Bâle - Davos (3 décembre 2006)

 

Match comptant pour la vingt-cinquième journée de LNA suisse.

Reto von Arx vous salue bien

Passés les remous automnaux, l'EHC Bâle aspire à plus de sérénité mais reste sujet à de fréquentes et désobligeantes sautes d'humeur. On savait les Rhénans capables du pire, comme d'être humiliés en semaine par les SCL Tigers à domicile (0-4). Mais on les sait surtout imprévisibles et assurément capable de tout sur un match. Par exemple de battre deux fois Lugano (6-4 et 5-2), de blanchir une formation d'Ambrì-Piotta régénérée depuis le retour aux affaires de Larry Huras (2-0), mais aussi de terrasser un certain HC Davos (3-2). Mais depuis, le Rhin a eu le temps de couler sous les ponts...

Depuis ce fameux soir d'octobre, Davos s'est affirmé comme le leader incontesté de LNA. Caractérisée par son penalty-killing, la défense grisonne est de loin la meilleure du lot et bénéficie en Jonas Hiller d'un gardien d'exception. Non content d'une telle étanchéité, Arno Del Curto peut en outre miser sur un collectif rôdé à toute épreuve et une offensive où performe notamment Alexandre Daigle. Totalement en phase avec la star Reto von Arx, l'ancien espoir déchu de la NHL est cette année la première arme offensive d'une armada longtemps invincible au cours du mois passé. Mais voilà, après six victoires consécutives, le grand HC Davos est descendu de son petit nuage à Ambrì-Piotta (3-6) mais a rapidement rectifié le tir en s'adjugeant le choc face à Berne (4-3) grâce à un doublé de son autre homme en forme du moment, l'un de ces éphémères NHLers suisses de la première génération, Michel Riesen. Celui-ci reste d'ailleurs sur une probante série de onze buts en six matchs...

Une péripétie pour un escadron bâti pour le titre et toujours au sommet d'une LNA toujours aussi dense. À un point où même Bâle, en fâcheuse posture voilà quelques semaines, est désormais revenu dans la course aux playoffs. Reste à voir quel sera le visage affiché par les "boys" de Kent Ruhnke, tantôts brillants, tantôts impuissants, comme hier où leur volonté n'aura pas suffit à renverser le verrou de Rapperswil-Jona (2-3).

Les Rhénans restent d'ailleurs portés par ce même souffle en abordant sans complexes ce match face au leader. Ils ne tardent ainsi pas à en tirer les dividendes, poussant rapidement les Grisons à la faute et obtenant, déjà, de très bonnes opportunités en avantage numérique. Mais à l'image de l'Américain Jim Campbell sur deux reprises jumelles (3e), Bâle ne pourra faire la différence, ce qui sera une constante au cours d'une partie rythmée et âprement disputée.

Les deux formations paraissent proches et cherchent avant tout à faire vivre le palet, avec un petit plus pour des Bâlois énergiques et appliqués, solides lorsque les circonstances l'exigent en désavantage numérique et plus inspirés que leurs adversaires grisons, sans doutes émoussés par leur bataille bernoise de la veille. Ainsi, Davos riposte surtout par le biais de contre-attaques saignantes où Reto von Arx et Alexandre Daigle font parler leur vitesse de pointe. Ainsi, ce sont surtout les locaux qui emballent et profitent d'approximations peu coutumières d'un HCD diminué pour prendre s'emparer de la zone neutre. Les absences de Marc Gianola et Jan von Arx, couplées à celle du cinquième étranger arrivé le mois dernier (Yves Sarault), semblent fortement peser dans la balance. Elles jouent en faveur des hommes de Kent Ruhnke, qui couvrent au maximum les espaces pour fermer au possible l'accès à Daniel Manzato tout en restant réactifs et constamment dangereux offensivement. L'organisation rhénane pousse donc régulièrement Davos à la faute, y compris en situation de supériorité numérique où Reto von Arx se fait intercepter à sa ligne bleue par un Niklas Anger lancé plein gaz vers Hiller, qui détourne de la jambière (14'26"). Dans ces conditions, le seul remède grison réside en sa rapidité d'exécution, symbolisée par cette remontée supersonique de ce diable de Reto von Arx, enrhumant Adrien Plavsic pour finalement s'emboutir sur Daniel Manzato (17e).

Cela sent le traquenard à plein nez pour un HC Davos bousculé, forcé à défendre très bas dans son camp mais toujours menaçant lorsque ses individualités fortes se distinguent. Et cette fois-ci, c'est son tsar défensif Aleksandr Khavanov qui le tirera de l'ornière en décochant en supériorité numérique un lancer balayé limpide dans le petit filet gauche de Daniel Manzato (0-1 à 21'38"). Une première pour ce vétéran de la NHL dans le championnat helvétique.

Loin d'être déstabilisés par cette ouverture du score, les Rhénans poursuivent dans leur voie en profitant des indisciplines récurrentes de leurs visiteurs. Ceux-ci, poussés à la faute par le dynamisme bâlois, se replient néanmoins efficacement autour de Jonas Hiller, ne laissant que peu de solutions de tir à des assiégeants essentiellement dangereux par Thomas Nüssli et Niklas Anger. Secoués, les hommes d'Arno Del Curto font le dos rond et perdent temporairement leur meilleur compteur Alexandre Daigle, sanctionné d'une méconduite pour une charge par derrière le long de la balustrade (33'23").

Cette débauche d'énergie locale affaiblit dangereusement les lignes arrières, certes vaillantes, mais jamais invulnérables aux accélérations grisonnes. La déviation de Michel Riesen sur une passe-tir de Reto von Arx sonnera pour elle comme un avertissement sans frais (34'52") avant qu'une nouvelle percée de "RVA" ne sème la pagaille dans une défense brutalement devenue statique. Les seconds couteaux feront cette fois-ci la différence à l'image de Winkler, poursuivant le travail initié par Von Arx pour lancer vers un Manzato contraint de relâcher un mauvais rebond sur Baumann, n'ayant ensuite plus qu'à se décaler pour doubler la mise dans une cage grande ouverte (0-2 à 37'54").

Poursuite

Le coup de poignard est dur à encaisser pour des Bâlois combatifs mais victimes du réalisme grison. Mais, les connaissant, ce match est loin d'être plié. Ce serait sous-estimer leur orgueil et leur jeu de puissance, enfin efficace par Jussi Tarvainen. Le travailleur finlandais est ainsi plus prompt dans le slot à récupérer un slap contré d'Adrien Plavsic pour fixer dans la foulée Jonas Hiller à bout portant (1-2 à 41'48").

Il n'en fallait pas plus aux légionnaires de Kent Ruhnke pour emballer le match et accentuer leur pression sur des Grisons toujours réactifs en contres comme en témoigne cette montée conjointe de Loïc Burkhalter et Vaclav Varada, non conclue par le Tchèque au second poteau (45e). Incarcéré pour un cinglage (45'06"), Stefan Voegele contemple du cachot le bon travail de ses coéquipiers et revient pile au moment où Sandro Tschuor amorce une riposte. Servi à son tour, Voegele transmet ensuite au lutin Stefan Schnyder qui d'un tir sec, force Jonas Hiller à repousser à sa droite, sur un Tschuor ayant bien suivi le mouvement (2-2 à 47'24").

Cette égalisation symbolique des travailleurs de l'équipe va littéralement transcender l'EHC. Survolté, Bâle fait dès lors passer un sale quart d'heure à des vice-champions en titre qui voient déferler de véritables vagues noires sur la cage défendue par le meilleur cerbère suisse n'évoluant pas (encore) en NHL. Jonas Hiller sort ainsi sa panoplie de vengeur masqué pour frustrer Niklas Anger dans son tour de cage (48'45") et bénit toujours la décision d'un trio arbitral refusant un but de Julian Walker au terme d'une action confuse pour une crosse haute de l'ex-international junior (50'07").

Hiller n'est pas pour autant sorti d'affaire et voit l'arête de son montant gauche lui sauver la mise sur une reprise en pivot d'un Walker décidément bien malheureux (52'41"). Aux abois, le HCD ne passe plus la ligne rouge - voire sa propre ligne bleue - et doit s'en remettre à la vista de son jeune gardien international pour ne pas flancher. Bâle, souverain dans tous les compartiments du jeu, instaure durant ces dernières minutes une domination absolue, restant lettre morte en dépit d'une présence constante en zone d'attaque.

Reto le bourreau

Pousser Davos aux prolongations est toujours un bon résultat en soi, même si les circonstances peuvent ce soir laisser un petit goût d'inachevé aux Bâlois. Et pour ne rien avoir à regretter, ceux-ci se lancent à cœur perdu dans la bataille, s'octroyant aux points cette première partie de mort-subite. Hélas, la faramineuse débauche d'énergie consentie tout au long de la soirée se paye brutalement face à la vivacité davosienne, illustrée par des contres assassins. Sur l'un d'eux, l'inévitable Reto von Arx, qui avait raté la mise à mort en toute fin de temps réglementaire (59'05"), trouve cette fois-ci plus en réussite en allant rechercher le rebond de son break-away pour crucifier Manzato dans un angle très fermé. Avec la complicité fortuite du portier romand, voyant cette rondelle gagnante rebondir sur son dos avant de franchir la ligne fatidique (2-3 à 64'28"). Et voilà Davos pourvu d'une avance de neuf points sur son premier poursuivant, Berne...

Le sort est cruel pour un EHC Bâle mal récompensé de ses efforts, mais définitivement trop peu efficace devant la cage adverse. Ce n'est donc pas derrière que les Rhénans ont perdu ce match, bien qu'un courant d'air fatal n'ait occasionné le but décisif de Reto von Arx. Non. C'est assurément aux avant-postes, une faiblesse devenue coutumière, que le club rhénan a laissé filer une chance pourtant bien réelle de scalper une deuxième fois de suite la favori grison. Retrouvant une certaine sérénité dans leur jeu défensif, les hommes de Kent Ruhnke ont souvent eu l'ascendant sur leurs visiteurs en prenant régulièrement le contrôle de la zone neutre et du rythme élevé de la partie. Pourtant, c'est bien Davos qui aura eu le dernier mot par l'entremise d'un poison virulent nommé Reto von Arx...

Même affaibli et sans séduire, le HCD se sera donc imposé. C'est aussi cela la force des grandes équipes.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Bâle - Davos 2-3 après prolongation (0-0, 0-2, 2-0, 0-1)

Dimanche 3 décembre 2006 à 15h45 la St.Jakob-Arena. 4007 spectateurs.

Arbitrage de M.Schmutz assisté de MM. Hoffmann et Schmid.

Pénalités : Bâle 18', Davos 30'.

Évolution du score :

0-1 à 21'38" : Khavanov assisté de Burkhalter (sup. num.)

0-2 à 37'54" : Baumann assisté de Winkler et Reto von Arx

1-2 à 41'48" : Tarvainen assisté de Plavsic et Anger (sup. num.)

2-2 à 47'24" : Tschuor assisté de Voegele et Schnyder

2-3 à 64'28" : Reto von Arx assisté de Müller

 

Bâle

Gardien : Daniel Manzato.

Défenseurs : Adrien Plavsic - Gaétan Voisard ; Petri Liimatainen - Chris Bright ; Ralf Bundi (A) - Lukas Gerber ; Franco Collenberg.

Attaquants : Niklas Anger (A) - Jim Campbell - Julian Walker ; Thomas Nüssli - Alex Chatelain (C) - Jussi Tarvainen ; Régis Fuchs - Andreas Camenzind - Patric Della Rossa ; Stefan Schnyder - Sandro Tschuor - Stefan Voegele ; Stefan Tschannen.

Remplaçant : Daniel Rüfenacht (G). Absents : Corey Ruhnke, Mark Astley et Markus Wüthrich (blessés).

Davos

Gardien : Jonas Hiller.

Défenseurs : Gian-Marco Crameri - Benjamin Winkler ; Aleksandr Khavanov - Florian Blatter ; Pascal Müller - Andreas Furrer ; Marc Heberlein.

Attaquants : Alexandre Daigle - Reto von Arx - Michel Riesen ; Loïc Burkhalter - Sandro Rizzi (C) - André Baumann ; Vaclav Varada - Josef Marha (A) - Peter Guggisberg ; Robin Leblanc - Andres Ambühl - Dino Wiesen.

Remplaçant : Florian Kindschi (G). Absents : Marc Gianola (blessé), Jan von Arx (malade), Yves Sarault (blessé).

 

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