Slovénie - Hongrie (16 avril 2007)

 

Championnats du monde de division I, groupe B, deuxième journée.

Nous n'en sommes qu'à la deuxième journée de compétition, ici à Ljubljana, et pourtant nous allons assister à ce qui devrait être la finale de ce groupe. En effet, les favoris slovènes vont croiser le fer avec la Hongrie qui, d'année en année, s'annonce comme un sérieux outsider.

Les locaux, qui évolueront en bleu ce soir, ont démontré tout le potentiel offensif de leur première ligne composée de la méga-star locale, Anze Kopitar, qui évolue aux Kings de Los Angeles, ainsi que des redoutables Ivo Jan et Tomaz Razingar. Cette ligne a vraiment fait étalage de tout son savoir-faire hier face aux pauvres Roumains qui ont pris l'eau de toute part...

De leur côté, les Magyars, qui évolueront en blanc, ont démontré toute l'homogénéité de leurs différents blocs. On retrouve sur toutes les lignes des joueurs brillants comme Levente Szuper, Gabor Okcsay ou bien la doublette hongroise du club de Briançon, composée de Márton Vas et Viktor Szélig. L'équipe est coachée par le célèbre Italien, Pat Cortina.

Les premières occasions de ce match sont à mettre au crédit des Hongrois : Ocskay puis Kovacs vont inquiéter le gardien slovène, mais leurs lancers manquent le cadre. Le début de match est très physique et les joueurs ne cessent de lutter pour avoir la conquête du puck. La bataille fait rage dans la zone neutre. Et le peu de fois où les attaquants parviennent à s'approcher des cages, les rugueux défenseurs se chargent de nettoyer la surface pour assurer un arrêt tranquille pour leurs portiers respectifs. Mais ce round d'observation touche très vite à sa fin. Dès la troisième minute, Ivo Jan récupère le palet dans sa zone, lance Kopitar sur l'aile gauche. Celui-ci maintient le palet contre la bande avant de servir Razingar qui longe la cage de Szuper avant de glisser le palet entre ses jambes (1-0, 2'26). C'est une entame de match parfaite pour les Slovènes et ce but a pour effet de débrider totalement le match. Les bleus, rassurés, se ruent à l'attaque face à des Hongrois cueillis à froid. Lorsque la deuxième ligne slovène fait son entrée sur la glace, la sanction est identique : Marcel Rodman bien lancé dans l'axe manque de peu le cadre, mais le palet est récupéré sur la droite par son frère, David qui sert au second poteau Dejan Varl qui bat ainsi un Szuper en retard (2-0, 3'23).

Ce n'est pas encore une hémorragie, mais force est de constater que les joueurs de Theodore Sator ont su commencer le match pied au plancher. Les Slovènes tentent d'enfoncer le clou et ainsi de mettre K.O. les blancs en envoyant sur la glace la première ligne magique. Ce coup-ci, la quatrième ligne magyare saura les stopper, mais de manière illégale ce qui envoie Hoffmann faire un petit tour en prison. Durant cette période, les Hongrois défendent magnifiquement, et seuls Razingar et Kopitar parviendront à trouver une position intéressante de tir. Néanmoins, quarante secondes plus tard, Vaszjunyin se rend coupable d'avoir accroché Golicic. Les Magyars jouent toujours bien le coup, aidés en cela par des Slovènes qui manquent systématiquement la dernière passe ! Du coup, on doit s'en remettre à deux lourds lancers de la bleue de Dervaric pour inquiéter Szuper.

Les Hongrois sortent enfin la tête de l'eau à la douzième minute de jeu : Viktor Szélig lance plein axe Krisztian Palkovics qui décoche enfin un lancer pour une équipe qui n'avait plus connu cela depuis onze longues minutes ! Le palet est capté en deux temps par Hocevar, offrant ainsi une mise en jeu dans la zone défensive des Slovènes. Celle-ci ne donne rien, offrant même une opportunité de contre pour Marcel Rodman. Dès lors, les hommes de Sator vont se réinstaller en zone offensive. Même à égalité numérique, on a l'impression que les Slovènes sont en jeu de puissance. Les Hongrois semblent courber l'échine en attendant la fin de cette période. Cela donne l'occasion au public l'Hala Tivoli de s'enflammer à chaque apparition sur la glace de son chouchou Kopitar. Il croit même au but lorsque, sur une mise en jeu, Avgustincic décoche un puissant lancer en direction de la lucarne. Mais Levente Szuper veille et, au prix d'un réflexe étonnant, s'empare du puck ! Peu après, Tomaz Razingar est retenu par Tomas Sille, permettant ainsi aux Slovènes d'accentuer leur pression. Durant cette période, Rebolj tente plusieurs fois d'utiliser sa puissance de frappe, obligeant Szuper à d'étonnants arrêts... Puis, à la seizième minute de jeu, Marcel Rodman s'enfonce sur le côté droit, centre plein axe pour Muric qui soulève le puck afin de tromper le portier hongrois (3-0, 15'17).

Cette première période aura permis de mettre les choses au clair : les Slovènes ne laisseront personne les empêcher de retrouver l'élite ! Ces trois buts en tout juste un quart d'heure de jeu le montrent bien, et pour le moment les Hongrois ne trouvent pas de solutions pour sortir de cette situation. Leur gardien Levente Szuper n'est pas à la hauteur de sa réputation. Formé à Ferencváros, ce jeune surdoué est transféré à l'âge de 17 ans à Krefeld avant de percer dès l'année suivante en Amérique du Nord. Il a passé trois saisons suivantes dans la Ligue américaine de hockey, remportant la Coupe Calder en 2001. En 2002, il devient le premier joueur hongrois de l'histoire à voir son nom couché sur l'alignement d'une équipe de la NHL, mais il doit se contenter d'un rôle de remplaçant, pendant neuf matchs avec les Flames de Calgary, sans jamais apparaître sur la glace. Non-conservé au sein de l'effectif, Szuper évolue en ECHL, puis de retour sur le Vieux Continent, en Italie et enfin en Allemagne, à Duisburg. On l'a laissé partir (à Malmö) avant la fin de la saison de la DEL... Une ligue où il aura eu l'occasion de croiser Ivo Jan, un des pivots de la sélection slovène qui a réalisé une anonyme saison à Krefeld. D'ailleurs, peu après le troisième but, Jan se retrouve en coast-to-coast face à Szuper, et c'est le portier magyar qui remporter le duel !

La fin du premier tiers est semblable à ce qui ce qu'il fut auparavant... Large domination des Slovènes, des Hongrois qui se dégagent en catastrophe, et la ligne Kopitar-Jan-Razingar qui donne des sueurs froides à Szuper. À la dix-huitième minute de jeu, bien servi par Kopitar, Razingar manque de peu de glisser le palet dans le cinquième trou, mais Szuper a le bon réflexe au bon moment. Une minute plus tard, et ce pour la première fois du match, les Hongrois se retrouvent en supériorité numérique. Ils vont donc pouvoir enfin sortir de leur zone et démontrer leur potentiel offensif qui a été mis à mal jusque là. C'est peine perdue... Les passes n'arrivent pas à destination, le pressing haut effectué par Kopitar gêne les relances rapides et, au final, seul un lancer non cadré de Viktor Tokaji vient éclairer cette fin de période.

Au début de la deuxième période, Pat Cortina affiche une mine plus qu'inquiète... Non, le match n'est pas déjà fini, non, la montée n'est pas déjà perdue, mais le tacticien italo-canadien a du mal à imaginer un effondrement total des Slovènes... Néanmoins, l'espoir repose dans le fait que toute son équipe, du gardien Szuper au centre Ocskay, est passée complètement à côté de son sujet durant le premier tiers !

Dès l'entame, Razingar parvient à s'échapper et à inquiéter Szuper alors que les Hongrois sont toujours en supériorité numérique ! Mais par la suite, ce sont les Magyars qui imposent leur jeu... Certes les lancers de Vas ou de Ladanyi passent à côté des cages de Hocevar, mais au moins ils se créent quelques actions. Et quand Peterdi est envoyé en prison pour retenir, les Hongrois pressent haut, grâce à Ocskay, et parviennent même à trouver une position de tir intéressante par Palkovics ! Cependant, sur le contre qui s'ensuit, Kopitar parvient à se retrouver face aux cages, mais il est grossièrement balancé par Kangyal, qui laisse son équipe à trois pour une minute. Heureusement pour les Magyars, cinq secondes plus tard, Marcel Rodman est à son tour envoyé en prison, réduisant l'inégalité à une simple supériorité en faveur des Slovènes. Comme prévu, c'est encore la première ligne qui est sur la glace, mais elle est moins vive maintenant qu'elle joue sans Ivo Jan blessé. Si Kopitar parvient à décaler astucieusement Razingar, celui-ci bute sur Szuper qui repousse le palet. Gabor Ocskay, l'éternel tenancier de la maison Magyarország, récupère le puck et lance Imre Peterdi, tout juste sorti de prison et complètement oublié par la défense slovène... Il file droit au but, Szuper fait un bel arrê-réflexe du gant, mais Peterdi est si seul qu'il peut marquer sur le rebond (3-1, 25'25). Voilà les Hongrois qui s'ouvrent de nouvelles perspectives.

Afin de ne pas laisser trop d'illusions aux visiteurs, les Slovènes continuent leur pressing permanent. On voit bien une tentative de réaction par l'intermédiaire de Daniel Fekete, mais les bleus repartent de plus belle avec un subtil décalage de Poloncic pour Varl qui est stoppé une nouvelle fois par Szuper. La suite du tiers ressemble malheureusement à ce qu'on a vu depuis le début du match... Que ce soit en supériorité ou bien à égalité numérique, les Slovènes imposent leur jeu et leur rythme, et les deux premières lignes continuent de donner des sueurs froides au gardien hongrois. Les blancs ne parviennent que très rarement à se porter aux avant-postes, et lorsqu'ils y parviennent, cela ne dure guère longtemps. On voit mal comment, avec deux buts d'avance, les Slovènes pourraient être rejoints par des Hongrois qui ne parviennent jamais à garder le palet plus de dix secondes consécutives ! Tout juste peut-on noter les passes lumineuses de Ocskay ainsi que les courageuses percées isolées de Viktor Tokaji, à chaque fois trop seul pour espérer porter un réel danger sur la cage d'Andrej Hocevar.

Vers la fin de ce deuxième tiers, la Hongrie a, par deux fois, la chance d'évoluer en supériorité numérique. Sur la première, les joueurs de Pat Cortina trouvent trois lancers (Svasznek, Horvath et Ladanyi) mais à chaque fois de la bleue. Pour le reste, c'est un festival de passes manquées et de jeu inefficace derrière la cage, permettant aux locaux d'être relativement tranquilles. Deux minutes plus tard, c'est au tour de Ciglenecki d'aller visiter la prison, et la sirène retentit sur cette action.

À la reprise, les Hongrois le savent, ils jouent gros sur cette supériorité ! Au vu de leur inefficacité chronique à égalité numérique, ils ne peuvent plus se reposer que sur les supériorités, et celle-ci tombe à point nommé ! Ce sont pourtant les Slovènes qui se montrent les premiers en action. Tomaz Razingar conserve longtemps le palet avant de servir Kopitar qui bute sur le portier magyar. Le contre aurait pu être lui aussi très dangereux, mais Ocskay, seul face à Hocevar, manque la passe de Palkovics. Une faute de Kovacs écourtera la supériorité, permettant aux Slovènes de remettre la main sur le jeu.

C'est au tour de Viktor Szelig, le Briançonnais, de se rendre coupable d'un faire trébucher. Sur l'engagement, Kopitar sert derrière lui Razingar qui lance lourdement en direction de la lucarne, mais la rondelle est interceptée par Szuper. Mais la prochaine action sera la bonne ! De derrière le but, Marcel Rodman sert David qui remet à la bleue à Mitja Sotlar, qui prend tout son temps pour ajuster le portier hongrois (4-1, 44'14). Ça y est, le trou est fait. Trois buts, cela semble une marge confortable pour des Slovènes qui n'ont jamais paru réellement menacés par des Hongrois en manque d'inspiration tant sur le plan offensif que défensif.

Le reste du match sera finalement insipide puisque les Slovènes se contenteront de maîtriser les quelques velléités magyares, souvent orchestrées par Gabor Ocskay. En face, les joueurs blancs accusent le coup et semblent tirer un trait définitif sur la montée.

Avec cette victoire, les Slovènes sont maintenant archi-favoris pour retrouver le groupe mondial puisqu'ils sont déjà les seuls à compter six points. La seule mauvaise nouvelle pour eux, c'est que leur attaquant Ivo Jan s'est blessé au bas du dos lors de la première période. On a vu Jaka Avgustincic et Boris Pretnar essayer d'assumer sa position en première ligne.

Désignés joueurs du match : Levente Szuper pour la Hongrie et Marcel Rodman pour la Slovénie.

Le lien vidéo du match

Compte-rendu signé Alex Mondin

 

Commentaires d'après-match

Ted Sator (entraîneur de la Slovénie) : "Ce n'est pas encore fini. Il nous reste trois matches à jouer. Je suis très content de cette performance, mais nous devons rester concentrés sur la suite du tournoi."

 

Slovénie - Hongrie 4-1 (3-0, 0-1, 1-0)

Lundi 16 avril 2007 à 20h00 à la Hala Tivoli de Ljubljana. 5000 spectateurs.

Arbitrage de Radek Husicka (TCH) assisté de Christian Kasper (AUT) et Anton Semionov (EST).

Pénalités : Slovénie 14' (2', 8', 4'), Hongrie 20' (6', 8', 6').

Tirs : Slovénie 26 (10, 10, 6), Hongrie 14 (4, 6, 4).

Évolution du score :

1-0 à 02'26" : Razingar assisté de Kopitar et Jan

2-0 à 03'23" : Varl assisté de D. Rodman et M. Rodman

3-0 à 15'17" : Muric assisté de M. Rodman (sup. num.)

3-1 à 25'25" : Peterdi assisté de Ocskay

4-1 à 44'14" : Sotlar assisté de D. Rodman et M. Rodman (sup. num.)

 

Slovénie

Gardien : Andrej Hocevar.

Défenseurs : Mitja Robar - Damjan Dervaric ; Miha Rebolj - Dejan Varl ; Robert Ciglenecki - Mitja Sotlar ; Uros Vidmar.

Attaquants : Tomaz Razingar - Anze Kopitar - Ivo Jan ; Egon Muric - Marcel Rodman - David Rodman ; Anze Terlikar - Jurij Golicic - Jaka Avgustincic ; Gregor Poloncic - Tomo Hafner - Boris Pretnar  Milan Hafner.

Remplaçant : Gaber Glavic (G).

Hongrie

Gardien : Levente Szuper.

Défenseurs : Tamás Sille - Bence Svasznek ; András Horváth - Viktor Tokaji ; Balázs Kangyal - Viktor Szélig ; Lajos Tokési.

Attaquants : Csaba Kovács - Gábor Ocskay - Krisztián Palkovics ; Balázs Ladányi - Márton Vas - Imre Peterdi ; Tamás Gröschl - Roger Holéczy - Artjom Vaszjunyin ; Gergely Majoross - Attila Hoffmann - Csába Jánosi ; Dániel Fekete.

Remplaçant : Krisztián Budai (G).

 

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