sur sa bonne entame de match mais une seconde déviation d'un lancer de Virolainen par Doucet ne trouve pas le cadre (8'29). Après un show de Mikael Pettersson autour de la cage normande (10'09), Grenoble ne va pas tant souffrir que ça en infériorité pendant plus de cinq minutes. Les joueurs d'Alain Vogin ne mettront pas à profit trois avantages numériques pour créer le break. Fleury se procure même un contre sur lequel Ramon Sopko tranquillise ses supporters grâce à une mitaine ferme (13'55). Les hommes de Mats Lusth se sont rassurés pendant ces jeux spéciaux. Grosse défense, bon gardien et collectif en béton. Face à cela, Rouen et ses individualités ont balbutié. La fin du premier tiers se termine sur un goût d'inachevé pour les Dragons.

Après la première pause, Julien Desrosiers manque une grosse chance en contre alors qu'il sort de prison (22'20). Quelques secondes plus tard, Martin Masa gagne son duel face à Mallette, envoie dans le trafic, Teddy Trabichet à l'affût reprend involontairement du patin la rondelle libre et égalise (1-1 à 22'55). Ce but remet Grenoble en scelle. Les Dragons tentent malgré tout de désarçonner leurs adversaires. Éric Doucet, aidé de Desrosiers (24'30), puis, pendant que Masa est en prison, Carl Mallette, servi par Thinel (26'03), font briller Eddy Ferhi. Ce dernier jeu de puissance se termine mal pour les Dragons. Lorsque l'ailier tchèque sort de prison, Fleury force Éric Houde dans sa zone à (se laisser) tomber sur la glace, pendant que l'arbitre indique une pénalité (différée) et porte le sifflet à sa bouche comme pour arrêter le jeu immédiatement. Martin Masa à mi-distance récupère la rondelle libre et d'un lancer flottant du poignet surprend Sopko inattentif, croyant à une pénalité grenobloise (1-2 à 27'31). Même si on peut débattre de la simulation, l'arbitre, M. Bergamelli, est toujours resté logique sur l'action, tandis que les coéquipiers de Houde sont restés inactifs d'un bout à l'autre.

Ce petit coup du sort est fatal aux joueurs du RHE. Les Haut-Normands ont désormais quelque peu du mal à trouver pleinement leur collectif en attaque, tandis que Grenoble joue à merveille tous les contres possibles. Un énième avantage numérique rouennais ne donne rien (31'59). Fleury et Pettersson créent le tournis dans l'arrière-garde normande (32'09). Martin Masa n'est pas loin doubler son capital but lorsqu'il dévie un lancer de Broz (34'57). En défense, Grenoble peut compter sur un Trabichet royal (35'53). Depuis que les Isérois mènent au score, Rouen n'est dangereux qu'à une occasion sur son huitième jeu de puissance. Carl Mallette voit son lancer dévié par Bouchard passer à coté de la cage de Ferhi (38'00). Heureusement pour les locaux, ils sont très chanceux lorsqu'Amar envoie un tir frappé sur le poteau pendant un power-play grenoblois en fin de deuxième tiers (39'38). Cette fois ce sont les Brûleurs de loups qui n'ont pas créé la cassure. Mais leur statut a radicalement changé. De menés, ils sont passés à meneurs pour la seconde relâche.

Dès la rentrée, Sopko s'illustre devant Pettersson qui croit au but. Mais, pendant les cinq-six premières minutes de la dernière période, les Dragons retrouvent de la verve. Durant le deux-plus-deux de Bouchard puni en fin de vingt médian, Carl Mallette manque une échappée, orchestré par Desrosiers, face à un formidable Eddy Ferhi jouant de la jambière droite (40'58). Olivier Bouchard trouve son co-capitaine. Mais face à un nouveau lancer du centre canadien, pas avare d'efforts, mais pas en réussite ce soir, le gardien isérois réalise l'arrêt (44'31). Edouard Dufournet est à son tour frustré du meilleur par Eddy Ferhi (45'29). Pendant ce temps, Grenoble est resté menaçant en contre par Hecquefeuille notamment, et, plus tard, il faut un bon geste défensif de Bouchard pour éloigner le danger grenoblois (44'58). Pas très longtemps car les Brûleurs de loups attaquent à quatre (Amar - Lindström - Fleury - Pettersson) contre trois (Desrosiers - Virolainen - Benýsek). Sur le lancer d'Amar, Ramon Sopko accorde un assez long rebond que se fait un plaisir d'enfiler Mikael Pettersson (1-3 à 46'02).

Rouen peine physiquement et psychologiquement en attaque, notamment par ses individualités majeures inefficaces. Et c'est la troisième ligne, assez peu utilisée, qui sort la tête des Dragons du fond de la Seine. Un exploit combatif de Tristan Lemoine procure à Jérémie Romand une belle chance que l'ailier gauche hélas ne cadrera pas (48'22). Puis, Jonas Liwing sera le seul ) tenter sa chance sur le dernier power-play normand de la soirée (50'55). Mais Rouen avouera définitivement sa faiblesse face aux champions de France sur un 2 contre 1 finalisé par un Damien Fleury resplendissant. Le joueur de centre recruter pendant l'été envoi le caoutchouc dans la lucarne droite de Sopko impuissant (1-4 à 51'34). La cloche a sonné, même si, pour l'honneur, Liwing fera une dernière percée non récompensée par un envoi heurtant le poteau (53'20).

Rouen a subi la loi du champion. Grenoble s'est imposé sans trop de douleur à l'île Lacroix, les Dragons n'ayant fait qu'illusion au premier tiers pour vraiment enquiquiner le roi de la ligue Magnus de la saison dernière. Les Brûleurs de loups ont même fait sans les trois absents annoncés ! Martin Masa a parfaitement rempli son rôle de détonateur dans le jeu des Bleus et Rouges. Eddy Ferhi a fermé la porte. Mikael Pettersson a toujours été dangereux. À côté, la jeune garde a fait du bon boulot, de Teddy Trabichet à Damien Fleury en passant par Antonin Manavian et autre Christophe Tartari, tout le monde a fait l'indispensable pour rendre le match simple. Tout le monde à Grenoble et pas mal à Rouen, mais les hommes d'Alain Vogin ont semblé manquer de fraîcheur physique et logiquement d'automatismes à la fois offensifs et défensifs. De plus, leurs power-plays ont été très infructueux, le repli défensif souvent déficient, il leur était alors très compliqué de gagner ce match surtout qu'ils ont manqué de soutien populaire, les gradins ne s'étant pas trop fait entendre. Une rentrée ratée parce que trop difficile pour les Dragons et leur partisans tous encore en rodage.

Compte-rendu signé Thierry Frechon

 

Commentaires d'après-match (dans L'Équipe)

Alain Vogin (entraîneur de Rouen) : "Nous avons raté beaucoup trop d'opportunités en première période. On a manqué d'efficacité et les buts du deuxième tiers nous ont fait très mal. Grenoble est une équipe très disciplinée défensivement et presque impossible à jouer quand elle mène. La saison est encore longue et on a pu mesurer ce soir le chemin qu'il nous reste à faire."

Mats Lusth (entraîneur de Grenoble) : "Les pénalités nous ont tués en première période. À partir du moment où on a été moins pénalisés, on a pris le dessus. Parce qu'à cinq contre cinq, on va plus vite qu'eux et on est mieux organisés. On a une meilleure équipe, en fait."

 

Rouen - Grenoble 1-4 (1-0, 0-2, 0-2)

Mardi 11 septembre 2007 à 20h00 au centre sportif du Docteur Duchêne. 2400 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Savice Fabre et Benjamin Gremion.

Pénalités : Rouen 8' (2', 6', 0'), Grenoble 16' (10', 6', 4').

Évolution du score :

1-0 à 08'16" : Doucet assisté de Thinel (sup. num.)

1-1 à 22'55" : Tartari assisté de Masa et Broz

1-2 à 27'31" : Masa

1-3 à 46'02" : Pettersson assisté de Amar et Lindström

1-4 à 51'34" : Fleury assisté de Pettersson et Amar

 

Rouen

Gardien : Ramon Sopko.

Défenseurs : Ladislav Benysek - Petri Virolainen ; Daniel Carlsson - Jonas Liwing ; Benoît Quessandier ; puis Cédric Custosse à 59'23".

Attaquants : Éric Doucet - Éric Houde - Julien Desrosiers ; Olivier Bouchard - Carl Mallette - Marc-André Thinel ; Lionel Tarantino ou Jérémie Romand - Édouard Dufournet - Tristan Lemoine ; puis Lucas Bini et Loïc Lampérier à 59'23".

Remplaçants : Benoît Quemener (G), Romain Lanuzel. Absent : Jarkko Glad (épaule).

Grenoble

Gardien : Eddy Ferhi.

Défenseurs : Viktor Wallin - Teddy Trabichet ; Baptiste Amar - Antonin Manavian ; Tyler Scott - Brad Woods.

Attaquants : Patrik Valcak - Ludek Broz - Martin Masa ; Mikael Pettersson - Damien Fleury - Jimmy Lindström ; Mickaël Perez - Christophe Tartari - Kevin Hecquefeuille.

Remplaçants : Frédéric Dorthe (G), Martin Millerioux, Joan Montesinos. Absents : Johan Forsander (lombalgie), Sacha Treille et Jean-François Bonnard (déchirure abdominale).

 

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