Sixième match de la "super série" anniversaire, pour les moins de 20 ans.

La série se déplace à Saskatoon après une démonstration canadienne à Winnipeg (8-1). Colton Gillies évoluera donc à domicile, dans l'arène qui vit le Canada remporter le Mondial junior 1991 sur un but de John Slaney dévié par Sandis Ozolinsh dans son propre but. Leland Irving poursuit la rotation des gardiens avec son second match de la série, alors que le reste de l'effectif a lui aussi tourné avec l'insertion de Wishart à l'arrière.

En face, Semion Varlamov, fébrile après ses sorties manquées des premières rencontres, revient au jeu. Pour les Russes, il s'agit d'éviter la débâcle. Tout a été dit sur leur faiblesse dans les cages et leurs unités spéciales indigentes. Vladislav Tretiak, instigateur de cette série junior anniversaire, a les oreilles qui sifflent   tout un pays se demande d'où lui est venue cette idée saugrenue d'affronter les Canadiens toujours solides avec une génération 1988 considérée comme faible, et seulement 5e chez les moins de 18 ans. L'initiative de Tretiak lui revient maintenant comme un boomerang, n'ayant pour effet pour l'instant que d'humilier la Russie.

Les premières minutes sont canadiennes avec quelques piques et surtout les premières boîtes, par Legein puis Lucic qui écrase Maïorov dans le coin. Le premier vrai danger survient sur un bon jeu de John Tavares, pour une passe entre les jambes en faveur de Perron, qui se heurte au gardien. La Russie prend une pénalité sur l'action et ne parvient pas à desserrer l'étau. Sutter puis Gillies inquiètent ainsi Varlamov. Même revenus à cinq, les hommes de Nemchinov sont sur leur but. Gillies, Marchand puis Alzner s'essaient alors que les mises en échec pleuvent.

La seule timide occasion revient à Viktor Tikhonov, petit-fils du mythique entraîneur, mais Irving s'impose sans difficulté sur cette demi-échappée. Il a plus de travail sur une bonne séquence du duo Bashkirov-Vasyunov, conclue par un tir du capitaine Alexandrov. Les rouges jouent en contre et se créent une contre-attaque par Hamill, qui sert Tyrell pour un arrêt. Puis c'est au tour de Sam Gagner sur la mise au jeu, après un travail de Brad Marchand.

Les deux formations sont beaucoup plus disciplinées que d'habitude. Le jeu se déroule dans la neutre ou le long des balustrades. Il faut attendre la fin de période pour voir Claude Giroux en déviation frôler l'ouverture du score, imité peu après par Brandon Sutter sur une contre-attaque après une récupération de Drew Doughty. Les deux équipes sont sanctionnées sur cette action, Sutter ayant percuté le gardien sur un accrochage. Cela ne dure pas puisque la Russie se rend coupable d'un surnombre. Le 4 contre 3 permet au Canada de s'installer. Doughty décale Gagner qui lui remet. Le défenseur vise la lucarne avec Tavares en écran, et Gagner surgit pour bonifier le rebond et ouvrir le score (1-0). Encore un but en supériorité, le 11e de la série, et le 5e but de l'attaquant des London Knights.

L'attaque anémique de la Russie revient sur la glace pour cette deuxième période, une nouvelle fois menée au score. Il s'en faut de peu pour que les hommes de Brent Sutter ne doublent la mise avec un 3 contre 1 gaspillé par une mauvaise passe de Giroux. La réaction est signée Vasyunov, qui déborde à gauche en doublant Ellerby. Son tir est peu dangereux mais il obtient une pénalité. Ryabev et Anisimov mènent la charge, la circulation est rapide et Ivan Vishnevsky allume à la bleue à travers une forêt de joueurs. C'est l'égalisation, avec un écran d'Anisimov (1-1).

L'élan est cependant coupé par une pénalité de Tulupov qui remet les locaux sur leur point fort. Pire, Anisimov prend à son tour une pénalité pour une charge au genou sur Wishart et une troisième signée Dorodin pour un 5 contre 3 longue durée. Varlamov doit réaliser un exploit face à Gagner, bien servi par Giroux à travers l'enclave. Il s'impose ensuite sur Sutter et Lucic, lequel obtient encore une pénalité. Le jeu de puissance se montre cependant maladroit et la pression russe assez bonne. Dans les derniers instants, Perron repique à travers le slot, une partie de billard s'en suit avec un arrêt du gant de Varlamov énorme puis un but... refusé, le palet ayant touché le masque du gardien.

Les blancs enchaînent avec plusieurs actions dangereuses, encore du duo Bashkirov-Vasyunov, qui maintient la pression pendant une longue séquence dans la zone adverse. La ligne d'échec rouge entre alors en scène et Lucic puis Sutter décalent Legein, dont le tir touche à nouveau le masque... sans arrêt de la part de l'arbitre cette fois-ci ! La partie est extrêmement serrée. Lorsque Marchand est sanctionné pour obstruction, les blancs se montrent très actifs, très mobiles, et obtiennent une nouvelle faute de Schenn. C'est un 5 contre 3 pendant une minute. Les occasions sont dangereuses, notamment par Bashkirov et Kurbatov, qui se voit bloqué par Sutter. Ce dernier décolle et manque de peu le but en double désavantage ! La Russie est simultanément punie pour son second surnombre du soir, une pénalité annulée par une faute de Giroux. C'est un 4 contre 3 dans les dernières secondes, juste avant la sirène.

C'est le match le plus accroché de la série qui s'annonce pour cette troisième période. Les Russes l'ont bien senti et Kurbatov trouve la mitaine d'Irving dès les premières minutes. Le jeu est équilibré et les duels tendus. Les visiteurs jouent beaucoup mieux, sont plus travailleurs, plus présents à l'échec-avant et au bloc. Mais cet effort inhabituel stoppe sur une pénalité contre Tulupov. Le jeu de puissance canadien distribue le palet, dirigé par Gagner... et c'est un 5 contre 3, Tikhonov ayant gardé le palet en main trop longtemps. Cette fois, le jeu de passe est plus maladroit et les décalages pour les tirs de volée moins nets. Les pénalités sont tuées sans aucun tir cadré.

Finalement, c'est Dana Tyrell qui trouve la faille. La quatrième ligne fait la différence sur un palet envoyé au fond, récupéré par Zach Hamill. Il sert Tyrell devant le but, qui contrôle le palet pour éliminer les défenseurs et ajuster entre les jambières du gardien, tout en tombant (2-1).

Marchand fait preuve d'indiscipline avec un mauvais contact sur Voinov qui remet la Russie en avantage numérique. Cela ne brise pas l'élan canadien, Gagner servant Giroux, lancé, pour un poteau. La séquence se poursuit en pénalité différée, avant un nouvel avantage numérique... d'une seconde, Lucic étant puni sur la mise au jeu. À 4 contre 4, Turris s'illustre et Varlamov laisse un gros rebond. De l'autre côté, Alexandrov frôle l'égalisation sur un bon jeu de Kulikov... mais la contre-attaque est sans appel : Brendan Sutter, lancé par Alzner, repique dans l'axe et marque en infériorité entre les jambières (encore !) de Varlamov (3-1). Un but qui fait mal au moment où les Russes revenaient dans le jeu.

Pire, Kulikov est puni pour un faire trébucher après une séquence technique de Zach Hamill. L'occasion pour Marchand de solliciter Varlamov. Il s'impose ensuite sur Giroux devant l'enclave, sur un service de l'inévitable Gagner derrière le but, puis sur Alzner à la bleue. Puis, un bon tir à la bleue dévié par Tavares manque de peu de le tromper. Ballottés, les défenseurs subissent et Kablukov est puni. Hickey lance immédiatement mais le portier sort de la botte. Le physique de Lucic enchaine, libérant Legein pour un tir de l'aile.

À l'usure, le Canada finit par trouver la faille, encore une fois en jeu de puissance. Hamill à la baguette remet à la bleue, le tir d'Alzner est sauvé mais Boychuk prend le rebond (4-1). La messe est dite mais les esprits s'échauffent dans les dernières secondes, avec un Kablukov furieux après un contact avec Tavares. La fin est anecdotique malgré une tentative d'échappée de Tikhonov, muselé par Ellerby. Le petit-fils Tikhonov, à qui son grand-père n'a manifestement pas transmis l'amour de la passe, est une bonne illustration du jeu individualiste russe.

Les statistiques depuis le début de la série indiquent 208 tirs cadrés pour la Russie et 195 pour le Canada... Et dire que les gardiens étaient censés être un point fort pour les Russes cette fois. C'est pourtant la sixième victoire en autant de matches pour les joueurs à la feuille d'érable. Un succès plus long à se dessiner grâce à un meilleur effort adverse, mais un succès encore très net avec une grosse domination en fin de match.

Désigné joueur du match : Brandon Sutter (Canada).

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

Commentaires d'après-match

Luke Schenn (défenseur du Canada) : "Les Russes ont joué solide, ils ont de l'orgueil. On savait qu'ils n'allaient pas baisser les bras. On ne savait pas à quoi s'attendre au début de la série, mais maintenant qu'on en a six, on ne va pas abandonner..."

Dana Tyrell (attaquant du Canada) : "Les entraîneurs savaient qu'on devait faire mieux, on ne jouait pas comme d'habitude. Tout le monde a un rôle à jouer et je crois que c'est le mien, amener de l'énergie et être le plus travailleur. C'est un de mes objectifs, et c'est ce que j'ai fait."

Karl Alzner (défenseur du Canada) : "Nous n'avons pas joué de la manière que l'on sait faire. On doit se concentrer et ne pas être seulement satisfaits de la victoire, mais surtout de la manière. Ce soir je suis sûr que quelques gars diront qu'ils n'ont pas appliqué le système autant qu'ils auraient pu. Tant que nous ne les prenons pas à la légère comme durant deux périodes ce soir, ce devrait être OK. Nous n'aimons pas perdre, et notre coach déteste ça. Nous ne décevrons pas, surtout à Red Deer [chez l'entraîneur Brent Sutter]."

Canada - Russie 4-1 (1-0, 0-1, 3-0)

Mercredi 5 septembre 2007 à 18h00 au MTS Center de Winnipeg. 10694 spectateurs.

Pénalités : Canada 16' (2', 8', 6'), Russie 30' (6', 12', 12').

Tirs : Canada 52 (13, 10, 29), Russie 29 (2, 16, 11).

Évolution du score :

1-0 à 19'23" : Gagner assisté de Doughty et Giroux (sup. num.)

1-1 à 24'17" : Vishnevsky assisté de Anisimov et Ryabec (sup. num.)

2-1 à 47'06" : Tyrell assisté de Hamill

3-1 à 53'05" : Sutter assisté de Alzner (inf. num.)

4-1 à 58'04" : Boychuk assisté de Alzner et Hamill (sup. num.)

Gardien : Jonathan Bernier.

Défenseurs : Keaton Ellerby - Logan Pyett ; Karl Alzner - Drew Doughty ; Luke Schenn - Ty Wishart.

Attaquants : David Perron - Kyle Turris - John Tavares ; Stefan Legein - Brandon Sutter - Milan Lucic ; Brad Marchand - Sam Gagner - Claude Giroux ; Zach Hamill - Dana Tyrell - Zach Boychuk.

Remplaçants : Leland Irving (G), Colton Gillies, Thomas Hickey. En réserve : Steve Mason (G), Cory Emmerton, , Josh Godfrey.

Gardien : Semen Varlamov.

Défenseurs : Aleksei Grishin - Pavel Doronin ; Yuri Aleksandrov (C) - Evgeni Kurbatov ; Ivan Vishnevsky - Vyacheslav Voinov ; Maksim Chudinov - Kirill Tulupov.

Attaquants : Aleksandr Ryabev - Artem Anisimov - Evgeni Dadonov ; Konstantin Kulikov - Evgeny Bodrov - Mikhaïl Glukhov ; Maksim Mayorov - Ilya Kablukov - Vyacheslav Solodukhin ; Ruslan Bashkirov - Maksim Mamin - Aleksandr Vasyunov ; Viktor Tikhonov.

Remplaçant : Sergei Bobrovsky. Absents : Egor Averin (commotion cérébrale), Aleksandr Cherepanov (commotion cérébrale).

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