Bâle - Fribourg-Gottéron (16 septembre 2006)

 

Match comptant pour la deuxième journée de LNA.

L'art de se compliquer la vie

Voilà l'EHC Bâle de retour aux affaires du championnat, quelques mois après son épopée, remarquable pour un club revenant de LNB. Passée cette sensation, Bâle aspire à durablement s'installer en élite sous l'égide de son technicien Kent Ruhnke et des leaders de la saison passée, les Daniel Manzato et autres Éric Landry. Force collective avant tout, Bâle a complété son contingent par des éléments d'expérience comme l'ailier international Patric Della Rossa (Zoug), le feu-follet luganais Régis Fuchs (qui se remet, à l'instar de Stefan Tschannen, d'une commotion cérébrale subie en match amical) ou encore la nouvelle tour de contrôle défensive, le Canadien Shawn Heins (Hanovre Scorpions). Passé près d'un bon coup pour son match inaugural à Davos (défaite 2-1 dans les dernières minutes), Bâle doit confirmer ce soir.

S'affirmer, c'est là toute l'ampleur du travail qui attend les Rhénans dans cette LNA toujours très dense. Face à eux se dresse la juvénile formation fribourgeoise de Serge Pelletier, rescapée de barrages tumultueux et désireuse de tirer un trait sur un exercice 2005/06 très décevant. Présentant un tout nouveau contingent d'étrangers (le seul ancien, le Canadien Josh Holden, purge son second match de suspension après les heurts du printemps dernier en barrages), Fribourg-Gottéron doit théoriquement miser sur l'envie et la jeunesse de ses troupes. En théorie car les Dragons ont sombré corps et biens la veille devant leur public (1-7). Affligeants de médiocrité face à l'outsider Kloten, les Romands ont déjà étalé leurs lacunes - à commencer par une défense pas rassurante où le pigiste suédois Carl-Johan Johansson sera une dernière fois aligné - et ont tout intérêt à être à la hauteur ce soir. Sous peine (déjà !) de voir ressurgir leurs vieux démons...

Les spectres de Saint-Léonard

Visiblement encore traumatisés, les Dragons souffrent en début de partie. Incapables de produire un jeu digne de ce nom les Fribourgeois subissent d'entrée la loi bâloise. Dominateurs en zone neutre, incisifs et impériaux derrière, les Rhénans dominent outrageusement les débats mais ne se procurent que peu d'occasions franches devant Adam Munro. Sans doute le soucis du détail et l'envie de bien faire pour un collectif appliqué qui n'a aucun mal à prendre la mesure d'une escouade fort limitée. Sous pression, Fribourg-Gottéron lâche un nombre incalculable de pucks et Bâle semble toujours avoir un temps d'avance. Une impression de facilité se dégage alors tant ce Fribourg-là paraît fébrile...

Bâle se la joue petit bras pour ses présences dans la zone romande, abusant de passes et manquant de peu l'ouverture du score sur une montée de Della Rossa et le relais de Chatelain devant la cage pour Camenzind. La rapidité d'exécution désarçonne tout le monde, y compris Andreas Camenzind qui reçoit la passe dans les patins alors que la cage était grande ouverte (5e) ! Toujours aussi peu inspirés, les Dragons, diminués au centre par les absences de Montandon et Holden n'ont de leur côté aucun espoir d'installer un semblant de powerplay, la faute à un premier rideau défensif étanche et un repli efficace.

Ce scénario est une constante durant vingt premières minutes à sens unique où l'EHC Bâle, bien en place, joue en toute sérénité devant un adversaire porté disparu. Mais pourquoi diable le score reste-il vierge, me direz-vous ? Eh bien, en partie grâce à Munro, mais surtout grâce à la maladresse alémanique. On sent malgré tout que cela va finir par rentrer et un contre à quatre contre quatre voit Niklas Anger filer tel le vent sur le flanc droit pour servir au second poteau Mark Astley (1-0 à 16'25").

Logique et même souhaitable si l'on veut se prémunir d'une possible riposte de Gottéron, comme sur cette pénalité différée où Peter Sarno, étrangement démarqué, tente en vain d'emmener Daniel Manzato (20e).

Alors que le premier tiers fut rhénan, le changement de décor est aussi radical qu'inattendu. En effet, au fil des minutes, Fribourg bénéficie d'un net regain de confiance et d'envie. Sans doute un effet conjugué du travail de remise en confiance de Serge Pelletier et d'une certaine nonchalance locale. Mettant ainsi un frein à ses offensives, Bâle laisse venir son adversaire mais finit par se faire piéger. Tout à coup moins fluides dans l'élaboration du jeu, les Rhénans se font prendre en supériorité numérique sur un jaillissement à la bleue de Caryl Neuenschwander qui accélère plein axe pour trouver sur sa gauche Cédric Botter, qui conclut en deux temps (1-1 à 28'53"). Les locaux payent-là leur manque d'application et remettent pleinement dans le match un Fribourg-Gottéron dès lors revigoré...

Le second souffle du dragon

Voilà les donnés bouleversées et Bâle, séduisant en première, rétrograde progressivement jusqu'à en devenir presque léthargique. À présent dépassés par l'envie romande, les hommes de Kent Ruhnke subissent à leur tour et s'en remettent à la vista de leur portier Daniel Manzato, toujours motivé à l'idée de faire face à son club formateur, mais aussi à la maladresse des Monnet, Balej et autres Sarno. Haché par les interventions arbitrales, le jeu perd en rythme et les Rhénans sont au creux de la vague. Les vannes sont ouvertes et Krisjanis Redlihs, le top-scoreur letton de Fribourg-Gottéron -particulièrement peu inspiré ce soir - se paye même luxe de passer en revue l'arrière-garde noire (35'38"). Une faillite inexplicable qui ne porte toutefois pas préjudice aux partenaires de Manzato malgré un siège des plus soutenu en fin de période.

Amorphes quelques instants plus tôt, les Bâlois entament le dernier acte tambour battant. Les murs ont dû trembler dans les vestiaires et la voix de Kent Ruhnke résonner car ses troupes mettent tout à coup plus d'entrain, d'intensité et surtout de cœur à l'ouvrage. Une pression inaugurale qui fera long feu, Bâle ne retrouvant pas totalement ses sensations et faisant désormais front avec un tout autre adversaire. Qu'elles semblent loin ces premières minutes d'errances pour les hommes de Serge Pelletier, revenus du diable vauvert pour causer les pires tourments à leurs hôtes.

Les débats sont équilibrés à l'entame de la dernière ligne droite et bien malin sera celui qui pourra déterminer le vainqueur. Car gagnant il y aura avec la nouvelle règle instituée en Ligue nationale : la tenue d'une séance de fusillade au besoin à l'issue des prolongations. L'EHC Bâle ne veut pas arriver à cette échéance mais coince dans la finition comme sur cette percée de Niklas Anger et la passe devant la cage, mal assurée vers son collègue Éric Landry qui rate de ce fait une cage vide (47'36"). Ou encore cette remontée côté gauche de Chris Bright et la reprise en bout de course de Jussi Tarvainen qui s'écrase trop pour inquiéter Adam Munro (50'46").

Évitant de trop se découvrir dans les dix dernières minutes de jeu, Romands et Rhénans s'observent et semblent à bout de force. Toutefois, le danger ne quitte pas totalement Daniel Manzato, pris de frisson sur un tir flottant de Mark Bastl qu'il laisse échapper...pour finalement le rattraper en catastrophe sur sa ligne de but (53'01"). Passée cette frayeur, Bâle profite des erreurs fribourgeoises (des fautes de jeunesse ?) pour s'octroyer le contrôle des derniers instants du temps réglementaire sans pour autant parvenir à bonifier quelques situations en avantage numérique. Il reste désormais cinq minutes de temps additionnel pour éviter les tirs aux buts...

Niklas Anger pour la postérité

Entamant la mort-subite à quatre contre trois, l'EHC Bâle prend d'emblée les devants. Sans trouver la faille même si le défenseur Shawn Heins y va de son mitraillage en règle sur Adam Munro. À l'opposé, Jozef Balej fait de même devant Manzato. Incapables de se départager dans le jeu, les deux combattants vont jouer sur le sort du match sur cette série de duels singuliers appelée fusillade... Et à ce petit jeu, c'est Bâle qui envoie Fribourg six pieds sous terre en validant deux essais, le premier par le shérif de la défense Mark Astley (tir entre les bottes) et le second par le cow-boy Niklas Anger qui dégaine son colt pour flinguer Adam Munro. Souverain devant Jozef Balej et Peter Sarno, Daniel Manzato est pour sa part le grand artisan d'un succès bien laborieux.

Le point de l'espoir pour Fribourg-Gottéron

Pour n'avoir pas su se mettre rapidement à l'abri, Bâle s'est fait des frayeurs inutiles. En manquant de réalisme durant vingt premières minutes où les Rhénans tenaient le match et manœuvraient à leur guise des Dragons dépassés par les évènements. Las, une incroyable chute de tension en deuxième période allait tout réduire à néant et par conséquent relancer des Fribourgeois jusqu'alors transparents. Au courage, ces derniers ont ensuite repris les devants mais n'étaient peut-être pas assez costauds - et consistants, notamment au centre et en défense - pour empocher la mise. Qu'importe, les locataires de Saint-Léonard se sont réconciliés avec leurs partisans présents ce soir sur les bords du Rhin et ont décroché leur premier point de la saison.

Intraitable devant son filet, Daniel Manzato a tenu en fin de partie ses couleurs à bout de bras. Initialement protégé par une défensive remarquable, Manzato a progressivement vu s'effilocher sa garde rapprochée même si le vétéran Mark Astley et le Canadien Shawn Heins ont toujours tenté de colmater les brèches. En attaque, le top-scoreur Thomas Nüssli a surtout brillé par son absence alors que les Chatelain, Camenzind et autre Tarvainen, brillants en entame de rencontre, sont eux aussi rentrés dans les rangs par la suite. Trop maladroits dans l'ensemble, les attaquants frontaliers ont clairement manqué de lucidité mais, par chance, avaient suffisamment d'expérience pour s'adjuger la victoire en fusillade.

Du côté romand on notera avant tout l'esprit de révolte qui a transformé ces âmes égarées en compétiteurs en cours de partie. Mais, alors que Julien Sprunger et Thibaut Monnet sont, comme la majorité de leurs partenaires, montés en puissance au fil des minutes, le robuste Jozef Balej lui n'a cessé de se débattre et de remuer la défense locale. Assurément l'homme du match à Gottéron même si le gardien Adam Munro a livré cette fois-ci une solide prestation et que le jeune Andrei Bykov a bénéficié d'une grande part du gâteau avec les absences de quelques titulaires. Parmi ceux-ci, le centre Josh Holden vient de purger sa suspension et sera à nouveau disponible. Pas un luxe pour une équipe encore en rodage et à la recherche de son jeu de puissance.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief.

 

Bâle - Fribourg-Gottéron 1-1 (1-0, 0-1, 0-0, 0-0) / 2-0 aux tirs au but

Samedi 16 septembre 2006 à 19h45 à la Sankt-Jakob-Arena. 3486 spectateurs

Arbitrage de M. Kunz assisté de MM. Kehrli et Zosso.

Pénalités : Bâle 26', Fribourg-Gottéron 16'.

Évolution du score :

1-0 à 16'25" : Astley assisté d'Anger

1-1 à 28'53" : Botter assisté de Neuenschwander (inf. num.)

Tirs au but : Landry (raté), Balej (raté), Astley (réussi), Sarno (raté), Anger (réussi).

 

Bâle

Gardien : Daniel Manzato.

Défenseurs : Adrien Plavsic - Gaétan Voisard ; Markus Wüthrich - Shawn Heins ; Lukas Gerber - Mark Astley (A) ; Corey Ruhnke.

Attaquants : Stefan Tschannen - Éric Landry (A) - Niklas Anger ; Jussi Tarvainen - Chris Bright - Thomas Nüssli ; Patric Della Rossa - Andreas Camenzind - Alex Chatelain (C) ; Stefan Voegele - Sandro Tschuor - Stefan Schnyder ; Julian Walker.

Remplaçant : Urban Leimbacher (G). Absents : Ralf Bundi (blessé), Régis Fuchs (commotion cérébrale), Ralph Stalder (prêté à Olten), Franco Collenberg (blessé).

Fribourg-Gottéron

Gardien : Adam Munro.

Défenseurs : Krisjanis Redlihs - Michael Ngoy ; Alain Reist - Alain Birbaum ; Carl-Johan Johansson - RaphaÃ"l Berger (A) ; Christian Haldimann.

Attaquants : Geoffrey Vauclair - Mark Bastl - Caryl Neuenschwander ; Thibaut Monnet - Peter Sarno - Jozef Balej ; Cédric Botter - Andrei Bykov - Julien Sprunger (C) ; Adrien Lauper - Alain Miéville - Gerd Zenhäusern.

Remplaçant : Patrick Kucera (G) Absents : Josh Holden (suspendu), Philippe Marquis, Gil Montandon, Benjamin Plüss, Nicolas Studer (blessés).

 

Retour au championnat de Suisse