Anaheim Ducks - Ottawa Senators (6 juin 2007)

 

Finale de la coupe Stanley 2007, match 5.

Les Ducks ont l'occasion de fêter leur premier titre à domicile, mais ils savent que la dernière victoire est souvent la plus difficile... Calgary en 2004 par exemple avait manqué sa chance à domicile, perdant finalement en 7 manches face à Tampa Bay. Les effectifs ont été touchés par les blessures et les incertitudes de dernière minute existent. Finalement Peter Schaefer, touché au pied, tient sa place pour Ottawa, mais pas Dean McAmmond. En face, Pronger fait son retour de même que Kunitz après un choc à la jambe au match 3. Enfin, DiPenta remplace Jackman dans l'alignement. Les traditionnels hymnes mettent rapidement dans l'ambiance : un O Canada accéléré et un Star Sprangled Banner interprété par des membres de l'US Air Force... et par le public, comme une réponse au public canadien.

Anaheim prend l'ascendant

Ottawa en mission donc pour sauver sa tête débute la partie avec le palet et sa première ligne. Très vite le jeu prend de la vitesse, les deux équipes cherchant à jouer vers l'avant. La première mise en échec signée Neil (un peu manquée face au solide O'Donnell !) offre un bon lancer du point d'appui de Meszaros, capté par Giguère. Les deux entraîneurs jouent déjà sur les oppositions de ligne, Bryan Murray cherchant à éviter la ligne d'échec de Randy Carlyle. Cependant, il doit tout d'abord négocier la première pénalité du match : Preissing a fait obstruction sur un palet envoyé au fond. Rapidement les Ducks se créent une première situation, Selänne manquant une cage ouverte au deuxième poteau, gêné par un retour kamikaze d'Anton Volchenkov. La défense se positionne bien pour couper les lignes de tirs et mange bien l'horloge, sauf que Volchenkov est puni en fin d'infériorité pour avoir accroché Selänne... Le jeu se dispute donc à trois chez les Senators. C'en est trop et Anaheim ouvre le score. Le palet circule ligne bleue, à droite, à gauche, puis à droite : McDonald est récompensé par son 10e but en playoffs lorsque son centre touche le patin de Chris Phillips et file entre les jambières du gardien (1-0).

Ottawa tente de réagir rapidement en prenant le jeu à son compte. Le rideau défensif est difficile à franchir et il faut lutter dans les balustrades, ce que fait Vermette sur Pronger, secondé par Neil. L'agressivité des Senators est malheureusement pour eux jugée excessive, Jason Spezza étant sanctionné pour un contact sur Påhlsson. Grâce à un bon pressing, ils parviennent quand même à éliminer cette erreur. Au retour de Spezza c'est même une situation chaude sur le but de Giguère : Beauchemin sauve de la crosse une cage vide cherchée par Spezza après un bon jeu Vermette-Neil et une passe en pivot du premier. Le jeu demeure physique, et parfois trop : Påhlsson est pris pour un coup de coude sur Kelly. L'occasion pour les Senators d'asséner de violents tirs sur le but, pas toujours cadrés... Spezza trouve ainsi le poteau opposé sur une passe transversale derrière le gardien à travers l'enclave ! Ils manquent toutefois de se faire surprendre à la fin des deux minutes lorsque Getzlaf glisse le palet sur Emery, sans parvenir à le déjouer. Il obtient une seconde chance peu après du revers pour le même résultat. La bonne séquence des Ducks s'arrête sur une pénalité contre Perry. La rondelle circule et, avec l'aide du public, la défense s'en sort, jusqu'au contre fatal au retour de Perry, qui percute Phillips ligne bleue : Rob Niedermayer décolle côté droit, résiste au retour de Comrie et, en force, trompe Emery du revers, juste sous l'épaule droite (2-0).

Les deux dernières minutes profitent aux Senators, qui, grâce à une pénalité contre Selänne, ont une chance de revenir tout de suite. Une chance non exploitée encore une fois, sous les acclamations d'un public qui voit la coupe se profiler...

Pluie de buts et d'erreurs coupables

Anaheim sous contrôle est le premier en action en deuxième période, mais Ottawa n'est pas en reste, se heurtant à une grosse défense menée par Pronger. Le jeu se positionne en zone offensive et Oleg Saprykin frôle le but en cherchant à piéger le gardien de derrière le but : Marchant se dévoue pour sauver sur la ligne. Les Ducks jouent la carte de l'opportunisme pour leur part, Penner par exemple s'imposant physiquement pour voler un palet tout près du but, patientant devant Emery mais se heurtant à la mitaine du gardien. Sur l'action suivante c'est au tour de Påhlsson de solliciter le dernier rempart canadien, servi par un Rob Niedermayer solide sur ses appuis derrière le but. Les noirs sont plus collectifs, travaillent mieux en groupe, notamment défensivement. La protection du palet est meilleure et gagne un temps précieux : les Senators ne parvoennent pas à franchir le rideau défensif ou à cadrer leurs lancers... Le peu de tirs qui passent, comme ce slap de Fisher, sont sauvés par Giguère... jusqu'à la réduction du score surprise de Daniel Alfredsson. Phillips sort le palet de la balustrade avec l'aide du Suédois, lequel trouve Schaefer au fond, qui lui remet... Lucarne ! (2-1)

Le match est relancé et Ottawa insiste, passant de longues séquences en attaque. Malheureusement pour eux, Chris Phillips passe du meilleur au pire avec une énorme erreur. Chassé par Moen, il cherche à sortir de derrière le but au moment où Emery, sorti jouer le palet à la crosse, y revient : les deux joueurs se gênent et la rondelle dévie sur la botte et rentre ! (3-1)

Pour couronner le tout, Schubert prend deux minutes pour une charge haute... une situation qui permet quand même au capitaine des Senators de briller : en contrant une passe dans sa zone, il s'échappe, résiste au retour de Getzlaf, feinte et ajuste Giguère sous le bras pour un but en infériorité (3-2). Il faut encore tuer la pénalité malgré tout, et ce n'est pas chose aisée. Lorsque le palet revient sur Beauchemin au point d'appui gauche, le tir transperce la défense et trompe Emery (4-2). Le but assomme encore un peu plus une équipe qui cherche à revenir... Il ne reste plus que vingt minutes pour cela.

La consécration

Les hommes de Bryan Murray jettent toutes leur forces dans la bataille, plongeant sur les palets et luttant sur tous les contacts - quitte parfois à en souffrir, comme lorsque deux défenseurs tentent de mettre Penner en échec mais laissent le grand ailier debout ! Les occasions en contre demeurent dangereuses et il faut un Emery attentif pour repousser de la crosse un palet convoité par Selänne à bout portant. Le malheureux gardien ne peut cependant rien faire sur la présence suivante lorsque le capitaine Scott Niedermayer l'ajuste d'un tir du poignet ras glace, très légèrement dévié par Moen entre les deux cercles (5-2).

Le public en profite pour chanter "Stanley... Stanley... we want cup !" Le trophée se rapproche à un quart d'heure de la fin et Anaheim ne faiblit pas, se procurant encore une chance par McDonald et Kunitz, une occasion qui envoie Schubert en prison. Le jeu de puissance fait bien tourner le palet et s'appuie sur un Penner très présent. Beauchemin allume également de la bleue, profitant de bons écrans, notamment de Perry, qui ne parviennent pas à prendre le rebond. Sur une mauvaise anticipation, ceci dit, Vermette s'échappe, repique dans l'axe et est accroché par Marchant : tir de pénalité indiscutable ! Le jeune attaquant s'avance, tente de bouger le gardien en le feintant mais il perd son palet en cherchant son revers et ne parvient même pas à lancer. Une nouvelle occasion ratée pour des Senators décidément maladroits... Son slap de l'aile gauche peu après est meilleur mais pas plus efficace, d'autant que Schaefer ne peut prendre le rebond.

Ottawa ne perce pas le rideau face à une équipe extrêmement rigoureuse et collective, qui commet bien moins d'erreurs et sait parfaitement exploiter les situations favorables. La protection de palet et l'échec-avant de l'équipe locale, portée par son public, sont remarquables. Les Ducks sont bien plus disciplinés à tous les niveaux, contrairement à Volchenkov par exemple, coupable d'un cinglage qui place encore son équipe à un de moins. Si la situation se révèle sans conséquence au score, elle a tout de même enlevé deux minutes de temps pour revenir à la marque. Les minutes défilent en effet et personne n'a vraiment d'illusions sur un retour des Senators, auteurs de seulement 22 tirs sur les cinq dernières périodes de la finale. Le public se contente surtout d'encourager Teemu Selänne, qui, après 1127 matches NHL, va bientôt soulever son premier trophée, assuré de ne pas rejoindre Trevor Linden (1447) et Teppo Numminen (1396), les deux joueurs en activité qui le devancent au classement des "déçus" ! La messe est d'ailleurs dite à trois minutes de la fin sur un palet perdu par Alfredsson, qui cherchait à tout faire tout seul à la relance. Le palet dépasse Volchenkov et Perry ne se pose pas de question : une frappe lourde au fond des filets, plein axe (6-2). Les décibels montent d'un cran !

Les revanchards d'Anaheim (Selänne, O'Donnell battu en finale 2001, Rob Niedermayer battu en finales 1996 et 2003, Pronger battu l'an dernier et tous les Ducks battus par New Jersey en 2001 dont Giguère, meilleur joueur malheureux des playoffs à l'époque) ont survolé la finale et méritent largement leur titre. Le public peut bien se lever dans la dernière minute pour fêter ses héros : la coupe Stanley visite la Californie pour la première fois, soulevée par son capitaine Scott Niedermayer, qui reçoit le trophée Conn Smythe et qui, enfin, fête le titre avec son frère, et non contre.

Ironie de l'histoire, la franchise créée en 1993 du nom d'un film de Disney a perdu son "Mighty" en début de saison... mais n'a jamais été aussi "méchante" pour devenir la première équipe de la côte ouest à remporter la coupe.

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

 

Commentaires d'après-match :

Randy Carlyle (entraîneur d'Anaheim) : "C'est ma plus grande réussite. Je suis dans le milieu professionnel depuis trente ans et c'est ma première coupe Stanley. Et je vais la savourer pendant quelques jours de toute façon. Nous allons nous accorder plus que la règle des dix minutes que nous avions ! Je crois que nous avons un peu caché nos émotions ces deux derniers jours. On ne peut pas trop appréhender ce qu'on a fait. Je crois que le point d'orgue c'est de n'avoir concédé que 13 tirs dans un match décisif. Et c'est un hommage à rendre aux joueurs, parce qu'ils se sont battus, ont gagné des duels et ont marqué des buts aux moments clés. Je crois que notre groupe s'est construit au camp d'entraînement. D'entrée ils ont créé une alchimie. Je crois qu'on a eu des records fous au début, quelque chose comme 14 matches sans défaite, et ça a servi de point de départ. Après, on a eu un passage à vide à Noël mais on a trouvé les ressources pour se regrouper. On a fait des ajustements et on a avancé, mais ce sont les joueurs qui l'ont fait tous les soirs, tout le mérite leur revient. Je crois que je suis l'entraîneur le plus chanceux du monde pour avoir ce type de vestiaire et de joueurs si professionnels. Demandez à tout entraîneur, si vous ne devez pas gérer un ou deux égos, vous pouvez enfin vous concentrer sur le groupe. Cela rend votre travail facile, et ces gars ont fait le travail."

Scott Niedermayer (défenseur d'Anaheim) : "Nous avions beaucoup de gars qui étaient affamés. Quand vous jouez comme Teemu l'a fait pendant 15 ou 16 ans, quand vous jouez 10, 12, 14 ans et que vous n'avez pas la chance de gagner, cela vous met quelque chose dans le ventre, sur lequel vous pouvez compter à cette époque de l'année. Je crois que les gars l'ont prouvé."

Teemu Selänne (attaquant d'Anaheim) : "On a dû attendre longtemps pour ce moment inoubliable. Et ça rend ça vraiment spécial. Gagner devant notre public... Je suis si fier de mes coéquipiers. On était comme des frères. Et on avait un rêve en commun, c'est pour ça que c'est si particulier."

Bryan Murray (entraîneur d'Ottawa) : "On a l'impression que quelle que soit la ligne sur laquelle vous le mettez, [Alfredsson] sera le gars qui marquera des points pour vous. Ce soir, c'était la ligne Fisher, car Alfredsson y était. Il a eu pas mal de critiques par le passé, cela arrive quand vous n'allez pas loin en playoffs. Mais ce gars, pour moi, a été le capitaine exemplaire pour notre équipe. C'est un travailleur, un meneur, et il a l'a encore montré ce soir. En infériorité, des adversaires sur le dos, il va au but et nous remet à 3-2 à ce moment-là. Il nous a donné une chance de revenir après un début catastrophique, et on a pas pu l'aider assez. Je crois qu'ils ont mieux joué que nous, mieux positionnés. En défense surtout, c'est leur point fort... Je crois quand même que nous avons eu quelques joueurs qui n'ont pas joué à leur niveau des playoffs. C'est le plus décevant. Nous comme eux auront à vivre avec ça cet été. Je dis ça avec tout le respect pour eux. Anaheim est une grande équipe avec une défense très solide et cela rend les choses difficiles pour jouer au niveau que nous avions avant la finale. En ce qui concerne notre équipe, j'ai quand même vu du caractère. Beaucoup de bons joueurs, qui nous ont amenés jusque là. Je ne sais pas si nous étions le groupe le plus talentueux, mais on a joué dur et discipliné dans les playoffs à l'est. J'aimerais leur trouver des excuses, mais je n'en trouve pas pour l'instant, hormis féliciter Anaheim car ils ont fait ce qu'il fallait pour gagner."

 

Anaheim - Ottawa 6-2 (2-0, 2-2, 2-0)

Mercredi 6 juin 2007 à 17h20 au Honda Center d'Anaheim. 17372 spectateurs.

Arbitrage de Paul Devorski et Dan O'Halloran assistés de Shane Heyer et Jean Morin.

Pénalités : Anaheim 6' (6', 0', 0'), Ottawa 12' (6', 2', 4').

Tirs : Anaheim 18 (5, 7, 6), Ottawa 13 (3, 5, 5).

Évolution du score :

1-0 à 03'41" : McDonald assisté de Getzlaf et Pronger (double sup. num.)

2-0 à 17'41" : R. Niedermayer assisté de Perry

2-1 à 31'27" : Alfredsson assisté de Schaefer et Fisher

3-1 à 35'44" : Moen

3-2 à 37'38" : Alfredsson (inf. num.)

4-2 à 38'28" : Beauchemin assisté de McDonald (sup. num.)

5-2 à 44'01" : Moen assisté de S. Niedermayer et Påhlsson

6-2 à 57'00" : Perry

 

Anaheim Ducks

Gardien : Jean-Sébastien Giguère

Défenseurs : Scott Niedermayer - François Beauchemin ; Chris Pronger - Sean O'Donnell ; Joe DiPenta - Kent Huskins.

Attaquants : Chris Kunitz - Andy McDonald - Teemu Selänne ; Dustin Penner - Ryan Getzlaf - Corey Perry ; Rob Niedermayer - Samuel Påhlsson - Todd Marchant ; Brad May - Travis Moen - Shawn Thornton.

Remplaçant : Ilya Bryzgalov (G).

Réservistes : Ric Jackman, George Parros, Drew Miller, Ryan Shannon, Ryan Carter, Joe Motzko.

Ottawa Senators

Gardien : Ray Emery.

Défenseurs : Chris Phillips - Anton Volchenkov ; Andrej Meszaros - Tom Preissing ; Wade Redden - Joe Corvo.

Attaquants : Antoine Vermette - Chris Kelly - Chris Neil ; Dany Heatley - Jason Spezza - Daniel Alfredsson ; Peter Schaefer - Mike Comrie - Mike Fisher ; Christoph Schubert - Patrick Eaves - Oleg Saprykin.

Remplaçant : Martin Gerber (G).

Réservistes : Dean McAmmond (blessé), Brian McGrattan, Jeff Heerema, Danny Bois, Lawrence Nycholat.

 

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