Bâle - Genève-Servette (22 décembre 2006)

 

Match comptant pour la vingt-neuvième journée de LNA suisse.

Bâle en haillons, Noël sans passion !

À Bâle cette saison, les étrangers passent mais les piètres performances restent. Privés depuis le départ d'Olivier Keller d'un leader défensif digne de ce nom, les Rhénans ne trouvent pas chaussure à leur pied. Certes, le vétéran-défenseur suédois Petri Liimatainen a fini par se voir attribuer un contrat ferme jusqu'à la fin de saison, mais un constat s'impose : les mercenaires bâlois sont de loin les moins productifs de Ligue A. Ainsi la défense, jadis point fort du club, ne masque plus l'indigence d'une brigade offensive au rendement douteux malgré l'émergence d'un Thomas Nüssli récemment promu au rang d'international. Les multiples role-players de Kent Ruhnke ont beau se démultiplier chaque soir, sans étrangers d'impact, il paraît bien difficile de tenir la distance.

Recruté à l'été de Linköping pour densifier l'attaque, le solide ailier Jussi Tarvainen n'a que modérément rempli ses objectifs et l'état-major rhénan n'a rien fait pour le retenir lorsque les Suédois de Malmö se firent connaître en fin de semaine passée... Et si les attentes placées en Tarvainen étaient trop élevées, elles l'étaient tout autant pour le sulfureux Jim Campbell. Viré de Viège pour avoir frappé son entraîneur, l'Américain aura quitté les bords du Rhin dans l'anonymat, sans rien prouver. On attend beaucoup plus d'un autre vétéran de la NHL, le Canadien Tyler Wright. Ce centre défensif (ô surprise), au cursus appréciable outre-Atlantique, était cette année en attente d'une offre de la grande ligue et s'alignait en parallèle avec le Team Canada, qu'il rejoindra tout prochainement pour la Coupe Spengler. Wright n'est pas un inconnu en Suisse, lui qui avait passé le lock-out à Bienne en ligue B, et il ne sera pas de trop pour surmonter la médiocrité affichée par ses coéquipiers lors de la débâcle à Fribourg (3-6)...

À Genève-Servette, les certitudes du début de saison se seront émiettées au cours d'un automne chaotique où les Grenats, jadis deuxièmes au général, ont curieusement décliné. Certes, les méformes ponctuelles et les blessures de certains baromètres genevois n'auront pas aidé Chris McSorley à y voir plus clair, lui qui purgera ce soir son second match de suspension après les événements d'Ambrì-Piotta (en date du 2 décembre dernier). Là-bas, le controversé McSorley s'était à nouveau fâché avec son grand "ami", l'arbitre Danny Kurmann, pour avoir renvoyé son équipe aux vestiaires avant les traditionnelles poignées de main...

Chris McSorley regrettera peut-être d'avoir laissé filer le surnuméraire Michal Grosek à Zoug, mais sûrement pas d'avoir embauché cet été Laurent Meunier. Surprise du chef en début de saison, l'ancien Grenoblois a conquis son monde en enfilant la tenue de col-bleu modèle, secondant à merveille un Yorick Treille épanoui pour sa seconde année à Genève.

Le patient grenat va certes mieux depuis quelques semaines mais son équilibre reste fragile. La belle victoire acquise sur la glace du leader davosien dans la semaine (4-2) confirme pourtant ce regain et la forme étincelante de Serge Aubin semble y être pour beaucoup.

Bâle, es-tu las ?

Pour ceux qui espéraient voir un Bâle plus consistant après sa débâcle fribourgeoise, cette entame de match sonne comme un profond désaveu. Essayant un temps de soutenir la comparaison avec le Genève-Servette co-dirigé par Hans Kossmann et René Matte, l'EHC Basel va rapidement montrer son visage des mauvais soirs. Et accumuler les imprécisions et autres opérations douteuses dans sa zone... Les Grenats seraient fort mal avisés de ne pas en profiter, et Jamie Wright, démarqué au second poteau par une passe transversale lumineuse de Serge Aubin, ne se fait pas prier pour punir, une première fois, l'apathie locale (0-1 à 00'5"3). Les choses paraissent on ne peut plus mal engagées pour les Rhénans, pourtant vexés mais incapables d'aligner deux passes pour aller de l'avant ! Est-ce là une conséquence de l'absence de leur capitaine (et futur Bernois) Alex Chatelain ?

Ce qu'on sait en revanche, c'est que ce scénario apparaît diablement favorable aux Genevois. Maîtres de la rondelle et du jeu, les Romands s'appliquent sous la houlette d'un Serge Aubin des grands soirs et ne sont guère inquiétés par ces Bâlois approximatifs à souhait. Il suffit d'un rien pour que le danger s'amène devant Manzato, comme cette petite passe dans l'intervalle de Fedulov vers Meunier qui, d'un tir flottant, sera bien près de doubler la mise (07'07").

Passé ce coup de chaud de l'international tricolore, Bâle tente de rallier la cage de Gianluca Mona sans pour autant parvenir à passer cette satanée seconde. Ces velléités désordonnées ont néanmoins le mérite de pousser, parfois, Genève-Servette à la faute, mais l'impuissance rhénane se poursuit jusque dans l'élaboration des jeux de puissance. Sans fond de jeu, sans talent, sans rien, la lanterne rouge semble impuissante devant ces Grenats plus solides. Les Aigles auront ainsi plané sur une première période incroyablement terne, exploitant chaque erreur (et Dieu sait qu'elles furent nombreuses...) pour se créer de bonnes occasions. Sans toutefois parvenir à conclure, ce qui pourrait se révéler fâcheux en cas d'un hypothétique retour bâlois.

Morts-vivants en première période, les hommes de Kent Ruhnke continuent à filer ce mauvais coton en poursuivant leur festival d'imprécisions. Passables en défense et en box-play, battus à chaque duel et toujours aussi médiocres dans la construction du jeu, les locaux font honneur à leur statut de lanterne rouge et restent sous la menace constante de Servettiens plus pressants à chaque minute. Toutefois, le score n'enfle toujours pas malgré ce jeu en première intention du duo Fedulov-Treille derrière la cage (27e) ou encore cette transversale qui s'opposera au premier filet en LNA du jeune François Bernheim (33'07"). Du côté local, seul le vaillant Thomas Nüssli tente de perturber la sérénité de l'arrière-garde lémanique, sans vraiment parvenir à se montrer aux avant-postes...

Si paradoxalement le match en lui-même est peu disputé, il n'en demeure pas moins nerveux. L'engagement physique, c'est d'ailleurs le seul domaine où l'EHC Basel ne coule pas totalement à flots. Car ailleurs, c'est le naufrage total. Portée disparue, la défense prend l'eau de toute part et laisse Igor Fedulov, tranquille comme baptiste, manœuvrer derrière la cage pour servir Olivier Keller. Plongeant dans le slot, le défenseur de l'année passée n'aura aucun remord à déjouer d'une reprise sèche son ancien coéquipier Daniel Manzato (0-2 à 36'55"). Suffisant et avare d'efforts tout au long de la soirée, le nouvel arrivant Tyler Wright ne sort pas blanc comme neige de cette séquence, se montrant indigne du statut de renfort étranger. Comme les autres d'ailleurs...

Même cause mêmes effets quelques instants plus tard, lorsqu'un puck dégagé se verra poursuivi à l'autre bout du glaçon par Kirby Law, grillant évidemment la politesse à son vis-à-vis pour servir depuis le coin gauche un Jonathan Mercier oublié dans l'axe (0-3 à 37'45"). Il s'en faut ensuite de très peu pour qu'un palet perdu (encore un !) par Nüssli ne profite à la paire Déruns-Fedulov, ratant de peu l'estocade (39'24"). N'en jetez plus, l'EHC Bâle retourne aux vestiaires sous les sifflets légitimes de son public, clairsemé et de moins en moins réceptif dans cette St.Jakob-Arena mortifiée.

À la reprise, le sermon de Kent Ruhnke n'a pas redonné plus d'allant à ses "boys", toujours aussi coincés et peu inspirés. Les passes demeurent toujours aussi imprécises et c'est un Genève-Servette tranquille, presque souverain, qui se contente de gérer son avance sans forcer son talent. Incapables de passer la seconde, les frontaliers éprouvent toutes les difficultés à pénétrer en zone offensive et tentent malgré tout de faire illusion en canardant maladroitement Gianluca Mona.

Et ce qui devait arriver arriva. Les Grenats vont s'offrir un nouveau contre pour trouver une quatrième fois la faille par leur leader offensif Serge Aubin, à l'affût devant Daniel Manzato pour éliminer le portier adverse et adroitement bonifier le rebond de John Gobbi (0-4 à 46'03"). Tout cela sans l'ombre d'une opposition de la "défense", bien entendu...

Aubin, un nuage à l'horizon

Ce filet opportuniste de Serge Aubin sera aussi son dernier fait d'armes dans cette partie. L'ancien Thrasher d'Atlanta tombera face contre glace après s'être vu percuté en entrée de zone à l'amorce d'un cinq contre trois (49'14"). Effondré sur la glace, le top-scoreur québécois restera longtemps immobile avant d'être péniblement évacué sur une civière.

On pouvait penser que ce coup du sort n'affecte ses partenaires, principalement ses deux compagnons de trio Kirby Law et Jamie Wright. Il n'en sera rien puisqu'un "tic-tac-toe" dans l'enclave sourira à Wright, une nouvelle fois oublié sur la gauche de Manzato (0-5 à 49'54"). Cette nouvelle déconvenue aura toutefois le mérite de sortir les locaux de leur torpeur. Ils réagissent ainsi promptement par leur lutin jurassien Régis Fuchs, en embuscade près de Gianluca Mona (1-5 à 50'18").

Ce réveil est néanmoins bien tardif et ne change pas fondamentalement la donne d'un match plié depuis belle lurette. Retrouvant des couleurs plus appréciables, les Rhénans se montrent plus volontiers aux abords de la cage genevoise sans jamais parvenir à déjouer une deuxième fois Mona. Non, ce sera plutôt Daniel Manzato qui se chargera du bouquet final en ratant sa relance à la crosse au-devant d'un Laurent Meunier parti forechecker. La sanction tombe immédiatement et Meunier n'a plus qu'à subtiliser le disque pour s'en aller tranquillement conclure son tour de cage dans des filets ouverts à tous vents (1-6 à 59'19"). Tout un symbole !

L'Aigle volait trop haut

Jamais dans le coup, les hommes de Kent Ruhnke ont touché le fond devant des Genevois sereins et pouvant compter sur de vrais renforts étrangers. La pauvreté technique du jeu rhénan, couplée à une coordination douteuse entre les lignes et un manque rédhibitoire d'application défensive (notamment dans les sorties de zone), aura en effet ouvert en grand le chemin du succès aux Aigles des Vernets.

Peut-être libérés de l'oppressante présence du pointilleux Chris McSorley, les Romands ont su s'appliquer pour produire une pressions constante sur un hôte vraiment trop limité. Solides, les Servettiens ont donc dominé du casque et des patins à l'image d'une défense posée et d'un Serge Aubin sans égal hier soir, confirmant son rôle de catalyseur du jeu genevois. Le sortie sur blessure de ce dernier (victime d'une commotion cérébrale) est néanmoins le gros point noir de la soirée mais le top-scoreur québécois avait toutefois fait le plus gros du travail avant sa sortie. Mais, connaissant l'importance d'Aubin dans le dispositif tactique de McSorley, mieux vaut qu'il se rétablisse au plus vite...

Voilà les Grenats crédités d'une seconde victoire de rang sans McSorley, qui du haut des tribunes aura pu constater une nouvelle fois l'efficacité de sa paire française. Remuant et toujours en action, le solide Yorick Treille a régulièrement fait parler sa puissance alors que Laurent Meunier, non moins opiniâtre, a eu le dernier mot en humiliant une dernière fois un Daniel Manzato à mille lieux de son niveau international. À la décharge du futur gardien des Hurricanes de la Caroline, brillant en sélection nationale, la Nati dispose pour sa part d'une défense autrement plus sûre. Ceci explique sans doute cela...

La méthode Ruhnke ayant atteint ses limites, l'état-major rhénan l'a temporairement écarté avant le déplacement à Zurich. Le bouillant canadien s'est discrédité par les mauvais résultats actuels et sa brouille automnale avec Éric Landry. Le torchon brûle donc avec sa hiérarchie et il ne serait guère étonnant qu'une décision soit prise peu après Noël...

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Bâle - Genève-Servette 1-6 (0-1, 0-2, 1-3)

Vendredi 22 décembre 2006 à 19h45 à la St.Jakob-Arena. 2002 spectateurs.

Arbitrage de M. Kurmann assisté de MM. Arm et Küng.

Pénalités : Bâle 14', Genève-Servette 14'.

Évolution du score :

0-1 à 00'53" : Wright assisté d'Aubin

0-2 à 36'55" : Keller assisté de Fedulov et Treille

0-3 à 37'45" : Mercier assisté de Law et Horak

0-4 à 46'03" : Aubin assisté de Law et Gobbi

0-5 à 49'54" : Wright assisté de Treille et Bezina (sup. num.)

1-5 à 50'18" : Fuchs assisté de Plavsic et Della Rossa

1-6 à 59'19" : Meunier (inf.num.)

 

Bâle

Gardien : Daniel Manzato.

Défenseurs : Ralf Bundi (A) - Mark Astley (C) ; Adrien Plavsic - Gaétan Voisard ; Franco Collenberg - Petri Liimatainen.

Attaquants : Stefan Voegele - Tyler Wright - Thomas Nüssli ; Stefan Tschannen - Chris Bright - Niklas Anger (A) ; Patric Della Rossa - Andreas Camenzind - Régis Fuchs ; Julian Walker - Sandro Tschuor - Stefan Schnyder.

Remplaçant : Daniel Rüfenacht (G). Absents : Alex Chatelain (blessé), Markus Wüthrich (blessé), Corey Ruhnke (blessé, saison terminée), Ralph Stalder (blessé).

Genève-Servette

Gardien : Gianluca Mona.

Défenseurs : Robin Breitbach - Olivier Keller ; Jonathan Mercier - Goran Bezina (C) ; John Gobbi - Jakub Horak.

Attaquants : Kirby Law - Serge Aubin (A) - Jamie Wright ; Yorick Treille - Laurent Meunier - Igor Fedulov ; Jan Cadieux - Morris Trachsler - Thomas Déruns ; Christopher Rivera - François Bernheim - Mike Knoepfli.

Remplaçants : Michael Tobler (G), Toni Bezina, Karl Moser. Absents : Paul Savary (blessé), Philipp Rytz (commotion cérébrale), Gaétan Augsburger, Sebastian Schilt et Jérôme Bonnet (équipe nationale junior).

 

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