Linköping - MODO (14 avril 2007)

 

Finale d'Elitserien, match 6.

Beaucoup de déceptions à ruminer pour Linköping, contré impitoyablement au match 4, et revenu de l'enfer au match 5 pour se faire crucifier au cours d'une prolongation pourtant dominée. Mais si MODO était parti fort durant ces deux manches à domicile, le LHC peut faire de même chez lui, avec des lignes un peu modifiées. Dès la troisième minute de jeu, Niklas Sundström est obligé d'accrocher Patric Blomdahl pour l'empêcher de reprendre un centre dans une position idéale. Niklas Persson gagne la mise au jeu, le powerplay est tout de suite installé, et sur un lancer de Carl Gunnarsson, le grand gabarit de Fredrik Emwall occupe les deux défenseurs devant le but. Tomas Vlasak, qui s'est fait oublier sur le côté, peut ainsi tranquillement convertir le rebond qui revient vers lui (1-0, 02'39"). Trente secondes plus tard, Ulf Söderström manque même de doubler la mise : si le joueur bute sur le gardien, le palet glisse doucement près du poteau.

Les esprits s'échauffent un peu à la septième minute : alors que Blomdahl s'apprête à gagner proprement son duel dans le coin, Tim Eriksson vient s'en mêler en donnant une charge par-derrière superflue. La défense de Linköping tient en infériorité, mais elle commet une énorme erreur peu après : tous les joueurs montent sur Oscar Steen, et celui-ci parvient d'un joli mouvement de crosse à glisser le palet vers Mikael Pettersson totalement oublié près de la cage (1-1, 09'22"). Zdenek Blatny ne semble pas avoir intégré que chaque pénalité vaut cher dans cette première période et se rend coupable d'un cinglage. En plus, son gardien Karol Krizan a aussi sa dose de culpabilité quand la reprise directe d'Andreas Holmqvist lui passe entre les jambières sans qu'il soit masqué (2-1, 13'42"). Et c'est tout de suite une prison dans l'autre sens, car Mikael Hakånsson enlève le casque d'Enström en essayant de passer le bras devant lui. On a alors le droit à une éclatante démonstration de Linköping qui maîtrise totalement le jeu durant cette infériorité. Son activité physique prend nettement le dessus sur la qualité de passe de MODO. En plus, un attaquant visiteur, Peter Öberg, quitte la glace. Il s'est apparemment blessé en basculant sur la crosse de Majesky. Les casques des blancs sont décidément mal fixés car c'est autour de Per-Åge Skrøder de perdre le sien, attrapé par Junland dans un duel dans le coin. L'international norvégien, tête nue, cède alors bêtement à la tentation : il voit le palet à sa portée, le but si proche... et il tire ! C'est seulement après qu'il rejoint son banc, poursuivi par un juge de ligne qui lui rappelle qu'il ne s'en tirera pas comme ça et que les règles sont les règles. On ne soupçonnait pas l'entraîneur Harald Lückner capable de tels bonds... Qu'il se rassure : son équipe ne s'en tire pas si mal puisque le joueur de Linköping est finalement aussi pénalisé. Malgré la mauvaise impulsion de Skrøder, le premier tiers-temps se termine donc tranquillement à quatre contre quatre.

Dès le retour au jeu, Martin Öhrstedt retient un peu Justin Morrison pour le tenir à distance d'un centre, et MODO se retrouve en supériorité numérique : comment le club d'Örnsköldsvik, qui avait les plus mauvaises statistiques dans cet exercice en saison régulière, pourra-t-il venir à bout de Linköping de plus en plus impressionnant avec un homme de moins. À vrai dire, il n'y parvient pas du tout. Il n'arrive même à rien. Et puis... Et puis, à la fin de la pénalité, Robert Döme remonte la glace tout seul, passe la bleue, envoie au fond, récupère le palet après le relais de Blatny, pèse sur la défense et reçoit le soutien de deux coéquipiers devant la cage qui insistent jusqu'au but de Zdenek Blatny (2-2, 22'48"). Döme monte en puissance dans cette finale, et hormis certaines pénalités idiotes, il s'impose comme le joueur déterminant de MODO. Si les supporters ont amené leurs drapeaux slovaques, ils seront pour lui ce soir...

Linköping domine pour essayer de prendre l'avantage, et sur la première contre-attaque des rouge et blanc, Per-Åge Skrøder centre pour Kristian Kuusela et le Finlandais place un tir croisé à mi-hauteur au poteau droit de Stana (2-3, 29'52"). MODO est maintenant en confiance et tient mieux le choc dans le jeu sans palet, s'ouvrant ainsi des espaces. Oscar Steen zigzague dans la défense, et Rastislav Stana est en difficulté sur une occasion de Niklas Sundström. Tout va bien pour les visiteurs, jusqu'à ce que Tobias Enström, face à Johan Lindström arrivant à la ligne bleue, fasse un coup de golf qui fait partir le palet dans une trajectoire montante à l'extérieur du fairway. Retard de jeu. Le powerplay de Linköping passe presque les deux minutes dans la zone offensive (contre à peu près zéro pour son vis-à-vis dans les dernières situations similaires), mais les lancers ne sont pas assez cadrés et le ménage est fait dans l'enclave.

À la troisième minute du dernier tiers, l'arbitre arrête le jeu car le gardien visiteur Karol Krizan est resté allongé sur la glace. Personne ne l'a pourtant touché. Il a sans doute ressenti un étirement à l'aine en se baissant pour parer un tir bas avec la mitaine. Il se rend à proximité de son banc où le médecin tâte brièvement sa cuisse, mais reprend sa place. Il ne paraît plus s'en ressentir ensuite et bloque en sécurité tout ce qui vient à lui. Sa MODO, bien en place, difficile à bouger, joue efficacement la montre. Sans vraiment jouer les contres à fond, car ils ne sont plus du tout enclins à prendre le moindre risque, les visiteurs ont quand même une bonne chance. Il manque quelques centimètres Zdenek Blatny pour reprendre une passe devant la cage, et pendant qu'il rejoint le banc, Niklas Sundström récupère encore le palet dans la neutre, remonte sur la gauche et sert Per-Åge Skrøder dont le revers est dévié de la jambière par Stana. Cette double contre-attaque est le seul moment où MODO s'est découvert un petit peu, et Linköping essaie d'exploiter cette unique opportunité : une longue passe aérienne est rabattue en partie par Hakånsson à la bleue offensive, mais elle est si forte que le palet file jusqu'à Krizan. Non, vraiment, il n'y avait nulle part où passer. MODO a tenu le score.

Les joueurs de MODO sont si excités à la sirène que les bancs partent dans tous les sens quand ils sautent sur la glace pour revêtir les casques d'or de champions de Suède. Il faut ramasser un entraîneur qui n'a pas résisté à ce tremblement de terre. Pas de mal. Les uniques casses de matériel ont lieu en face, où le très solide défenseur Ivan Majesky casse avec acharnement sa crosse, assis seul son banc.

Ce titre, MODO ne l'avait pas obtenu il y a deux ans quand il avait constitué une équipe de stars autour de Forsberg, de Näslund et des Sedin. La perte sèche de cette saison ratée aurait dû barrer ses ambitions pour longtemps... Et le voilà champion cette année alors qu'on ne l'attendait pas, que personne ne le voyait aller au bout et qu'il était mal en point tout au long de ces play-offs. Kristian Kuusela, défait en finale finlandaise l'an dernier avec Ässät, a mis ce soir un lancer décisif, à partir duquel MODO a pu gérer son avantage.

Linköping a toutes les statistiques pour lui dans ces play-offs : les meilleures unités spéciales, les meilleurs centres aux engagements, l'équipe la moins pénalisée, etc. Mais le hockey ne se résume pas à des chiffres. Il est tout de même un slogan qui se vérifie toujours dans les finales : l'équipe qui a commis le moins d'erreurs a gagné.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Linköping - MODO 2-3 (2-1, 0-2, 0-0)

Samedi 14 avril 2007 à 19h00 au Cloetta Center de Linköping. 8500 spectateurs.

Arbitrage de Marcus Vinnerborg assisté de Joacim Karlsson et Fredrik Ulriksson.

Pénalités : Linköping 10' (8', 2', 0'), MODO 10' (8', 2', 0').

Tirs : Linköping 28 (9, 10, 9), MODO 21 (11, 7, 3).

Évolution du score :

1-0 à 02'39" : Vlasak assisté de Gunnarsson et Persson (sup. num.)

1-1 à 09'22" : Pettersson assisté de Steen et Jonsson

2-1 à 13'42" : Holmqvist assisté de Gunnarsson et Persson (sup. num.)

2-2 à 22'48" : Blatny assisté de Döme et Steen

2-3 à 29'52" : Kuusela assisté de Skrøder

 

Linköping

Gardien : Rastislav Stana (sorti de sa cage à 59'15").

Défenseurs : Ivan Majesky - Carl Gunnarsson ; Martin Öhrstedt - Magnus Johansson (C) ; Jonas Junland - Andreas Holmqvist ; Johan Fransson.

Attaquants : Fredrik Emwall (A) - Niklas Persson - Johan Lindström ; Mikael Hakånson - Ulf Söderström - Tony Mårtensson (A) - Patric Blomdahl - Joakim Eriksson - Tim Eriksson ; Martin Samuelsson - Tomas Vlasak - Sami Torkki ; Niklas Olausson.

Remplaçant : Jonas Fransson (G).

MODO

Gardien : Karol Krizan.

Défenseurs : Tobias Enström - Oscar Hedman ; Pierre Hedin - Mattias Timander ; Hans Jonsson (A) - Adam Andersson ; Tobias Viklund - Tommy Wargh.

Attaquants : Per-Åge Skrøder - Niklas Sundström (A) - Kristian Kuusela ; Andreas Salomonsson - Per Svartvadet (C) - Justin Morrison ; Mikael Pettersson - Oscar Steen - Peter Öberg ; Robert Döme - Miloslav Horava - Zdenek Blatny.

Remplaçant : Michal Zajkowski (G).

 

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