Rouen - Nottingham (13 octobre 2006)

 

Coupe Continentale, deuxième tour, groupe C.

Marc-André joue à contresens des Anglais

L'an passé, le tournoi européen était venu à point nommé pour Grenoble qui avait pu reprendre confiance après un début de championnat très difficile, dont une défaite à Chamonix. C'est un point commun avec le Rouen 2006/07, même si les Dragons, qui à la différence des Brûleurs de Loups viennent d'être champions, ne semblent pas ressentir la même urgence et la même pression. Il y a un an, les Grenoblois avaient maté le représentant danois et survolé le représentant britannique. Les Rouennais devront donc faire au moins aussi bien, même si se qualifier sera beaucoup plus difficile en raison du troisième larron : les grands noms de Salzbourg seront évidemment d'un tout autre calibre que le court banc d'Amsterdam.

En attendant, il s'agit déjà de se débarrasser de Nottingham, qui s'est engagé après le désistement de Belfast et de Newcastle, et qui est donc au moins motivé par la compétition européenne. C'est aussi le cas des fidèles supporters des Panthers qui se sont déplacés à trois cents et qui font le plus de bruit au coup d'envoi.

Les premiers impacts sont pour Nottingham qui impose son jeu physique et son agressivité dans les coins. Les jeunes Rouennais en particulier se font sérieusement secouer par le pressing et les mises en échec bien terminées, subissant l'intensité du jeu international. Pourtant, la première vraie occasion est rouennaise : l'ex-Rémois Calle Carlsson pense faire opposition de son corps mais se fait déborder par Marc-André Thinel, ce dont découle la première pénalité de Clarke. Même si la supériorité est loin d'être concluante, la dernière action est porteuse d'espoirs : cet engagement gagné par Édouard Dufournet et ce tir de Jérémie Romand qui bat en détermination les défenseurs sont le signe que les juniors rouennais commence à faire face.

Une charge contre la bande de Shmyr est sanctionnée, cependant Rod Stevens surgit en zone neutre, part en contre et essaie de dribbler Sopko. Celui-ci est bien présent mais Besch a infligé un cinglage à l'attaquant et l'avantage numérique est annulé. Quoique... Une situation de quatre contre quatre est loin d'être neutre tant le déséquilibre de patinage est net entre les deux équipes... Marc-André Thinel échappe à Matthew Myers d'un insaisissable 360°... mais échappe aussi le palet au voisinage du but. Qu'importe, il récupère la rondelle derrière la cage, fait demi-tour face à Myers, contourne les filets par l'autre côté et a le temps de tirer deux fois sans être inquiété. Myers faisait tapisserie devant le but, alors que Krajicek se sentait dispensé de protéger le slot en se reposant sur son coéquipier à la traîne. Une effarante lenteur de réaction défensive logiquement sanctionnée d'un but (1-0, 12'27").

Cet après-midi, les Nottingham Panthers ont cru bon de diffuser un communiqué sur leur site internet pour expliquer que leur staff avait souri des déclarations de l'entraîneur rouennais Alain Vogin sur les possibles difficultés des Britanniques face aux nouvelles règles... Les sourires ont sans doute disparu de leurs visages, car "comme prévu", ils amassent les pénalités, parce qu'ils sont de plus en plus en retard sur les palets.

Matt Myers, pourtant un des meilleurs internationaux britanniques au Mondial d'Amiens, fait trébucher Lemoine dans une glissade. Ce ne sera pas la seule fois qu'il glissera de la soirée, son patinage atteignant le point de rupture. Le jeu de puissance est parfaitement converti avec une passe idéale de derrière la cage de Marc-André Thinel pour Frédéric Bouchard qui est arrivé seul dans l'enclave pendant que les trois noirs avaient les yeux rivés sur le palet (2-0, 17'35"). Alors qu'il s'apprête à sortir de sa zone défensive, le capitaine anglais David Clarke se fait prendre le palet par Marc-André Thinel et l'accroche. La lenteur et la passivité défensives atteignent des sommets pendant cette pénalité, et après une nouvelle interception de Thinel, Julien Desrosiers feinte aisément gardien et défenseur pour place le palet au poteau opposé (3-0, 19'49").

Les Panthers mordent à nouveau à la reprise, et pendant une prison pour obstruction de Bouchard, leur activité en jeu de puissance est remarquable. Sopko réussit un bel arrêt-réflexe de la jambière, et un but est même refusé pour une faute sur le gardien. Mais à nouveau, les Britanniques ne tiennent pas la distance dans cette volonté de pressing, et ils ne suivent plus le rythme. Sur un service du revers devant la cage de l'inévitable Marc-André Thinel, le palet a un rebond capricieux qui empêche Damien Raux de reprendre. Krajicek a été touché au visage sur cette action, et comme c'est la crosse de Marc-André qui l'a atteint involontairement, il ne peut échapper aux 2'+2'. Cela n'arrête pas les Rouennais : 2 contre 1 de Salminen et Besch, et bon retour défensif de Léveillé sur un contre de Simoes dans la continuité de l'action. C'est encore Dominic Léveillé qui intercepte une passe de Krajicek, s'échappe et provoque la faute du Tchèque. C'est la seconde fois que l'on joue à quatre contre quatre, et le résultat est le même. À la réception d'une passe de Desrosiers, le lancer de Kimmo Salminen surprend le gardien (4-0, 30'02"). Les Britanniques frisent ensuite l'hallali. Sedlak a accroché Clarke, mais sur la supériorité, Krajicek casse sa crosse en voulant lancer de la bleue. Julien Desrosiers part alors en breakaway, le gardien Evan Lindsay recule sur sa ligne mais tient bon.

Nottingham a une bonne réaction, Stevens déborde Bouchard mais Sopko réalise un beau double arrêt en grand écart. Clarke vient donner un coup de crosse au gardien en cherchant le rebond et Thinel vient lui dire sa pensée. Les deux hommes partent en prison et la vitesse de Rouen s'exprime à nouveau à quatre contre quatre avec une superbe action : la passe de Desrosiers entre les patins du défenseur lance vers le but Bouchard dont le tir à bout portant est repoussé de justesse. Il est temps que la période se termine pour Nottingham, car Emersic oublie même le palet derrière lui dans un dernier 2 contre 1.

Comme à chaque fois, les Panthers rentrent mieux sur la glace. Un lancer du haut de l'enclave de Corey Neilson trouve la lucarne de Sopko, masqué par Shmyr (4-1, 44'15"). Veydarier est pénalisé pour avoir retenu son vis-à-vis dans le coin, et la température monte devant la cage de Sopko où quelques palet fusent. Les Rouennais restent quand même dangereux en infériorité numérique, après un premier contre de Desroisers et M-A Thinel, et un second de son frère et de Salminen, qui obtient la faute de Danny Meyers. Ce sont donc les Dragons qui sont maintenant en supériorité, et ils réalisent une bonne séquence de passes en zone offensive. Mais insidieusement, les Normands relâchent leur concentration tandis que le rythme du match fléchit. Et après le but de l'enclave de Krajicek (4-2, 52'07"), on s'inquiète pour Rouen qui faiblit défensivement.

Heureusement, il y a la ligne Thinel-Desrosiers-Thinel. La remontée de palet collective est belle mais la finition est chanceuse : la passe du revers de Desrosiers est contrée au premier poteau par la crosse du défenseur (5-2, 54'12"). Et pour achever les Britanniques à cinq contre trois, Marc-André Thinel trouve la palette de son frère au second poteau (6-2, 58'35").

Les défauts de Nottingham se sont révélés plus importants que ses qualités. Les imposants arrières des Panthers ont été lourds et lents quand il s'est agi de suivre un Marc-André Thinel déchaîné, capable de les désorienter par une passe ou une feinte. Leur déficit de patinage n'a pas permis aux Britanniques de maintenir l'intensité physique qu'ils ont appliqué d'entrée.

Pour la seconde année de suite, la confrontation franco-britannique en Coupe Continentale a été sans appel. Ceux qui pensent que la limitation de la masse salariale a durement impacté le championnat de France peuvent constater qu'il y a plus mal loti. Sans autre alternative que se serrer la ceinture, le hockey britannique a perdu son éphémère éclat, et le retour de bâton est encore plus net quand la qualité des "imports" décroît et qu'il n'y a guère de jeunes locaux talentueux pour servir de recours. Les Dragons, qui avaient été étrillés par feu les Scottish Eagles et par les Belfast Giants il y a quatre ans dans cette même compétition, ont pu mesurer la différence.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaire d'après-match

Steve Simoes (attaquant de Nottingham) : "Je connais beaucoup de joueurs de Rouen, québécois comme moi. Ils ont une très bonne ligne avec Desrosiers et les Thinel. J'avais prévenu notre équipe de faire attention à ces trois-là, apparemment on ne m'a pas trop écouté puisque cette ligne marque les six buts. J'ai déjà reçu une offre de France, mais jamais de Rouen. Guy, si t'es là... Rouen, c'est une belle ville, j'aimerais mieux jouer ici qu'à Morzine (où Nottingham a perdu en amical en août). J'essaie d'éviter la neige, j'ai fait trois ans aux Texas par 40°C et je préfère le soleil maintenant."

 

Rouen - Nottingham 6-2 (3-0, 1-1, 2-2)

Vendredi 13 octobre 2006 à 20h00 au centre sportif du Docteur Duchêne.

Arbitrage de Jan Bergman (BEL) assisté de Benjamin Gremion et Matthieu Loos (FRA).

Pénalités : Rouen 14' (2', 10', 2'), Nottingham 22' (10', 6', 6').

Tirs : Rouen 43 (16, 17, 10), Nottingham 37 (7, 18, 12).

Évolution du score :

1-0 à 12'27" : M.-A. Thinel

2-0 à 17'35" : Bouchard assisté de M.-A. Thinel et Desrosiers (sup. num.)

3-0 à 19'49" : Desrosiers assisté de M.-A. Thinel et S. Thinel (sup. num.)

4-0 à 30'02" : Salminen assisté de Desrosiers (sup. num.)

4-1 à 44'15" : Neilson assisté d'Emersic

4-2 à 52'07" : Krajicek assisté de McAslan et Myers

5-2 à 54'12" : Desrosiers assisté de M.-A. Thinel et S. Thinel

6-2 à 58'35" : S. Thinel assisté de M.-A. Thinel et Desrosiers (double sup. num.)

 

Rouen

Gardien : Ramon Sopko.

Défenseurs : Sami-Ville Salomaa - Frédéric Bouchard (2') ; Daniel Sedlak* (2') - Nicolas Besch (A, 2') ; Daniel Carlsson (C) - Fabien Veydarier (2').

Attaquants : Sébastien Thinel - Julien Desrosiers - Marc-André Thinel (A, 6') ; Kimmo Salminen - Édouard Dufournet* puis Damien Raux à 20'00" - Jérémie Romand ; Tristan Lemoine - Dominic Léveillé - Alexandre Lefebvre ; Thibault Geffroy.

Remplaçants : Landry Macrez (G), Simon Doreille, Yvan Fontana, Lionel Tarantino.

Nottingham

Gardien : Evan Lindsay.

Défenseurs : Jan Krajicek (2') - Mike Rees ; Calle Carlsson* - Danny Meyers (2') ; Corey Neilson (A) - Paul Moran.

Attaquants : Steve Simoes - Matthew Myers (2') - Sean McAslan (4') ; Rod Stevens (A, 2') - Matus Petricko (2') - David Clarke (C, 6') ; Ryan Shmyr (2') - Blaz Emersic - James Cooke.

Remplaçants : Geoff Woolhouse (G), James Niel, James Ferrara.

* sortis sur blessure

 

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