Lettonie - République Tchèque (5 mai 2006)

 

Championnats du monde 2006, premier tour, groupe A.

4 Lettons + 10669 supporters > 5 Tchèques

La cérémonie inaugurale est organisée avant ce premier match du pays-hôte, et la présidente de la Lettonie, Vaira Vike-Freiberga (qui suivra le match avec une attention et une intensité qui vont bien au-delà d'une simple représentation en tribune officielle), déclare ouverts ces 70es championnats du monde. Quoi de mieux pour les lancer qu'un premier but de l'équipe locale contre les champions du monde ?

Ce n'est sans doute pas l'avis de Milan Hnilicka, qui devait prouver que la demi-finale olympique n'était qu'un accident, mais qui commet une belle boulette sur un tir bas de Sirokovs. Il tente d'attraper le palet avec sa mitaine, mais le palet longe sa jambière mal orientée et rentre au ras du poteau (1-0, 06'22"). C'est un des deux lancers que Hnilicka a eu à arrêter dans les dix premières minutes. L'autre a fini sur le poteau... La République Tchèque se fait peur à mi-tiers quand Hubacek, qui prend trop de temps à relancer, se fait piquer le palet par Janis Sprukts.

Les champions du monde manquent de vivacité sur le palet pour rendre efficace une domination qui ne s'exerce réellement qu'en jeu de puissance avec la première ligne. Il y a bien quelques accélérations individuelles mais elles ne sont pas suivies par une dynamique collective. La Lettonie croit bien rejoindre les vestiaires en avantage, mais David Vyborny égalise avec un peu de chance sur un tour de cage. Sergejs Naumovs s'est bien déplacé et a bouché l'angle, mais le capitaine tchèque a trouvé un ricochet pour marquer quand même (1-1, 19'32"). Coup de froid sur l'Arena Riga, jusqu'ici en effervescence.

La première ligne tchèque subit le travail de la troisième ligne lettonne dans le fond de sa zone, mais Martin Erat hérite du palet, temporise et se lance soudain dans un incroyable coast-to-coast qu'il achève en essayant de passer devant la cage, mais Naumovs a déjà placé sa botte droite au poteau opposé (24'10"). Débordé sur l'action, Aleksandrs Jerofejevs a fait faute. À sa sortie de prison, il ne trouve rien de mieux que d'accrocher encore un adversaire, en l'occurrence Krajicek qui venait d'effectuer un beau retour défensif alors que les Tchèques avaient encore laissé apparaître une faille. Car, finalement, ces pénalités répétées, toutes tuées, ne font que renforcer la confiance des Baltes, encouragés par onze mille personnes qui hurlent "Latvija". Les meilleures occasions du tiers-temps sont même baltes : Leonids Tambijevs laisse le palet à Blinovs par une passe-abandon entre ses jambes puis se démarque pour recevoir la passe, mais il se heurte à Hnilicka qui n'a plus le droit à l'erreur sur les rares palets qu'il voit ; ensuite, Lauris Darzins fait le tour de la cage, et le gardien tchèque arrête de la botte après avoir manqué son poke-check. Et Krajicek doit encore réaliser un retour in extremis sur une nouvelle contre-attaque lettonne en infériorité numérique.

Skoula fait grossièrement trébucher Nizivijs avec son fessier alors que le Letton a passé la bleue à toute allure, et pour changer, ce sont les Lettons qui sont en supériorité numérique. Ils se sentent parfaitement capables d'exploiter la fébrilité de Hnilicka et de sa défense. Les Tchèques et retrouvent leurs esprits à temps. Ils ne sont plus inquiétés sur la pénalité suivante, une faute inutile puisque Rolinek a fait trébucher Jass en zone offensive. Après cet intermède, la litanie des pénalités baltes reprend, avec Tribuncovs en "prisonnier modèle". Les quatre lignes de la Lettonie contribuent à tuer les pénalités, et heureusement, car il n'aurait pas été possible de soutenir un tel rythme pour un petit nombre de spécialistes. C'est en effet l'équivalent de plus d'un tiers-temps complet que les Baltes ont passé en infériorité numérique ce soir ! L'arbitre se montre inflexible dès qu'une crosse s'approche d'un torse, mais les Lettons n'arrivent pas à s'y adapter, et à l'avant-dernière minute, Pujacs prend la onzième pénalité du match, encore un "accrocher", sur le capitaine Vyborny. Mais ce onzième jeu de puissance ne fait que remuer le couteau dans la plaie de l'inefficacité tchèque. Mieux, une immense clameur s'empare du public dans les dernières secondes, car sur une ultime contre-attaque, un lancer en angle fermé transperce Hnilicka qui est à deux doigts de la catastrophe : le palet passe juste à côté du poteau.

Une défense acharnée, un travail de tous les instants des quatre lignes, et surtout un cœur énorme : telles étaient les armes de la Lettonie ce soir. On ne sait s'il faut voir l'inquiétante patte du maniaque défensif Piotr Vorobiev dans cette manière d'attendre les fautes de l'adversaire, en tout cas ça n'a pas la même saveur dans l'ambiance de fête de l'Arena Riga que dans la triste patinoire de Togliatti. Les Baltes ont su jouer les coups à fond quand les Tchèques tremblaient sur leurs bases, et leur formidable élan ne peut que susciter l'admiration et l'adhésion. Sergejs Naumovs, avec une mitaine très agile pour capter les palets, a excellemment commencé le Mondial pour chasser un peu l'ombre tutélaire d'Irbe.

La Lettonie a donc commencé la compétition par un match nul en forme d'exploit, comme aux Jeux Olympiques. Il lui reste maintenant à réussir ce qui est le plus difficile pour les équipes qui jouent à l'énergie : durer. Elle peut compter sur le soutien inconditionnel de son public pour l'aider à trouver cette résistance qui lui fait habituellement défaut, mais ce sera encore plus compliqué si elle continue à jouer aussi souvent à quatre contre cinq.

Désignés meilleurs joueurs du match : Arvids Rekis pour la Lettonie et David Vyborny pour la République Tchèque.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Sergejs Naumovs (gardien de la Lettonie) : "Ce n'est jamais facile contre les Tchèques. Si on fait ne serait-ce qu'un faux mouvement, il est ardu de récupérer le palet face à une équipe aussi talentueuse. Nous avons essayé d'être concentrés de la première à la dernière seconde. Nos supporters ont toujours été avec nous aux championnats du monde dans n'importe quel pays. C'est un grand bonus cette année de pouvoir célébrer ces grandes équipes et ces grands joueurs dans leur propre ville. Nous ne sommes pas ici pour nous amuser. Ce n'est jamais amusant de perdre mais ça l'est toujours de gagner."

Tomas Kaberle (défenseur de la République Tchèque) : "Nous étions nerveux dans les cinq ou dix premières minutes. Je pense que tout le monde a bien joué. C'est difficile de jouer les Lettons quand ils gardent quatre ou cinq joueurs derrière. Il faut leur mettre la pression et espérer avoir quelques rebonds."

 

Lettonie - République Tchèque 1-1 (1-1, 0-0, 0-0)

Vendredi 5 mai 2006 à 21h15 à l'Arena Riga. 10669 spectateurs.

Arbitrage de Brent Reiber (SUI/CAN) assisté de Tobias Wehrli (SUI) et Yuri Oskirko (RUS).

Pénalités : Lettonie 22' (6', 8', 8'), République Tchèque 6' (2', 0', 4').

Tirs : Lettonie 12 (3, 4, 5), République Tchèque 32 (13, 10, 9).

Évolution du score :

1-0 à 06'22" : Sirokovs

1-1 à 19'32" : Vyborny

 

Lettonie

Gardien : Sergejs Naumovs.

Défenseurs : Agris Saviels - Arvids Rekis ; Atvars Tribuncovs (A) - Maris Jass ; Guntis Galvins - Georgijs Pujacs ; Aleksandrs Jerofejevs - Kaspars Astašenko.

Attaquants : Grigorijs Pantelejevs - Janis Sprukts (A) - Martins Cipulis ; Leonids Tambijevs - Aleksandrs Semjonovs (C) - Aleksandrs Nizivijs ; Aleksejs Širokovs - Viktors Blinovs - Mikelis Redlihs ; Lauris Darzins - Herberts Vasiljevs - Juris Stals.

Remplaçant : Martins Raitums (G).

République Tchèque

Gardien : Milan Hnilicka.

Défenseurs : Tomas Kaberle (A) - Zbynek Michalek ; Lukas Krajicek - Martin Skoula ; Jan Hejda - Zdenek Kutlak.

Attaquants : Jan Hlavac - David Vyborny (C) - Martin Erat ; Jan Bulis - Tomas Plekanec - Tomas Rolinek ; Petr Hubacek - Jaroslav Hlinka (A) - Jaroslav Bednar ; Ivo Prorok - Patrik Stefan - Jaroslav Balastik.

Remplaçants : Adam Svoboda (G), Martin Richter.

 

Retour aux championnats du monde