Ak Bars Kazan - Metallurg Magnitogorsk (13 avril 2007)

 

Finale de Superliga, match 5.

Terre d'Islam et d'Orthodoxie à la fois, Kazan est envahie par les barbus ! Mais rien de religieux, juste des hockeyeurs superstitieux en ce vendredi 13. Les joueurs des deux équipes se la font "on est tous soudés, les gars, on se rasera après le titre dans la coupe de champion !"

Sauf qu'il y en aura bien la moitié qui devront se contenter de leur salle de bains habituelle, les yeux noyés des larmes de déception. Les deux équipes se courent après depuis le début de cette finale. À chaque fois, cependant, c'est Kazan qui doit faire l'effort de recoller dans la série pour espérer conserver son titre.

Le temps d'écouter les hymnes (russe et tatar), de saluer respectueusement le président du Tatarstan venu voir où passent ses subventions, de s'apercevoir que manque Denis Platonov dans les rangs de Magnitka, et c'est parti pour cette cinquième et dernière manche de la finale de la Superliga.

Et cela démarre fort ! Comme une flèche décochée par un cavalier tatar ! Dès les premières secondes, Sergueï Zinoviev place le premier tir sur la cage de Travis Scott. Les joueurs de Kazan patinent dans tous les sens donnent le tournis aux Ouraliens. Le Metallurg est acculé dans ces premières minutes et commet des fautes. Le capitaine Ravil Gousmanov, puis la jeune merveille Nikolaï Koulémine sont tour à tour sanctionnés. Sauf que la défense de Magnitka n'a pas paniquée une seule fois depuis le début de ces finales, ce n'est pas aujourd'hui, en ces heures décisives, qu'elle compte se faire des frayeurs. Travis Scott est également impressionnant : une mitaine à la 3e devant Zinoviev, encore lui, et un jeté de botte dans la foulée. Et le Canadien continue... Il repousse un tir de Vladimir Vorobiev, puis la tentative, sur le rebond, d'Alexeï Terechtchenko (4e). Et dans la foulée, Scott bloque même un tir du revers de Zinoviev ! Autant dire que Magnitka et son gardien sont parfaitement passés entre les gouttes lors de cet orage tatar. Surtout que juste après, Sergueï Zinoviev se fait pincer par la patrouille et file sur le banc des pénalités.

Cela permet au Mettalurg de pointer le nez dans sa zone d'attaque et de dérouiller Mika Noronen, le gardien finlandais de Kazan, qui jusqu'à présent suivait le match sur écran géant.

C'est l'essentiel Tchèque Jaroslav Kudrna qui le met à contribution en face-à-face. Malheureusement, sur cette action, le gardien de Kazan est blessé par son coéquipier tchèque Jan Novak qui l'a percuté. Comble de malchance, Novak est également touché, et plus gravement, sur cette même action. Il a reçu un coup de patin sur le visage de la part de son compatriote Kudrna. En plus, c'est à Novak d'aller en prison, car l'arbitre estime qu'il a fait faute sur Kudrna et que c'est en faisant cette faute, qu'involontairement, le patin de ce dernier l'a blessé ! Quoi qu'il en soit, voilà donc Magnitka à cinq contre trois. Autant le dire, les Ouraliens ne vont pas laisser passer l'occase. Vingt secondes à peine suffiront. Un tir lointain de Vitali Atiouchov transperce Mika Noronen, bien masqué par Jaroslav Kudrna, alors que c'est pratiquement le premier tir des visiteurs ! L'ouverture en fanfare de la marche tatare n'a pas été vraiment récompensée...

Surtout que les minutes qui suivent sont difficiles à vivre pour les panthères blanches. Magnitogorsk veut enfoncer le pieu tatar. Kaïgorodov puis Koulémine mettent la pression sur Noronen qui est sauvé par son poteau à la 7e sur un tir lointain de Varlamov. Jan Marek tente de passer "à la tchèque", tout en technique, mais le portier finlandais répond présent.

Le jeu finit par se stabiliser à la mi-tiers, après une entame des plus folles. Les dix dernières minutes n'apportent pas grand-chose, à part un tir en coin de Raymond Giroux, un raid un peu poussif de Morozov, une réplique de Koulémine, quelques arrêts spectaculaires de Scott, et puis voilà !

Le tiers suivant débute de la même manière que le précédent. Kazan veut frapper fort d'entrée. Quelques secondes et Zinoviev, remet ça... Scott également ! Le problème de Kazan dans cette série, outre la fatigue de ses attaquants vedettes, c'est bien la lourdeur de sa défense. Témoin, à la 22e, avec cette tentative d'Evgueni Gladskikh rendue possible par deux mauvaises passes consécutives de la défense tatare !

La furia tatare a été de courte durée et le jeu se stabilise rapidement. Et l'on s'aperçoit bien que Magnitogorsk est plus serein, plus solide en défense que son rival. Les attaques ouraliennes, certes plus rares que celles adverses, sont également plus tranchantes, comme par exemple, celle de Ravil Gousmanov qui sème la panique à la 27e.

Kazan reprend cependant sa domination en cette fin de deuxième période. Mais rien ne semble perturber l'équipe de l'Oural, parfaitement regroupée autour d'un Travis Scott des grands jours. Toujours 0-1, donc, à la pause.

Fidèle à son habitude, Kazan se remet dans le sens de la marche, en début de troisième période (pas d'autre choix, de toutes façons...). Oui, mais, il y a encore et toujours Scott ! Le gardien de Magnitka fait même magistralement échec à un 2 contre 0 ponctué par un tir de Badioukov d'entrée de tiers (42e). En fait, Magnitogorsk a une telle confiance dans sa capacité à ne pas prendre de but, que même à 0-1 seulement, les Ouraliens tuent le temps ! En supériorité, en infériorité ou à égalité numérique, le Metallurg est économe et attend de voir... la coupe de plus près !

Sauf que cela ne peut non plus marcher éternellement. Une faute de Varlamov à la 50e va finir par décanter la situation. C'est d'abord Vitali Prochkine qui arme son tir, mais le palet passe au-dessus. Alors comme cela ne passe pas en force, son ancien coéquipier du Dynamo (d'accord, ils le sont presque tous !), Ilia Nikouline, tente alors la ruse. Un tir pas très puissant mais remarquablement précis qui passe doucement entre les jambes de Scott pour une égalisation qui fait chavirer la Tatneft Arena qui attendait un but des siens depuis 51 minutes. Les Tatars sont fous de joie ! Ca y est ! Ils ont fait le plus dur ! Ah ! ils croyaient s'en sortir comme ça, ces Ouraliens, en se la jouant à la Vorob', à quinze devant la cage !

Oui, d'accord, mais dans ce cas-là, pourquoi se déconcentrer ? Pourquoi avoir laissé filer ce diable de magicien tchèque, Jan Marek, juste après ce but égalisateur, si chèrement obtenu ? Jan Marek, lui, n'aura pas l'éternité pour répondre à ses questions ! L'ancien joueur du Sparta a récupéré la rondelle et il a filé tout seul sur son aile, à travers toute la patinoire, laissant pantois une défense tatare décidément bien lourdingue, pour loger la rondelle entre les jambes de Noronen. Morozov puis Giroux ont été, sur ce coup, totalement débordés... La joie des Ouraliens en revanche est sacrément explosive. Marek, traverse comme un fou toute la patinoire dans le sens inverse de son exploit pour aller s'écraser sur la cage de son gardien, où il est submergé par ses coéquipiers ! Un coup de tonnerre tchèque dans le ciel tatar. 1-2, une minute vingt-deux secondes plus tard, tout est à refaire pour Kazan...

La tension est donc de plus en plus vive. À la 54e, Alexeï Tertychnyï prend deux minutes. Ce n'est pas du goût du coach de Magnitogorsk, qui s'énerve contre l'arbitre. À la 56e, c'est au tour du public d'être en colère après ce qu'il estime être une faute non sifflée, sur un joueur de l'Ak bars, alors il jette tout ce qu'il trouve à portée de main sur la glace ! Le temps passe et Kazan ne parvient pas à recoller au score. Pourtant, il évolue à cinq contre quatre pratiquement toute la fin du match, puis à six joueurs de champ contre quatre, lorsque Mika Noronen sort de sa cage. Même dans ces conditions pendant une minute trente, jamais la panthère blanche n'est en mesure de placer un coup de griffe mortel à son rival. En cause, la solidité de la défense visiteuse et un double arrêt sur sa ligne de Travis Scott sur sa ligne à 59'08.

Vous l'avez compris, rien n'a pu arrêter la marche triomphante d'une équipe de barbus rouges et bleus emmenés par un gardien décisif, pour enfin ramener un titre de champion qui fuyait le club depuis de si longues années. Non, non, nous sommes bien en Russie ! Et pour la troisième fois (1999, 2001, 2007), Magnitogorsk est champion ! Une coupe remise par M. le président Tretiak. Quant au reste, c'est du traditionnel : embrassades, casques et crosses qui volent, larmes de joie. Il y a même la manager général de Magnitka, qui embrasse la glace de la Tatneft Arena !

À Kazan, c'est évidement l'amertume, après avoir dominé toute la saison régulière, après avoir remporté, haut la crosse, la coupe d'Europe des champions, l'équipe s'est éteinte à petit feu en finale. Certes, à chaque fois, elle a trouvée les ressources pour rester dans la course, mais jamais pour passer devant. Il n'y aura donc pas de triplé pour nombre de ces joueurs et pour leur entraîneur, champions avec le Dynamo en 2005, avec Kazan en 2006 et donc finalistes malheureux en 2007...

Étoiles du match Sport Express : *** Travis Scott (Magnitogorsk), ** Jan Marek (Magnitogorsk), * Ilya Nikouline (Kazan).

Étoiles du match Soviet Sport : *** Travis Scott (Magnitogorsk), ** Jan Marek (Magnitogorsk), * Ilya Nikouline (Kazan).

Compte-rendu signé Bruno Cadène

 

Commentaires d'après-match

Fedor Kanareikin (entraîneur de Magnitogorsk) : "Si en septembre, quand je suis devenu entraîneur en chef, on m'avait dit que nous serions champions, j'aurais appelé ça du fantasme. Mais, pas à pas, sans sauter de marche, nous avons pu nous diriger vers ce résultat et atteindre le sommet. Je remercie l'équipe pour son travail et sa volonté. J'avais confiance en elle, et j'ai gagné la confiance des joueurs. Au quatrième match, menés 1-4, nous avons failli pousser le match en prolongation. J'ai alors compris que nous ne manquerions pas notre chance."

Zinetula Bilyaletdinov (entraîneur de Kazan). : "En première période, l'équipe était nerveuse, ensuite elle a bien joué. Les play-offs se sont avérés difficiles pour nous, les joueurs ont eu du mal à trouver des émotions supplémentaires après cette saison. Aucune équipe n'avait atteint la finale du championnat après avoir gagné la Coupe d'Europe des champions, nous l'avons fait et nous y avons bien joué. Je répète que nous avons réalisé une très bonne saison. [...] Nous avons longtemps attendu Brathwaite, il avait promis mais il nous a lâchés. Mika [Noronen] est apparu de façon inattendue. Sa saison n'a pas été mauvaise. Peut-être n'a-t-il pas totalement réussi sa finale. Il est possible qu'Eremenko soit notre gardien n°1 l'an prochain."

 

Ak Bars Kazan - Metallurg Magnitogorsk 1-2 (0-1, 0-0, 1-1)

Vendredi 13 avril 2007 à la Tatneft Arena de Kazan. 9600 spectateurs.

Arbitrage de Vyacheslav Bulanov assisté d'Aleksei Anissimov et Yuri Oskirko (tous de Moscou).

Pénalités : Kazan 16' (10', 2', 4'), Magnitogorsk 22' (8', 4', 10').

Tirs : Kazan 27 (9, 9, 9), Magnitogorsk 10 (6, 2, 2).

Évolution du score :

0-1 à 05'45" : Atyushov assisté de Varlamov (double sup. num.)

1-1 à 51'15" : Nikulin assisté de Vorobiev et Pervyshin (sup. num.)

1-2 à 52'37" : Marek

 

Ak Bars Kazan

Gardien : Mika Noronen (sorti de 58'31" à 60'00").

Défenseurs : Vitali Proshkin - Raymond Giroux ; Andreï Pervyshin - Ilya Nikulin ; Igor Shchadilov - Jan Novak ; Gennadi Razin - Evgeni Ryasenski.

Attaquants : Danis Zaripov - Sergei Zinoviev - Aleksei Morozov (C) ; Vladimir Vorobiev - Aleksei Tereshchenko - Aleksandr Stepanov ; Dmitri Kazionov - Aleksei Badyukov - Mikhaïl Zhukov ; Igor Musatov - Mikhaïl Yunkov - Dmitri Obukhov.

Remplaçant : Aleksandr Eremenko (G). Absent : Enver Lisin (mis à l'écart).

Metallurg Magnitogorsk

Gardien : Travis Scott.

Défenseurs : Evgeni Varlamov - Vitali Atyushov ; Aleksandr Seluyanov - Vladimir Malenkikh ; Vyacheslav Zavalnyuk - Evgeni Biryukov.

Attaquants : Jan Marek - Jaroslav Kudrna - Nikolai Kulemin ; Aleksei Tertyshny - Aleksei Kaïgorodov - Evgeni Gladskikh ; Anton Glovatski - Igor Korolev - Ruslan Nurtdinov ; Ravil Gusmanov (C) - Maksim Mamin - Eduard Kudermetov.

Remplaçants : Anton Khudobin (G), Anton Poleshchuk, Igor Velichkin. Absents : Denis Platonov (muscle coupé par un patin), Vladislav Bulin (fracture de la mâchoire), Rinat Ibrahimov (commotion cérébrale).

 

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