Finlande - Slovénie (5 mai 2006)

 

Championnats du monde 2006, premier tour, groupe A.

Choc des extrêmes... en théorie

Dans ce groupe le plus relevé du tour préliminaire comprenant la Finlande, la République Tchèque et la Lettonie qui joue à domicile, la Slovénie fait figure de tout petit poucet et s'apprête à vivre trois matches difficiles avant de tenter de se maintenir dans la poule de relégation qui l'attend probablement. La Finlande bénéficie donc d'une entrée en matière plutôt clémente dans ce Mondial. Mais comme les autres grandes nations du hockey mondial, elle doit faire avec beaucoup d'absents de marque (Saku Koivu, Teemu Selänne, Olli Jokinen, Sami Salo, Kimmo Timonen...) retenus en NHL ou tout simplement forfaits. Ce qui fait que la formation alignée est très loin de celle qui avait illuminé le tournoi olympique de Turin.

Peu après le coup d'envoi, le ton du match est donné par... l'arbitre M. Poliakov. Visiblement bien décidé à faire appliquer les nouvelles règles dès l'entame de ces championnats du monde, il sifflait avec un certain zèle la moindre petite obstruction. Les Slovènes en sont les premières victimes avec trois pénalités concédées au cours des cinq premières minutes. Mais malgré près de quatre-vingt-dix secondes jouées en double infériorité numérique, les Slovènes se sortent sans dommage de cette passe difficile, bénéficiant des approximations finlandaises en jeu de puissance, prévisibles en début de tournoi. Les Finlandais vont cependant regretter rapidement de ne pas avoir profité de cette occasion, puisqu'à leur tour en double infériorité numérique, ils se font surprendre sur un slap d'Ales Kranjc (0-1, 07'10"). Stupeur parmi les nombreux supporters finlandais présents dans la Riga Arena, qui s'attendaient à passer une fin d'après-midi tranquille. Les choses se compliquent rapidement pour eux puisqu'après une nouvelle pénalité concédée par Jarkko Ruutu, les Slovènes font une nouvelle fois preuve de leur efficacité en jeu de puissance sur une action individuelle du grand espoir du hockey slovène Anze Kopitar (0-2, 14'41"). Mais l'indiscipline slovène facilite la tâche des hommes d'Erkka Westerlund. Après un long power-play faisant suite à deux pénalités de Ciglenecki et Sotlar, Tomi Kallio trouve finalement la faille dans la muraille slovène Robert Kristan, auteur d'un excellent match jusque là, en reprenant instantanément une passe de Petteri Nummelin (1-2, 17'07"). Mais la surprise est grande à la pause puisque les Slovènes virent en tête.

Le début de deuxième période est 100% finlandais grâce à une pénalité concédée par Terlikar juste avant la pause puis à une autre de Kopitar quelques minutes plus tard. La Finlande trouve ses marques en jeu de puissance, et suite à une excellent travail derrière les buts slovènes, Jussi Jokinen centre pour Antti Miettinen qui marque dans le but quasi désert (2-2, 25'03"). La petite récréation slovène semble avoir pris fin et le maître finlandais paraît avoir repris le contrôle des événements. Sans doute est-ce ce qui a traversé l'esprit des joueurs finlandais qui gérent une nouvelle fois avec trop de passivité une infériorité numérique. Les Slovènes se retrouvent à trois contre un sur un contre mené par Marcel Rodman. Ce dernier passe à Tomaz Razingar dont le tir est repoussé par Fredrik Norrena dans la crosse d'Anze Kopitar qui marquait dans le but vide (2-3, 27'21"). La Finlande se trouve à nouveau obligée de courir après le score et ne parvient pas à profiter des espaces laissés par les nombreuses pénalités sifflées (trois en l'espace de quarante secondes !) par M. Poliakov. Les Finlandais montraient même des signes d'énervement, à l'image de Tuukka Mäntylä qui laisse ses coéquipiers en double infériorité numérique. Sans doute le tournant du match car les Slovènes ne parviennent pas à tirer profit de cet avantage. Et après une première alerte sur un une-deux Bergenheim-Viuhkola, Mikko Lehtonen transperce Kristan d'un slap surpuissant dévié au passage par Sean Bergenheim alors qu'une pénalité était appelée contre les Slovènes (3-3, 37'44"). La Finlande finit fort le tiers avec des occasions de Miettinen, Mäntylä et Nummelin en power-play mais le score reste de parité.

Il reste vingt minutes à la Finlande pour sauver la face et à la Slovénie pour créer l'exploit. Mais les Slovènes, sans doute émoussés physiquement après quarante minutes de haute volée, baissent pied dans ce dernier tiers en concédant pénalité sur pénalité. La première de Golicic, qui fait suite à celle de Ciglenecki avant la pause, donne le ton. Les Slovènes souffrent mais résistent à trois contre cinq et un slap de Nummelin passe de peu à côté. Malgré le retour de Ciglenecki, la défense slovène finit par céder sur un jeu en triangle parfait entre Jokinen, Miettinen et Kallio (4-3, 41'56"). La Finlande prend la tête pour la première fois de la partie. Une pénalité de Bergenheim lui donne l'occasion de revenir mais les Slovènes ont perdu leur allant des deux premiers tiers. Ils se montrent ensuite héroïques sur une succession d'infériorités numériques (quatre consécutives !) que les Finlandais ont toutes les peines du monde à convertir en but : Jussi Jokinen est accroché au dernier moment par Vidmar, Mikko Koivu tire au-dessus des cages et les tirs de Nummelin ne déjouent pas un Kristan encore une fois épatant lorsqu'il arrête de la jambière une tentative de Viuhkola en un contre un. Finalement la Finlande s'assure définitivement la victoire sur un slap de Mikko Lehtonen qui cette fois n'a pas besoin de déviation (5-3, 53'16"). Plus rien n'est marqué malgré une tentative de près de Koivu ou une dernière occasion de Kopitar dans les dernières minutes.

La Slovénie est passée tout près de signer le premier exploit de ces championnats du monde en tenant tête pendant plus de deux tiers-temps à une des grandes nations du hockey mondial, ce qui ne lui était jamais vraiment arrivé par le passé. Elle aurait même pu espérer mieux sans une baisse de régime et une avalanche de pénalités au troisième tiers. Anze Kopitar a assumé son rôle de leader offensif en inscrivant deux buts, aidé en cela par Razingar et Rodman, très présents sur sa ligne. Les joueurs de Frantisek Vyborny ont montré une combativité exemplaire et ont fait preuve d'une belle efficacité en supériorité numérique. Voilà qui est encourageant pour la suite même si la route qui conduit au maintien est encore longue.

Du côté finlandais, même si l'essentiel est acquis, il n'y a pas de quoi être très fier de cette victoire acquise dans la douleur. La Finlande ne s'attendait certainement pas à pareille résistance et a remporté ce match à l'usure sans vraiment briller. La défense n'a pas été dans la continuité de celle de Turin, réputée imperméable. Avec trois buts encaissés en infériorité numérique, la copie est à revoir. Quant à l'attaque, elle n'a pas toujours brillé par son efficacité même si Tomi Kallio, auteur de deux buts, a tiré son épingle du jeu ainsi que la première ligne, très active ce soir. Mais il faudra certainement une tout autre production pour inquiéter la Lettonie et la République tchèque dans quelques jours.

À noter que tous les buts à une exception près ont été marqués en supériorité numérique, signe que les unités spéciales seront probablement à nouveau un facteur déterminant dans ces championnats du monde marqués par une sévérité un brin zélée au niveau de l'arbitrage.

Désignés meilleurs joueurs du match : Tomi Kallio pour la Finlande et Anze Kopitar pour la Slovénie.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match :

Sean Bergenheim (attaquant de la Finlande) : "Les pénalités nous ont vraiment déstabilisés. Mais je pense que nous avons appris de ce match et que nous serons plus prêts pour le prochain. Nous aurions pu clairement marquer plus de buts ce soir. [...] J'ai vu que [Lehtonen] allait prendre un slap et je l'ai dévié avec ma crosse. Je suis content [d'avoir marqué] mais encore plus content de la victoire."

Anze Kopitar (attaquant de la Slovénie) : "Ce fut une grosse surprise. Personne ne s'attendait à un tel score. Nous avons travaillé dur et ce fut la clé. Les buts viennent quand on travaille dur."

Dejan Varl (attaquant de la Slovénie) : "Ce fut un match extraordinaire pour nous. Je trouve qu'à la fin nous avons un peu perdu de notre force. C'était un gros effort pour nous de jouer un match comme celui-là. On peut surprendre n'importe qui si on joue comme ça et qu'on a un peu de réussite."

 

Finlande - Slovénie 5-3 (1-2, 2-1, 2-0)

Vendredi 5 mai 2006 à 17h15 à l'Arena Riga. 5386 spectateurs.

Arbitrage de Alexander Poliakov (RUS) assisté de Andreï Vasko (BLR) et Milan Novak (SVK).

Pénalités : Finlande 18' (6', 8', 4'), Slovénie 30' (12', 8', 10').

Tirs : Finlande 49 (16, 16, 17), Slovénie 16 (6, 5, 5).

Évolution du score :

0-1 à 07'10" : Kranjc (sup. num.)

0-2 à 14'41" : Kopitar assisté de Sotlar (sup. num.)

1-2 à 17'07" : Kallio assisté de Nummelin (sup. num.)

2-2 à 25'03" : Miettinen assisté de J. Jokinen (sup. num.)

2-3 à 27'21" : Kopitar assisté de Razingar (sup. num.)

3-3 à 37'44" : Bergenheim assisté de Lehtonen

4-3 à 41'56" : Kallio assisté de Miettinen et J. Jokinen (sup. num.)

5-3 à 53'16" : Lehtonen assisté de Viuhkola (sup. num.)

 

Finlande

Gardien : Fredrik Norrena.

Défenseurs : Aki-Petteri Berg - Petteri Nummelin ; Mikko Lehtonen - Lasse Kukkonen ; Pekka Saravo - Tuukka Mäntylä ; Mikko Luoma.

Attaquants : Ville Peltonen - Jussi Jokinen - Antti Miettinen ; Sean Bergenheim - Jari Viuhkola - Tomi Kallio ; Jani Rita - Mikko Koivu - Tuomo Ruutu ; Jarkko Ruutu - Riku Hahl - Jukka Hentunen ; Esa Pirnes.

Remplaçant : Niklas Bäckström (G)

Slovénie

Gardien : Robert Kristan.

Défenseurs : Mitja Sotlar - Ales Kranjc ; Robert Ciglenecki - Mitja Robar ; Uros Vidmar - Jurij Golicic ; Bostjan Groznik.

Attaquants : Anze Kopitar - Marcel Rodman - Tomaz Razingar ; Dejan Kontrec - Jaka Avgustincic - David Rodman ; Andrej Hebar - Dejan Varl - Luka Zagar ; Mitja Sivic - Tomo Hafner - Anze Terlikar ; Egon Muric.

Remplaçant : Gaber Glavic (G).

 

Retour aux championnats du monde