Ottawa Senators - Anaheim Ducks (2 juin 2007)

 

Finale de la coupe Stanley 2007, match 3.

Menés 2-0, les Senators n'ont pas le choix : ils doivent gagner sous peine de se placer dans une situation historiquement injouable. En effet, seules deux équipes ont remonté un 3-0 en NHL, une seule en base-ball et aucune en basket ! La mission est donc d'importance pour Ottawa. Du côté d'Anaheim, une bonne nouvelle avec le retour de Chris Kunitz qui a reçu le feu vert des médecins après sa fracture du bras droit. Il remplace Drew Miller dans l'alignement. Du côté d'Ottawa, Chris Neil est bien présent après avoir assisté à la naissance de sa fille la veille au soir... Le public est déchaîné pour les hymnes et le coup d'envoi, l'ambiance est électrique pour ce match déjà décisif. C'est le premier match de la finale de la coupe Stanley dans la capitale du Canada depuis... 1927 !

Ottawa remporte la première mise au jeu et cherche à s'imposer physiquement avec une première mise en échec signée Chris Neil, survolté, dès la première présence. La pression est immédiatement l'œuvre des rouges qui cherchent à s'installer et se créent une petite chance par Jason Spezza puis Mike Fisher, mais ils manquent de se faire piéger en contre par Dustin Penner. Oublié dans le cercle droit, le grand ailier se heurte à Ray Emery du gant. Anaheim obtient une nouvelle chance sur un palet dévié peu après, et est récompensé par une pénalité contre Redden. L'équipe spéciale des Senators fait le travail en infériorité pour manger l'horloge relativement facilement pendant une bonne partie... mais les dernières secondes sont fatales. Le travail derrière le but des Ducks est efficace et Teemu Selänne échappe à Anton Volchenkov, sert Andy McDonald dans l'axe, entre les deux cercles, pour un tir du poignet mi-hauteur imparable (0-1).

Sur l'engagement Brad May expédie Christoph Schubert sur son propre gardien et est sanctionné de deux minutes. Ottawa se voit offrir une chance de revenir, mais le jeu de passe est un peu maladroit et seul un tir de Redden survient. L'intensité est importante et on sent clairement une équipe d'Ottawa plus impliquée et plus physique. Jean-Sébastien Giguère doit ainsi sortir un lancer de près de Chris Kelly, consécutif à un bon travail dans les bandes. Chris Neil notamment fait preuve d'agressivité face à la fameuse ligne d'échec adverse. Les espaces s'ouvrent peu à peu et Daniel Alfredsson, accélérant sur l'aile droite, se heurte à son tour au gardien. Il récidive sur un lancer lointain sorti de la botte sur la même présence. La première ligne d'Ottawa (Heatley-Spezza-Alfredsson) se montre beaucoup plus avantage que lors des deux rencontres en Californie... Un duel Fisher-Moen intense est finalement sanctionné de deux minutes chacun, libérant des espaces supplémentaires. Les locaux se battent sur tous les palets et Giguère doit rester vigilant à deux reprises, notamment sur un lancer de Dean McAmmond. En face, malgré un jeu de passe précis, les Ducks doivent attendre un tir de Marchant sur l'aile gauche pour solliciter Emery. La pression est clairement en faveur des Senators... La rondelle ne sort plus de la zone des Ducks et c'est fort logiquement qu'Ottawa finit par être récompensé par Chris Neil, le joueur le plus actif depuis le début du match. Une grosse pression sur le porteur du palet profite à Kelly qui déborde à gauche, son centre depuis la ligne de fond étant dévié par Neil poteau opposé, seulement freiné par Giguère (1-1). L'échec-avant d'Ottawa ne faiblit pas, avec une possession de palet quasi exclusive : le monde à l'envers par rapport aux premiers matches ! Une pression dans la neutre bénéficie ainsi à Neil, qui bataille dans l'axe alors que le palet revient à Chris Phillips ligne bleue : son tir est dévié et trouve le filet extérieur. La sirène retentit peu après sur ce score de 1-1.

Feu d'artifice en deuxième tiers

Les Senators ont dominé aux tirs en première période et démarrent immédiatement sur la même lignée, à l'image d'une bonne charge d'Andrej Meszaros sur Perry. Mais la première grosse occasion revient à Travis Moen, devant une cage ouverte après un cafouillage devant l'enclave : il trouve le poteau ! Après un contact avec Samuel Påhlsson, Spezza prend deux minutes, que sert Mike Comrie pendant que le passeur vedette rentre aux vestiaires pour un problème d'équipement. Påhlsson étant aussi sanctionné, c'est un nouveau quatre contre quatre. Les duels s'intensifient et font une victime : Chris Kunitz rentre au vestiaire, blessé à la jambe, après avoir raté une charge sur un défenseur. Pendant ce temps, Spezza est de retour avec le numéro 44 de Patrick Eaves... fort brièvement, puisqu'il retrouve enfin son numéro 19 peu après. Dans la confusion, Anaheim profite d'une bonne situation pour reprendre l'avantage, lorsque Perry profite d'une erreur de Phillips, sort du coin en feintant la passe pour mieux repiquer vers l'enclave et rabattre le palet au second poteau (1-2).

Un avantage de très courte durée puisque, après une mise au jeu gagnée en zone offensive par Vermette, Volchenkov contrôle et expédie un missile du point d'appui, légèrement dévié par Mike Fisher au dessus de l'épaule de Giguère (2-2). Un but causé par un changement de ligne mal vu des Ducks, Moen n'ayant pas remarqué que sa ligne étant sur la glace pendant que Ryan Getlzaf complétait l'alignement en catastrophe et en retard.

Ottawa en feu appuie sur l'accélérateur avec plusieurs essais de loin. Les contacts se multiplient. Le jeu devient fou et Anaheim repasse en tête immédiatement, avec un débordement dans l'axe, un décalage à gauche pour un tir sorti de Penner par Emery, qui laisse le rebond pour Getzlaf cage ouverte (2-3).

Un coup dur qui équilibre peu à peu le jeu. La ligne des jeunes Ducks a fait le travail offensif avec beaucoup d'opportunisme... Penner se crée des espaces pour un festival à travers la patinoire, avant de voir son tir repoussé de la botte. Malgré tout la possession demeure en faveur d'Ottawa, intensif à défaut d'être efficace. L'échec avant est toujours aussi appuyé, avec Neil en fer de lance qui use la défense adverse. Les séquences en zone offensive permettent aux défenseurs locaux de lancer de la bleue, à l'instar de Phillips. Plus tenaces aux mises au jeu, les Senators provoquent des fautes et envoient Scott Niedermayer sur le banc. Une bonne circulation de palet et une bataille devant le but donnent une nouvelle pénalité contre Sean O'Donnell, pour cinq secondes de double avantage. Ottawa insiste et entre convenablement en zone par de bons gestes techniques devant une défense haute, libérant Redden ligne bleue pour un tir qui revient sur Daniel Alfredsson. Les arbitres refusent le but, arguant que le Suédois a marqué d'un geste volontaire du patin. C'est donc une longue révision vidéo... qui finalement accorde le but, puisque le palet a rebondi sur la lame d'après les arbitres, même si Alfredsson semble continuer le geste après coup... (3-3). Un but controversé qui n'a guère convaincu un Randy Carlyle énervé !

Les deux équipes se rendent coup pour coup dans les instants qui suivent et à ce petit jeu les Senators passent en tête dans les dernières secondes à l'issue d'une séquence lumineuse. Un palet envoyé au fond est récupéré par Oleg Saprykin dans le coin, qui subit une charge mais libère pour McAmmond, qui cherche Schubert mais trouve le patin de Pronger pour le but (4-3).

Un but qui ne ralentit pas les Sens, toujours aussi actifs à l'échec avant et qui obtiennent un ultime lancer de la bleue de Redden sur une passe de Spezza : Giguère est sauvé par son poteau, et les deux formations rentrent aux vestiaires.

Les esprits s'échauffent

Ottawa vire en tête... comme au premier match, avec cette fois-ci l'objectif de ne pas gaspiller son avance. Peter Schaefer se crée la première chance, gaspillant une échappée face à Giguère consécutive à une perte d'équilibre de Scott Niedermayer dans la neutre. La première ligne des Senators est bien meilleure dans ce match et se positionne de manière dangereuse, avec plusieurs situations chaudes. Sur l'une d'entre elles, McAmmond est victime d'une charge de Pronger juste après son tir : un méchant coup de coude au visage non sifflé, alors que l'attaquant ne se relève pas. Une pénalité majeure aurait du être sifflée sur l'action... L'ancien attaquant de Calgary, sonné, rentre aux vestiaires. Une situation qui échauffe forcément les esprits et les mauvais gestes et les bagarres pleuvent. Getzlaf, Perry et Penner sont envoyés au banc, pendant que Fisher, Neil et Schaefer partent de leur côté ! C'est malgré tout un avantage numérique pour Ottawa car Perry a pris une double mineure. Mais la meilleure chance revient à Todd Marchant, qui résiste au retour de deux défenseurs pour partir seul dans l'axe en profitant d'une mauvaise passe : Emery sauve son camp sur un tir du revers, en deux temps, sortant le rebond de la crosse. Malheureusement pour son équipe, May se montre indiscipliné et à peine la pénalité finie c'est une nouvelle infériorité. C'en est trop pour les hommes de Randy Carlyle qui cèdent une nouvelle fois. Un échec avant efficace de Neil, Vermette sort du coin avec le palet et, de derrière la cage, offre un caviar à Volchenkov pour un lancer en hauteur (5-3).

Un but important à mi-période puisqu'il permet à l'équipe locale de prendre de l'air. La réaction d'Anaheim ne se fait guère attendre, provoquant une obstruction de Schaefer sur une charge à retardement. L'occasion de menacer Emery, mais trop peu de temps puisque Getzlaf est puni pour un faire trébucher sur la première action. À quatre contre quatre les Ducks essaient de bien faire circuler le palet et testent plusieurs tirs lointains, pas toujours cadrés. Les punis reviennent mais Anaheim n'a aucun espace, avec un marquage extrêmement difficile à passer. Les efforts des Californiens ne paient pas, c'est même McDonald qui se fait piéger dans un contact avec Emery. L'occasion de faire courir l'horloge et de contrôler la fin de partie. Lorsque Giguère sort pour un attaquant supplémentaire, la pression demeure importante mais Ottawa résiste : la catastrophe est évitée et les Senators reviennent à 2 victoires à 1 après ce succès mérité.

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

 

Commentaires d'après-match :

Daniel Alfredsson (attaquant d'Ottawa) : "Trois fois mené, trois fois revenu : tout est dit. Le public nous a aidés, aucun doute. Ne pas rendre le palet, le ramener sans cesse devant le but adverse, c'est comme ça qu'on gagne. Je pense que l'équipe entière devait fournir des efforts et nous avons eu des présences énormes de la ligne Fisher, la ligne Kelly avec Neil et les autres. Chaque ligne a marqué et c'est ce qui a fait la différence par rapport aux deux premières parties."

Bryan Murray (entraîneur d'Ottawa) : "Dans le vestiaire avant le match, j'ai dit que personne d'autre que Chris [Neil] n'a plus mérité sa place dans la ligne de départ. Il fallait juste lui trouver les bons partenaires. [...] Nous avons tenu, tenu, et nous avons bien joué. Le groupe a été secoué en début de saison, nous l'avons souvent dit. Ils ont été battus dans les duels, et même si ce n'est qu'un match j'ai aimé la façon dont on a réagi. Nous avons marqué en supériorité et à partir de là nous avons fait du bon travail pour décoller et rester disciplinés en marquant les buts qu'il fallait. On veut revenir à Anaheim pour se battre pour prendre la tête dans la série."

Jason Spezza (attaquant d'Ottawa) : "Nous étions meilleurs en patinage et nous étions plus vite sur le palet dans bien des situations. En plus nous nous sommes soutenus, et quand nous sommes tous ensemble, il est clair que nous ne concédons pas autant d'occasions que lors des deux premiers matches. Nous avions plus d'émotion que de pression. Nous nous réjouissions de jouer devant nos supporters. On sentait déjà la tension à midi. J'ai déjeuné dans Ottawa et l'atmosphère était incroyable."

Randy Carlyle (entraîneur d'Anaheim) : "Ils ont travaillé plus que nous, c'est aussi simple que ça. Vous devez féliciter Ottawa, mais on peut jouer à un meilleur niveau. On doit se regrouper, se reconcentrer, faire des ajustements et aller de l'avant. La discipline a été un problème, mais même en jouant mal nous avions encore une chance."

 

Ottawa - Anaheim 5-3 (1-1, 3-2, 1-0)

Samedi 2 juin 2007 à 20h20 à la Scotiabank Place d'Ottawa. 20500 spectateurs.

Arbitrage de Paul Devorski et Dan O'Halloran assistés de Shane Heyer et Jean Morin.

Pénalités : Ottawa 24' (4', 6', 14'), Anaheim 16' (4', 2', 10').

Tirs : Ottawa 29 (10, 12, 7), Anaheim 22 (8, 11, 3).

Évolution du score :

0-1 à 05'39" : McDonald assisté de Selanne (sup. num.)

1-1 à 16'10" : Neil assisté de Kelly et Meszaros

1-2 à 25'20" : Perry assisté de Penner et Getzlaf

2-2 à 25'47" : Fisher assisté de Volchenkov

2-3 à 27'38" : Getzlaf assisté de Penner et Perry

3-3 à 36'14" : Alfredsson assisté de Redden et Corvo (sup. num.)

4-3 à 38'34" : McAmmond assisté de Saprykin et Schubert

5-3 à 48'22" : Volchenkov assisté de Vermette et Kelly

 

Ottawa Senators

Gardien : Ray Emery.

Défenseurs : Chris Phillips - Anton Volchenkov ; Andrej Meszaros - Tom Preissing ; Wade Redden - Joe Corvo.

Attaquants : Antoine Vermette - Chris Kelly - Chris Neil ; Dany Heatley - Jason Spezza - Daniel Alfredsson ; Peter Schaefer - Mike Comrie - Mike Fisher ; Christoph Schubert - Dean McAmmond - Oleg Saprykin.

Remplaçant : Martin Gerber (G).

Réservistes : Brian McGrattan, Patrick Eaves, Lawrence Nycholat.

Anaheim Ducks

Gardien : Jean-Sébastien Giguère (sorti de sa cage à 58'28").

Défenseurs : Scott Niedermayer - François Beauchemin ; Chris Pronger - Sean O'Donnell ; Ric Jackman - Kent Huskins.

Attaquants : Chris Kunitz - Andy McDonald - Teemu Selänne ; Dustin Penner - Ryan Getzlaf - Corey Perry ; Rob Niedermayer - Samuel Påhlsson - Todd Marchant ; Brad May - Travis Moen - Shawn Thornton.

Remplaçant : Ilya Bryzgalov (G).

Réservistes : Drew Miller, Joe DiPenta, George Parros, Ryan Shannon, Ryan Carter, Mark Hartigan.

 

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