Lettonie - Ukraine (4 mai 2007)

 

Championnats du monde, poule de maintien, deuxième journée.

Inexorable

Ce match, jamais Ukrainiens et Lettons n'auraient imaginé le disputer en poule de relégation, il y a quelques mois. Habituées à l'élite mondiale depuis de longues années, les deux anciennes républiques soviétiques (qui ont désormais horreur qu'on les nomme ainsi...) espéraient plutôt jouer la poule haute. Et puis... Et puis, l'Ukraine n'a pu aligner sa meilleure équipe (si l'on comptait tous ceux qui ne sont pas venus, on pourrait presque composer une autre équipe...) et les Lettons vieillissants sont tombés bêtement face à plus vieux qu'eux...

Oubliez les matches de gala du deuxième tour, comme l'an passé... en Lettonie. Et place au match de la mort, qui rapprochera le perdant du néant, entre deux pays qui se connaissent parfaitement. D'abord les plus anciens ont des souvenirs soviétiques communs, ensuite les autres se sont croisés dans l'ancienne Ligue d'Europe de l'Est, et dans le championnat du Bélarus, où évoluaient les deux clubs phares de ces pays, le Sokil de Kyïv et jusqu'à l'an passé le Riga 2000.

Côté supporters, pas de surprise, il y a très peu de monde, mais c'est équilibré, les Moscovites (enfin, plus les Mitychtchistes...) pro-Ukrainiens compensant l'importante communauté grenat toujours aussi déterminée et bruyante.

Sur la glace, la première chose que l'on attend est de savoir si les deux entraîneurs auront changé leurs équipes après la catastrophe du premier tour. Eh bien la réponse est oui. Mais les changements n'interviennent pas forcément là où on les attendait. En particulier, on est impatient de voir quels seront les gardiens titulaires. En effet, aucun de ceux qui ont été essayés n'ont réellement convaincu. C'est même le talon d'Achille des Ukrainiens et Lettons.

Chez les Ukrainiens, Olexandre Seukand maintien sa confiance à Vadim Seliverstov, le gardien du Berkout entré en début de deuxième tiers contre le Danemark, et chez les Lettons, l'alternance se poursuit avec le retour d'Edgars Masalskis qui joue un match sur deux avec Sergejs Naumovs. Les changements sont donc ailleurs.

Viatcheslav Zavalniouk est bien présent, il n'est donc pas suspendu après sa "bagarre" à la fin du match contre les Danois, mais il repasse à l'arrière. Des lignes largement modifiées par Seukand. Denis Issaienko et Viacheslav Timchenko disparaissent au profit de Zavalniouk et Blagoï. En attaque, Olexandre Bobkine prend la place de Zavalniouk. Blagoï et Bobkine sont des joueurs (du Sokil Kyïv) qui avaient été placés en réserve pour le second tour. Toutes les lignes défensives ukrainiennes sont donc bouleversées. En attaque, Seukand a été plus sage. A-t-il le choix ?

Et puis, dans les rangs lettons, Olegs Znaroks a également changé presque toutes ses lignes, en particulier en attaque, où l'on trouve le renfort d'AHL Janis Sprukts à la place d'Aleksandrs Semjonovs.

Le début de match est très tendu, on sent que les deux équipes n'osent pas se livrer à fond. La première pénalité peut donc être capitale pour enclencher la première vitesse. Et c'est le défenseur ukrainien Oleksandr Podiebonotsev qui est le premier sanctionné dès la cinquième minute.

La Lettonie se met donc en ordre de marche. Mais la défense ukrainienne ne se laisse pas faire et parvient, bien regroupée autour de Seliverstov, à tuer la pénalité. Mais les débauches d'énergie finissent pas se payer cher. Une minute trente après le retour à égalité numérique, les Grenats ouvrent la marque. Une rapide relance du gardien Masalskis pour le talentueux jeune (ah ? si vous avez suivi les résumés précédents, vous avez une chance sur deux ? Alors, qui ?) Kaspars Daugavins (bravo !) qui met sur orbite le joueur d'Extraliga slovaque, Martins Cipulis, pour l'ouverture du score d'un slap puissant (1-0, 08'58").

La Lettonie poursuit alors sa domination, mais même en supériorité numérique, juste après le premier but, l'Ukraine résiste... avant de craquer en fin de tiers sur la pénalité suivante. Et rapidement en plus. Dix secondes après la prison infligée à Chafarenko, les Lettons doublent la mise sur un rebond récupéré par le défenseur Agris Saviels après une première tentative de Guntis Galvins renvoyée par Vadim Seliverstov. Décidément, c'est la soirée des joueurs lettons de 26 ans, évoluant en Slovaquie. 2-0 à la première pause, les supporters grenats sont plutôt soulagés...

Ils le sont d'autant plus d'entrée de deuxième tiers, lorsque l'expérimenté Olegs Sorokins, en place une bonne (de prune) pour le 3-0. Un but superbe après un raid du défenseur letton à travers la steppe ukrainienne. Le joueur de Södertälje se joue de la défense adverse, totalement débordée. Cela sent la horilka maison frelatée pour l'Ukraine ! (la horilka, signifiant "brûlante" en ukrainien est la version ukrainienne de la vodka russe ou de la wodka polonaise...).

Surtout que les Ukrainiens font des fautes, trop de fautes, et ne profitent pas des rares supériorités numériques accordées par M. Reiber. Et c'est encore Olegs Sorokins qui en met une autre en couleur (4-0, 34'44"). Les défenseurs lettons auront causés beaucoup de soucis à la défense ukrainienne... Simtchouk, où es-tu ? Et la patrie alors ? C'est bien la peine de jouer avec les bulbes de Sainte-Sophie de Kyïv sur ton casque... et de ne pas venir en sélection ! 2-0 à la fin du premier tiers, 4-0 à la fin du suivant, les Lettons se la jouent horloge suisse.

Pourtant, les Ukrainiens ne vont pas abdiquer. Ce n'est pas dans leurs habitudes. En plus, ils sentent bien qu'en cas de descente en D1... ils vont avoir du mal à remonter, car les "vedettes" qui ne voulaient déjà pas jouer en élite...

Une pénalité infligée à Herberts Vasiljevs leur permet de faire le siège de Masalskis, mais ce dernier s'en sort parfaitement. Et évidement, vieux classique du genre, peu après, les Ukrainiens s'en prennent un autre ! Avec encore à l'origine du but, l'insatiable Olegs Sorokins qui transmet le puck de la victoire au jeune Mikelis Redlihs (5-0, 47'00"). Ensuite, malgré trois supériorités numériques, dont une à une trente de la fin, jamais les Ukrainiens ne vont parvenir à tromper Edgars Masalskis. Sur la dernière prison, ils ne parviennent même pas à faire sortir Seliverstov pour tenter le coup à six joueurs de champ.

Jamais l'Ukraine ne sera parvenue à faire perdre son sang-froid à la défense lettone. Et finalement, Edgars Masalskis a passé une soirée plutôt tranquille... et est élu meilleur Letton du match !

Au final, pas de surprise, la Lettonie s'est rassurée, offensivement et défensivement, après son accroc contre l'Italie (qui a prouvé face à la Russie, qu'elle était vraiment ch..., euh, pénible à jouer !). Un blanchissage qui en plus va faire du bien à Masalskis.

Côté ukrainien, eh bien, pas de surprise non plus. Le miracle aura du mal à se produire. À la fin de cette première journée, elle confirme les "pronostics" l'annonçant en D1 l'an prochain...

Désignés joueurs du match : Edgars Masalskis pour la Lettonie et Yuri Navarenko pour l'Ukraine.

Compte-rendu signé Bruno Cadene

 

Commentaires d'après-match

Oleg Znaroks (entraîneur de la Lettonie) : "Nous avons gagné, tous les joueurs m'ont satisfait. Malheureusement, nous avons encore perdu un défenseur, Rekis, blessé jusqu'à la fin du tournoi. En deuxième période, nous avons un peu arrêté de jouer notre jeu, et ça a fait 8-8 aux tirs, mais nous nous sommes vite repris."

Oleksandr Seukand (entraîneur de l'Ukraine) : "L'équipe de Lettonie a mérité sa victoire, elle est supérieure à nous dans la composante la plus essentielle du jeu : la vitesse. Notre plus grande faiblesse aujourd'hui a été notre organisation. Ceux qui jouent au Sokol, qui connaissent et appliquent les systèmes, ont bien joué, et le reste a fait un autre match. Je suis probablement coupable. Il me reste un jour pour convaincre mes joueurs qui n'ont pas compris. Mais s'ils ne veulent pas comprendre, je rassemblerai ceux qui jouent de la manière que je désire."

 

Lettonie - Ukraine 4-3 (3-2, 1-0, 0-1)

Vendredi 4 mai 2007 à 20h15 à la Khodynka Arena, Moscou. 2100 spectateurs.

Arbitrage de Brent Reiber (CAN/SUI) assisté de Sylvain Losier (CAN) et Ivan Dedioulia (BLR).

Pénalités : Lettonie 12' (2', 2', 8'), Ukraine 14' (8', 4', 2').

Tirs : Lettonie 24 (8, 8, 8), Ukraine 21 (4, 8, 9).

Évolution du score :

1-0 à 08'58" : Cipulis assisté de Daugavins et Masalskis

2-0 à 17'32" : Saviels assisté de Galvins et Vasiljevs (sup. num.)

3-0 à 21'15" : Sorokins assisté de Lavins et Redlihs

4-0 à 34'44" : Sorokins assisté de Darzins et Lavins (sup. num.)

5-0 à 47'00" : Redlihs assisté de Sorokins

 

Lettonie

Gardien : Edgars Masalskis.

Défenseurs : Agris Saviels - Arvids Rekis ; Rodrigo Lavins (C) - Olegs Sorokins ; Georgijs Pujacs - Atvars Tribuncovs ; Guntis Galvins.

Attaquants : Kaspars Daugavins - Herberts Vasiljevs (A) - Martins Cipulis ; Lauris Darzins - Armands Berzins - Mikelis Redlihs ; Leonids Tambijevs - Janis Sprukts - Aleksandrs Nizivijs ; Grigorijs Pantelejevs - Aleksejs Sirokovs - Aleksandrs Macijevskis ; Aleksandrs Semjonovs (A).

Remplaçant : Sergejs Naumovs (G). En réserve : Aleksandrs Jerofejevs.

Ukraine

Gardien : Vadim Seliverstov.

Défenseurs : Yuri Hunko (A) - Vyacheslav Zavalnyuk (A) ; Vitali Lyutkevich - Sergei Klimentiev (C) ; Oleksandr Podebonotsev - Andrei Sryubko ; Yuri Navarenko - Oleg Blagoï.

Attaquants : Roman Salnikov - Valentin Oletsky - Dmitro Tsyrul ; Oleksandr Materukhin - Oleg Shafarenko - Vitali Donika ; Oleksandr Matvichuk - Vasyl Bobrovnikov - Vitali Semenchenko ; Oleksandr Bobkin - Artem Hnidenko - Siarhei Kharchenko.

Remplaçant : Oleksandr Fedorov (G). Absents : Igor Karpenko (genou), Denis Isayenko, Vyacheslav Timchenko (en réserve).

 

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