Suède - Finlande (6 mai 2007)

 

Championnats du monde, deuxième tour, groupe E.

Auto-échec et mat

C'est peut-être la dernière fois qu'Erkka Westerlund croise son homologue suédois Bengt-Åke Gustafsson (sauf si les deux équipes se retrouvent dans le dernier carré), et comme lors de la finale olympique, on se prépare à un énième duel tactique entre les deux coaches, tels deux champions d'échecs qui se connaissent par cœur mais ont toujours de nouvelles idées en tête. La Finlande étonne ainsi avec une première rotation à trois lignes. "BAG" réplique aussitôt en zappant un passage de son premier bloc, manifestant leur intention de matcher les lignes adverses.

La quatrième ligne finlandaise fait son apparition après quatre minutes de jeu, et elle se crée la première occasion, une contre-attaque avec le défenseur Lasse Kukkonen en troisième homme qui reçoit une passe de Jarkko Ruutu et prend un lancer que Johan Backlund laisse un peu échapper de la mitaine. Douze minutes plus tard, c'est au tour de l'autre gardien Kari Lehtonen de commettre une faute de gant, avec plus de conséquences celle-là. Il relâche un lancer de la bleue de Johan Åkerman, qui était hors cadre, et le dévie ainsi à l'intérieur des filets. Un "contre son camp" qui vaut forcément cher entre deux adversaires si proches qui n'ont pas laissé la moindre faille en défense.

Le point où la Finlande a semblé avoir un petit avantage, c'est le jeu physique. Elle utilise donc cet atout dès le début de la deuxième période avec une énorme boîte de Mikko Koivu sur Rickard Wallin pour récupérer le palet au forechecking. Dans l'autre camp il n'y a guère que Hörnqvist pour mettre de telles mises en échec. La Suède parvient cependant à maîtriser la fougue finlandaise. Alors que Niko Kapanen est en prison pour avoir fait trébucher Kenny Jönsson en zone offensive, Jarkko Ruutu provoque une escarmouche avec Hörnqvist devant la cage mais est le seul à être pénalisé. Les Finlandais jouent donc à trois pendant vingt secondes. Ils maintiennent pourtant la pression et ne sont pas mis en danger sur cette situation.

Mais si elle tient bien en infériorité, la Finlande déçoit en supériorité numérique, où l'on aurait attendu mieux du jeu de passes de Nummelin et consorts. À aucun moment les jeux de puissance ne parviennent donc à débloquer le match. À dix minutes de la fin, Bremberg prend une mauvaise prison en retenant la crosse de Laamanen en zone offensive. La Finlande met du temps à s'installer, et quand elle y parvient, elle se fait prendre en contre par Jörgen Jönsson qui réussit à feinter Lehtonen mais ne cadre pas son revers. C'était un vrai évènement dans ce match : un breakaway ! Il n'y en avait pas eu jusqu'ici, pas plus que de situations de 2 contre 1. Une situation qui arrive à quatre contre quatre (un coup de crosse de Warg a fait voler un bâton adverse à cinq mètres de haut pendant une supériorité), mais la passe de Kukkonen pour Kapanen est coupée par Tobias Enström. Les défenses auront donc été prises à défaut une fois chacune, sans conséquence.

À trois minutes de la fin, une obstruction de Hållberg donne une dernière chance au powerplay finlandais. Johan Backlund capte un dernier tir de Peltonen et rassure une fois de plus. Westerlund sort son gardien pour jouer à six contre quatre, Jörgen Jönsson récupère le palet, il manque de peu la cage vide mais est fait trébucher par Kukkonen. Comme Jönsson est lui-même pénalisé sur l'action suivante, la Finlande finit à cinq contre quatre sans gardien. Les dernières secondes sont de folie car Tuomo Ruutu et Mikko Koivu, les plus dynamiques durant toute la soirée, mettent le feu devant la cage. Il s'y crée une même indescriptible et confuse jusqu'à la sirène.

La Finlande a perdu pour ne pas avoir profité des supériorités numériques qu'elle a parfois su provoquer. Elle s'est surtout heurtée à un bon Johan Backlund. Le gardien de Timrå, qui affrontait un certain scepticisme, en est à son deuxième blanchissage en trois titularisations. Et s'il n'avait essuyé que huit tirs contre la Suisse, il en a repoussé trente-huit ce soir. Et surtout, ce chiffre s'accompagne d'une méthode efficace, puisqu'il n'a pas laissé de rebonds dangereux pour sa défense, ce qui était important face à l'énergie de certains Finlandais. C'est la principale satisfaction suédoise de la soirée. La Finlande se réjouira plutôt de son impact physique supérieur. Et des deux côtés, le système défensif est solide, sans que cela constitue une surprise.

Désignés joueurs du match : Johan Backlund pour la Suède et Tuomo Ruutu pour la Finlande.

Marc Branchu

 

Suède - Finlande 1-0 (1-0, 0-0, 0-0)
Dimanche 6 mai 2007 à 20h15 à la Khodynka Arena, Moscou. 7200 spectateurs.
Arbitrage de Brent Reiber assisté d'Ivan Dedioulia et Sylvain Losier
Pénalités : Suède 18' (4', 4', 10'), Finlande 10' (2', 4', 4').
Tirs : Suède 21 (9, 5, 7), Finlande 38 (9, 11, 18).

Évolution du score :
1-0 à 15'33" : Åkerman assisté de Tärnström et Warg
 

Suède

Attaquants :
Martin Thörnberg - Jörgen Jönsson (A, 2') - Tony Mårtensson (2')
Jonathan Hedström (+1) - Rickard Wallin (+1, 2') - Fredrik Warg (+1, 2')
Fredrik Bremberg (2') - Johan Davidsson - Patric Hörnqvist
Fredrik Emwall - Nicklas Bäckström - Alexander Steen

Défenseurs :
Kenny Jönsson (C, 2') - Anton Strålman
Dick Tärnström (+1, 2') - Johan Åkerman (+1)
Per Hållberg (2') - Tobias Enström
Jan Sandström - Magnus Johansson

Gardien :
Johan Backlund (2')

Remplaçant : Erik Ersberg (G). En réserve : Daniel Henriksson (G).

Finlande

Attaquants :
Ville Peltonen (C) - Jari Viuhkola - Jere Lehtinen
Tomi Kallio - Mikko Koivu - Tuomo Ruutu
Timo Pärssinen - Niko Kapanen (-1, 2') - Jukka Hentunen (-1)
Jarkko Ruutu (A, -1, 2') - Mika Pyörälä - Antti Miettinen (2')

Défenseurs :
Lasse Kukkonen (-1, 2') - Petteri Nummelin (A, -1)
Pekka Saravo - Tuukka Mäntylä
Aki-Petteri Berg (2') - Toni Söderholm

Gardien :
Kari Lehtonen [sorti de 58'31" à 58'56" et de 59'32" à 60'00"]

Remplaçants : Fredrik Norrena (G), Sean Bergenheim, Petri Kontiola.

 

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