Ak Bars Kazan - Metallurg Magnitogorsk (7 avril 2007)

 

Finale de Superliga, match 1.

Voilà venu le temps des rires et des chants, dans l'île aux play-offs, c'est tous les jours le printemps ! C'est en effet la grande finale de la Superliga russe qui débute dans l'immense Tatneft Arena de Kazan sous les yeux du président du Tatarstan, Mintimer Chaïmiev en personne, venu voir son équipe, déjà championne d'Europe, réaliser le doublé dans le championnat russe. Face aux Khan du hockey russe, un revenant, le Metallurg Magnitogorsk, 3e l'an passé, 5e il y a deux ans, et qui n'a plus connu une finale depuis 2004 et le titre depuis 2001. Autant dire une éternité, bien que d'autres rouge et bleu aient attendu encore plus longtemps...

Et d'entrée, cela démarre à fond, à fond, à fond ! Le jeu part d'une cage à l'autre sans temps morts. Et sans fautes non plus, les deux équipes connaissant parfaitement l'importance des pénalités dans une série finale. C'est cependant Mika Noronen, le gardien finlandais de Kazan, qui est le premier vraiment sollicité et qui s'en sort parfaitement dès la troisième minute. De quoi réveiller le célèbre premier trio local, Morozov-Zinoviev-Zaripov (surnommé SMS, à la fois pour sa rapidité et à cause des initiales de ses membres, M pour Morozov et Z pour les deux autres), mais la défense métallurgique colmate la brèche. Alexandre Stépanov remet bien une couche, mais Travis Scott, le gardien canadien de Magnitka commence son festival. Le Canuck de l'Oural s'interpose devant chaque Tatar qui se présente en ce début de match.

Premier tournant de ce tiers, à la septième, la première pénalité de la rencontre sifflée contre l'un des Tchèques du Metallurg, Jaroslav Kudrna (à mon avis la trouvaille de l'année en Russie, qui a partagé jusqu'alors sa carrière entre Hradec Kralove et Pardubice). La panthère des neiges installe donc son camp dans la zone adverse et commence l'assaut en règle de la forteresse ouralienne. Terechtchenko, Vorobiev, Nikouline, bref, tout le ban et l'arrière-ban du Dynamo exilé au Tatarstan, tente sa chance, mais cet après-midi, que voulez-vous, on est serein dans la défense de Magnitka. Et lorsque l'on revient à cinq contre cinq, le jeu redevient équilibré... jusqu'à la pénalité suivante, à la 13e, qui est à nouveau sifflée contre les visiteurs (Glovatski). Le scénario débute comme lors de la pénalité précédente, avec Kazan qui s'installe. Sauf qu'alors que le deuxième bloc tatar est sur la glace, Alexeï Kaïgorodov place un contre meurtrier et décale parfaitement Ravil Gousmanov, totalement décalé, pour l'ouverture du score (0-1, 13'48"). Coup de froid sur la Tatneft Arena...

Sur leur lancée, les Ouraliens appuient un peu plus. Mika Noronen, renvoie, mais retarde l'échéance, car une superbe combinaison du duo Kudrna-Marek met fin au suspense (0-2, 18'24"). Un but magnifique de l'ancien joueur du Sparta Prague, Jan Marek, et la confirmation que Magnitka a trouvé chaussure à son pied avec son duo tchèque. Bon, il faut également préciser que la défense tatare était étrangement passive, en particulier Igor Chadilov qui a regardé partir l'express de Prague sans même agiter son drapeau...

Deux à zéro à l'attaque de la deuxième période, voilà de quoi surprendre, tellement Ak bars a survolé la saison. Mais ce tiers débute à l'image du précédent. Cela patine à une vitesse intersidérale, et les deux gardiens sont au sommet. Le jeu va d'une cage à l'autre et l'on se met à rêver devant un tel niveau. Lorsque Prochkine est sanctionné, on se dit que Magnitka a une belle occase de semer le doute dans la tête de la panthère. Mais finalement, si le palet tourne vite et bien, les Ouraliens ne parviennent pas à surprendre la défense tatare. Sauf qu'à peine remis de ses émotions, Kazan se retrouve à nouveau en infériorité numérique (Chadilov, 28e). Bon, cela tient une deuxième fois...Mais pas une troisième, puisqu'à la 31e, c'est au tour de Golovine d'être sanctionné.

Et cela ne traîne pas, Jan Marek, encore lui, place un tir de près sous la barre de Noronen. Il lève les bras de joie, mais le palet a rebondi sur la transversale et est retombé à mon avis derrière la ligne avant de ressortir. L'arbitre n'a pas le temps d'aller consulter la vidéo, car sur la reprise, Nikolaï Koulémine loge la rondelle bien au fond des cages tatares. De dépit (?), Marek reprend en vain pour marquer une troisième fois ! Du coup, le but est accordé à Koulémine, et personne n'a le temps d'aller vérifier si Jan a marqué auparavant. Ceci dit, cela démontre une fois de plus la valeur des Tchèques de Magnitogorsk.

Sauf que les Ouraliens ne vont pas savourer bien longtemps leurs trois buts d'avance. Vingt-six secondes après le but, Platonov (l'attaquant de Magnitogorsk, pas le héros tchekhovien...) prend deux minutes. Comme il ne faut pas non plus exagérer, Ak bars en profite au bout d'une minute de supériorité pour revenir dans la course par Zinoviev sur une passe lumineuse de Morozov. 1-3, une réponse envoyée en SMS ! Ce but redonne des ailes aux panthères blanches et le public de la Tatneft Arena pousse très fort. Zinoviev, Iounkov, ont de belles occasions, mais Scott est vraiment impérial. Une sorte d'Eddy Ferhi ! Mika Noronen doit répondre, car l'élan tatar est coupé par une pénalité (35e) à l'encontre de Kazionov, qui remet en selle les Ouraliens. C'est donc toujours avec deux buts d'avance que Magnitka atteint la seconde pause.

Et les visiteurs ne vont pas tarder à frapper. Une attaque de Zaripov et Zinoviev avortée, et le contre est terrible pour Kazan puisqu'il se termine par le quatrième but de Koulémine qui n'a pas cette fois-ci le doute de la paternité du but (1-4, 40'17"). Trois buts à remonter en finale, même sur sa glace, ce n'est pas facile, facile, la mission qui est proposée aux champions de Russie en titre ! Surtout que Travis Scott et la défense de Magnitka sont impressionnants. En fait, c'est toute l'équipe de l'Oural qui présente le visage serein de ceux qui ne doutent pas. Bien sûr, Kazan domine, mais jamais les Tatars ne sont à l'abri, en particulier lors de raids dévastateurs comme celui de Jaroslav Kudrna, encore lui, à la 46e. La pénalité infligée au défenseur du Metallurg, Evgueni Birioukov, à la 50e est cependant un tournant. On sent bien que c'est l'une des (la ?) dernière(s) chance(s) des Tatars de recoller au score. Cela ne suffit cependant pas.

Alors, on tente la double supériorité numérique... Pendant plus d'une minute, Kazan est à cinq contre trois. Le champion d'Europe en profite évidement, mais il met le temps cependant. Vorobiev marque un joli but de près qui redonne l'espoir au public (2-4, 56'12"). Pas pour longtemps cependant. Magnitka ne panique pas, tue la seconde pénalité dans un premier temps, rééquilibre le jeu dans un deuxième temps et porte l'estocade dans un troisième temps. Une belle action entre Ravil Gousmanov et Alexeï Kaïgorodov troue la défense locale, une fois de plus étrangement passive et lourde pour redonner trois buts d'avance aux visiteurs (2-5, 58'28"). C'est fini, Magnitka a donné la leçon avec maîtrise et talent au champion dans son antre. Les supporters venus de Magnitogorsk peuvent exulter, le Metallurg mène la série 1-0.

Étoiles du match Sport Express : *** Nikolaï Koulemine (Magnitogorsk), ** Ravil Gousmanov (Magnitogorsk), * Sergueï Zinoviev (Kazan).

Étoiles du match Soviet Sport : *** Nikolaï Koulemine (Magnitogorsk), ** Travis Scott (Magnitogorsk), * Ravil Gousmanov (Magnitogorsk).

Compte-rendu signé Bruno Cadène

 

Commentaires d'après-match

Zinetula Bilyaletdinov (entraîneur de Kazan) : "Malheureusement, nous avons très mal commencé le match, en faisant de grossières erreurs individuelles, surtout en défense. Nous n'avons pu concrétiser toutes nos occasions en supériorité. Il y a de quoi réfléchir."

Vitali Proshkin (défenseur de Kazan) : "L'énergie qui arrive des tribunes sur la glace est d'un grand secours. Mais on dirait que nos supporters dévoués qui savent soulever l'équipe n'ont pas pu être présents en finale [NB : la police a arrêté un spéculateur du marché noir en possession de près de 1000 billets d'entrée !]."

Eduard Kudermetov (attaquant de Magnitogorsk) : "Avant les demi-finales, nous étions déçus en apprenant qu'à cause de la qualification du CSKA, nous jouerions contre l'Avangard et pas contre Ak Bars. Dans l'équipe nous considérions que ce serait plus simple de jouer contre Kazan. Maintenant que nous avons passé Omsk en mettant fin à une série d'échecs en play-offs contre eux, c'est encore plus facile de jouer la finale. On dirait que notre équipe veut plus gagner qu'Ak Bars. Les joueurs ont un appétit de victoire et une attitude de combat. Surtout maintenant que le but est proche."

 

Ak Bars Kazan - Metallurg Magnitogorsk 2-5 (0-2, 1-1, 1-2)

Samedi 7 avril 2007 à la Tatneft Arena de Kazan. 9600 spectateurs.

Arbitrage de Vyacheslav Bulanov (Moscou) assisté d'Ivan Sazonov et Sergei Shelyanin (Moscou).

Pénalités : Kazan 10' (0', 8', 2'), Magnitogorsk 12' (4', 2', 6').

Tirs : Kazan 23 (5, 7, 11), Magnitogorsk 15 (4, 8, 3).

Évolution du score :

0-1 à 13'48" : Gusmanov assisté de Kaïgorodov (inf. num.)

0-2 à 18'24" : Kudrna assisté de Marek

0-3 à 31'03" : Kulemin assisté de Marek (sup. num.)

1-3 à 31'34" : Zinoviev assisté de Morozov et Giroux (sup. num.)

1-4 à 40'17" : Kulemin assisté d'Atyushov

2-4 à 56'12" : Vorobiev assisté de Pervyshin et Nikulin (sup. num.)

2-5 à 58'28" : Kaïgorodov assisté de Gusmanov

 

Ak Bars Kazan

Gardien : Mika Noronen.

Défenseurs : Vitali Proshkin - Raymond Giroux ; Andreï Pervyshin - Ilya Nikulin ; Igor Shchadilov - Jan Novak ; Gennadi Razin - Evgeni Ryasenski.

Attaquants : Danis Zaripov - Sergei Zinoviev - Aleksei Morozov (C) ; Vladimir Vorobiev - Aleksei Tereshchenko - Aleksandr Stepanov ; Dmitri Kazionov - Aleksei Badyukov - Aleksandr Golovin ; Igor Musatov - Mikhaïl Yunkov - Dmitri Obukhov.

Remplaçant : Aleksandr Eremenko (G).

Metallurg Magnitogorsk

Gardien : Travis Scott.

Défenseurs : Evgeni Varlamov (C) - Vitali Atyushov ; Aleksandr Seluyanov - Vladimir Malenkikh ; Vyacheslav Zavalnyuk - Evgeni Biryukov.

Attaquants : Jan Marek - Jaroslav Kudrna - Nikolai Kulemin ; Aleksei Tertyshny - Aleksei Kaïgorodov - Evgeni Gladskikh ; Denis Platonov - Igor Korolev - Anton Glovatsky ; Ravil Gusmanov - Maksim Mamin - Eduard Kudermetov ; Ruslan Nurtdinov.

Remplaçant : Anton Khudobin (G). Absents : Vladislav Bulin (fracture de la mâchoire sur un tir de Koltsov en demi-finale), Rinat Ibrahimov (commotion cérébrale).

 

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