France - Autriche (15 décembre 2006)

 

Quatrième journée des championnats du monde des moins de 20 ans, division I, groupe B.

La première ligne française Treille-Pépy-Leblond a été sacrifiée en raison de son inefficacité depuis le début du tournoi. Ce n'est pas pour autant que les joueurs qui la composaient s'en portent plus mal au sein du nouvel alignement. Mathieu Leblond, le Villardien qui avait montré ses qualités de buteur en marquant deux fois de suite en championnat contre le Mont-Blanc, se retrouve ainsi en situation de deux contre un. Il choisit le lancer, preuve qu'il a encore confiance, et ouvre le score (1-0, 01'39"). Ce but précoce est exactement ce dont la France avait besoin pour y croire à nouveau. Sur la première supériorité numérique du match, consécutive à une charge contre la bande de Raffl, c'est Pierre Bennett qui repique devant la cage pour doubler la mise (0-2, 05'56"). Trois pénalités contre les Bleuets, qui leur permettent à peine de respirer dans l'intervalle, laissent penser qu'ils sont retombés dans leurs travers. Mais ils vont peu à peu se discipliner. Et en fin de tiers-temps, Quentin Pépy se lance seul à l'assaut d'une défense autrichienne un peu passive qui lui permet de prendre son propre rebond (3-0, 18'12").

Ce début de match idéal de la France a fait une victime, le gardien autrichien René Swette, qui a encaissé trois buts en sept tirs. Après un bon début de semaine, ce bon espoir, très sollicité hier contre la Norvège, a peut-être payé l'accumulation des matches. Il est remplacé par sa doublure Fabian Weinhandl. Nantis de trois buts d'avance, les Bleuets paraissent avoir vaincu leurs démons. Il faudrait avoir l'esprit chagrin pour évoquer en cet instant le souvenir de Telfs en novembre, où les Autrichiens étaient remontés de 0-3 à 3-3. Et pourtant...

Cruchandeau avait été pénalisé en fin de première période pour dureté. Les Autrichiens installent donc leur jeu de puissance, et le lancer de la bleue de Markus Schlacher les remet sur les rails (3-1, 20'51"). Plus embêtant encore, il arrive que l'Autriche soit aussi installée à égalité numérique. Quatre joueurs quittent la protection de la cage en s'avançant sur Rafael Rotter à la bleue, et Schlacher se retrouve alors seul pour enfiler tranquillement le rebond (3-2, 35'18"). Entre Rotter qui joue en Junior majeur canadien et Schlacher qui joue en Junior Superelit suédois et a déjà marqué deux buts sur ses premières apparitions avec les seniors en Elitserien, les leaders de la sélection autrichienne ont pris leurs responsabilités. La France, n'ayant pas de joueur évoluant à un tel niveau junior, doit-elle s'en inquiéter ?

Une pénalité d'Ulmer semble venir à point. La France est installée quand le palet est dégagé le long de la bande par Trampitsch. Hugues Cruchandeau ne peut fermer la zone, ni même garder le contrôle du palet sous la pression de Philipp Ullrich. Le défenseur strasbourgeois reste à hauteur de l'Autrichien, qui est cependant dans la bonne orientation pour tirer. Seule solution : la crosse entre les jambes. Cela ne suffit pas : en déséquilibre, Ullrich arrive quand même à envoyer le palet au fond (3-3, 38'39").

Si les Bleuets rejoignent les vestiaires avec ce score, ils vont gamberger. Heureusement pour eux, neuf secondes plus tard, l'arbitre siffle une dureté de Kris Reinthaler. Ce joueur a une histoire étonnante : l'an dernier, cet espoir de Graz avait essayé de marcher dans les pas de son concitoyen Thomas Vanek en partant en USHL à Sioux Falls. Malade durant la préparation, Reinthaler avait été victime d'une erreur médicale, sa mononucléose ayant été diagnostiquée comme une angine. Elle aurait pu entraîner une grave complication, sa rate ayant gonflé et risquant d'éclater. Rapatrié d'urgence à Graz, il a retrouvé la santé et a retenté sa chance en rejoignant cette année l'équipe Midget AAA des Dallas Stars. Mais le défenseur-vedette autrichien a pris une pénalité à un bien moment, et avec Ulmer, ils doivent regarder leurs coéquipiers subir à trois contre cinq. Jonathan Janil marque depuis le cercle d'engagement gauche (4-3, 39'25"). Ce fut laborieux, mais la France regagne les vestiaires avec un petit avantage.

Dans le troisième tiers-temps, ce sont des joueurs de l'ex-première ligne séparée qui font la différence quand ils se croisent à nouveau sur la glace. Sacha Treille décale Mathieu Le Blond qui prend le gardien à contre-pied sur son côté extérieur (5-3, 44'21"). Et en supériorité, Quentin Pépy à la bleue trouve le jeune frère Treille près du but (6-3, 52'45"). La France n'est pas encore sortie d'affaire, mais au moins elle est sûre d'avoir son destin en mains au dernier match quoi qu'il arrive.

Désignés joueurs du match : Stefan Geier pour l'Autriche et Antonin Manavian pour la France

 

Commentaires d'après-match

Patrick Rolland (entraîneur de la France) : "Nous avions vraiment le moral dans les chaussettes, c'était dur de motiver tout le monde. La ligne qui tournait très bien pendant toute la préparation n'avait toujours pas marqué un point. J'ai changé les lignes et ces joueurs ont produit. L'Autriche ne nous a pas pris de haut, après tout nous les avions dominés à Telfs pendant cinquante-deux minutes avant qu'ils ne remontent. Simplement, les joueurs ont pris leurs responsabilités, ils sont allés à la cage chercher les rebonds."

Peter Schramm (vice-président de l'ÖEHV, responsable des 20 ans) : "L'équipe était trop sûre d'elle et a parfois agi de façon présomptueuse. Nous avons peut-être anéanti aujourd'hui le bon travail des trois dernières rencontres Les Français ont combattu comme des lions, tandis que nous avons montré ce dont nous étions capables uniquement au deuxième tiers-temps. La réalité nous a rattrapés après nos succès."

 

France - Autriche 6-3 (3-0, 1-3, 2-0)

Vendredi 15 décembre 2006 à 13h00 à Torre Pellice. 203 spectateurs.

Arbitrage de Wlodzimierc Marczuk (POL) assisté de Gergely Kincses (HON) et Dmitry Shabunevich (BLR).

Pénalités : France 14' (10', 2', 2'), Autriche 14' (4', 6', 4').

Tirs : France 29 (7, 9, 13), Autriche 25 (5, 12, 8).

Évolution du score :

1-0 à 01'39" : Le Blond assisté de Trabichet

2-0 à 05'56" : Bennett assisté de Trabichet (sup. num.)

3-0 à 18'12" : Pépy

3-1 à 20'51" : Schlacher assisté de Rotter (sup. num.)

3-2 à 35'18" : Schlacher assisté de Gruber et Rotter

3-3 à 38'39" : Ullrich assisté de Trampitsch et Gruber (inf. num.)

4-3 à 39'25" : Janil assisté de Trabichet (double sup. num.)

5-3 à 44'21" : Le Blond assisté de Treille

6-3 à 52'45" : Treille assisté de Pépy (sup. num.)

 

France

Gardien : Mickaël Gasnier.

Défenseurs : Antonin Manavian - Yohann Auvitu ; Teddy Trabichet - Jonathan Janil ; Kévin Igier - Hugues Cruchandeau ; Thomas Castelli.

Attaquants : Julien Lebey - Pierre Bennett - Mathieu Hottegindre ; Julien Maréchal - Mathieu Reverdin - Mathieu Le Blond ; Quentin Pépy - Édouard Dufournet - Jonathan Avenel ; Rémy Rimann - Sacha Treille - Quentin Guineberteau ; Alexandre Sucré.

Remplaçant : Romain Farruggia (G).

Autriche

Gardiens : René Swette puis à 20'00" Fabian Weinhandl (sorti de sa cage de 57'51" à 58'36").

Défenseurs : Kristof Reinthaler - Martin Zimmermann ; Wilhelm Lanz - Patrick Gruber ; Gerald Lederer - Robert Lembacher ; Stefan Bacher.

Attaquants : Rafael Rotter - Martin Ulmer - Markus Schlacher ; Michael Raffl - Daniel Oberkofler - Nico Toff ; Daniel Woger - Manuel Geier - Stefan Geier ; Philipp Ullrich - Fabian Ecker - Jürgen Trampitsch ; Michael Schiechl.

 

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