Épinal - Esbjerg (24 août 2006)

 

Match amical.

Un bon devoir de vacances

Victorieux la veille de Dijon sur cette même glace de l'Illberg (6-3), les Danois d'Esbjerg, pour leur seconde partie de suite à Mulhouse, affrontaient des Dauphins d'Épinal en pleine reprise. En tournée dans l'Hexagone et de passage dans le Haut-Rhin avant de rallier Angers pour y disputer le tournoi HSBC (avec Angers, Iserlohn et Ajoie), l'EfB Ishockey à la sauce française profitait donc de ces deux soirées pour se roder mais aussi se rappeler au bon souvenir des Lhenry, Vidman et autres Coqueux et Eriksson, jadis maîtres des lieux et anciens rois de France...

Après un début de préparation poussif (un net revers devant les Suédois de Leksand et une défaite face à Odense), les hommes de Christer Eriksson ont donc remis le cap par deux gains face aux Ama'r Jets (division 1 danoise) et un succès face aux Ducs dijonnais. Épinal en revanche n'a aucuns point de repère avant ce match qui est donc, rappelons-le, un sacré baptême du feu pour Pierre-Yves Eisenring et sa bande !

Pris à vif

Sous l'impulsion du "régional de l'étape" Olivier Coqueux, Esbjerg signe rapidement ses premières incursions dans le camp de Spinaliens pas encore dans le bon timing. Pris de court par la vitesse d'exécution scandinave et en manque d'automatismes, les Dauphins subissent un début de domination mais s'en remettent à Stanislav Petrik, solide devant Táborský et devant un Coqueux intenable (4e). Assurément plus en jambes durant ces premières minutes, les hommes de Christer Eriksson vont toutefois tomber dans l'indiscipline et tendre, déjà, le bâton pour se faire battre. En effet, ceux de Pierre-Yves Eisenring utilisent cette première situation de cinq-contre-quatre pour travailler leur installation en zone et leurs combinaisons avant de prendre progressivement leurs marques dans la partie. Pour ce faire, quoi de mieux qu'une ouverture du score en contre et à la surprise quasi-générale ?

Répondant à une offensive danoise bloquée en défense, le Canadien Luc Mazerolle s'échappe ainsi sur le flanc droit et parvient, aux prix d'une série de dribbles chaloupés, à déborder la défense puis le portier Henrik Juul Larsen pour mieux le confondre dans le mouvement (1-0, 08'09").

Mis en confiance, les Spinaliens laissent venir et tentent de s'aventurer plus fréquemment en zone adverse à l'instar de Ján Simko qui part en break mais échoue encore une fois encore dans le dernier geste (08'58"). Sanctionné dans la foulée, le dévoreur d'espace slovaque pénalise une première fois ses coéquipiers, qui ont de la réussite sur une tentative de déviation d'ouest-en-est ratée d'un rien par Hermanni Vidman (11e). Bien que le danger soit toujours présent, une nouvelle indiscipline danoise vient ramener Épinal dans la zone de vérité et Peter Strapatý côté droit balance le puck dans le fond pour Luc Mazerolle qui, aux prises avec un adversaire derrière le filet, fait écran pour Tomás Jelínek. Posté sur la droite du gardien, le petit centre tchèque finit le travail en contournant la cage pour déjouer un Larsen pas exempt de tous reproches (2-0, 12'44").

Le scénario est surprenant à Mulhouse. Alors qu'Esbjerg et ses internationaux étaient attendus, ce sont bien les voisins vosgiens qui pointent en tête à l'issue d'un premier vingt brouillon et haché par les coups de sifflets. Pas mis en confiance par un dernier rempart pour le moins fébrile et surpris par une ICE combative, les Danois voient leurs adversaires monter en puissance mais cumuler également les infractions (deux pénalités pour Jelínek en quelques minutes). Décidément, la tolérance zéro désormais en vigueur dans l'arbitrage français demande forcément un temps d'adaptation pour tous. Conséquence, Stanislav Petrik doit s'employer devant Coqueux (18'56") et se montrer presque "petrikéen" sur une excellente séquence du premier bloc d'Esbjerg dans l'enclave (19'38").

L'empire contre-attaque

L'EfB Ishockey, insipide durant une grande partie du premier tiers-temps, revient en force dans la deuxième période et martyrise sans tarder l'armature de Petrik avec reprise de volée de Frederiksen sur jeu posé dans la zone (21e). Sollicité de toutes parts, le gardien slovaque fait barrage à toutes les tentatives, subordonné par une brigade défensive volontaire et surtout solidaire. Contraint de procéder par contres, Épinal y met de l'entrain, et même un peu trop à l'image de Luc Mazerolle, qui se fait prendre pour une solide boîte contre la bande (25'09"). Mais là encore, Esbjerg piétine, retombe dans ses travers et frise la correctionnelle sur un rebond dérobé par ce diable de Mazerolle et contrôlé ric-rac par Henrik Juul Larsen (27'26"). Mais, à force de cogner à la porte des "visiteurs", Esbjerg finit par trouver la faille sur une contre-attaque menée depuis son camp par Lasse Holgaard et conclue en bout de course par David Dostal (1-2 à 28'06"). D'une reprise décroisée l'international français d'origine tchèque réduit la marque et se rappelle au souvenir de partisans vosgiens qui n'ont pas oublié la tragi-comédie de l'été dernier entre lui et le club d'Épinal, certainement un peu trop pressé d'annoncer sa signature...

Quoi qu'il en soit, le club maritime semble se refaire la cerise au fil des minutes malgré une succession quasi-ininterrompue de coups de sifflets. Alors que Stanislav Petrik se démène sous le feu ennemi, voyant dame Chance lui venir en aide sur un boulet de canon d'Olivier Coqueux (30e), Tomás Jelínek, lui, enquille les minutes de cachot avec la régularité d'un métronome. Il s'agit-là de la seule critique à formuler sur ce Tchèque méconnu aux antécédents douteux mais à l'énergie un peu trop débordante. À ce rythme, le niveau en pâtit sérieusement et l'intensité retombe aux ras des pâquerettes jusqu'à une pause bienvenue pour tout le monde...

Complètement relancés dans la course avec le filet de Dostal, l'EfB Ishockey aborde l'ultime acte le mors aux dents. Et sur son tout premier déploiement, Esbjerg fait la différence sur un mouvement en une touche de palet initié par Olivier Coqueux, relayé en zone neutre par Joe Bourne qui lance dans l'espace BJ Abel qui n'a plus qu'a remporter son duel singulier en glissant le disque entre les bottes de Stanislav Petrik (2-2 à 40'35"). Voilà qui ne traîne pas, et le jeu, soporifique durant ces dernières minutes, tend presque à s'emballer avec des occasions qui se succèdent. Dans ces conditions, la condition physique précaire des Dauphins d'Épinal ne leur permet plus de lutter à armes égales et ceux-ci, jouant plus que jamais la carte de l'attentisme, peinent de plus en plus à contenir leurs hôtes d'un soir. Échappant à sa garde rapprochée, Hermanni Vidman s'apprête même à confondre Petrik en break, mais un retour aussi désordonné que salutaire de Borislav Ilic sauve temporairement la situation (50e). Emprisonné pour ce faire-trébucher, le bûcheron franco-serbe des Dauphins n'aura en fait que retardé une échéance prévisible et matérialisée quelques secondes plus tard par une montée rageuse de BJ Abel sur le côté droit et un centre dans l'axe en direction de Steve Rymsha. D'une reprise flottante dans le haut du filet, l'ancien tireur d'élite du championnat italien refait passer ses couleurs en tête (3-2 à 52'40").

Tenant fermement son acquis, Esbjerg verrouille ensuite les dernières minutes de jeu sans toutefois parvenir à éteindre complètement une ICE se battant avec l'énergie du désespoir. Mais, que ce soit sur ce contre de Mazerolle en désavantage numérique (55'30"), cette accélération de Jelínek (57'47") ou ce slap de Bohácek de la ligne bleue (60e), Épinal ne peut tromper une troisième fois un Henrik Juul Larsen qui n'a pourtant rien d'un as et doit se résoudre à laisser les clés du succès à une formation danoise certes plus cotée qu'elle, mais pas forcément plus brillante.

Des promesses pour l'avenir

Sans convaincre, Esbjerg s'est donc adjugé un match d'un niveau relativement passable et sur un score plus serré que la veille face à Dijon. C'est peut-être dû à la fatigue, à la titularisation de la doublure Henrik Juul Larsen, pas franchement à son aise ce soir, ou, et c'est le plus probable, à la bonne tenue des Dauphins d'Épinal. Solidaires en défense, aux replis défensifs et jouant avant tout en équipe, les Spinaliens ont donné pour ce match de reprise une bonne impression.

Parfois à court de rythme, quelquefois empruntés mais toujours sur la défensive, les Vosgiens ont pourtant su faire longtemps jeu égal avec Esbjerg en tirant tous dans le même sens et appliquant parfois une petite dose de jeu physique dans leurs duels. Et dans ce registre, outre l'habituel Luc Mazerolle, le vif Tomás Jelínek s'est curieusement illustré, nullement complexé par son physique de poids plume et même souvent impétueux, ce qui lui a valu de découvrir en long, en large et en travers le banc d'infamie de l'Illberg. Car cette partie de reprise, outre le bon sentiment collectif délivré par cette équipe spinalienne encore expérimentale, a permis de juger une première fois la nouvelle légion slave arrivée à l'intersaison. Si le centre Michal Petrák a paru limité et peu efficace, son collègue Tomás Jelínek a confirmé ses bonnes prestations aux entraînements aux côtés de Luc Mazerolle et d'un Ján Sebo pas encore totalement dans le coup, à l'instar de Peter Listiak. Jan Bohácek et Peter Strapatý ont pour leur part fait leur boulot dans une défense qui a plutôt bien paru ce soir, bien secondée par un Stanislav Petrik en grande forme devant son filet. Enfin, si la troisième ligne tricolore n'a pas vraiment pesé dans les débats, l'activité incessante de Ján Plch dans les deux sens n'a pas été récompensée ce soir, mais a une fois encore démontré toute l'importance et le poids du Slovaque dans l'attaque spinalienne. Le manque de fraîcheur physique en fin de match fut fatal aux joueurs de la Cité des Images, qui auront l'occasion de parfaire l'intégration des nouveaux et leur collectif lors d'une double confrontation à venir avec les Ducs de Dijon.

Après une semaine d'entraînements dans les patins, la première esquisse est donc forcément prometteuse. Qui plus est face à ces Danois plus aguerris sur tous les plans mais pas toujours inspirés et eux aussi très brouillons par instants. Si, on l'a dit, l'absence de Fabrice Lhenry a pu se faire sentir sur les deux premiers buts encaissés tôt dans le match, l'EfB Ishockey a souvent buté sur le rideau défensif lorrain tout en donnant la sensation de ne vraiment pas forcer son talent. Car le potentiel semble bien présent à l'image d'un trio où le puissant Steve Rymsha, le perforateur BJ Abel et le virevoltant Olivier Coqueux a montré une belle complémentarité. Idem chez l'ex-Scorpion Hermanni Vidman qui a compensé les errances de son centre Matias Metsäranta ou encore chez l'ancien Rouennais Sami Karjalainen, plutôt percutant. Malgré tout, Esbjerg, déjà en route vers l'Anjou, n'a pas vraiment transcendé une foule peu concernée dans une patinoire de l'Illberg plus que jamais hantée du souvenir vivace des Scorpions...

Nostalgie quand tu nous tiens !

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Épinal - Esbjerg 2-3 (2-0, 0-1, 0-2)

Jeudi 24 août 2006 à 19h45 à la patinoire de l'Illberg. 900 spectateurs.

Arbitrage de Gilles Durand assisté de David Courgeon et Laurent Rouèche.

Pénalités : Épinal 22' (8', 10', 4'), Esbjerg 12' (8', 4', 0').

Tirs : Épinal 12, Esbjerg 31.

Évolution du score :

1-0 à 08'09" : Mazerolle assisté de Strapatý

2-0 à 12'44" : Jelínek assisté de Strapatý

2-1 à 28'06" : Dostal assisté de Holgaard

2-2 à 40'35" : Abel assisté de Bourne et Coqueux

2-3 à 52'40" : Rymsha assisté d'Abel

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Jan Bohácek - Peter Listiak ; Peter Slovák - Peter Strapatý ; Lionel Simon - Radoslav Regenda (ou Borislav Ilic).

Attaquants : Ján Simko - Michal Petrák - Ján Plch (A) ; Luc Mazerolle - Tomás Jelínek - Ján Sebo ; Guillaume Papelier - Anthony Maurice (A) - Guillaume Chassard (C).

Remplaçants : Franck Constantin (G), Kevin Benchabane.

Esbjerg

Gardien : Henrik Juul Larsen.

Défenseurs : Martin Táborský - Andreas Andreasen (C) ; Petri Virolainen - Kristoffer Frederiksen ; Ronny Friis - Joe Bourne ; Christoffer Kabel - Carsten Nielsen.

Attaquants : Steve Rymsha - Brandon Jon Abel (A) - Olivier Coqueux (A) ; Kimmo Happo - Matias Metsäranta - Hermanni Vidman ; Lasse Holgaard - Sami Karjalainen - David Dostal ; Lars Pedersen - Mads Kjems - Thomas Mose.

Remplaçant : Fabrice Lhenry (G).

 

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