MODO - Linköping (12 avril 2007)

 

Finale d'Elitserien, match 5.

Ce cinquième match est certainement le moment de vérité de la finale. Si l'avantage de la glace reste déterminant ce soir, MODO pourra prendre pour la première fois la tête de la série. Cependant, juste avant le début de match, la banderole "heart of MODO" que des supporters soulèvent fièrement à bout de bras se déchire. Faut-il y voir un mauvais signe ? Au nord de la Suède, on n'est pas superstitieux à ce point...

Comme hier, MODO part à fond, à fond, à fond. Trois occasions dans les deux premières minutes, deux gros lancers sur Rastislav Stana et une passe devant la cage qui arrive dans les patins de Niklas Persson. Sauf qu'après cette entrée en matière tonitruante, Stana ne verra pas un seul tir dans les dix minutes suivantes. Linköping calme le jeu et son adversaire finit par prendre le pli de ce faux-rythme. On se regarde en chiens de faïence et on peine à construire du jeu ou à mettre en défaut les défenses.

MODO ranime ensuite le jeu dans la seconde partie du tiers, notamment à la faveur d'une pénalité contre Söderström. Cela se manifeste en particulier par une très belle passe du revers de Pierre Hedin pour la reprise de Justin Morrison... sur le poteau. Linköping a surtout montré sa force dans les duels, mais ne finira pas le tiers sans avoir produit aussi une action de jeu intéressante : une belle entrée de zone du centre Tony Mårtensson suivie d'une "croisée" (au sens rugbystique du terme) pour Johan Lindström qui prend ainsi un "intervalle" vers la cage. Il ne transforme cependant pas l'essai... Il manque un but pour débrider ce match, pour l'instant plus fermé que les précédents, avec une partie d'échecs tactique, du bon vieux 1-4 des familles et deux équipes qui hésitent à se découvrir.

C'est Karol Krizan, le gardien de MODO, qui donne les premiers signes de fébrilité en début de deuxième période, quand deux palets lui échappent de façon un peu périlleuse sur la même action. Il se rassure un peu plus tard avec une bonne mitaine. Ce n'est qu'à la 28e minute que les locaux prennent leur première pénalité, une évidente crosse haute de Tobias Enström au visage d'un adversaire. Deux rebonds brûlants sont bien écartés par Hans Jonsson, et l'équipe d'Örnsköldsvik se tire de ce mauvais pas. Trois minutes plus tard, c'est même elle qui débloque enfin le tableau d'affichage quand Per-Åge Skrøder, oublié devant la cage, dévie l'offrande de la bleue de Hans Jonsson (1-0, 33'01"). Les joueurs de Linköping manque de dynamisme pour vraiment réagir. S'ils ne donnent pas un coup de patin supplémentaire, leur gabarit ne suffira pas à inquiéter MODO.

Dans son enclave, Mattias Timander plonge dans les patins d'un adversaire qui lui retombe sur un peu la tête. Le défenseur de MODO reste allongé sur le sol, mais c'est logiquement lui qui est pénalisé pour faire trébucher. On lui trouve un substitut pendant que, toujours sonné, il pousse en fulminant la porte menant aux vestiaires (43'17"). On ne se rend même pas compte que Linköping est en supériorité numérique tant sa domination territoriale est nulle pendant ces deux minutes. Les blancs sont enfermés dans un faux-rythme et ils arrivent si peu à se relancer qu'ils se mettent en danger et perdent palet sur palet, de plus en plus tôt dans leur zone, à un point que ça en devient incroyable. Évidemment, quand son équipe est en difficulté à ce point, Mårtensson se met à la faute en accrochant (47'57"). Cela fait deux minutes de perdues, même si MODO se contente de gratter le long de la bande et ne tente pas le moindre tir.

La chance pour Linköping, c'est que Sami Torkki, légèrement tiré par le maillot par Pierre Hedin, bascule dans une cabriole synonyme d'avantage numérique généreux (50'11"). Il donne lieu à un bon jeu en triangle pour un tir entre les cercles de Magnus Johansson, repoussé. Directement sur la contre-attaque, Tobias Enström peut clore l'affaire. Il se présente en face-à-face avec Stana qui pare. Après cet intermède, la défense du LHC retombe dans les mêmes travers. Gunnarsson se fait ainsi contrer devant sa cage par Morrison. MODO commet une erreur stratégique, celle de concéder trop vite un dégagement interdit sous une très légère menace. C'est un tort parce que Linköping est largement dominateur aux engagements depuis le début de la série. Cela remet le pied à l'étrier des blancs pour les cinq dernières minutes. La mitaine de Krizan dévie de justesse un tir de Blomdahl. Et c'est un lancer de la ligne bleue de Martin Öhrstedt qui a finalement raison du blanchissage de Karol Krizan, impuissant là-dessus car totalement masqué par Hakånsson (1-1, 56'23"). C'est même Linköping qui a le palet de la victoire, quand Mikael Hakånsson reprend une parfaite passe transversale d'Ulf Söderström. Après une escarmouche Döme/Holmqvist, le temps réglementaire se termine à quatre contre quatre.

La prolongation commence donc de même, avant de passer à cinq contre cinq pour une durée indéfinie. Et cela peut être long vu le nombre de buts ce soir... Mais après trois minutes, sous la pression des visiteurs, Oscar Steen prend une pénalité pour accrocher. On retrouve Öhrstedt à la pointe et Hakånsson en écran, comme sur l'égalisation. Cette fois, la précision est moins nette. Et paradoxalement, Karol Krizan dégage une bien meilleure impression qu'au moment où ses cages étaient encore inviolées ! Sous les multiples tirs adverses, il est chaud bouillant, se sert de son gant avec confiance et ne laisse plus aucun rebond. Le petit ennui, c'est qu'on ne voit que lui et que ce n'est pas tout à fait bon signe pour son équipe. Le gardien slovaque de MODO est même sacrément verni quand Andreas Holmqvist envoie un palet du revers devant la cage. Il rebondit sur le patin d'Enström puis sur l'intérieur de sa jambière avant de retomber juste devant la ligne. Ouf !

La prolongation est totalement à sens unique. Linköping a déjà 12 lancers au compteur quand MODO tente son premier tir, sur un bel effort d'Oscar Steen, après treize minutes sans s'être approché de la cage adverse ! Pour une fois que les rouges vont en zone offensive, ils y prennent une pénalité stupide. Et qui dit pénalité stupide dit souvent Robert Döme... Le Slovaque laisse traîner sa crosse et touche le patin de Magnus Johansson dans le coin (73'57"). La température monte une fois de plus dans la zone de MODO, jusqu'à ce que Niklas Sundström soulage toute la patinoire en dégageant son camp.

Et un peu plus tard, c'est Niklas Persson qui fait trébucher Kristian Kuusela pour essayer (vainement) de l'empêcher de lancer une contre-attaque après avoir récupéré le palet (76'42"). L'entraîneur local Harald Lückner pense que c'est le moment. Il n'hésite pas à utiliser son temps mort. C'est ce qu'on appelle de l'intuition, de l'à-propos, de l'intelligence tactique, ou ce que vous voulez. En tout cas, il a raison : cette première supériorité numérique pour MODO en prolongation est la bonne. Per-Åge Skrøder prend position comme organisateur sur la ligne de fond et passe devant la cage à Kristian Kuusela qui se presse de tirer dans le haut du filet.

C'est le printemps à Örnsköldsvik. Les torses se dénudent en même temps que les drapeaux slovaques s'agitent dans le clan des supporters de Karol Krizan. Le gardien aurait été un héros un peu usurpé en cas de victoire 1-0, car il n'avait pas été tout le temps impeccable. Par contre, il est un héros authentique, totalement méritant, après sa fantastique prolongation. L'ovation dure de longues, de très longues minutes, le public ne veut plus s'arrêter. Il n'a pas eu assez de la prolongation et exige encore un rappel avant de partir.

Non, décidément, aucun match n'est pareil. Parti doucement, celui-ci s'est achevé en apothéose, dans une ambiance des grands soirs. Chaque équipe a connu un énorme passage à vide : Linköping, avant d'égaliser, et MODO... avant de marquer le but vainqueur ! Cette finale est de plus en plus imprévisible.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

MODO - Linköping 2-1 après prolongation (0-0, 1-0, 0-1, 1-0)

Jeudi 12 avril 2007 à 19h00 à la Swedbank Arena d'Örnsköldsvik. 7600 spectateurs.

Arbitrage d'Ulf Rönnmark assisté de Leo Takula et Anders Karlberg.

Pénalités : MODO 12' (0', 2', 6', 4'), Linköping 8' (2', 0', 4', 2').

Tirs : MODO 27 (8, 8, 7, 4), Linköping 42 (5, 9, 12, 16).

Évolution du score :

1-0 à 33'01" : Skrøder assisté de Jonsson

1-1 à 56'23" : Öhrstedt assisté de Johansson et Söderström

2-1 à 77'01" : Kuusela assisté de Skrøder et Sundström (sup. num.)

 

MODO

Gardien : Karol Krizan.

Défenseurs : Tobias Enström - Oscar Hedman ; Pierre Hedin - Mattias Timander ; Hans Jonsson (A) - Adam Andersson ; Tobias Viklund - Tommy Wargh.

Attaquants : Per-Åge Skrøder - Niklas Sundström (A) - Kristian Kuusela ; Robert Döme - Per Svartvadet (C) - Miloslav Horava ; Mikael Pettersson - Oscar Steen - Peter Öberg ; Zdenek Blatny - Andreas Salomonsson - Justin Morrison.

Remplaçant : Mikael Zajkowski (G).

Linköping

Gardien : Rastislav Stana.

Défenseurs : Ivan Majesky - Carl Gunnarsson ; Martin Öhrstedt - Magnus Johansson (C) ; Jonas Junland - Andreas Holmqvist ; Johan Fransson.

Attaquants : Fredrik Emwall (A) - Niklas Persson - Sami Torkki ; Mikael Hakånsson - Tony Mårtensson (A) - Johan Lindström ; Patric Blomdahl - Joakim Eriksson - Tim Eriksson ; Martin Samuelsson - Ulf Söderström - Tomas Vlasak ; Niklas Olausson.

Remplaçant : Jonas Fransson (G).

 

Retour au championnat de Suède