Russie - Bélarus (8 mai 2006)

 

Championnats du monde 2006, premier tour, groupe C.

Le talent à l'épreuve de la rigueur

L'an dernier, ces deux équipes avaient livré un match-référence en matière d'ennui. En serait-il de même cette année alors qu'elles s'affrontent pour ce qui est mine de rien la première "finale de poule" du fait de la victoire-surprise du Bélarus sur la Slovaquie ? Cela n'en prend pas le chemin. Au lieu de voir la facette la moins reluisante du hockey de l'est, une certaine absence d'intensité les mauvais jours, on en voit tout de suite les meilleurs côtés, avec une équipe russe qui fait étalage de tout son talent dans un premier temps.

Quand on voit ce qui se produit quand la Russie accélère, on se demande d'ailleurs comment le Bélarus pourra résister. Aleksandr Ovechkin déborde sur l'aile gauche et Vladzimir Denisov lui plonge dans les patins. L'arbitre sanctionne logiquement ce plaquage d'un penalty : le tir du poignet d'Ovechkin frappe le poteau ! La Russie attaque à nouveau, tir de Koltsov... Re-poteau ! Chupris fait obstruction sur Kharitonov, mais l'équipe de Glen Hanlon, la meilleure en infériorité depuis l'an passé, se défend bien. Au retour à cinq, c'est une traversée de patinoire de Malkin qui fait impression. Dépassé par la vitesse russe, le Bélarus se fait prendre en surnombre. La circulation de palet de la ligne de Sushinsky est parfaite de bout en bout, et le long mouvement collectif purement russe est conclu par Igor Emeleïev sur une passe devant la cage de Dmitri Bykov (1-0, 10'57"). Le danger est permanent : Mikhnov vole le palet dans sa zone à Zadelenov et s'appuie sur Gorovikov pour un nouveau moment chaud devant la cage de Mezin. La fin de période est plus calme pour lui même si la supériorité technique russe est évidente à chaque instant.

Le premier tiers-temps a été à sens unique, mais dans les dernières secondes, Bykov retient Grabovsky et Grigorenko est sanctionné pour une obstruction sur la mise au jeu. Cela rend le retour des vestiaires très intéressant, avec une double supériorité numérique pour le Bélarus, finalement concrétisée par une reprise de son capitaine Oleg Antonenko (1-1, 21'40"). Coup de théâtre complet deux minutes plus tard quand un missile d'Aleksandr Makritsky bombarde Zvyagin sous la barre (1-2, 23'28"). La Russie est en difficulté, et après une obstruction d'Atyushov, la vitesse de Mikhaïl Grabovsky matérialise la menace.

Le premier accroc dans ce scénario parfait pour le Bélarus arrive après neuf minutes : Ugarov est pénalisé pour une obstruction sur une situation de trois contre deux pour son équipe. Même en jeu de puissance, la Russie est moins flamboyante qu'au premier tiers face à un adversaire qui a resserré sa défense. Même quand Semin croit faire la différence, Viktor Kastyuchonak, moins rapide mais plus malin, revient le déposséder du palet. La précision du geste s'est affinée pour le Bélarus, par contre la précision des lancers laisse à désirer pour la Russie. Et à nouveau, joueurs et entraîneurs rentrent aux vestiaires avec une pénalité à l'esprit : cette fois c'est Zadelenov qui a accroché Kharitonov dans l'enclave.

La Russie peut donc refaire le même coup à son adversaire en concrétisant un jeu de puissance d'entrée. Ce n'est pas le cas, mais la pénalité est suivie d'une autre de Denisov. Un lancer de la bleue de Denis Kulyash bénéficie d'un rebond favorable après avoir été repoussé par Mezin sur son défenseur (2-2, 43'28"). Misant surtout sur son sérieux défensif, le Bélarus réalise son mouvement offensif notable, très bien amené jusqu'à ce que Dmitri Dudik décale Andreï Kostistsyn face au but. Arrivé après le premier match, l'attaquant de Montréal échoue sur un lancer de jambières de Sergei Zvyagin. Les Russes sont capables du meilleur comme du pire : le pire, c'est Koltsov qui perd le palet dans sa zone devant Dudik, le meilleur, c'est Ovechkin qui dribble Denisov à la bleue. Le Bélarus est toujours bien placé et il faut pour le battre un poil de spontanéité et de réussite : un tir en pivot d'Aleksandr Kharitonov trompe Mezin qui ne s'y attendait pas et a vu un défenseur passer devant lui à ce moment (3-2, 53'19"). Il reste aux Russes à se méfier de la vivacité individuelle de Grabovsky, qui chipe le palet entre deux joueurs en zone neutre mais se fait contrer après avoir passé la bleue.

Les Russes ont passé leur premier vrai test. Leur démonstration technique s'est un peu estompée pour laisser place à un travail de sape visant à chercher les failles du système rigoureux mis en place par le Bélarus. Un but de raccroc, utilisant la puissance du canonnier Kulyash, et une inspiration du moment, le tir très soudain de Kharitonov, ont réussi à tirer les marrons du feu.

Désignés meilleurs joueurs du match : Sergei Zvyagin pour la Russie et Andrei Kastsitsyn pour le Bélarus.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Vladimir Krikunov (entraîneur de la Russie) : "Je connais assez bien l'équipe biélorusse [NDLR : il l'a entraînée par le passé] : avec Mezin, elle est difficile à battre. Elle a une organisation défensive exceptionnelle et des attaquants rapides. Je le savais parfaitement et je l'avais étudiée en détail. Mais tout n'est pas allé selon notre plan car il faut de la concentration. Les joueurs n'ont commencé à se donner complètement que quand ils ont senti que nous pouvions perdre des points sur ce match. Nous avons des problèmes en jeu de puissance, mais nous ne sommes pas la seule équipe dans ce cas. Nous avons changé nos deux lignes de supériorité, nous avons envoyé la quatrième ligne et c'est elle qui a fait le résultat."

Glen Hanlon (entraîneur du Bélarus) : "Je suis entièrement satisfait de notre équipe. Les joueurs ont tout donné et il est dommage que le résultat ne leur ait pas souri. En troisième période, nous sommes passés à trois lignes et nous avons remplacé Ugarov par Kostsitsyn. La fédération a payé quatre mille dollars pour le voyage d'Andreï depuis Montréal, c'est une trop grosse somme pour le laisser sur le banc. Je suis content de lui, de même que de Dudik. Nous avons essayé de minimiser la menace Ovechkin, et je suis très content de Denisov qui y est bien arrivé. Je suis sincèrement heureux pour lui. Vous vous souvenez qu'il y a un an, il était le huitième ou neuvième défenseur du Keramin Minsk. Et aujourd'hui, il a souvent gardé sous contrôle un des meilleurs marqueurs de la NHL."

Aleksandr Ovechkin (attaquant de la Russie) : "Le match a été difficile, l'adversaire de haut niveau. On pouvait s'y attendre : Glen [son entraîneur à Washington] ne peut pas avoir une mauvaise équipe. Les joueurs biélorusses ont tenu le rythme jusqu'à la sirène finale. Si Denisov m'a posé des problèmes ? Pour être franc, je n'ai pas perçu de marquage individuel. Plusieurs fois, j'ai pu me dégager de la pression des défenseurs et aller au but, et si je n'ai pas marqué, c'est ma faute."

Vladimir Denisov (défenseur du Bélarus) : "Le match a été très difficile. Même si j'ai abordé ces championnats en bonne forme physique, je ne sais pas si ça suffit. La vitesse est très élevée, nous avons passé notre temps à défendre et je ressens une énorme fatigue. Hélas, ma pénalité a joué un rôle-clé dans le match. Comme contre les Slovaques, nous avons été chargés avec Makritsky de contrôler la première ligne adverse. En ce qui concerne Ovechkin, il a une exceptionnelle vision de jeu et pense à une vitesse phénoménale. Il est pratiquement impossible de le suivre, on dirait un ouragan. Sur l'épisode qui amène au penalty, je suis mal placé et il me prend de vitesse. Il ne me reste d'autre solution que de faire faute, même si je ne pensais pas que l'arbitre la jugerait aussi sévèrement."

Andrei Mezin (gardien du Bélarus) : "Tout le monde nous dit que nous avons joué un beau hockey, que de telles défaites sont positives pour notre équipe, mais ce ne sont que des mots. Nous aurions mérité au moins le nul, qui nous aurait qualifiés. L'équipe russe a joué un hockey d'une vitesse surnaturelle, qui m'a beaucoup plu. Ce troisième but est un cauchemar. J'ai manqué le départ du palet et bougé au hasard."

 

Russie - Bélarus 3-2 (1-0, 0-2, 2-0)

Lundi 8 mai 2006 à 16h15 à l'Arena Riga. 7945 spectateurs.

Arbitrage de Chris Savage (CAN) assisté de Pål Garsjö (NOR) et Ronni Jakobsen (DAN).

Pénalités : Russie 16' (10', 4', 2'), Bélarus 20' (6', 8', 6').

Tirs : Russie 28 (8, 7, 13), Bélarus 15 (4, 8, 3).

Évolution du score :

1-0 à 10'57" : Emeleïev assisté de Bykov (sup. num.)

1-1 à 21'40" : Antonenko assisté de Kostsitsyn (double sup. num.)

1-2 à 23'28" : Makritsky assisté de Denisov

2-2 à 43'28" : Kulyash assisté de Gorovikov (sup. num.)

3-2 à 53'19" : Kharitonov assisté d'Emeleïev

 

Russie

Gardien : Sergei Zvyagin.

Défenseurs : Sergei Zhukov - Ilya Nikulin ; Kirill Koltsov - Vitali Atyushov ; Andrei Kruchinin - Dmitri Bykov ; Denis Kulyash - Vadim Khomitsky.

Attaquants : Aleksandr Semin - Denis Arkhipov (A) - Danis Zaripov ; Aleksandr Ovechkin (A) - Evgeni Malkin - Nikolaï Kulemin ; Aleksandr Kharitonov - Igor Emeleïev - Maksim Sushinsky (C) ; Aleksei Mikhnov - Konstantin Gorovikov - Igor Grigorenko.

Remplaçant : Aleksandr Fomichev (G).

Bélarus

Gardien : Andrei Mezin (sorti à 59'42").

Défenseurs : Aleksandr Makritsky (A) - Vladimir Dzianisau ; Vladimir Kopat (A) - Viktor Kastyuchonak ; Vladimir Svita - Aleksandr Zhurik ; Sergei Erkovich.

Attaquants : Dmitri Dudik - Andrei Mikhalev - Aleksei Ugarov ; Mikhaïl Grabovsky - Sergei Zadzelenov - Andrei Skabelka ; Dmitri Mialeshka - Evgeny Kurilin - Yaroslav Chupris ; Oleg Antonenko (C) - Sergei Kukushkin - Evgeny Esaulov ; Andrei Kostsitsyn.

Remplaçant : Sergei Shabanov (G).

 

Retour aux championnats du monde