Bélarus - Allemagne (7 mai 2007)

 

Championnats du monde 2007, deuxième tour, groupe F

Le slap de fin

Cela aurait pu être le moment de gloire pour les Allemands, mais après le point pris par les Tchèques hier contre les Canadiens, le rêve d'un quart de finale s'est envolé. C'est donc un simple match de classement, qui n'a d'ailleurs rien de banal tant les points obtenus au classement IIHF pèsent lourd.

L'enjeu est présent, mais mais étouffant, et l'on assiste ainsi à un match ouvert entre deux équipes animées d'intentions offensives... et qui se laissent aller défensivement. Dimitri Pätzold, qui a de nouveau la confiance du staff allemand pour ce match-ci, lâche un rebond après seulement une minute de jeu, et Dmitry Meleshko ouvre déjà le score (1-0, 01'07"). L'Allemagne tue ensuite une pénalité de Petermann avant d'égaliser : Ryadinsky perd le palet derrière sa cage face à Philipp Gogulla qui trouve aussitôt une bonne passe vers Michael Hackert dans l'enclave (1-1, 05'50"). Les hommes d'Uwe Krupp font ensuite preuve d'une efficacité redoutable - et inédite - en supériorité numérique : deux opportunités, après des prisons de Strakhov et Ugarov pour faire trébucher, et deux buts, par Alexander Barta sur passe de Felski et par Robert Dietrich sur passe de Hackert (1-3, 17'53"). Mais l'Allemagne se relâche un peu. Une mauvaise sortie de zone contrée par Ryadinsky, un palet récupéré par Meleshko, et Konstantin Koltsov peut se distinguer avec une belle passe du revers en pivot pour Aleksandr Kulakov (2-3, 18'58").

Dans une partie où l'accélération et la technique comptent plus que le placement, les fautes sont nombreuses, surtout de la part des Biélorusses. À cinq contre trois, l'Allemagne s'amuse : passe de Martin Ancicka pour reprise directe de Sven Felski (2-4, 25'19"). Le jeu se poursuit à cinq contre quatre, et Michael Hackert laisse une trace d'ombre à sa bonne quinzaine avec une passe hasardeuse en zone neutre. Dmitri Dudik se retrouve seul face à Pätzold qu'il trompe d'un tir bas (3-4, 26'25"). Les bancs des prisons ne désemplissent pas, les coups de sifflet font partie du spectacle débridé, et on joue même pendant une minute à trois contre trois. Mais c'est quand tout le monde est revenu au complet que Konstantin Koltsov reprend une passe de Leontiev pour l'égalisation (4-4, 33'43").

Le duo-révélation de ces Mondiaux redonne l'avantage à l'Allemagne : passe du revers de Michael Hackert derrière la cage pour Michael Wolf démarqué dans le slot (4-5, 45'24"). Denisov s'énerve depuis le banc de la prison et prend une méconduite en plus. Il y a de quoi s'agacer : c'est le quatrième but allemand en jeu de puissance, à chaque fois sur des schémas simples. Plus variés techniquement, les Biélorusses se sont accordés beaucoup trop de largesses défensives. Hördler écope lui aussi d'une méconduite pour avoir contesté une pénalité qu'il jugeait imaginaire, Draxinger le rejoint dans la geôle et un slap de Viktor Kostyuchenok ramène encore les équipes à égalité (5-5, 52'46"). Mais le clap de fin, ou plutôt le slap de fin, est pour Michael Wolf, évidemment (5-6, 53'55"). Une faute de Dietrich permet au Bélarus de finir à six contre quatre, en vain.

Allemands et Biélorusses auront donc fait le spectacle à défaut d'avoir vraiment joué à haut niveau. Ils n'ont pas eu la même concentration que pour un match éliminatoire, et pourtant l'importance de ce match n'était pas factice : l'enjeu est la neuvième place IIHF à l'horizon 2008, celle qui accordera une qualification directe pour les Jeux olympiques 2010. Le Bélarus est repassé devant la Lettonie, mais avec une onzième place finale, il prend peu de points d'avance. Tout se jouera l'an prochain, et l'Allemagne, neuvième cette année après son passage en division I, revient dans la course pour le précieux sésame...

Désignés joueurs du match : Konstantin Koltsov et Michael Wolf pour l'Allemagne.

Trois meilleurs Biélorusses du tournoi selon leur coach : Oleg Antonenko, Aleksandr Makritsky et Aleksei Ugarov.

Trois meilleurs Allemands du tournoi selon leur coach : Michael Wolf, Michael Hackert et Martin Ancicka.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match :

Uwe Krupp (entraîneur de l'Allemagne) : "Nos joueurs se sont donnés à 100%. Le jour de repos supplémentaire a été le facteur décisif. Notre objectif se limitait au maintien au début. La victoire contre les Tchèques nous a donné de l'appétit, mais cela ne change rien au fait que notre vraie place est entre 9 et 12. Nous aurions pu être en quart de finale avec une aide extérieure, mais il ne faut pas construire là-dessus en sport. Nous voulons être assez bons pour atteindre les quarts de finale par notre propre force. Tant qu'il y aura deux blocs d'étrangers dans chaque équipe de DEL, ce sera difficile."

Curt Fraser (entraîneur du Belarus) : "Quand on est battu par son ancien joueur, c'est le signe qu'on devient vieux [Fraser a été le dernier entraîneur de Krupp à Atlanta]. On verra encore beaucoup de bons matches de ces Allemands dans l'avenir, c'est une équipe physique et tactiquement compétente. Elle a fait un travail colossal et mérite sa victoire. Ni nos erreurs ni la solidité de l'adversaire ne peuvent servir de justification : le final spectaculaire que nous avions prévu n'a pas eu lieu. N'attendez pas de moi que je critique les joueurs. Je le répète : dans la situation complexe où nous nous trouvons [NB : avec pas mal d'absents], ils ont fait tout ce qui étaient en leurs forces."

Andrei Mezin (gardien du Bélarus) : "Pour être franc, j'avais déjà songé à faire mes adieux à la sélection l'an dernier. Je restais sur deux championnats du monde réussis et je souhaitais partir sur une bonne note. Puis j'ai changé d'avis : on avait besoin de moi, je ne pouvais pas refuser ça à la fédération qui prenait de mes nouvelles constamment. Néanmoins, le temps a montré que j'aurais mieux fait de rester à la maison... L'an prochain, je me consacrerai à mon nouveau club, le Metallurg Magnitogorsk. À un moment ou à un autre, il faut arrêter. Mieux vaut que ce soit maintenant. Je suis très fatigué, je ne vois presque pas ma famille. J'ai apprécié le match de Goryachevskikh contre le Canada, il va sans dire que l'avenir est à lui."

 

Bélarus - Allemagne 5-6 (2-3, 2-1, 1-2)
Lundi 7 mai 2007 à 16h15 à l'Arena Khodynka de Moscou. 2000 spectateurs.
Arbitrage d'Ole Stian Hansen assisté de Konstantin Gordenko et Roman Pouzar
Pénalités : Bélarus 34' (8', 10', 6'+10') ; Allemagne 32' (10', 6', 6'+10').
Tirs : Bélarus 23 (7, 6, 10) ; Allemagne 26 (11, 8, 7).

Évolution du score :
1-0 à 01'07" : Mialeshka assisté de Koltsov et Kastyuchonak
1-1 à 05'50" : Hackert assisté de Gogulla
1-2 à 12'08" : Barta assisté de Felski et Tripp (sup. num.)
1-3 à 17'53" : Dietrich assisté de Hackert et Kreutzer (sup. num.)
2-3 à 18'58" : Kulakov assisté de Koltsov et Mialeshka
2-4 à 25'19" : Felski assisté d'Ancicka (double sup. num.)
3-4 à 26'25" : Dudik (inf. num.)
4-4 à 33'43" : Koltsov assisté de Leontiev et Mialeshka
4-5 à 45'24" : Wolf assisté de Hackert et Gogulla (sup. num.)
5-5 à 52'46" : Kastyuchonak assisté de Dudik (double sup. num.)
5-6 à 53'55" : Wolf assisté de Gogulla
 

Bélarus

Attaquants :
Dmitri Dudik (2') - Evgeni Kurilin (-1) - Sergei Demahin
Dmitri Mialeshka (+3, 2') - Konstantin Koltsov (A, +3) - Aleksandr Kulakov (+3, 2')
Oleg Antonenko (C, -1) - Siarhei Zadelenov (-1) - Aleksei Ugarov (-1, 2')
Siarhei Kukushkin - Artyom Volkov (4') - Aleksei Strakhov (2')
Aleksandr Borovkov

Défenseurs :
Aleksandr Makritsky (A, -1, 4') - Vladimir Denisov (2'+10')
Viktor Kastyuchonak (+2) - Oleg Leontiev (+2)
Aleksandr Ryadzinsky (+1, 2') - Aleksandr Zhurik (-1)
Andrei Glebov (+1)

Gardien :
Andrei Mezin [sorti de 59'20" à 60'00"]

Remplaçant : Stepan Goryachevskikh (G). Absents : Sergei Erkovich (étirement des muscles du cou), Andrei Mikhalyov.

Allemagne

Attaquants :
Sven Felski (A, -1) - Alexander Barta (-1) - John Tripp (-1, 2')
Philip Gogulla - Michael Hackert (2') - Michael Wolf (+1, 6')
Florian Busch (2') - Christoph Ullmann - Daniel Kreutzer (C, -1)
Petr Fical (-1) - Aleksander Polaczek (-1) - André Rankel (-1)

Défenseurs :
Alexander Sulzer (-1) - Felix Petermann (-1, 2')
Robin Breitbach (+1) - Martin Ancicka
Robert Dietrich (2') - Tobias Draxinger (4')
Sebastian Osterloh (-2) - Frank Hördler (-1, 2'+10')

Gardien :
Dimitri Pätzold

Remplaçant : Dimitrij Kotschnew (G). Absents : Michael Bakos (déchirure musculaire au genou droit), Yannic Seidenberg (commotion cérébrale), Oliver Jonas (G).

 

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