Strasbourg - Épinal (2 septembre 2006)

 

Match amical.

Marée noire pour les Dauphins

Vainqueur la veille de l'Étoile noire (3-2), Épinal remet le couvert chez son voisin alsacien. Restant sur deux sorties très convenables, les Spinaliens ont l'occasion de rôder un peu plus leur collectif naissant et de gagner en confiance avant la réception d'Angers dans une semaine. Pour Strasbourg l'objectif est identique et une revanche ce soir face aux Lorrains gonflerait grandement le moral des Alsaciens avant de partir chasser l'ours à Villard-de-Lans...

Un ciel qui se couvre

Les Spinaliens entrent le mieux dans la partie, sollicitant rapidement Juraj Nemcak, qui repousse leurs premières tentatives comme cette reprise de Plch ou ce revers de Buda. Les répliques locales ne se font guère attendre et les contres prennent à défaut la défensive spinalienne. Stanislav Petrik s'interpose, mais manque de laisser filer la reprise de Suoraniemi après son une-deux avec Himler. Le Slovaque ne sera pas aussi verni sur ce slap puissant de Todd Norman qu'il repousse sur sa gauche. Bien placé, Peter Himler prend le rebond et conclut d'un revers imparable dans le haut du filet (1-0 à 02'30").

Comme la veille, Épinal se voit rapidement mené au score mais cette fois-ci ne tergiverse pas. Au contraire, ce sont les Strasbourgeois qui bredouillent leur jeu défensif et peinent devant le pressing agressif des visiteurs. Ainsi, le portier local Juraj Nemcak se fait chiper le disque par Jan Simko mais voit sa défense intervenir in extremis pour empêcher Jan Plch de déclencher un lancer. Profitant pour leur part des premières infractions spinaliennes pour s'installer en zone offensive, les hommes de Daniel Bourdages mitraillent Petrik qui s'impose devant la puissante rafale de Mika Suoraniemi (03'55") ou l'essai à bout portant de son compère du premier trio, le Canadien Todd Norman (04'08").

Dominateurs en ces premières minutes de jeu, les Strasbourgeois ne concrétisent pas et restent ainsi sous la menace constante des contres spinaliens. Ceux-ci sont vifs et toujours dangereux, à l'image de cette montée spectaculaire de Milan Buda, qui mystifie son vis-à-vis d'une jolie rotation mais bute sur Nemcak (06'24). Et quand ce ne sont pas les contres, ce sont les forechecks qui poussent les défenseurs à la faute avec une troisième ligne bien présente mais trop juste dans la finition (10e). Ces occasions ponctuelles ne doivent toutefois pas faire oublier que c'est bien Strasbourg qui semble tenir les clés du match avec des offensives plus percutantes et vivacité accrue de minutes en minutes mais toujours bien enrayées par un grand Petrik sur le deux-contre-un mené par Norman et Himler ou la reprise de Jacko (12e). Moins en verve que la veille, la défense vosgienne se fait ainsi régulièrement déborder comme sur cette accélération de Stéphane Hohnadel, qui perfore les lignes arrières avant de se faire rattraper par un bon repli de Peter Slovak (13e).

Le style engagé des Vosgiens leur valant de réguliers séjours au cachot, leur penalty-killing doit faire bonne garde et le colossal travail en récupération abattu entre autres par Milan Buda et Michal Petrak empêche Strasbourg de développer son jeu. Tout en servant de rampe de lancement à Jan Simko qui, lancé en breakaway, échoue sur Juraj Nemcak (13'54"). Retrouvant du poil de la bête, l'ICE voit ensuite sa période obscurcie par une première averse de pénalités assortie des premières décisions litigieuses. Par exemple ce faire-trébucher à l'encontre de Peter Slovak, à peine libéré de prison, qui méritait peut-être un tir de pénalité (20e). La suite des événements s'annonce heurtée. Et elle le sera...

Avis de tempête

Toujours dans le match à la reprise, Épinal joue toujours crânement sa chance en contres, à l'image de cette échappée de Jan Plch en désavantage numérique (20'47"). Mais si Strasbourg poursuit sa domination en zone d'attaque, l'Étoile noire ne se montre pas plus en réussite, butant sur Stanislav Petrik et tombant à son tour dans le piège de l'indiscipline. Réduits à trois contre cinq, les Alsaciens souffrent mais tiennent bon devant les lourdes frappes de Jan Bohacek (24e). C'est le calme avant la tempête...

En effet, c'est à ce moment que l'avalanche de coups de sifflets tombe sur le dos des Dauphins, rétablissant d'abord le jeu à quatre contre quatre puis installant une domination de tous les instants aux abords de la cage de Stanislav Petrik. Impeccable à bout portant devant Pavol Resetka (24'51"), Petrik tient bon la barre alors que ses partenaires se relayent au cachot. Réduits à trois contre cinq, les Vosgiens souffrent mais s'en remettent à leur gardien, magique devant Jaroslav Jacko (27e) et solide à deux reprises devant Todd Norman (27e). Mais Stanislav Petrik, si imposant soit-il, ne peut retarder indéfiniment une échéance inéluctable. Ayant pris leurs aises dans le camp des Dauphins, les Strasbourgeois font circuler le puck et finissent donc par trouver le décalage salvateur, par Peter Himler bien servi côté gauche par Todd Norman, dont la reprise balayée touche la cible (2-0 à 27'40").

Touchés, les Spinaliens n'exploitent plus les erreurs défensives locales et succombent progressivement à la frustration. Nerveux et dispersés, les hommes de Pierre-Yves Eisenring payent les pots cassés d'un arbitrage douteux, parfois tatillon dans un cas (comme sur cette charge certes musclée de Peter Strapaty, mais généreusement sanctionnée d'une pénalité majeure) et souvent laxiste dans l'autre. Au milieu des coups de sifflets et des contestations, le jeu tente tant bien que mal de se poursuivre. S'estimant floués par certaines décisions, les Lorrains ont les nerfs à fleur de peau et peinent à se retenir. C'est ainsi que les premières altercations éclatent et que l'ambiance se dégrade, signe d'une tension perceptible depuis de longues minutes. Jouant en continu en infériorité numérique, les Spinaliens résistent comme ils le peuvent mais craquent une nouvelle sur une action rapide de l'Étoile noire, initiée par Wesley Jarvis plein axe vers Stéphane Hohnadel qui, bien placé dans le slot, marque dans une cage grande ouverte (3-0 à 37'04").

La belle séquence des champions de France de division 1 se voit couronnée de succès tandis que le sort continue à s'acharner sur les Dauphins. Confinés dans leur zone, ces derniers ont bien peu d'occasion de venir titiller Juraj Nemcak et se montrent beaucoup trop indigents dans la finition. Lorsque Peter Slovak, au terme d'un superbe travail de récupération de Milan Buda dans la neutre, s'en vient lancer Luc Mazerolle dans l'intervalle, le Québécois échoue en n'emmenant pas suffisamment le gardien de l'Étoile noire (38'11"). C'est dans ce contexte pesant que se clôt une période sans éclat, marquée par une suite ininterrompue de pénalités spinaliennes. Cela énerve passablement Pierre-Yves Eisenring et Raphaël Marciano, excédés par la tournure des événements et s'expliquant avec entrain avec leurs homologues du banc strasbourgeois.

Climat orageux

À 3-0, le match semble plié et c'est sans grand suspens que s'élancent dans un contexte pesant vingt dernières minutes pas rythmées pour deux sous. De retour en supériorité numérique après une longue période de pénitence, Épinal peine à se déployer, peu aidé par une glace de qualité très médiocre et rendant difficile l'élaboration d'un jeu digne de ce nom. Sans parler du réalisme, aux abonnés absents à l'image de cette infiltration non cadrée de Milan Buda (41'30") ou ce une-deux Chassard-Regenda (45'50"). Perdant patience, les Spinaliens s'énervent et peinent à rester concentrés dans la partie. Un état de fait que tente d'exploiter Roman Gurican, passant en revue la défense mais servant trop tardivement Daniel Sevcik (46'39"). À nouveau sanctionnés, les Lorrains n'en finissent plus de jouer en désavantage numérique mais parviennent toutefois à se créer de très bonnes occasions. Lancé en contre-attaque, Jan Plch fait admirer ses qualités techniques (47'19") alors que Jan Simko vendange encore une fois un break tout cuit (48'11").

Demeurant dans l'œil du cyclone, les joueurs de la Cité des Images perdent peu à peu leur lucidité et Strasbourg n'en profite pour reprendre ses aises sur le front de l'attaque. Et si Petrik garde la mitaine bien ferme devant Jacko (50'21"), le Slovaque doit à nouveau concéder un rebond coupable devant Stéphane Hohnadel qui, après avoir pris la mise au jeu, obtient le retour d'un slap puissant de Wes Jarvis. Logeant la rondelle dans le haut du filet, le capitaine local creuse un peu plus la tombe de l'ICE (4-0 à 50' 30"). Cette fois-ci le cœur n'y est plus. Voilà l'occasion de lancer les jeunes Kevin Benchabane et Sébastien Geoffroy dans la pataugeoire de l'Iceberg.

Si le poteau trouvé par Jan Simko en contre n'est qu'une péripétie, la réduction du score de Guillaume Chassard, toujours sur contre-attaque, apparaît presque anecdotique. Prenant le rebond d'un lancer préalable d'Anthony Maurice, le capitaine spinalien ne tremble pas pour envoyer le palet dans la cage ouverte malgré un angle excentré (4-1 à 53'03"). La réponse du berger à la bergère ne se fait pas attendre et un mauvais contrôle de Radoslav Regenda dans sa zone laisse entrer le loup dans la bergerie. Fort heureusement, Stanislav Petrik se montre "petrikéen" en gobant magistralement la reprise à bout portant de Peter Himler (54'23") puis faisant ensuite échec aux derniers raids bas-rhinois. Tous ? Pas tout à fait car une nouvelle déconcentration en défense laisse le champ libre à Maxime Catelin pour s'échapper puis ajuster le cerbère slovaque d'un tir sec entre les bottes (5-1 à 56'24").

La messe est désormais dite et le cercueil bien ficelé même si, sur une nouvelle erreur de jugement des arbitres qui "oublient" de signaler un hors-jeu, Peter Himler touche du bois (57'31"). Déroulant leur jeu, les Strasbourgeois contiennent les dernières velléités de Spinaliens tout de même résolus à rendre la note moins salée. C'est ainsi que le dernier mot revient à Jan Plch mais le stratège slovaque échoue une ultime fois devant ce diable de Juraj Nemcak (60e). Les supporters locaux jubilent, heureux du large succès de leurs couleurs. Il est un peu plus de vingt heures et les quelques Spinaliens à avoir fait le déplacement regrettent déjà leur soirée.

Un match à oublier

Vainqueurs d'un match certes ouvert mais devenu houleux et même gâché par des décisions arbitrales douteuses, les Strasbourgeois ont joué sur leur force de percussion et leur vitesse tout en bénéficiant de nombreuses supériorités numériques face à des Spinaliens qui auront passé le plus clair de leur temps en désavantage numérique. Ceux-ci, encore dans le coup après vingt minutes de jeu, ont sombré dans une deuxième période hachée et à sens unique. Ils n'ont dès lors plus réussi à contenir une frustration devenue légitime. Entre un arbitrage à deux vitesses et une réussite les fuyant comme rarement, les Dauphins ont vécu une authentique soirée noire.

Ce court déplacement en Alsace ne manquera sans doutes pas d'hérisser à l'avenir les poils de Pierre-Yves Eisenring, remonté contre des conditions de jeu difficiles. Mais qu'importe, Épinal s'est battu contre vents et marées même si la défense a donné quelques signes de faiblesses, à l'image d'un Stanislav Petrik solide mais donnant malgré tout trop de secondes chances sur les lancers adverses. Milan Buda, impressionnant, fut le poumon de l'équipe. Le collectif des Dauphins a laissé l'organisation du jeu à son hôte durant toute la soirée mais nombre de contre-attaques saignantes auraient dû être concrétisées.

Du côté spinalien, on ne tirera donc aucun enseignement d'un tel match, assimilé par certains à une parodie voire même une perte de temps. Chez les Strasbourgeois en revanche, cette manche retour devant leur public fut l'occasion d'une bonne mise au point. Parfois sujets à quelques errements défensifs et contrariés régulièrement par les contres, les Alsaciens ont pourtant su prendre rapidement les devants et miser sur un Juraj Nemcák vigilant. Ainsi, les hommes de Daniel Bourdages se sont constamment montrés aux avant-postes et ont maîtrisés une rencontre où la réussite fut au rendez-vous à l'image d'un premier trio intenable où Peter Himler se sera démené comme un beau diable avec Todd Norman et le vif Mika Suoraniemi. Mention spéciale également à la ligne Jacko-Hohnadel-Sevcík, elle aussi en forme olympique.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Strasbourg - Épinal 5-1 (1-0, 2-0, 2-1)

Samedi 2 septembre 2006 à la patinoire de l'Iceberg. 250 spectateurs.

Arbitrage de M. Gintz assisté de MM. Madec et Eyermann.

Pénalités : Strasbourg 16', Épinal 36'+5'+20'.

Tirs : Strasbourg 61 (22, 21, 18), Épinal 37 (10, 13, 14).

Évolution du score :

1-0 à 02'30" : Himler assisté de Resetka et Jacko

2-0 à 27'40" : Himler assisté de Norman et Resetka (sup. num.)

3-0 à 37'04" : Hohnadel assisté de Jacko et Jarvis (sup. num.)

4-0 à 50'30" : Hohnadel assisté de Sevcik et Jarvis (sup. num.)

4-1 à 53'03" : Chassard assisté de Maurice (Geoffroy sur la feuille de match.)

5-1 à 56'24" : Catelin assisté de Brau-Arnauty

 

Strasbourg

Gardien : Juraj Nemcak.

Défenseurs : Pavol Resetka - Jonathan Jolette ; Roman Gurican - Thibault Dumuis ; Wesley Jarvis - Hugues Cruchandeau.

Attaquants : Mika Suoraniemi - Todd Norman - Peter Himler ; Jaroslav Jacko - Stéphane Hohnadel (C) - Daniel Sevcík ; Damien Brau-Arnauty - Mathieu Saint-Marc - Maxime Catelin.

Remplaçant : Gilles Beck (G). Absents : Tommi Flinck (rupture du ligament antérieur gauche du genou), Mathieu Reverdin, Milan Dirnbach (élongation).

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Peter Listiak - Jan Bohácek ; Peter Slovák - Peter Strapatý ; Borislav Ilic - Radoslav Regenda.

Attaquants : Ján Simko - Michal Petrák - Ján Plch (A) ; Luc Mazerolle - Milan Buda - Lionel Simon ; Guillaume Chassard (C) - Anthony Maurice (A) - Guillaume Papelier ; Kevin Benchabane, Sébastien Geoffroy.

Remplaçant : Franck Constantin (G). Absent : Tomás Jelínek (bras).

 

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