Russie - Canada (29 août 2007)

 

Deuxième match de la "super série" anniversaire, pour les moins de 20 ans.

La Russie est déjà dos au mur et Sergei Nemchinov doit trouver des solutions pour cette deuxième rencontre de la Super Série. Après un bon match d'ouverture où ses attaquants se sont heurtés à un Steve Mason très solide, ils auront cette fois-ci affaire à Jonathan Bernier. Le gardien québécois, premier choix des Kings de Los Angeles lors de la draft 2006, constitue un obstacle difficile. Et ce d'autant plus que les joueurs de Brent Sutter sont désormais accoutumés à la glace d'Ufa et ont commencé à trouver leurs automatismes... Côté canadien, l'objectif sera de se montrer plus discipliné : malgré le 14/15 en infériorité réussi grâce au travail de Brandon Sutter et Stefan Legein notamment, il faudra éviter de prendre les mêmes risques. Côté russe, Sergei Bobrovsky a reçu le poste de titulaire aux dépens de Semen Varlamov, décevant au premier match avec quatre buts entre les jambières. Autres modifications, les entrées de Ty Wishart et Dana Tyrell au détriment de Josh Godfrey et Zach Hamill.

Face au mur

Brandon Sutter remporte la première mise au jeu et commence à travailler physiquement dans les duels et les blocs. Mais le premier tir est signé Vyacheslav Voinov sur un contre, un lancer puissant en entrée de zone que Bernier repousse. La ligne Lucic-Sutter-Legein se montre déjà dangereuse dans l'enclave, ce dernier étant toutefois puni pour crosse haute. L'occasion pour les équipes spéciales de s'illustrer avec un jeu physique des blancs, notamment d'un Luke Schenn très solide. Cherepanov et Vishnevsky testent pour leur part Bernier sur des tirs lointains. La partie est extrêmement disputée et les espaces réduits : duels et mises en échec règnent. Il faut attendre la 7e minute pour voir Turris dangereux, sur une bonne présence de Perron et Tavares dans le coin. La première ligne canadienne est jusque là discrète. Peu après, le public explose en même temps que Cherepanov vole sur une sévère charge de Brandon Sutter. Serrée par un défenseur, la star russe ne voit pas venir l'attaquant des Red Deer Rebels, qui le met au sol sur cette charge trop haute. Bernier reste peu menacé durant les deux minutes, bien couvert par sa défense, et n'a à sauver qu'un revers d'Anisimov dans l'axe. La pénalité est facilement tuée.

Bobrovsky était jusque là encore moins sollicité car son premier vrai tir dangereux ne survient qu'à la mi-période, œuvre de Sam Gagner en entrée de cercle. Il sauve ensuite un centre d'Alzner, après un gros travail de Lucic et Doughty. Sur la mise au jeu, Marchand s'infiltre dans la défense et manque de tromper le gardien. Les rouges n'ont pas d'espace et se heurtent à un véritable mur. Ils sont même sanctionnés sur une longue séquence offensive canadienne en périmètre, Doronin mettant Gillies au sol. La ligne de Kyle Turris fait le travail côté gauche. L'espoir des Phœnix Coyotes échange avec David Perron, qui, patient, lui remet le palet dans le cercle, dans le mouvement. Turris, lancé, feinte et marque du revers (0-1). Les blancs se montrent de plus en plus piquants, par la ligne d'échec Lucic-Sutter-Legein, ce dernier sollicitant Bobrovsky sur l'aile droite pour un arrêt de la botte. La fin de période est entièrement jouée dans la zone des rouges, étouffés et poussés à la faute. Zubov laisse ses équipiers à quatre pour la dernière minute. Cela ne donne rien et la période s'achève sur cet avantage canadien.

La Russie dans le brouillard

D'entrée de deuxième tiers, Perron sollicite Bobrovsky qui repousse le palet. La défense dégage le rebond alors que les arbitres signalent un surnombre canadien. L'occasion pour Glovatsky de trouver Bernier sur un tir de la gauche en entrée de cercle. Le palet circule bien mais le jeu reste aux extérieurs : la pénalité est tuée facilement. Les Russes en profitent pour continuer leur pression. Face à une stratégie résolument défensive, les hommes de Nemchinov parviennent certes à avoir le contrôle du palet mais ne passent pas le rideau. À peine un tir d'Anisimov vient-il sortir Bernier de sa torpeur. Ce sont plutôt les blancs qui mettent le feu lorsque Claude Giroux se lance dans un long festival, aux côtés de Sam Gagner et Brad Marchand. Une possession longue durée, une présence devant le but, et Bobrovsky doit éteindre sa défense en feu. Les autres lignes sont du même acabit, celle de Lucic provoquant ainsi un nouvel avantage numérique sur une faute de Maxim Chudinov. La circulation de palet est parfaite, le mouvement permanent et la défense souffre. C'est la confusion dans l'enclave sur un centre de Tavares mais Bobrovsky gèle la rondelle. Sur la présence suivante, Giroux puis Lucic manquent le coche. Ce dernier combine ensuite deux fois avec Gagner : ça chauffe mais ça ne rentre pas sur ces tentatives de passes à travers l'enclave. La Russie sauve le score malgré une pression de plus en plus importante.

Le jeu s'équilibre finalement et tourne à un faux rythme jusqu'à une légère blessure de Kublikov, touché au visage par une crosse haute involontaire de Boychuk, oubliée par les arbitres.

Les rouges sont encore dans le match et Anisimov ou Vasyunov tentent leur chance après une bonne présence offensive, sans doute la meilleure des locaux dans ce match... Malgré tout le physique reste canadien : Brandon Sutter explose ligne bleue russe le malheureux Chudinov, et dans la foulée les esprits s'échauffent sévèrement. La ligne d'échec canadienne provoque et la défense russe n'apprécie guère ! Lucic et Legein sont punis, Grishin aussi. Un long arrêt de jeu vient couper la partie, le temps de clarifier la situation, avant de démarrer un avantage numérique Rouge, alors qu'un léger brouillard monte dans cette patinoire trop humide. Mayorov est le premier en action, Bernier sortant son tir dans l'axe (36e). Mais il ne se passe rien derrière... alors que le Canada part en contre dans les dernières secondes, avec un festival de Marchand qui déshabille Chudinov sur un saut avant de servir Sutter, trop court.

La partie est interrompue à cause de ce brouillard avant de reprendre peu après. La patinoire toute neuve n'est pas tout à fait finie et le système de ventilation peine... Wishart commet alors une légère erreur et permet à Maïorov de partir en deux contre un : Bernier s'en sort sur Solodukhin. Doughty bloque ensuite Maïorov sur une deuxième incursion. Enfin, Cherepanov se heurte au portier québécois avec un bon tir dans l'axe sur une passe-abandon. Finalement, la ligne d'échec canadienne est récompensée de son gros match. Lucic et Sutter travaillent dans le coin, Sutter redonne à Legein oublié dans le cercle : l'attaquant ontarien double la mise côté mitaine (0-2).

Dans la nasse tactique

Nemchinov change ses lignes et aligne Aleksei Cherepanov avec Artyom Anisimov, clairement les deux meilleurs attaquants ensemble... Enfin ! Mais en attendant d'en voir les résultats, Tavares, servi par Perron, se crée trois occasions successives. La Russie est sur le reculoir et la ligne Gagner renchérit. Puis, c'est au tour de Legein et ses équipiers de martyriser la défense. Il n'y a rien à faire pour les Rouges, totalement dominés dans cette rencontre à sens unique. Considéré comme hôte, le Canada bénéficie du dernier changement et Brent Sutter en a profité pour jouer sur ses oppositions de lignes : le futur entraîneur des Devils du New Jersey fait ici la preuve de ses qualités de maître tacticien.

Bernier a peu de travail, même sur un lancer en angle fermé signé Grishin. Puis, le jeu retourne dans son faux rythme, cadenassé par les Canadiens. Seule une pénalité contre Marchand vient couper le jeu, avec dix minutes sifflées mais un cinq contre cinq. Gagner, Giroux font tourner la défense en bourrique, pour décaler Gillies, trop court : pénalité surprenante contre Giroux... et simultanée pour Glovatsky. On se perd dans les pénalités... les contacts deviennent rugueux, provocants, les arbitres sont débordés ! Grishin et Kurbatov visitent le banc, dans le brouillard : le jeu est encore coupé quelques instants. Le Canada bénéficie d'un long avantage numérique mais n'en fait pas grand chose, grâce au travail de Voinov, physique et solide. Un autre jeune défenseur impressionne, c'est Drew Doughty, lancé dans un slalom qui se heurte au gardien. Les Russes limitent les dégâts et tentent de revenir lors d'une pénalité contre Perron. Vishnevsky, Ryabev trouvent un Bernier intraitable sur leur route. Pas mieux au retour du puni, Cherepanov tentant tout ce qu'il peut sans parvenir à effacer les défenseurs. Les arbitres ne laissent rien passer et les pénalités pleuvent dans une fin de match hachée. Après une grosse mise en échec de Legein, le Canada finit par marquer un dernier but. David Perron, tout seul, s'échappe côté gauche, réussit un incroyable petit pont sur Aleksei Grishin, et, en total déséquilibre, parvient à tromper Bobrovsky en pivot... (0-3). Un exploit individuel assez étonnant pour boucler le match.

Le Canada a copieusement dominé la rencontre et s'impose logiquement. Une véritable démonstration d'efficacité et de sérieux. La défense s'est montrée intraitable, ne laissant aucun espace. Mieux, toutes les lignes d'attaque ont contribué, la ligne d'échec se montrant particulièrement dominatrice. Sergei Nemchinov a du souci à se faire avant de rejoindre Omsk pour le 3e match...

Désigné joueur du match : Stefan Legein (Canada).

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

 

Commentaires d'après-match

Sergei Nemchinov (entraîneur de la Russie) : "Ce deuxième match a été plus intéressant et plus intensif. C'était proche du hockey que nous espérons tous voir. L'équipe n'a pas suivi le plan de jeu jusqu'au bout. Il y a quand même eu des moments où il a été appliqué, mais on n'a pas su concrétiser ces occasions. Je reste satisfait de notre gardien, c'est la première fois que Bobrovsky rencontrait le Canada dans sa vie. Maintenant, les unités spéciales seront déterminantes. Nous allons chercher les combinaisons capables de changer le résultat."

Brent Sutter (entraîneur du Canada) : "Il me semble que ce match était plutôt meilleur que le premier. Il y avait plus de physique, de contacts. Les deux gardiens ont été bons. Nous avons eu la chance de marquer en supériorité : ce but de Turris a donné des forces supplémentaires à l'équipe. La glace était meilleure aujourd'hui, mais son état s'est détérioré à cause de l'humidité très forte. Plusieurs fois Jonathan Bernier a agité les bras car il ne voyait plus rien. Il était debout là bas et on ne le voyait même pas du banc ! [Au sujet de Perron] Je lui ai dit qu'il aurait une deuxième chance et il a fait un sacré match ce soir. On a parlé des choses qu'il devait faire pour s'améliorer et il a bien répondu."

Stefan Legein (attaquant du Canada) : "On savait que les choses aller monter en température. Les émotions étaient au sommet, mais on tente toujours de rester la tête froide et de faire son match. C'est difficile de jouer dans le brouillard, mais il faut faire avec et espérer que ça parte. Maintenant, ils sont sur le reculoir, on doit juste maintenir le pied sur l'accélérateur."

Jonathan Bernier (gardien du Canada) : "Les gars ont été énormes en un contre un, gagnant les duels dans notre zone, ça m'a rendu le match facile. Ils étaient là pour les rebonds, je n'avais qu'à m'occuper du premier tir."

 

Russie - Canada 2-4 (2-2, 0-2, 0-0)

Mercredi 29 août 2007 à 15h00 à la Ufa Arena. 7500 spectateurs.

Arbitrage de Sean Reid et Marc Muylaert (CAN).

Pénalités : Russie 28' (6', 4', 10'), Canada 28' (4', 6', 8'+10')

Tirs : Russie 23 (4, 10, 9), Canada 38 (11, 17, 10)

Évolution du score :

0-1 à 14'42" : Turris assisté de Perron et Tavares (sup. num.)

0-2 à 39'10" : Legein assisté de Lucic et Sutter

0-3 à 57'59" : Perron assisté de Boychuk

 

Russie

Gardien : Sergei Bobrovsky.

Défenseurs : Pavel Doronin - Aleksei Grishin ; Igor Zubov - Evgeni Kurbatov ; Yuri Aleksandrov (C) - Vyacheslav Voinov ; Maksim Chudinov - Ivan Vishnevsky.

Attaquants : Aleksandr Ryabev - Artem Anisimov - Aleksandr Vasyunov ; Evgeni Dadonov - Egor Averin - Aleksandr Cherepanov ; Vyacheslav Solodukhin - Ilya Kablukov - Anton Glovatsky ; Konstantin Kulikov - Maksim Mayorov - Maksim Mamin.

Remplaçant : Semen Varlamov (G). En réserve : Vadim Zhelobnyuk (G).

Canada

Gardien : Jonathan Bernier.

Défenseurs : Keaton Ellerby - Thomas Hickey ; Luke Schenn - Ty Wishart ; Karl Alzner - Drew Doughty ; Logan Pyett.

Attaquants : Colton Gillies - Kyle Turris - John Tavares ; Cory Emmerton - Zach Boychuk - Dana Tyrell ; Stefan Legein - Brandon Sutter - Milan Lucic ; Sam Gagner - Brad Marchand - Claude Giroux ; David Perron.

Remplaçant : Leland Irving (G). En réserve : Steve Mason (G), Josh Godfrey, Zach Hamill.

 

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